Forum PAGES 14-18

Bonsoir,

On peut dire que Louis a trouvé la solution de l'énigme!
Le contexte de cette mission: fin mars 1918, le capitaine, commandant la 45ème Compagnie de Transports et Traction du 70ème R.A.L.G.P à Mailly est appelé d'urgence par un colonel du G.Q.G qui lui demande de prendre en charge un certain nombre de missions de transport liées au déménagement du G.Q.G de Compiègne vers Provins.
Rappelons que le général Nivelle, à l'exigence du gouvernement, avait dû quitter en 1917 l'emplacement du G.Q.G de Chantilly car certains députés et journalistes, mal inspirés, comparaient ce grand hôtel (avec salles de bain!) aux délices de Capoue (alors que cet emplacement était excellent car proche de Paris, assez proche des différents fronts et que la plupart des salles de bain avaient été transformées et étaient occupées en fait par des secrétaires!).
Poussé par le gouvernement, Nivelle adopta alors Beauvais qui s'avéra un très mauvais choix pour de multiples raisons et le G.Q.G gagna rapidement Compiègne.Là encore, un très mauvais choix car le G.Q.G était trop près du front, sous la menace constante d'une action des pièces lourdes de Marine des allemands et devenait une cible tentante pour l'aviation!Dès février 1918, des actions de l'aviation allemande avaient pris pour cible le G.Q.G et la menace d'une avancée allemande, après les succès initiaux de l'offensive allemande du 21 mars 1918, entraîne un déménagement d'urgence du G.Q.G au pire moment puisque les britanniques demandent alors le soutien de l'Armée française!
Notre tracteur Knox de la 45ème Compagnie de transports remorque donc une des deux chaudières de Compiègne.
Toutefois, cette chaudière est dirigée vers Romilly-sur-Seine à la demande expresse du G.Q.G.
Les commentaires du Capitaine manquent de précisions, cette chaudière est destinée à des constructions situées en zone marécageuse.Un chemin d'accés en planches est donc réalisé d'urgence par des prisonniers allemands.La chaudière doit servir à un des nombreux services évacués de la région de l'Oise menacée par l'ennemi, il peut s'agir du Centre d'Instruction de la D.C.A établi d'urgence à Pont-sur-Seine fin mars 1918 ou du Grand Parc de l'Aéronautique, qui fut transféré à Romilly.Je ne peux en dire plus sur ce transport exceptionnel.
Inutile de préciser que des dizaines d'autres camions furent mobilisées pour assurer d'urgence le déménagement du G.Q.G, effectué au pire moment.
Cordialement,
Guy François.

Bonsoir,

J'arrive après la bataille, mais comme ce convoi avait pour destination Romilly-sur-Seine ou ses environs, je vais essayer d'apporter quelques précisions. Mais auparavant, pourriez-vous me confirmer que la photo a été prise sur le lieu d'arrivée comme la scène semble le montrer ?
En 1918, la région de Romilly-sur-Seine concentrait pas mal d'installations militaires. Il existait à l'époque des marais dus à la présence de la Seine se languissant dans une vallée particulièrement plate. Les installations militaires furent installées sur des terrains à l'écart des zones humides (c'est logique), même si certaines parcelles pouvaient être inondées par des crues exceptionnelles. Les flaques dans le champ à gauche de la photo sont certainement dues aux pluies hivernales qui ont gorgé d'eau le terrain.
Voici la liste des principaux sites militaires :
- la station-magasin de Châtres (créée en 1917) (Est de Romilly) située entre la voie de chemin de fer Paris-Mulhouse et la RN19 (Paris - Belfort).
- l'école de DCA à Pont-sur-Seine (Ouest de Romilly). Je ne sais exactement ou l'école se situait, mais la zone a un peu plus de relief et je pense que son implantation devait plutôt être sur une hauteur et non en bordure de la Seine. En outre, les installations ne devaient pas être très développées, ne nécessitant donc pas de gros travaux ou une grosse source d'énergie (simple hypothèse).
- le grand parc aéronautique - GPAé - (à Romilly). La décision du transfert de Matougues à Romilly date du 14 mai 1918, mais des documents prouvent que l'arrivée des premiers personnels est antérieure d'au moins un mois (avril voire mars). C'était une sorte d'usine militarisée et les diverses machines nécessitaient pour fonctionner de l'énergie (électrique ou autres). A cette époque, la ville n'était pas reliée à un réseau électrique, par contre le GPAé possédait des groupes électrogènes (étaient-ils suffisants ?). La zone technique et les casernements étaient situés entre la voie ferrée et la RN19. Quant à l'aérodrome il se trouvait au sud de la route.
- l'aérodrome de Pars-lès-Romilly (au sud de Romilly).
- enfin, la chefferie de génie (est de Romilly) installée vers le mois d'avril 1918 à Maizières-la-Grande-Paroisse entre le village et la station magasin de Châtres, au sud de la RN 19. Elle avait été évacuée d'une région plus septentrionale, malheureusement je n'ai pas noté le lieu, mais je pense que c'était en Picardie. Cette chefferie possédait sur six hectares des ateliers travaillant le bois. La main-d'œuvre était essentiellement fournie par une compagnie de prisonniers allemands dont le camp se trouvait juste à côté. Personnellement, je pencherais plutôt pour l'installation de cette machine à vapeur dans cette chefferie (pour la production d'énergie ?), mais c'est une simple hypothèse, la photo ne permettant l'identification du lieu. En examinant la photo, cette hypothèse pourrait parfaitement coller. Le camion qui s'engage sur le chemin semble juste avoir quitté une route comme le suggère l'arbre sur la droite (la RN 19 était bordée d'arbres à cet endroit). Le terrain à gauche parfaitement plat correspond à celui situé au sud de la RN 19 à Maizières. Le camion viendrait donc de l'ouest (direction de Paris), ce qui est logique avec la précédente implantation de la machine.

Serait-il possible d'avoir une copie du texte de cet officier ? Voire un fichier numérique de la photo ?

D'avance merci.

J'effectue des recherches sur l'aviation dans la région de Romilly et j'ai mis en ligne récemment un site web qui leur est dédié dont une page sur le grand parc aéronautique en 1918 http://www.romilly-aviation.fr )
Bien Cordialement,

J. Fournier