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Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : ven. nov. 08, 2013 12:09 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour Jérôme,
Merci pour la communication de ce télégramme dont je connaissais l'existence mais pas le contenu.
J'en profite pour recommander à celles et ceux qui s'intéressent aux questions d'insoumission et de désertion le livre de Michel RUQUET auquel je fais allusion plus haut.
A ce jour je n'en ai lu que la moitié (pavé de 500 et quelques pages!) et jusque là je le trouve remarquable. Bien que centré sur les Pyrénées-Orientales (zone "sensible" tout comme les Basses-Pyrénées) ce travail donne une idée qui peut être généralisée à tout le Pays sans trop distordre la réalité du problème.
Cordialement,
Jean RIOTTE
Edité: Il faut lire Miquèl RUQUET

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : sam. nov. 09, 2013 5:50 pm
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,

Comme Jérôme, j'ai repris La Grande Guerre des gendarmes, de Louis N. Panel, et ai trouvé ceci (pages 217-218) : "En 1936, l'état-major a détaillé en une savante addition près de 100.000 cas de "dérobades volontaires au devoir de guerre" de 1914 à 1918, ajoutant les désertions à l'ennemi, aux armées, à l'intérieur et à l'étranger, à l'insoumission. Mais il précise que "ces chiffres ne doivent pas être considérés comme représentant une exactitude absolument rigoureuse, car aucun service de statistique n'a réellement fonctionné pendant la guerre."

La gendarmerie, en 1920, faisait état de 66.678 arrestations de déserteurs à l'intérieur. En tout, le nombre de déserteurs semble avoir été de 80.000 à 90.000.

Bien cordialement,
Eric Mansuy


Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : sam. nov. 09, 2013 6:25 pm
par Charraud Jerome
Bonsoir
Bonjour Jérôme,
Merci pour la communication de ce télégramme dont je connaissais l'existence mais pas le contenu.
Louis Panel n'en diffuse qu'une partie.
En relisant, Le carnet B n'a rien d'un carnet, il s'agirait en réalité d'une série de "folios mobiles" qui suivaient le suspect de brigade de résidence en brigade de résidence. J'ai cherché aux AD36, je n'ai rien trouvé.

A votre avis, où pourrait se trouver ce type de données? Archives de la Gendarmerie (SHD), Archives des services de la Sureté (AN)? Si quelqu'un a un exemplaire (même anonymé) je serai bigrement intéressé, cela me permettrait de compléter mon dossier sur la mobilisation.

Quelqu'un aurait-il le livre de Jean Jacques Becker "Le carnet B, les pouvoirs publics et l'antimilitarisme" Paris 1973 ?

merci d'avance
Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : sam. nov. 09, 2013 11:49 pm
par chanteloube
Bonoir,
Dans le livre de P Boulanger sur la conscription il y a un chapitre consacré à l'insoumission assez fourni en chiffres et analyses.
A bientôt CC

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : dim. nov. 10, 2013 7:08 am
par IM Louis Jean
Bonjour à toutes et à tous,
A votre avis, où pourrait se trouver ce type de données? Archives de la Gendarmerie (SHD), Archives des services de la Sureté (AN)? Si quelqu'un a un exemplaire (même anonymé) je serai bigrement intéressé, cela me permettrait de compléter mon dossier sur la mobilisation.

Quelqu'un aurait-il le livre de Jean Jacques Becker "Le carnet B, les pouvoirs publics et l'antimilitarisme" Paris 1973 ?
En attendant de trouver le livre vous pouvez lire l'article très documenté publié par Jean-Jacques BECKER et Annie KRIEGEL dans la revue "Le Mouvement social" en 1968 : Les inscrits au " Carnet B " - Dimensions, composition, physionomie politique et limite du pacifisme ouvrier. et dans Actes du quatre-vingt-onzième congrès national des Sociétés savantes, Rennes, 1966

On y apprend que les archives de la Sûreté générale ont été détruites en 1940 et que << Dès lors, il fallait se rabattre sur la collation des fiches individuelles qui avaient servi à l'établissement, à l'échelle nationale, du Carnet. De ces fiches, trois jeux existaient au départ : le premier était conservé par les services préfectoraux, le second dans les gendarmeries, le troisième à la Sûreté nationale. >>

Les auteurs ont dû consulter les archives de quelques préfectures pour leur étude :
<< Puisque la Sûreté nationale ne retrouvait pas plus la trace des fiches que du répertoire, nous avons pensé à faire une enquête d'ensemble auprès des archives départementales, détentrices des fonds préfectoraux.
Cette enquête a donné des résultats inégaux. Sans doute, sur 87 directeurs d'archives départementales interrogés (9), 74 ont bien voulu nous répondre avec diligence et précision. Mais leurs réponses se ventilent ainsi :
— dans 36 départements, les dossiers ayant servi à l'établissement du Carnet B local semblent avoir disparu. Il est possible qu'ici et là les pièces intéressantes n'aient jamais été versées aux dépôts départementaux afin de ne pas risquer que soient compromises des personnalités dont beaucoup pouvaient être devenues des défenseurs de « l'Ordre »;
— dans 6 départements, les directeurs des archives ont pu préciser qu'à un moment donné on avait détruit ces dossiers, soit par excès de zèle comme dans le Morbihan, soit à l'approche des Allemands (en 1914 ou en 1940) comme dans les Ardennes, dans le Nord ou en Seine-et-Marne;
— dans 19 départements, des dossiers ayant trait à l'antimilitarisme nous ont été signalés, mais ils ne concernaient pas exactement le Carnet B. Par exemple, le Calvados (10) ou plutôt — car les arrondissements de Vire, Bayeux, Lisieux et Falaise n'avaient pas même d'antimilitaristes recensés — Honfleur et Caen fournissent une liste de 16 antimilitaristes fichés dont trois seulement sont en même temps notés comme inscrits au Carnet B : les raisons de cette différence de traitement n'apparaissent pas, d'autant que les dossiers des trois inscrits sont très peu convaincants quant au danger supplémentaire qu'ils pouvaient représenter (11).
— enfin dans 12 départements, des dossiers locaux du Carnet B existent bel et bien, ou tout au moins quelques indications concernant des inscrits. Cependant, les travaux en cours dans un dépôt rendent actuellement inaccessibles ces documents et dans un autre, le préfet en a refusé la communication, craignant que la divulgation en fût prématurée. >>

D'après une statistique établie le 27 juillet 1914 », étaient inscrits sur le Carnet B :

Etrangers suspects d'espionnage : 561
Français suspects d'espionnage : 149
Etrangers et Français inscrits pour autres motifs : 1.771

____________________________________________________

Aux archives du Cher, le carnet B est classé dans la série M (sous-série 25 M Police générale) : 25 M 131-139.
Aux archives du Finistère, le carnet B est classé dans la série M (sous-série 1 M Administration générale du département) : 1 M 521-525
Aux archives de la Seine-Maritime, le carnet B est classé dans la série M : 1 M 251-255
source : Les sources de l'histoire ouvrière, sociale et industrielle en France, XIXème et XXème siècles : guide documentaire

____________________________________________________

Et, pour finir (par le début :0) un article de la Revue d'histoire moderne et contemporaine (1954) intitulé "LA MENTALITÉ XÉNOPHOBE : LE CONTRE-ESPIONNAGE EN FRANCE ET LES RACINES DE L'AFFAIRE DREYFUS" donne la genèse des << carnets A pour les étrangers, (Allemands surtout) en âge de servir et vivant en France et B pour ceux, étrangers ou Français, qui étaient particulièrement soupçonnés d'espionnage. >>

Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : dim. nov. 10, 2013 11:02 am
par Charraud Jerome
Bonjour
En attendant de trouver le livre vous pouvez lire l'article très documenté publié par Jean-Jacques BECKER et Annie KRIEGEL dans la revue "Le Mouvement social" en 1968 : Les inscrits au " Carnet B " - Dimensions, composition, physionomie politique et limite du pacifisme ouvrier. et dans Actes du quatre-vingt-onzième congrès national des Sociétés savantes, Rennes, 1966
Merci Louis Jean pour ces références. Cela va me permettre de mieux comprendre les heures précédant la mobilisation.
Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : dim. nov. 10, 2013 11:22 am
par chanteloube
bonjour à toutes et à tous,
bonjour Jérôme,
J'ai eu entre les mains qulques unes de ces "fiches de police" qui préparaient le carnet B.
J'ai pu en conclure qu'un réseau d'indics et de mouchards suivaient à la trace les "individus à surveiller" Sur ces fiches, d'ailleurs assez grandes.
toute leur vie était surveillée et leurs moindres déplacements consignés..cordialement . CC

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : dim. nov. 10, 2013 11:27 am
par Charraud Jerome
Bonjour
bonjour à toutes et à tous,
bonjour Jérôme,
J'ai eu entre les mains quelques une de ces "fiches de police" qui préparaient le carnet B.
J'ai pu en conclure qu'un réseau d'indics et de mouchards suivaient à la trace les "individus à surveiller" Sur ces fiches, d'ailleurs assez grandes.
toute leur vie était surveillée et leurs moindres déplacements consignés..cordialement . CC
Au final, les méthodes n'ont pas changé, la sureté générale n'étant que nos RG actuels.
Ce qui est justement intéressant c'est cette préparation en amont de la mobilisation. L'affiche d'aout 1914 était dans les gendarmeries depuis 1904, le plan est préparé et modifié depuis 1875 (Plan I). Les réseaux locaux était surveillés, fichés.
Au sens "organisationnel", la mobilisation et la concentration aux frontières furent des réussites. C'est après que cela se gâte.

Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : dim. nov. 10, 2013 7:04 pm
par chanteloube
rebonjour Jérôme,

Je viens de récupérer le P BOULANGER: LA FRANCE DEVANT LA CONSCRIPTION ce que vous cherchez : chapitre 6: France insoumise, France exempte, France embusquée. Economica
Cordialement CC

Re: Déserteurs et insoumission à la mobilisation

Publié : dim. nov. 10, 2013 8:56 pm
par Jean RIOTTE
Bonsoir,
Je viens moi aussi de récupérer le livre de Philippe BOULANGER, La France devant la circonscription!!!
Une bonne 30aine de pages sont consacrées à l'insoumission + tableaux, graphiques, cartes...
Cordialement,
Jean RIOTTE