Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")
Publié : dim. mai 19, 2013 8:09 pm
Bonjour, le récit succinct des faits :
La révolte des légionnaires Russes le 18 juin 1915
Dans l’après midi, quatre légionnaires, ivres, (1) quittent leur cantonnement, bardés de bidon afin de les faire remplir de vin au débit de boisson.
Un sergent (2) veut les en empêcher mais l’excitation des hommes est telle que des renforts doivent intervenir.
Amenés dans le poste de police, ils brisent le poële, des vitres, un banc.... A l’extérieur, ils descellent une porte, détruisent une boite aux lettres....
Un homme de la section de renfort, ivre lui aussi, se joint aux émeutiers et “les dépasse en violence” (3)
Dans la rue, hommes, femmes, enfants, d’autres militaires assistent, ébahis à la scène...
Le calme renaît à l’arrivée du chef de bataillon. Il ordonne au sergent de bâillonner et ligoter les soûlards si l’esclandre reprend. A peine a-t-il disparu que les cris reprennent. Les 5 légionnaires menacent “de passer aux Boches” (4) puis se remettent à casser tout ce qui se trouve à leur portée. Des cordes et des baillons sont apportés. Les coups de pieds et de poings volent de toute part. Un caporal est mordu si fortement que sa capote et sa chemise sont coupées. 4 hommes sont nécessaires pour maîtriser chacun des pochards !!
“Cette opération ne se fait pas sans de grandes difficultés et sans une vigoureuse résistance des légionnaires. Dans leurs soubresauts, plusieurs se frappent et se meurtrissent la tête. Certains ont de la terre, d’autres, dont Adamcheftski, du sang sur le visage, ou sont égratignés.” (5)
A 20 heures 30, le calme définitivement revenu, les légionnaires sont lavés, nourris et renvoyés dans leurs chambrées.
”.... Une bagarre ordinaire comme il s’en produit souvent lorsque des hommes de garde emmènent au poste des hommes ivres. Cette bagarre n’a pris un caractère de gravité qu’à l’arrivée d’Elfant, engagé de nationalité russe qui, recevant beaucoup d’argent, exerçait une grande influence sur ses compatriotes en leur offrant à boire et les poussait à la rébellion.” (6)
Courlandon, 19 juin 1915, 3 heures.
Le régiment se prépare à quitter le village pour se rendre à Prouilly distant de quelques kilomètres. Dégrisés mais toujours rebelles, les 5 hommes ne veulent pas marcher. S’ils acceptent de suivre le régiment après de longs palabres, ils refusent de porter leurs sacs.
A l’arrivée, 17 autres préviennent leurs supérieurs qu’”il ne fallait point compter sur eux le lendemain.”
Chantilly, le même jour :
Général Joffre : ”Le Ministre a décidé que les légionnaires de nationalité russe engagés volontaires depuis le début de la guerre pourront ]......[ s’ils en font la demande par écrit, être libérés par annulation de leur acte d’engagement et mis à la disposition de l’attaché militaire de Russie pour être dirigés sur leur armée nationale.”
Prouilly, 20 juin 1915.
Le ”2e Étranger” est rassemblé pour se rendre à Merfy et Saint-Thierry. Au moment du départ, ce sont maintenant 27 hommes de la 1ère catégorie qui refusent de suivre leur compagnie...
Sous-officiers, officiers et gendarmes tentent en vain de leur faire entendre raison. La lecture du code militaire leur est faite....
Cette fois, les mutins sont incarcérés. Le lendemain, ils sont conduits à Pevy où un conseil de guerre spécial se réunit pour les juger.
La séance s’ouvre à 17 heures dans la salle de mairie où les 27 inculpés viennent d’être introduits. Après avoir pris connaissance des inculpations relevées contre eux, (7) plusieurs essaient de se disculper : ils accusent leurs gradés de les maltraiter et refusent à l’avenir de servir au 2e Étranger. Ils affirment, en outre, qu’une loi récente leur permet maintenant de quitter la France pour aller combattre dans l’armée russe...
Les légionnaires arméniens se disent sujets ottomans et demandent, en vertu d’une loi récente, la résiliation de leur engagement et leur placement “dans des camps de concentration.”
Les débats cessent à minuit. Après 1 heure 30 de délibération, le jugement est prononcé : 9 hommes sont condamnés à mort à l’unanimité des voix car ils sont les instigateurs de la révolte. (8)
Les 18 autres, sont condamnés à des peines de 5 ou 10 ans de Travaux Publics.
Trigny, 22 juin dans la matinée :
Général Guillaumat:
...” L’attitude de tous les coupables au cours de l’audience a été celle de révoltés. Dans ces conditions, j’estime qu’un exemple s’impose. En conséquence, j’ai donné l’ordre que l’exécution des neufs condamnés à mort aurait lieu aujourd’hui dans l’après-midi près de Pévy où se trouvent les coupables.”
Trigny, 22 juin au soir :
....” Le général commandant le 1er corps d’armée a l’honneur de rendre compte que l’exécution des neufs légionnaires du 2e régiment étranger, condamnés à mort, a eu lieu aujourd’hui 22 juin, à 15 heures, à 1 kilomètre nord-est de Pévy. Aucun incident ne s’est produit.”
(1) Kononoff, Kask, Kircew, Elfant.
(2) Sergent Barras
(3) Adamcheftski
(4) Se rendre aux Allemands. Déserter
(5 et 6) Rapport du Général Guérin, 9 juillet 1915
(7) “d’avoir à Prouilly, le 20 juin 1915, refusé d’obéir à un ordre de service donné par leur chef” et “mise en révolte en refusant au nombre de plus de quatre, de concert, étant en armes, d’obéir à la première sommation de leur chef.”
(8) Palko, Dickmann, Brucdeck, Elfant, Artomachin, Nicolaeff, Petroff, Chapiro, Timaksiau
La révolte des légionnaires Russes le 18 juin 1915
Dans l’après midi, quatre légionnaires, ivres, (1) quittent leur cantonnement, bardés de bidon afin de les faire remplir de vin au débit de boisson.
Un sergent (2) veut les en empêcher mais l’excitation des hommes est telle que des renforts doivent intervenir.
Amenés dans le poste de police, ils brisent le poële, des vitres, un banc.... A l’extérieur, ils descellent une porte, détruisent une boite aux lettres....
Un homme de la section de renfort, ivre lui aussi, se joint aux émeutiers et “les dépasse en violence” (3)
Dans la rue, hommes, femmes, enfants, d’autres militaires assistent, ébahis à la scène...
Le calme renaît à l’arrivée du chef de bataillon. Il ordonne au sergent de bâillonner et ligoter les soûlards si l’esclandre reprend. A peine a-t-il disparu que les cris reprennent. Les 5 légionnaires menacent “de passer aux Boches” (4) puis se remettent à casser tout ce qui se trouve à leur portée. Des cordes et des baillons sont apportés. Les coups de pieds et de poings volent de toute part. Un caporal est mordu si fortement que sa capote et sa chemise sont coupées. 4 hommes sont nécessaires pour maîtriser chacun des pochards !!
“Cette opération ne se fait pas sans de grandes difficultés et sans une vigoureuse résistance des légionnaires. Dans leurs soubresauts, plusieurs se frappent et se meurtrissent la tête. Certains ont de la terre, d’autres, dont Adamcheftski, du sang sur le visage, ou sont égratignés.” (5)
A 20 heures 30, le calme définitivement revenu, les légionnaires sont lavés, nourris et renvoyés dans leurs chambrées.
”.... Une bagarre ordinaire comme il s’en produit souvent lorsque des hommes de garde emmènent au poste des hommes ivres. Cette bagarre n’a pris un caractère de gravité qu’à l’arrivée d’Elfant, engagé de nationalité russe qui, recevant beaucoup d’argent, exerçait une grande influence sur ses compatriotes en leur offrant à boire et les poussait à la rébellion.” (6)
Courlandon, 19 juin 1915, 3 heures.
Le régiment se prépare à quitter le village pour se rendre à Prouilly distant de quelques kilomètres. Dégrisés mais toujours rebelles, les 5 hommes ne veulent pas marcher. S’ils acceptent de suivre le régiment après de longs palabres, ils refusent de porter leurs sacs.
A l’arrivée, 17 autres préviennent leurs supérieurs qu’”il ne fallait point compter sur eux le lendemain.”
Chantilly, le même jour :
Général Joffre : ”Le Ministre a décidé que les légionnaires de nationalité russe engagés volontaires depuis le début de la guerre pourront ]......[ s’ils en font la demande par écrit, être libérés par annulation de leur acte d’engagement et mis à la disposition de l’attaché militaire de Russie pour être dirigés sur leur armée nationale.”
Prouilly, 20 juin 1915.
Le ”2e Étranger” est rassemblé pour se rendre à Merfy et Saint-Thierry. Au moment du départ, ce sont maintenant 27 hommes de la 1ère catégorie qui refusent de suivre leur compagnie...
Sous-officiers, officiers et gendarmes tentent en vain de leur faire entendre raison. La lecture du code militaire leur est faite....
Cette fois, les mutins sont incarcérés. Le lendemain, ils sont conduits à Pevy où un conseil de guerre spécial se réunit pour les juger.
La séance s’ouvre à 17 heures dans la salle de mairie où les 27 inculpés viennent d’être introduits. Après avoir pris connaissance des inculpations relevées contre eux, (7) plusieurs essaient de se disculper : ils accusent leurs gradés de les maltraiter et refusent à l’avenir de servir au 2e Étranger. Ils affirment, en outre, qu’une loi récente leur permet maintenant de quitter la France pour aller combattre dans l’armée russe...
Les légionnaires arméniens se disent sujets ottomans et demandent, en vertu d’une loi récente, la résiliation de leur engagement et leur placement “dans des camps de concentration.”
Les débats cessent à minuit. Après 1 heure 30 de délibération, le jugement est prononcé : 9 hommes sont condamnés à mort à l’unanimité des voix car ils sont les instigateurs de la révolte. (8)
Les 18 autres, sont condamnés à des peines de 5 ou 10 ans de Travaux Publics.
Trigny, 22 juin dans la matinée :
Général Guillaumat:
...” L’attitude de tous les coupables au cours de l’audience a été celle de révoltés. Dans ces conditions, j’estime qu’un exemple s’impose. En conséquence, j’ai donné l’ordre que l’exécution des neufs condamnés à mort aurait lieu aujourd’hui dans l’après-midi près de Pévy où se trouvent les coupables.”
Trigny, 22 juin au soir :
....” Le général commandant le 1er corps d’armée a l’honneur de rendre compte que l’exécution des neufs légionnaires du 2e régiment étranger, condamnés à mort, a eu lieu aujourd’hui 22 juin, à 15 heures, à 1 kilomètre nord-est de Pévy. Aucun incident ne s’est produit.”
(1) Kononoff, Kask, Kircew, Elfant.
(2) Sergent Barras
(3) Adamcheftski
(4) Se rendre aux Allemands. Déserter
(5 et 6) Rapport du Général Guérin, 9 juillet 1915
(7) “d’avoir à Prouilly, le 20 juin 1915, refusé d’obéir à un ordre de service donné par leur chef” et “mise en révolte en refusant au nombre de plus de quatre, de concert, étant en armes, d’obéir à la première sommation de leur chef.”
(8) Palko, Dickmann, Brucdeck, Elfant, Artomachin, Nicolaeff, Petroff, Chapiro, Timaksiau