Re: MARNE II - Navire auxiliaire
Publié : jeu. août 03, 2017 10:13 am
Bonjour à tous,
Rencontre avec un sous-marin. 17 Mai 1918
Bâtiment militarisé transportant 7446 tonnes de charbon.
Rapport du capitaine
Quitté Cardiff le 5 Mai 1918 et venu seul à Milford Haven où je suis arrivé le 6 à 09h00.
Quitté Milford Haven en convoi de 22 navires escortés. Successivement, les navires à destination de l’Amérique du Nord et du Sud nous quittent en route. Le 9, coup de vent d’Ouest. Plusieurs navires ont des avaries sur le pont. Contourné Saint Vincent à 30 milles. Arrivée de 12 navires à Gibraltar le 13 à 17h00. Rien de particulier au cours de la traversée.
A Gibraltar, attendu convoi de Bizerte. Quitté Gibraltar le 16 Mai à 17h00 avec 12 navires en convoi escorté. Pris la formation A aussitôt l’appareillage et navigué ainsi en attendant les traînards.
Le 17 à 11h00, à 10 milles au Sud d’Alboran, pris route au N74E. Beau temps. Petite brise de Nord. A 19h00 on marchait à 7 nœuds, en ligne de front, sans faire de zigzags. Sur la passerelle de MARNE II, le maître d’équipage et le capitaine voient alors sur bâbord et par le travers, un périscope de sous-marin stoppé. Aucun sillage ne le signalait et il a fallu passer presque dessus pour le déceler à 100 m. Commandé tribord toute et alerté à bâbord en tenant compte de ce que mon embardée est limitée par le W.A. Donné au sifflet un signal de 2 coups (sur 6) car, sans que j’ai tiré trop fort, le cordon du sifflet a cassé. Sachant le sous-marin paré pour moi, je redresse, lorsqu’une forte explosion se fait entendre. Le SCULPTOR (vapeur anglais W.B) était torpillé. Le sous-marin avait lancé sa torpille sur ce bâtiment aussitôt passé MARNE II. SCULPTOR a été touché par bâbord milieu et le personnel de quart en bas a sans doute péri. Le navire continue à flotter et reste droit. Il a envoyé un SOS. Il était légèrement chargé pour Salonique et était avec nous depuis Milford Haven. Tous les navires du convoi ayant mis en route, nous l’avons perdu de vue à l’horizon.
Quelques navires escorteurs restent près du SCULPTOR, parcourant la mer et y jetant des bombes. Au cours de la nuit, quelques coups de canon ont été entendus avant minuit. Quelques navires s’éloignent et d’autres vont à Oran. MARNE II conserve le contact avec le commodore (W.A) GLORIA DE SARINAGA. Le 18 au matin, on se retrouve 6 navires seulement et 4 escorteurs.
Continué la route sur Bizerte en passant au large de l’Algérie. Le point de torpillage du SCULPTOR est 36°03 N et 01°52 W à 19h00 le 17. Il est évident que le sous-marin a vu venir le convoi et s’était placé et immobilisé. MARNE II étant trop près, il l’a laissé passer et a torpillé un navire dont la distance lui convenait, 600 m environ. Il s’est servi de MARNE II comme d’un bouclier.
A propos de ce torpillage, je signale que dans mon rapport sur la guerre sous-marine adressé à Paris en Septembre dernier, je demandais que deux petits canons soient placés de chaque bord de la passerelle, à portée de main du capitaine ou de l’officier de quart et soient toujours parés à tirer. Voilà un cas où, si j’avais eu ce canon sous la main, il eut pu être utilisé et pu empêcher le sous-marin de continuer à viser et torpiller.
Je parlais aussi de la navigation en convoi et persiste à dire que les convois n’affaiblissent pas les risques de torpillage, bien au contraire. Un navire seul et libre de ses mouvements est sûrement moins vulnérable que s’il se trouve en convoi, retenu encerclé, et plus longtemps à la mer. Les convois sont des buts et des proies que les sous-marins guettent et poursuivent plus facilement, même en zigzaguant. Les navires devraient être placés en quinconce et non en carré.
Cependant, si les convois doivent être maintenus pour différentes raisons, il en résulte que les navires de commerce n’auraient plus besoin de plusieurs gros canons. Une seule pièce moyenne suffirait et deux petits canons de chaque bord de la passerelle constitueraient une artillerie légère de préservation et de défense immédiate, et un signal d’attention et de direction.
Le gisement du sous-marin serait mieux défini par un coup de canon et son point de chute que par des coups de sifflet. Il permettrait aux convoyeurs de se porter plus rapidement sur l’ennemi. Il est à remarquer que mes deux 90 mm, éloignés de la passerelle et longs à mettre en action, ne m’ont été d’aucun secours en cette circonstance. De plus, les hommes de veille hésitent toujours davantage qu’un officier chargé de prendre une initiative rapide et hardie. La passerelle doit donc être armée à cette fin. Les navires anglais n’ont tous qu’une pièce moyenne à l’arrière et qui suffit à son but. Les escortes des grands convois étant des navires armés, les équipes volantes ne sont pas utilement employées dans ces cas généraux.
Rapport de l’officier AMBC
Il reprend le déroulement des faits et conclut :
Le capitaine de MARNE II a exécuté correctement la manœuvre prescrite dans les instructions, mais on ne s’explique pas pour quelles raisons le convoi ne faisait pas de zigzags. Sa faible vitesse ne le rendait que plus vulnérable.
J’estime en outre qu’il n’y a rien à retenir des suggestions proposées par le capitaine de MARNE II à la fin de son rapport de mer.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 39 du Kptlt Heinrich METZGER.
U 39, commandé successivement par Walter Fortsman et Heinrich Metzger aura coulé 155 navires entre Août 1916 et Mai 1918 dont, curieusement, un seul -et son dernier- en 1918, SCULPTOR.
Ce vapeur de 4874 tonnes avait été lancé en 1912 au chantier de Dumbarton sous le nom de SAINT ANDREW. Le voici photographié à Capetown.
Il avait pris le nom de SCULPTOR en 1918, étant passé à l’armateur Charente SS Co de Liverpool. Il se rendait de Swansea à Salonique avec du matériel de guerre. Son torpillage fera 7 victimes. Mais le navire continuera à flotter et sera remorqué puis échoué près de Mers-el-Kebir. On sauvera le matériel récupérable avant qu’une forte explosion ne détruise tout l’avant du navire dont l’épave sera alors abandonnée.
Voici une photo du navire échoué, avec de l’eau pratiquement jusqu’à la passerelle.
Attaque par sous-marin le 30 Mai 1918
La liste d’équipage est identique à celle du 17 Mai précédent à l’exception d’un matelot supplémentaire, BILKI Henri.
Le QM fourrier s’appelle QUILLIEN et non GUILLIEN. Le canonnier 30747.1 s’appelle Sanche RUFFIER. Enfin, le canonnier Rigobert RETALI a été remplacé par Antonio PUCH, 70147.5
Rapport du capitaine au CV Commandant le croiseur FOUDRE, Commandant supérieur à Milo
Quitté Malte avec MARNE II en convoi à destination de Salonique via Milo le 28 Mai à 15h00. Au départ, nous étions 12 navires et avons navigué selon les instructions reçues et les routes ordonnées. Effectué les zigzags n° 2 le jour et n° 15 la nuit. Voici la formation adoptée par le convoi.
Dans la nuit du 29 au 30 Mai, le vapeur ANTINOÜS a été torpillé et a coulé par 35°11 N et 17°48 E.
Voici l’ANTINOUS (signalé par erreur comme perdu en 1922 par le site Miramar Ship Index)
Le même jour à 05h00, le vapeur ASIATIC PRINCE a été torpillé et coulé par 35°13 N et 18°24 E.
Voici l’ASIATIC PRINCE
Le même jour à 18h00, le vapeur AYMERIC avec lequel nous étions en convoi depuis Cardiff a été torpillé et coulé par 34°17 N et 20°04 E.
Voici deux vues de l’AYMERIC
Le sous-marin qui a coulé ce dernier et probablement les deux premiers a été coulé à son tour par MARNE. Voici comment les faits se sont passés.
Comme on le conçoit par ce qui précède, on était en grand émoi dans le convoi. Donc à 18h00, en ce jour mémorable du 30 Mai, les hommes de service étaient à leur poste à bord et surveillaient très sérieusement conformément aux instructions données par moi-même. On aperçut de la pièce avant, de la hune et de la passerelle quelque chose de douteux qui approchait dans l’eau. Un périscope apparut et une torpille fut lancée. Elle passa à 30 m sur l’avant d MARNE II et alla frapper le vapeur anglais AYMERIC qui était à 500 m sur tribord. Avant qu’elle ne touche le but, et presque au moment où elle était lancée, le QM canonnier ROUQUIER, leste et propt à viser, tira sur le sous-marin un coup de canon de 90 mm à charge de combat. Le sous-marin était à cet instant très peu immergé et sa coque apparaissait bleuâtre, à 50 m à 45° de l’avant de MARNE II.
Avant que l’explosion de sa torpille ne se fasse entendre, le sous-marin était lui-même atteint en plein. L’obus, explosant sur sa coque ou à l’intérieur, fit jaillir une projection d’eau massive dans laquelle un liquide noirâtre fut nettement perçu par tous.
Le choc de l’obus fut d’un son très creux et l’explosion amortie par le peu de consistance du but. Le sous-marin, largement ouvert, coula à pic. L’homme de vigie dans la hune, qui voyait nettement sa coque, est affirmatif sur ce point. Seule une tache d’huile subsista à sa place et fut nettement vue sur bâbord. Une odeur de mazout envoyée par le vent se fit sentir à bord. Tout ayant disparu suite à l’explosion, d’autres coups de canon furent jugés instinctivement inutiles. Ayant aperçu la tache d’huile du sous-marin à bâbord, elle était trop près pour que je puisse l’atteindre en faisant à gauche toute.
L’examen de la tache, la vue du périscope, la torpille lancée, l’explosion sur le sous-marin, la gerbe noirâtre qui suivit et l’explosion de la torpille sur le flanc de l’AYMERIC blessé à mort et couvert d’une immense gerbe d’eau avait duré 20 secondes au plus.
Voici le schéma de l’attaque
L’équipage témoigna sa légitime satisfaction. Nous fûmes débarrassés d’un ennemi qui nous traquait sérieusement et qui, sans la vivacité de mon canonnier nous eût certainement fait beaucoup de mal les jours suivants. . Au contraire depuis cet instant, nous n’avons plus été inquiétés et même les retardataires non armés ont pu gagner Milo sans problème. Aussitôt cet évènement accompli, j’ai informé le Commandant anglais du convoi sur le torpilleur HELIOTROPE. En arrivant à Milo, je m’empresse de vous faire connaître ces faits.
Etant donné l’acte intelligent et particulièrement utile du QM canonnier ROUQUIER Maurice, n° 2071, je me permets de vous exprimer le désir, Commandant, de voir s’il est possible que cet homme perçoive la juste récompense qu’il vous paraîtra avoir méritée.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 63 du Kptlt Kurt HARTWIG. Il n’avait pas été coulé, mais sans doute assez sérieusement endommagé car il devra rentrer à sa base et ne reprendra ses opérations, toujours sous le commandement de Kurt Hartwig, que début Août 1918.
Hartwig recevra la Croix pour le Mérite le 3 Octobre 1918. Il est décédé le 16 Octobre 1972.
U 63 sera remis aux Anglais le 16 Janvier 1919 et démoli à Blyth.
Cdlt
Rencontre avec un sous-marin. 17 Mai 1918
Bâtiment militarisé transportant 7446 tonnes de charbon.
Rapport du capitaine
Quitté Cardiff le 5 Mai 1918 et venu seul à Milford Haven où je suis arrivé le 6 à 09h00.
Quitté Milford Haven en convoi de 22 navires escortés. Successivement, les navires à destination de l’Amérique du Nord et du Sud nous quittent en route. Le 9, coup de vent d’Ouest. Plusieurs navires ont des avaries sur le pont. Contourné Saint Vincent à 30 milles. Arrivée de 12 navires à Gibraltar le 13 à 17h00. Rien de particulier au cours de la traversée.
A Gibraltar, attendu convoi de Bizerte. Quitté Gibraltar le 16 Mai à 17h00 avec 12 navires en convoi escorté. Pris la formation A aussitôt l’appareillage et navigué ainsi en attendant les traînards.
Le 17 à 11h00, à 10 milles au Sud d’Alboran, pris route au N74E. Beau temps. Petite brise de Nord. A 19h00 on marchait à 7 nœuds, en ligne de front, sans faire de zigzags. Sur la passerelle de MARNE II, le maître d’équipage et le capitaine voient alors sur bâbord et par le travers, un périscope de sous-marin stoppé. Aucun sillage ne le signalait et il a fallu passer presque dessus pour le déceler à 100 m. Commandé tribord toute et alerté à bâbord en tenant compte de ce que mon embardée est limitée par le W.A. Donné au sifflet un signal de 2 coups (sur 6) car, sans que j’ai tiré trop fort, le cordon du sifflet a cassé. Sachant le sous-marin paré pour moi, je redresse, lorsqu’une forte explosion se fait entendre. Le SCULPTOR (vapeur anglais W.B) était torpillé. Le sous-marin avait lancé sa torpille sur ce bâtiment aussitôt passé MARNE II. SCULPTOR a été touché par bâbord milieu et le personnel de quart en bas a sans doute péri. Le navire continue à flotter et reste droit. Il a envoyé un SOS. Il était légèrement chargé pour Salonique et était avec nous depuis Milford Haven. Tous les navires du convoi ayant mis en route, nous l’avons perdu de vue à l’horizon.
Quelques navires escorteurs restent près du SCULPTOR, parcourant la mer et y jetant des bombes. Au cours de la nuit, quelques coups de canon ont été entendus avant minuit. Quelques navires s’éloignent et d’autres vont à Oran. MARNE II conserve le contact avec le commodore (W.A) GLORIA DE SARINAGA. Le 18 au matin, on se retrouve 6 navires seulement et 4 escorteurs.
Continué la route sur Bizerte en passant au large de l’Algérie. Le point de torpillage du SCULPTOR est 36°03 N et 01°52 W à 19h00 le 17. Il est évident que le sous-marin a vu venir le convoi et s’était placé et immobilisé. MARNE II étant trop près, il l’a laissé passer et a torpillé un navire dont la distance lui convenait, 600 m environ. Il s’est servi de MARNE II comme d’un bouclier.
A propos de ce torpillage, je signale que dans mon rapport sur la guerre sous-marine adressé à Paris en Septembre dernier, je demandais que deux petits canons soient placés de chaque bord de la passerelle, à portée de main du capitaine ou de l’officier de quart et soient toujours parés à tirer. Voilà un cas où, si j’avais eu ce canon sous la main, il eut pu être utilisé et pu empêcher le sous-marin de continuer à viser et torpiller.
Je parlais aussi de la navigation en convoi et persiste à dire que les convois n’affaiblissent pas les risques de torpillage, bien au contraire. Un navire seul et libre de ses mouvements est sûrement moins vulnérable que s’il se trouve en convoi, retenu encerclé, et plus longtemps à la mer. Les convois sont des buts et des proies que les sous-marins guettent et poursuivent plus facilement, même en zigzaguant. Les navires devraient être placés en quinconce et non en carré.
Cependant, si les convois doivent être maintenus pour différentes raisons, il en résulte que les navires de commerce n’auraient plus besoin de plusieurs gros canons. Une seule pièce moyenne suffirait et deux petits canons de chaque bord de la passerelle constitueraient une artillerie légère de préservation et de défense immédiate, et un signal d’attention et de direction.
Le gisement du sous-marin serait mieux défini par un coup de canon et son point de chute que par des coups de sifflet. Il permettrait aux convoyeurs de se porter plus rapidement sur l’ennemi. Il est à remarquer que mes deux 90 mm, éloignés de la passerelle et longs à mettre en action, ne m’ont été d’aucun secours en cette circonstance. De plus, les hommes de veille hésitent toujours davantage qu’un officier chargé de prendre une initiative rapide et hardie. La passerelle doit donc être armée à cette fin. Les navires anglais n’ont tous qu’une pièce moyenne à l’arrière et qui suffit à son but. Les escortes des grands convois étant des navires armés, les équipes volantes ne sont pas utilement employées dans ces cas généraux.
Rapport de l’officier AMBC
Il reprend le déroulement des faits et conclut :
Le capitaine de MARNE II a exécuté correctement la manœuvre prescrite dans les instructions, mais on ne s’explique pas pour quelles raisons le convoi ne faisait pas de zigzags. Sa faible vitesse ne le rendait que plus vulnérable.
J’estime en outre qu’il n’y a rien à retenir des suggestions proposées par le capitaine de MARNE II à la fin de son rapport de mer.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 39 du Kptlt Heinrich METZGER.
U 39, commandé successivement par Walter Fortsman et Heinrich Metzger aura coulé 155 navires entre Août 1916 et Mai 1918 dont, curieusement, un seul -et son dernier- en 1918, SCULPTOR.
Ce vapeur de 4874 tonnes avait été lancé en 1912 au chantier de Dumbarton sous le nom de SAINT ANDREW. Le voici photographié à Capetown.
Il avait pris le nom de SCULPTOR en 1918, étant passé à l’armateur Charente SS Co de Liverpool. Il se rendait de Swansea à Salonique avec du matériel de guerre. Son torpillage fera 7 victimes. Mais le navire continuera à flotter et sera remorqué puis échoué près de Mers-el-Kebir. On sauvera le matériel récupérable avant qu’une forte explosion ne détruise tout l’avant du navire dont l’épave sera alors abandonnée.
Voici une photo du navire échoué, avec de l’eau pratiquement jusqu’à la passerelle.
Attaque par sous-marin le 30 Mai 1918
La liste d’équipage est identique à celle du 17 Mai précédent à l’exception d’un matelot supplémentaire, BILKI Henri.
Le QM fourrier s’appelle QUILLIEN et non GUILLIEN. Le canonnier 30747.1 s’appelle Sanche RUFFIER. Enfin, le canonnier Rigobert RETALI a été remplacé par Antonio PUCH, 70147.5
Rapport du capitaine au CV Commandant le croiseur FOUDRE, Commandant supérieur à Milo
Quitté Malte avec MARNE II en convoi à destination de Salonique via Milo le 28 Mai à 15h00. Au départ, nous étions 12 navires et avons navigué selon les instructions reçues et les routes ordonnées. Effectué les zigzags n° 2 le jour et n° 15 la nuit. Voici la formation adoptée par le convoi.
Dans la nuit du 29 au 30 Mai, le vapeur ANTINOÜS a été torpillé et a coulé par 35°11 N et 17°48 E.
Voici l’ANTINOUS (signalé par erreur comme perdu en 1922 par le site Miramar Ship Index)
Le même jour à 05h00, le vapeur ASIATIC PRINCE a été torpillé et coulé par 35°13 N et 18°24 E.
Voici l’ASIATIC PRINCE
Le même jour à 18h00, le vapeur AYMERIC avec lequel nous étions en convoi depuis Cardiff a été torpillé et coulé par 34°17 N et 20°04 E.
Voici deux vues de l’AYMERIC
Le sous-marin qui a coulé ce dernier et probablement les deux premiers a été coulé à son tour par MARNE. Voici comment les faits se sont passés.
Comme on le conçoit par ce qui précède, on était en grand émoi dans le convoi. Donc à 18h00, en ce jour mémorable du 30 Mai, les hommes de service étaient à leur poste à bord et surveillaient très sérieusement conformément aux instructions données par moi-même. On aperçut de la pièce avant, de la hune et de la passerelle quelque chose de douteux qui approchait dans l’eau. Un périscope apparut et une torpille fut lancée. Elle passa à 30 m sur l’avant d MARNE II et alla frapper le vapeur anglais AYMERIC qui était à 500 m sur tribord. Avant qu’elle ne touche le but, et presque au moment où elle était lancée, le QM canonnier ROUQUIER, leste et propt à viser, tira sur le sous-marin un coup de canon de 90 mm à charge de combat. Le sous-marin était à cet instant très peu immergé et sa coque apparaissait bleuâtre, à 50 m à 45° de l’avant de MARNE II.
Avant que l’explosion de sa torpille ne se fasse entendre, le sous-marin était lui-même atteint en plein. L’obus, explosant sur sa coque ou à l’intérieur, fit jaillir une projection d’eau massive dans laquelle un liquide noirâtre fut nettement perçu par tous.
Le choc de l’obus fut d’un son très creux et l’explosion amortie par le peu de consistance du but. Le sous-marin, largement ouvert, coula à pic. L’homme de vigie dans la hune, qui voyait nettement sa coque, est affirmatif sur ce point. Seule une tache d’huile subsista à sa place et fut nettement vue sur bâbord. Une odeur de mazout envoyée par le vent se fit sentir à bord. Tout ayant disparu suite à l’explosion, d’autres coups de canon furent jugés instinctivement inutiles. Ayant aperçu la tache d’huile du sous-marin à bâbord, elle était trop près pour que je puisse l’atteindre en faisant à gauche toute.
L’examen de la tache, la vue du périscope, la torpille lancée, l’explosion sur le sous-marin, la gerbe noirâtre qui suivit et l’explosion de la torpille sur le flanc de l’AYMERIC blessé à mort et couvert d’une immense gerbe d’eau avait duré 20 secondes au plus.
Voici le schéma de l’attaque
L’équipage témoigna sa légitime satisfaction. Nous fûmes débarrassés d’un ennemi qui nous traquait sérieusement et qui, sans la vivacité de mon canonnier nous eût certainement fait beaucoup de mal les jours suivants. . Au contraire depuis cet instant, nous n’avons plus été inquiétés et même les retardataires non armés ont pu gagner Milo sans problème. Aussitôt cet évènement accompli, j’ai informé le Commandant anglais du convoi sur le torpilleur HELIOTROPE. En arrivant à Milo, je m’empresse de vous faire connaître ces faits.
Etant donné l’acte intelligent et particulièrement utile du QM canonnier ROUQUIER Maurice, n° 2071, je me permets de vous exprimer le désir, Commandant, de voir s’il est possible que cet homme perçoive la juste récompense qu’il vous paraîtra avoir méritée.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 63 du Kptlt Kurt HARTWIG. Il n’avait pas été coulé, mais sans doute assez sérieusement endommagé car il devra rentrer à sa base et ne reprendra ses opérations, toujours sous le commandement de Kurt Hartwig, que début Août 1918.
Hartwig recevra la Croix pour le Mérite le 3 Octobre 1918. Il est décédé le 16 Octobre 1972.
U 63 sera remis aux Anglais le 16 Janvier 1919 et démoli à Blyth.
Cdlt