Bonjour à tous,
Voici de très intéressantes informations apportées sur l’U 151 et son commandant, Waldemar KOPHAMEL à l’occasion du naufrage du JOHAN MJELDE, du TIJUCA, du SOBRAL et de quelques autres navires fin Novembre 1917.
Elles résultent des interrogatoires des équipages de JOHAN MJELDE et de SOBRAL et figurent dans les archives anglaises de Kew.
On note que les hommes de TIJUCA avait appelé BRINK II le vapeur norvégien JOHAN MJELDE. Sans doute les Allemands en avaient-ils dissimulé le nom véritable pour brouiller les pistes.
JOHAN MJELDE
Vapeur norvégien de 2049 t, construit en 1916 à Cleveland, de l’armement Nielsen & Sonner. Capitaine Olaf HAAKONSEN de Haugesund. Portait les couleurs norvégiennes peintes sur la coque. Allait de New York à Gênes. Le navire est arraisonné le 20 Novembre et armé par un équipage allemand de 3 officiers et 15 hommes, tandis que le capitaine et le chef mécanicien sont gardés dans le sous-marin. Ce vapeur transportait des saumons de cuivre qui ont été en partie transbordés sur le sous-marin par l’équipage de TIJUCA et celui de MJELDE. Des bombes furent aussitôt placées à bord, mais il ne fut pas coulé immédiatement, seulement le 25 Novembre.
Le sous-marin a chargé
- 75 tonnes de cuivre
- 100 sacs de café
- 100 livres d’huile
- 20 machines à écrire
Selon l’officier enquêteur, ce vapeur ne respectait pas les instructions, portait ses feux clairs et a été immédiatement abandonné par l’équipage.
Pendant son interrogatoire, le capitaine s’est montré indifférent et évasif.
SOBRAL
Vapeur norvégien de 1012 t construit en 1908 à Oslo. Capitaine Wilhelm JULINSSEN, de Christiania. Chargement de 868 t de cacahuètes et de gomme. Allait de Dakar à Bordeaux. Avait perdu son convoi suite à une avarie de pompe.
Equipage 1 Anglais, 6 Norvégiens (officiers), 3 Arabes, 2 Grecs, 6 Suédois, 2 Hollandais et 2 Danois.
Son arraisonnement a précédé celui du voilier français TIJUCA et du schooner portugais TROMBETAS. Aucune victime lors de toutes ces attaques.
Tous les équipages ont été embarqués sur JOHAN MJELDE. Puis tous, à l’exception de celui de TIJUCA qui a été remis dans ses embarcations, ont été convoyés jusqu’à Santa Maria des Açores. Le 25 Novembre, à 30 milles de Santa Maria, le commandant leur a donné les renseignements pour atteindre le port de Villa Portos, qu’ils ont atteint avec leurs embarcations et où ils ont pu débarquer.
L’équipage de TIJUCA, quant à lui, a pu atteindre Madère avec ses canots de sauvetage.
Description de l’U 151 et de son équipage
Ce sous-marin avait été endommagé le 12 Octobre, lors d’une collision avec le SPARTHIAN.
Porte un canon de 150 mm à l’avant et un canon de 88 mm à l’arrière.
Longueur 200 pieds. Camouflage gris à l’avant et à l’arrière.
2 périscopes et installation TSF
76 officiers et marins à bord.
Vitesse en surface 18 nœuds, en plongée 12 nœuds
Peut transporter un chargement de 800 tonnes.
L’officier enquêteur affirme : ce sous-marin est à l’évidence le DEUTSCHLAND ou l’un de ses sister-ships (entre U 52 et U 62) Nos officiers sont familiers avec le DEUTSCHLAND qu’ils ont pu voir à New London, et nombre de petits détails recueillis lors des interrogatoires le confirme. C’est sans doute le même sous-marin que celui aperçu par le NIZAM le 24 Novembre et dont voici la silhouette :
Les Allemands ont examiné et testé l’huile de lubrification employée par le JOHAN MJELDE, mais ne l’ont pas prise, disant qu’elle ne convenait pas pour leur moteur.
Le nom du commandant n’a pas été donné. Ce commandant parlait très bien anglais.
En revanche, un officier s’appelait GOLDENSTEND et un autre était un officier de la marine marchande nommé Robert KOHLER. Il habite à Baden, 23 Werderplats. Il a été second capitaine sur le TASMANIA de la German Australian S/S Co, et aurait aussi navigué sur le MOEWE. Il portait la Croix de Fer.
L’équipage du sous-marin était très propre. Il portait des vêtements de cuir. Certains avaient leur décoration, comme la Croix de Fer.
Le commandant a dit en plaisantant qu’il savait que les Américains avaient installé une sorte de base à Sao Miguel, car il y avait fait une incursion et ces derniers l’avaient aidé à en sortir avec quelques obus… En tous cas, les officiers du sous-marin avaient une bonne connaissance des mouvements des navires alliés. Il est possible qu’ils aient un rendez-vous avec le MOEWE.
Certains hommes du sous-marin ont dit que la vie à bord était difficile et qu’ils commençaient à en être fatigués. Ils étaient en opérations depuis 4 ou 5 mois et allaient prochainement rentrer à leur base, sans doute en Février 1918. De plus, ce travail (couler des navires) n’était guère agréable. Ils avaient une grande aversion pour ces actes, le cours de la guerre et la politique de l’Allemagne. En bref, il semblerait qu’ils n’étaient pas satisfaits de leur sort. Mais le commandant a haussé les épaules et a seulement dit : « C’est le métier !».
Quand le capitaine du JOHAN MJELDE l’a informé que sa destination était Gênes, le commandant du sous-marin lui a dit : « Vous savez que l’Italie est en guerre avec nous ! Je vais devoir couler votre navire. Avant, je vais prendre une partie de votre chargement. C’est la guerre… »
Voici une autre silhouette de l’U 151 fort bien dessinée par les hommes du vapeur italien CAPRERA, coulé le 13 Octobre précédent.
Et voici le CAPRERA
Cdlt