Re: SUSSEX - Compagnie des Chemins de Fer de l'État Français
Publié : mer. juil. 09, 2014 12:40 am
Bonjour,
Par une manoeuvre hardie, l'accostage du Sussex dans de mauvaises conditions de mer, le capitaine au long cours Louis François Joseph Bourgain, commandant du chalutier Marie Thérèse, alors utilisé comme arraisonneur, a pu embarquer près de 200 personnes à son bord. Ce sauvetage est l'un des deux faits, avec un engagement contre un sous-marin qui lui ont valu la citation "Officier particulièrement énergique. S'est notamment distingué dans un combat contre un sous-marin allemand au large de Boulogne. A contribué, pour la plus large part au sauvetage des victimes du Sussex", et l'attribution du grade de chevalier de la légion d'Honneur en juillet 1916. (N.B. Son dossier n'est pas actuellement communicable sur la base Léonore).
En tant qu'inscrit maritime et pour la durée de la guerre, les officiers de la Marine marchande pouvait recevoir un grade d'officier auxiliaire dans la Marine nationale et être désigné comme commandant de navire. C'est ainsi que le CLC Bourgain était alors enseigne de vaisseau de 1 ère classe auxiliaire et commandant du chalutier réquisitionné Marie Thérèse. Il avait alors 48 ans en 1916 et une solide carrière maritime derrière lui.
Voici ses débuts, tel que le raconte Louis Lacroix.
"C'est au Portel, près de Boulogne, dans le Pas de Calais, que naquit, le 11 mars 1868, cet autre vétéran de la maison Bordes, mon bon collègue, Louis François Bourgain. Mousse à la pêche dès sa treizième année, il passa ensuite au cabotage et s'engagea à dix-huit ans dans la Marine militaire, où il servit quarante-deux mois. Trente-six mois durant, il fit campagne, tantôt sur la Vire, stationnaire des mers du Sud, tantôt sur les vaisseaux à voile Fontenoy, Magellan, Calédonien, qui transportaient à cette époque le contingent annuel de forçats des dépôts de la métropole au bagne de la Nouvelle-Calédonie. C'est à bord de ces transports de l'Etat que les officiers lui permirent de préparer ses examens de capitaine au long cours et c'est l'enseigne de vaisseau André qui l'a présenté à M. Villain, l'examinateur d'hydrographie. L'EV André, devenu capitaine de vaisseau, commandant du croiseur Léon Gambetta, disparaîtra avec son navire lors du torpillage dans le canal d'Otrante). Quittant la Marine à vingt-deux ans, il embarqua comme second sur le trois-mâts Charles Colette de Dunkerque, aux voyages des Antilles, puis lieutenant à double solde sur le vapeur Cayor pour la côte d'Afrique. Les équipages qui remontaient à cette époque le fleuve du Sénégal via Podor-Cayes, étaient alors décimés pendant les épidémies sur les rivières et on leur accordait des salaires spéciaux. Après trois voyages consécutifs, revenu indemne, il reparti comme lieutenant sur le trois-mâts carré Circé pour le Chili, allant charger du nitrate à Iquique pour Bordeaux. C'était en 1892 ; à son arrivée dans les mers d'Europe, le navire se trouva en compagnie de plus de trois cent autres voiliers, retenus entre les Açores et la côte française, par une série de vents de nord-est, soufflant en tempête, sans discontinuer, pendant plus de cinq semaines. A l'arrivée à Bordeaux, Circé comptait 134 jours de mer et Bourgain débarqua pour suivre les cours de l'école d'hydrogaphie, afin de se présenter aux examens de capitaine au long cours. Sitôt en possession de son diplôme de capitaine au long cours, il entra en 1894 dans la maison Bordes, qu'il ne devait plus quitter jusqu'à la fin de sa carrière".
Il est d'abord lieutenant sur le cinq-mâts barque France, lors du 5 ème voyage de celui-ci, aux nitrates du Chili.
Il est ensuite second sur le trois-mâts barque Mentana du 15 juin 1895 au 12 mars 1896.
Second pour le 1er et le 2 ème voyage du 4 mâts barque Wulfram Puget, du 4 mai 1896 au 12 juin 1897.
Capitaine du trois-mâts carré Valentine, pour le 6 ème voyage de celui-ci, partant de Nantes le 31 octobre 1897 pour le Chili, via Cardiff pour y charger du charbon; il touche une roche inconnue à Totorallilo le 28 janvier 1898 et s'échoue volontairement à la plage pour éviter de couler. les moyens de sauvetage insuffisants et une tempête survenue le lendemain ne lui permettent de sauver que quelques éléments du gréement. Il passe devant le Tribunal maritime de Dunkerque le 26 novembre 1898 qui l'acquitte. Il est cependant rétrogradé à un poste de second pour deux ans par Bordes.
Second pour les 4 et 5 ème voyage du quatre-mâts barque Loire, du 24 décembre 1898 au 20 février 1900.
Capitaine pour le 7 ème voyage du trois-mâts carré Rancagua, il subit, du 10 au 20 août 1900, une série d'ouragans d'Ouest et une mer démontée par des froids de - 10° à - 20° C. Le trois-mâts Bretagne, à 130 milles à l'ouest, gouvernail arraché, doit être abandonné.
Capitaine du quatre-mâts barque Atlantique, pour les 7, 8 et 9 ème voyage du 17 juillet 1901 au 28 juin 1903, il subit un abordage à l'arrivée avec le cargo norvégien Argo, sans avoir eu de dégâts.
Capitaine du quatre-mâts barque Marthe pour ces 5 et 6 ème voyage, de juillet 1903 au 28 mai 1905.
Capitaine du quatre-mâts barque Antonin pour les voyages 6, 7 et 8 du 26 janvier 1906 au 12 juin 1908.
A suivre…
Cordialement.
Par une manoeuvre hardie, l'accostage du Sussex dans de mauvaises conditions de mer, le capitaine au long cours Louis François Joseph Bourgain, commandant du chalutier Marie Thérèse, alors utilisé comme arraisonneur, a pu embarquer près de 200 personnes à son bord. Ce sauvetage est l'un des deux faits, avec un engagement contre un sous-marin qui lui ont valu la citation "Officier particulièrement énergique. S'est notamment distingué dans un combat contre un sous-marin allemand au large de Boulogne. A contribué, pour la plus large part au sauvetage des victimes du Sussex", et l'attribution du grade de chevalier de la légion d'Honneur en juillet 1916. (N.B. Son dossier n'est pas actuellement communicable sur la base Léonore).
En tant qu'inscrit maritime et pour la durée de la guerre, les officiers de la Marine marchande pouvait recevoir un grade d'officier auxiliaire dans la Marine nationale et être désigné comme commandant de navire. C'est ainsi que le CLC Bourgain était alors enseigne de vaisseau de 1 ère classe auxiliaire et commandant du chalutier réquisitionné Marie Thérèse. Il avait alors 48 ans en 1916 et une solide carrière maritime derrière lui.
Voici ses débuts, tel que le raconte Louis Lacroix.
"C'est au Portel, près de Boulogne, dans le Pas de Calais, que naquit, le 11 mars 1868, cet autre vétéran de la maison Bordes, mon bon collègue, Louis François Bourgain. Mousse à la pêche dès sa treizième année, il passa ensuite au cabotage et s'engagea à dix-huit ans dans la Marine militaire, où il servit quarante-deux mois. Trente-six mois durant, il fit campagne, tantôt sur la Vire, stationnaire des mers du Sud, tantôt sur les vaisseaux à voile Fontenoy, Magellan, Calédonien, qui transportaient à cette époque le contingent annuel de forçats des dépôts de la métropole au bagne de la Nouvelle-Calédonie. C'est à bord de ces transports de l'Etat que les officiers lui permirent de préparer ses examens de capitaine au long cours et c'est l'enseigne de vaisseau André qui l'a présenté à M. Villain, l'examinateur d'hydrographie. L'EV André, devenu capitaine de vaisseau, commandant du croiseur Léon Gambetta, disparaîtra avec son navire lors du torpillage dans le canal d'Otrante). Quittant la Marine à vingt-deux ans, il embarqua comme second sur le trois-mâts Charles Colette de Dunkerque, aux voyages des Antilles, puis lieutenant à double solde sur le vapeur Cayor pour la côte d'Afrique. Les équipages qui remontaient à cette époque le fleuve du Sénégal via Podor-Cayes, étaient alors décimés pendant les épidémies sur les rivières et on leur accordait des salaires spéciaux. Après trois voyages consécutifs, revenu indemne, il reparti comme lieutenant sur le trois-mâts carré Circé pour le Chili, allant charger du nitrate à Iquique pour Bordeaux. C'était en 1892 ; à son arrivée dans les mers d'Europe, le navire se trouva en compagnie de plus de trois cent autres voiliers, retenus entre les Açores et la côte française, par une série de vents de nord-est, soufflant en tempête, sans discontinuer, pendant plus de cinq semaines. A l'arrivée à Bordeaux, Circé comptait 134 jours de mer et Bourgain débarqua pour suivre les cours de l'école d'hydrogaphie, afin de se présenter aux examens de capitaine au long cours. Sitôt en possession de son diplôme de capitaine au long cours, il entra en 1894 dans la maison Bordes, qu'il ne devait plus quitter jusqu'à la fin de sa carrière".
Il est d'abord lieutenant sur le cinq-mâts barque France, lors du 5 ème voyage de celui-ci, aux nitrates du Chili.
Il est ensuite second sur le trois-mâts barque Mentana du 15 juin 1895 au 12 mars 1896.
Second pour le 1er et le 2 ème voyage du 4 mâts barque Wulfram Puget, du 4 mai 1896 au 12 juin 1897.
Capitaine du trois-mâts carré Valentine, pour le 6 ème voyage de celui-ci, partant de Nantes le 31 octobre 1897 pour le Chili, via Cardiff pour y charger du charbon; il touche une roche inconnue à Totorallilo le 28 janvier 1898 et s'échoue volontairement à la plage pour éviter de couler. les moyens de sauvetage insuffisants et une tempête survenue le lendemain ne lui permettent de sauver que quelques éléments du gréement. Il passe devant le Tribunal maritime de Dunkerque le 26 novembre 1898 qui l'acquitte. Il est cependant rétrogradé à un poste de second pour deux ans par Bordes.
Second pour les 4 et 5 ème voyage du quatre-mâts barque Loire, du 24 décembre 1898 au 20 février 1900.
Capitaine pour le 7 ème voyage du trois-mâts carré Rancagua, il subit, du 10 au 20 août 1900, une série d'ouragans d'Ouest et une mer démontée par des froids de - 10° à - 20° C. Le trois-mâts Bretagne, à 130 milles à l'ouest, gouvernail arraché, doit être abandonné.
Capitaine du quatre-mâts barque Atlantique, pour les 7, 8 et 9 ème voyage du 17 juillet 1901 au 28 juin 1903, il subit un abordage à l'arrivée avec le cargo norvégien Argo, sans avoir eu de dégâts.
Capitaine du quatre-mâts barque Marthe pour ces 5 et 6 ème voyage, de juillet 1903 au 28 mai 1905.
Capitaine du quatre-mâts barque Antonin pour les voyages 6, 7 et 8 du 26 janvier 1906 au 12 juin 1908.
A suivre…
Cordialement.