Re: juin 1915 prise du "Labyrinthe" près de Neuville
Publié : ven. juil. 29, 2005 12:30 pm
Bonjour à tous.
Je souhaite, moi aussi, apporter un bout de témoignage sur ce sujet :
Des tranchées, le 14 juin 1915
« --- Me voici revenu moi aussi à l'âge des cavernes. Comme nos ancêtres, je me fais à la vie souterraine et j'ai déjà acquis une certaine habileté à la confection de mes passagères demeures. La nuit dernière, après avoir poussé nos sapes vers les lignes ennemies, nous sommes revenus deux kilomètres en arrière, nous reposer dans les longs boyaux qui donnent accès au village dont nous tenons la lisière nord. Ces boyaux ont été fabriqués par les Boches qui les ont baptisés : Canal de Suez, Canal de l'Oder etc.. Tu peux bien croire que ces boyaux sont repérés et que les Fritz nous arrosent de leurs marmites. Aussi au petit jour, avec mes deux chefs de demi-section, nous construisîmes-nous une superbe guitoune à flanc de boyau. Les charpentes des maisons démolies nous fournirent d'excellents étais et de solides chevrons. Des sacs remplis de terre servirent à la couverture, si bien que maintenant nous ne craignons plus les schrappnels. Un gros noir pourrait, il est vrai, venir nous déranger, mais il y a tant d'espace autour de nous que nous sommes tranquilles. Je viens donc de dormir de 8 heures à midi. Mon sommeil a bien été troublé par quelques détonations un peu fortes mais c'est un léger détail. Avant de savoir quelles seront nos occupations précises de cet après-midi, je te griffonne quelques mots. Chaque fois que je pourrai t'écrire et faire parvenir mes lettres au vaguemestre à l'arrière, je le ferai, mais il ne faudra pas t'inquiéter si parfois tu restes quelques jours, voire même une semaine ou deux sans nouvelles, car si l'action devient plus chaude, les relations postales seront plus difficiles et les moments de tranquillité moins nombreux. Je compte donc sur ton calme et sur ta patience.
Jeudi 16 juin
--- Nous sommes arrivés la nuit dernière à destination après une marche des plus mouvementées par les longs boyaux qui jalonnent notre secteur. Immédiatement nous avons pris possession de nos souterraines demeures. Cette fois nous voici dans l'action. Derrière nous, sans discontinuer, nos canons chantent leur chanson à laquelle on s'est vite réhabitué. Il est 16 heures ; c'est de ma cagna que je te griffonne cette carte. Je ne sais si j'aurai le bonheur de voir ce soir le vaguemestre pour la lui remettre. --- G. Ducloux, Sergent, 146° Rgt. d'Inf., 4° Cie, S.P. 125.»
Amicales salutations. Mounette.
Je souhaite, moi aussi, apporter un bout de témoignage sur ce sujet :
Des tranchées, le 14 juin 1915
« --- Me voici revenu moi aussi à l'âge des cavernes. Comme nos ancêtres, je me fais à la vie souterraine et j'ai déjà acquis une certaine habileté à la confection de mes passagères demeures. La nuit dernière, après avoir poussé nos sapes vers les lignes ennemies, nous sommes revenus deux kilomètres en arrière, nous reposer dans les longs boyaux qui donnent accès au village dont nous tenons la lisière nord. Ces boyaux ont été fabriqués par les Boches qui les ont baptisés : Canal de Suez, Canal de l'Oder etc.. Tu peux bien croire que ces boyaux sont repérés et que les Fritz nous arrosent de leurs marmites. Aussi au petit jour, avec mes deux chefs de demi-section, nous construisîmes-nous une superbe guitoune à flanc de boyau. Les charpentes des maisons démolies nous fournirent d'excellents étais et de solides chevrons. Des sacs remplis de terre servirent à la couverture, si bien que maintenant nous ne craignons plus les schrappnels. Un gros noir pourrait, il est vrai, venir nous déranger, mais il y a tant d'espace autour de nous que nous sommes tranquilles. Je viens donc de dormir de 8 heures à midi. Mon sommeil a bien été troublé par quelques détonations un peu fortes mais c'est un léger détail. Avant de savoir quelles seront nos occupations précises de cet après-midi, je te griffonne quelques mots. Chaque fois que je pourrai t'écrire et faire parvenir mes lettres au vaguemestre à l'arrière, je le ferai, mais il ne faudra pas t'inquiéter si parfois tu restes quelques jours, voire même une semaine ou deux sans nouvelles, car si l'action devient plus chaude, les relations postales seront plus difficiles et les moments de tranquillité moins nombreux. Je compte donc sur ton calme et sur ta patience.
Jeudi 16 juin
--- Nous sommes arrivés la nuit dernière à destination après une marche des plus mouvementées par les longs boyaux qui jalonnent notre secteur. Immédiatement nous avons pris possession de nos souterraines demeures. Cette fois nous voici dans l'action. Derrière nous, sans discontinuer, nos canons chantent leur chanson à laquelle on s'est vite réhabitué. Il est 16 heures ; c'est de ma cagna que je te griffonne cette carte. Je ne sais si j'aurai le bonheur de voir ce soir le vaguemestre pour la lui remettre. --- G. Ducloux, Sergent, 146° Rgt. d'Inf., 4° Cie, S.P. 125.»
Amicales salutations. Mounette.