Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF
Publié : dim. oct. 12, 2014 12:12 pm
Bonjour Jean-Michel,
Je constate que nous n'en avons pas encore fini, loin s'en faut avec cette question des fusillés, nous écrivez-vous.
C'est que cette question est fondamentale et nous oblige à regarder en face certains épisodes de notre histoire liés à la violence d'Etat et à des "violences collectives".
Nous nous accommodons fort bien de savantes conclusions sur les découvertes de charniers néolithiques ou campaniens qui nous montrent que des violences systématiques ont été perpétrées à l’encontre de certaines populations ( sans trop nous poser la question des raisons de ces actes, nous nous disons qu’il s’agit probablement de problèmes liés à l’occupation « d’espaces vitaux ») ; nous découvrons avec effarement la façon dont les dragonnades ont tenté de liquider les protestants des Cévennes (mais nous nous disons : c’est ancien, c’est d’un passé si lointain que nous ne sommes plus concernés) ; nous apportons un regard terriblement sévère sur les exactions commises un peu partout par la Terreur et compatissons au sort des Vendéens qui pourtant n’ont pas beaucoup plus soufferts que les protestants assassinés pendant la terrible nuit de la saint Barthélémy ; nous sommes déjà plus circonspects lorsqu’on évoque les exécutions sommaires et massives pratiquées par les Versaillais…on approche là de la politique..et vous allez avoir à entendre : oui…. mais « les autres aussi » c'est-à-dire les Communards ; on feint de redécouvrir que la conquête de notre « Empire colonial » s’est accompagnée de massacres horribles rapportés sans aucun sentiment de compassion par les officiers qui les ont commandées et…. là encore on va entendre : « les autres aussi » ; en 1915 -1916 des colonnes françaises ont liquidées au moins 20 000 noirs en Haute-Volta, hommes femmes et enfants de peuples qui refusaient la conscription forcée ; le « les autres aussi » est dans ce cas plus difficile à formuler ; durant l’occupation allemande en France, à partir de 1941, le « terrorisme » des résistants à été combattu par l’application d’une violence d’Etat tout à fait disproportionnée….là encore les « les autres aussi » a été formulé; durant la guerre d’Algérie la lutte contre les terroristes a donné lieu à des répressions terribles et des actes de contre-guerilla que des généraux comme le général Aussarés ont justifié .. « les autres aussi avons-nous entendu »…mais dans les cas des soldats exécutés …il n’y a pas « d’autres aussi » à invoquer… il n’y a que le constat d’un échec….Les militaires auxquels l’Etat a délégué l’organisation de la défense de notre pays envahi, leur abandonnant aussi les fonctions de justice, n’ont trouvé ou imaginé d’autres moyens de maintenir la discipline des troupes que par l’application d’une justice militaire expéditive imaginée pour forcer l’obéissance de troupes de volontaires-mercenaires. Là, il n'y a pas de « les autres aussi » possible. Cette question des fusillés se ramène à une question récurrente : les militaires sont-ils capables de mener une nation au combat sans la mise en place de méthodes répressives terribles ?
Les Allemands, les Soviétiques, d’autres, avaient imaginé des solutions …
Sommes nous prêts à accepter le sacrifice de certains d’entre nous pour sauver les autres… ?
Je suis persuadé que ce n’est pas uniquement pour des questions de coûts que nous avons choisi l’option Armée de métier.
Au fond de nous il y a cette réponse silencieuse : ils ont choisi le métier des Armes donc ils savent ….
Nous ne sommes pas responsables de ce qui arrivera ensuite….
Donc, nous n'en avons pas encore fini, loin s'en faut avec cette question des fusillés !
A bientôt
CC
Je constate que nous n'en avons pas encore fini, loin s'en faut avec cette question des fusillés, nous écrivez-vous.
C'est que cette question est fondamentale et nous oblige à regarder en face certains épisodes de notre histoire liés à la violence d'Etat et à des "violences collectives".
Nous nous accommodons fort bien de savantes conclusions sur les découvertes de charniers néolithiques ou campaniens qui nous montrent que des violences systématiques ont été perpétrées à l’encontre de certaines populations ( sans trop nous poser la question des raisons de ces actes, nous nous disons qu’il s’agit probablement de problèmes liés à l’occupation « d’espaces vitaux ») ; nous découvrons avec effarement la façon dont les dragonnades ont tenté de liquider les protestants des Cévennes (mais nous nous disons : c’est ancien, c’est d’un passé si lointain que nous ne sommes plus concernés) ; nous apportons un regard terriblement sévère sur les exactions commises un peu partout par la Terreur et compatissons au sort des Vendéens qui pourtant n’ont pas beaucoup plus soufferts que les protestants assassinés pendant la terrible nuit de la saint Barthélémy ; nous sommes déjà plus circonspects lorsqu’on évoque les exécutions sommaires et massives pratiquées par les Versaillais…on approche là de la politique..et vous allez avoir à entendre : oui…. mais « les autres aussi » c'est-à-dire les Communards ; on feint de redécouvrir que la conquête de notre « Empire colonial » s’est accompagnée de massacres horribles rapportés sans aucun sentiment de compassion par les officiers qui les ont commandées et…. là encore on va entendre : « les autres aussi » ; en 1915 -1916 des colonnes françaises ont liquidées au moins 20 000 noirs en Haute-Volta, hommes femmes et enfants de peuples qui refusaient la conscription forcée ; le « les autres aussi » est dans ce cas plus difficile à formuler ; durant l’occupation allemande en France, à partir de 1941, le « terrorisme » des résistants à été combattu par l’application d’une violence d’Etat tout à fait disproportionnée….là encore les « les autres aussi » a été formulé; durant la guerre d’Algérie la lutte contre les terroristes a donné lieu à des répressions terribles et des actes de contre-guerilla que des généraux comme le général Aussarés ont justifié .. « les autres aussi avons-nous entendu »…mais dans les cas des soldats exécutés …il n’y a pas « d’autres aussi » à invoquer… il n’y a que le constat d’un échec….Les militaires auxquels l’Etat a délégué l’organisation de la défense de notre pays envahi, leur abandonnant aussi les fonctions de justice, n’ont trouvé ou imaginé d’autres moyens de maintenir la discipline des troupes que par l’application d’une justice militaire expéditive imaginée pour forcer l’obéissance de troupes de volontaires-mercenaires. Là, il n'y a pas de « les autres aussi » possible. Cette question des fusillés se ramène à une question récurrente : les militaires sont-ils capables de mener une nation au combat sans la mise en place de méthodes répressives terribles ?
Les Allemands, les Soviétiques, d’autres, avaient imaginé des solutions …
Sommes nous prêts à accepter le sacrifice de certains d’entre nous pour sauver les autres… ?
Je suis persuadé que ce n’est pas uniquement pour des questions de coûts que nous avons choisi l’option Armée de métier.
Au fond de nous il y a cette réponse silencieuse : ils ont choisi le métier des Armes donc ils savent ….
Nous ne sommes pas responsables de ce qui arrivera ensuite….
Donc, nous n'en avons pas encore fini, loin s'en faut avec cette question des fusillés !
A bientôt
CC