Forum PAGES 14-18

Bonjour à toutes et à tous,
Toujours à propos des combattants musulmans de l'Armée française, objets de campagnes les incitant à la désertion:
" Sur le front français, les Allemands s'efforcent de pousser les soldats nord-africains à déserter en brandissant au-dessus des tranchées des drapeaux turcs ou des étendards verts, couleur du Prophète. Mais l'action porte surtout sur les prisonniers. La plupart des Maghrébins sont enfermés d'abord au camp de Zossen, à une quarantaine de kilomètres de Berlin, puis au camp du croissant ( Halbmondlager) plus près de la capitale, où sont détenus des prisonniers de même religion, en particulier des soldats tartares de l'armée russe, ou des soldats indiens de l'armée britannique. Une mosquée est construite à leur intention, ainsi que des bains maures, un café, et même une école religieuse. Les correspondances directes ou celles de la Croix-Rouge bénéficient d'une franchise postale illimitée. Des agents allemands, turcs, et quelques Maghrébins, dont l'Algérien Boukabouya et le Tunisien Cheikh Salah, font des tournées parmi eux pour les amener à servir dans l'armée ottomane. .......
.......les tentatives allemandes pour se rallier les tirailleurs en arborant des étendards turcs n'ont en général d'autre effet que de susciter la colère de ceux-ci de voir des "infidèles" se parer des emblèmes de l'Islam. Ils ripostent par un feu nourri, ou, au risque de leur vie, vont s'emparer des drapeaux, ce qui vaut d'ailleurs de belles citations à certains d'entre eux........Peu font le choix de rejoindre l'armée ottomane. En représailles, certains sont envoyés travailler en Roumanie à des travaux agricoles. Les irréductibles sont dispersés dans des camps situés dans toute l'Allemagne, voire en Bulgarie."

Sources: Les colonies dans la Grande Guerre, de Jacques Frémeaux. 14-18 Editions.

Cordialement.
Jean RIOTTE.

"Vous Tirailleurs sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort.
Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'armes, votre frère de sang ?
Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux
Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n'êtes pas des pauvres aux poches vide sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania sur tous mes murs de France"
Léopold Sédar SENGHOR.

Merci, Jean.
Bonsoir à toutes et à tous.

Merci Robin pour cette citation.

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Robin,
Merci de rappeler la mémoire de ce grand homme que fut Léopold Sédar Senghor.
Grand humaniste, condisciple de Georges Pompidou rue d'Ulm, pétri de culture française sans pour autant renier sa " négritude ", il est l'auteur de la dédicace placée sur le monument inauguré le 1er septembre 1994 en remplacement du mémorial à l'Armée noire de Reims détruit en 1940:
" Passant,
Ils sont tombés
fraternellement unis
pour que tu restes Français."
Cordialement.
Jean RIOTTE.

Bonjour à tous et tous.
Voici l'effet produit par la vision de représentants des troupes coloniales sur un poilu du nord, qui les découvre pour la première fois :

Arles sur Rhône - 17 novembre 1914.
"----- J'en ai profité pour visiter la ville, antique cité gallo-romaine. Ce n'est pas Arles la Jolie que j'avais rêvé : rues étroites aux pavés ronds et glissants, chaque maison est un bar. Les Arlésiennes ne sont jolies qu'en cartes postales ; au surplus, elles sont rares. Sans doute se cachent-elles par peur des arabes, car la ville est devenue le dépôt des tirailleurs algériens et sénégalais, des spahis et des goumiers marocains. C'est, par les rues, un défilé de ces hommes traînant une jambe, s'appuyant sur des cannes, joyeux quand même dans leurs accoutrements bizarres, leurs courtes pèlerines ou leurs amples manteaux rouges et blancs. Dans les grands cafés, on voisine avec tous les officiers aux tenues éclatantes.------"

Bien cordialement.
Mounette.

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Mounette,
Merci pour ce témoignage fait de curiosité et de crainte...dû comme toujours à la différence, à la méconnaissance de l'autre, à l'appréhension du nouveau...
Effectivement Arles était pendant la Grande Guerre un "fief" de l'Armée d' Afrique (tirailleurs algériens, spahis, goumiers...) et des Troupes Coloniales (tirailleurs sénégalais).
Dans quel document avez-vous trouvé ce témoignage et contient-il d'autres mentions sur ces unités singulières?
Merci d'avance.
Cordialement.
Jean RIOTTE.

Rebonjour à toutes et tous

C'est tout à fait ça, Jean, beaucoup d'humains ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas, et n'essaient pas de connaître ce qui leur fait peur. On tourne en rond. C'est un véritable cercle vicieux.

On retrouve ce même comportement à l'égard des tsiganes, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent, et j'en sais quelque chose !.. Et pourtant, les tsiganes de France ont eu, eux aussi, des poilus héros dans la Grande Guerre, mais qui le sait ? qui en parle ?

Certes, on a évoqué leur sort durant la dernière guerre (camps de concentration, persécutions...), mais en pointillés seulement, à mon avis !..

Pour en revenir à ma citation, elle est tirée d'une lettre que je possède. Mais je n'ai rien d'autre à ce sujet, hélas.

Amicalement.
Mounette.

Re-,
C'est vrai, Mounette, les tsiganes...aussi.
Cordialement.
Jean RIOTTE.

Bonjour à touzétoutes,
..."Les Arlésiennes ne sont jolies qu'en cartes postales"... Devrait revenir voir aujourd'hui, le poilu... Il aurait les yeux mateurs comme les escargots. Bon c'est hors sujet je sais (la compta compte en coulisse) mais à part ça merci pour vos messages sur ce sujet. (Pas merci pour moi, merci pour "eux" !).
Salut et fraternité
Bernard

Bonjour à toutes et tous,

Je reprends le fil du courrier de Mounette.
Le quartier dont parle son courrier existe toujours, il acceuilla les déplacés , réfugiés des différents conflits (espagnols, nords-africains, gitans, prostituées et personnes en difficultés)
Chaque ville du Sud a son quartier de ce type, s'il n'a pas été rasé pour motif d'insalubrité.
Les rues étroites ont deux raisons d'être:se protéger du soleil en pouvant ainsi marcher à l'ombre l'été, se protèger du mistral violent l'hiver.
Ce quartier est l'ancien quartier des mariniers, des charpentiers de marine, des pêcheurs.......du petit peuple au travail.(Le plan des rues rappelle une" ossature "de bateau.)
Les femmes s'habillaient en tenue de travail, coton,laine, comme dans de nombreuses régions de France.(tenue de Mireille.)
La tenue d'Arlésienne est faite de soieries, brocards, dentelles et bijoux.
Le peuple portait cette tenue le dimanche.
Les femmes de la bourgeoisie la portait au quotidien.
Les casernes ont été détruites au profit de la cité administrative (hôtel de police, des impôts,gendarmerie, et sécurité sociale.)
Le camp de prisonniers se trouvait à l'emplacement actuel de Monoprix (baraquements selon les Anciens).
L'ancienne gendarmerie se trouvait en face, la batisse existe toujours.
Les officiers se retrouvaient dans les cafés du boulevard des Lices, les terrasses actuelles.
Les belles Arlésiennes se promenaient chaperonnées sur ce même boulevard.
Voilà pour l'essentiel de l'histoire du début du siècle.
Bien cordialement.
Evelyne.