Bonjour Armand, bonjour à tous,
Pour illustrer l’histoire de la 6e Section des Chemins de Fer de Campagne, vous trouverez ci-dessous un extrait d’une étude de P. Bouché Leclercq Ingénieur en chef adjoint de la voie et des travaux ( document non daté). A la suite de cet article, la photo d’un képi de sous-lieutenant de la 9e Section des chemins de fer de campagne aux couleurs caractéristiques !
Bien cordialement, Joël
La 6e section des chemins de fer
de campagne
………………….
Avant de terminer cette étude, il convient de dire quelques mots de la tâche accomplie en Alsace par le personnel de la Compagnie de l'EST mobilisé au titre de la 6ème Section de Chemins de fer de Campagne.
Les tronçons de ligne occupés par nos troupes dès le début de la guerre furent confiés à des agents de la Compagnie de l’EST qui, à partir du mois de mai 1915, furent constitués en un détachement militaire dont l'effectif fut de 25 agents supérieurs et 278 agents secondaires.
Le Réseau à exploiter comportait d'abord 3 Sections de lignes isolées entre elles :
Ligne A - Ligne de Mulhouse, entre Petit-Croix et Retzwiller (7 Km)
Ligne B - Ligne de la Doller, entre Sentheim et Sewen (14 Km )
Ligne C - Ligne de la Thür, entre Bitschwiller et Krüth (15 Km)
Le Village de Retzwiller est situé en deçà de la vallée de la Largue, que la ligne de Paris à Mulhouse franchit sur un viaduc, dit Viaduc de Dannemarie.
Cet ouvrage avait été détruit par les troupes françaises en 1914, lors de la retraite de Mulhouse. La destruction portait sur la grande arche de 25 m d!ouverture, établie sur la Largue, et sur deux petites arches de 8,60 m d’ouverture de part et d’antre de l’arche principale.
Quatre piles étaient détruites dont 2 piles culées, et 2 piles intermédiaires. La hauteur de l'ouvrage au-dessus des berges de la rivière était d'environ 18 m ; la longueur total de la brèche était de 72 mètres.
Il était désirable d’accéder à la gare de Dannemarie pour pouvoir remettre en exploitation un tronçon de la ligne de Dannemarie à Pfetterhausen et on décida de reconstruire le viaduc d'une manière définitive, La direction des travaux fut confiée au commandant de la 6ème Section C.F.C. à la disposition duquel fut mise une Compagnie de Sapeurs,
En raison des dimensions exceptionnelles de cet ouvrage , il fallut étudier des dispositions spéciales.
L’ouvrage fut reconstruit en béton de ciment, avec parement en mortier de briques concassées. Les piles furent exécutées au moyen de fermettes métalliques exactement profilées, qui servirent de gabarits pour soutenir les coffrages; ces fermettes furent utilisées en même temps pour porter une passerelle de service établie à la partie supérieure et par laquelle fut amené le béton; les fermettes restèrent enrobées dans le massif de béton; certaines d'entre elles eurent 16,50 m de hauteur.
La grande voûte fut construite sur un anneau-cintre établi suivant le procédé décrit plus haut; cet anneau, de 0,20 m d'épaisseur comprit 17 cerces métalliques, dont 9 en rails et 8 en cornières. Le corps de la voûte en raison de son poids, fut constitué par une série de voussoirs successifs en béton, disposés sur le périmètre de l'anneau cintre, de manière â répartir la charge aussi également que possible. Les coffrages de ces
voussoirs furent formés par des grillages métalliques tendus sur des cadres en fer rond, cadres et grillages restèrent incorporés au béton.
Malgré la proximité du front, et malgré une crue de la Largue, les travaux commencés dans la première semaine de mars 1915 se poursuivirent rapidement et sans incidents. Le bétonnage des petites voûtes fut terminé le 13 mai, celui de la grande voûte, le 16 mai et les épreuves de l’ouvrage terminé furent fixées au 31 mai, mais ce même jour le viaduc fut détruit à nouveau par un tir à longue portée de l’ artillerie allemande et l'on dut renoncer à reconstruire un ouvrage aussi important à une aussi faible distance de l’ennemi.
On entreprit alors une déviation de la ligne, dite déviation de Manspach, pour contourner la brèche et accéder à la gare de Dannemarie.
L'achèvement de ce travail permit d'utiliser pour les besoins militaires une section de ligne de 9 Km entre Dannemarie et Friessen, qui fut mise en exploitation en octobre 1916 sous le nom de ligne E,
Cependant, en Décembre 1915, on avait mis en service un embranchement de 5 Km de longueur se détachant de la ligne C, à Wesserling et allant à Urbès, station terminus d'un câble transporteur dont il sera parlé plus loin. Cette ligne avait été construite par les sapeurs.
En août 1916, les sapeurs terminèrent une ligne nouvelle destinée à établir une liaison entre la ligne de Paris à Mulhouse et la ligne de la Doller, cette ligne, dont l'exploitation fut confiée à la 6ème Section C.F.C. sous le nom de ligne D allait de Petit-Croix â Lauw et mesurait 21 Km de développement.
La ligne C était isolée du reste du réseau ferré, et comme il n'était pas possible d'établir une communication par rails, on résolut de réunir la vallée de la Thur à celle de Bussang au moyen d'un câble transporteur franchissant le col de Bussang. La ligne de communication ainsi constituée comporta deux sections de voie ferrée, l'une de Bussang à Taye, l'autre de Wesserling à Urbès dont nous avons parlé plus haut.
Le câble de Taye à Urbès, d'une longueur de 6124 mètres était porté par 64 pylônes métalliques dont certains dépassaient 30 m de hauteur. Ce câble, qui fut mis en service en décembre 1915, assura tout le trafic de la Vallée de la Thür, aussi bien pour les besoins de la population civile que pour les besoins militaires; il transporta en moyenne de 4 000 à 6 000 T par mois, il dépassa 8 000 T en Mars 1918.
On entreprit également la construction d'un câble destiné à prendre les approvisionnements militaires dans la Vallée de la Thur pour les monter sur les crêtes voisines. Ce câble, de 2327 m de longueur, partit de Holzplatz, près de Krütch, à la cote 609 et prit fin à Breitfirst à la cote 1218, il était supporté par 18 pylônes en bois. Ce câble fut mis en service en novembre 1915, il fut ultérieurement prolongé par un autre câble de 2300 m. de longueur de Breitfirst à Pfulwasen, dans la vallée de la Fecht à la cote 720, Ce dernier transporteur fut mis en service au début d'août 1917.
Pour l'installation de ces câbles, les études furent faites par le Service Central de la Voie avec le concours d'un constructeur spécialiste; les pylônes furent établis par les sapeurs; les câbles et la machinerie furent mis en place par les agents de la 6ème Section C.F.C. Une grande partie du matériel mis en oeuvre provenait de réquisitions.
Nous sommes efforcés, dans les pages qui précèdent de montrer l'importance des travaux exécutés sur le Réseau de l'EST pour les besoins de la Guerre et d'indiquer les méthodes qui ont été suivies.
Une oeuvre aussi étendue n!a pu être réalisée que par une collaboration constante des moyens d'action de la Compagnie et de ceux de l'Autorité Militaire.
Ingénieurs de la Compagnie, Officiers du Génie, cheminots, sapeurs, travailleurs auxiliaires de toutes provenances, tous ont apporté à la tâche commune leur dévouement, leur intelligence et leurs forces ; leur labeur continu a rendu possible l’œuvre des armées combattantes et tous peuvent se dire avec fierté qu'ils ont contribué pour leur part au succès de la Grande Guerre.
