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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : mar. oct. 07, 2008 9:57 pm
par los
Bonjour à toutes et tous
Bonjour Danièle
Grand merci pour la suite de ce témoignage, c'est très gentil de votre part.
Amicalement
Sophie
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : mar. oct. 07, 2008 10:15 pm
par Yves Thoer
Bonsoir Danièle, bonsoir à tous.
Je m'associe à Sophie pour vous remerçier de ce témoignage et remerçie tous ceux qui font vivre se sujet sur Maissin.
Cordialement.
Yves
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : mer. oct. 08, 2008 1:25 am
par tad-kozh
Bonsoir à toutes & tous
Bonsoir à Danièle et à nos amis Belges
Doublement merci Danièle, d’une part pour les extraits du journal de votre AGM que vous m’avez transmis, et d’autre part de nous avoir consacré de votre temps pour transcrire une partie de ses écrits afin de nous les faire partagés.
Cordialement
Jean-Louis
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : jeu. oct. 09, 2008 10:53 pm
par anloy
Bonsoir à tous, bonsoir Pierre,
je prends le relais de Dany Hermand et vous communique la suite du récit de son aïeule Léonie Gillet.
Ayant les textes en word dans le PC, cela lui facilite la tâche.
22 Août 1914.
Mon frère célèbre la messe à l'heure prévue ; de nombreuses communions y sont distribuées . Vers huit heures du matin passent de très nombreux cyclistes qui , on l'a su par après , vont se poster au Bati-du-Foi .
Vers onze heures , je vais au jardin de la propriété de mon frère Camille et j'en reviens bien vite très effrayée en entendant la fusillade du côté de la Voie-du-Sart , de Maissin et de Jéhonville . J'en fais part à mon frère qui est lui aussi fort impressionné . Après la messe du matin il avait voulu faire une course du côté de Maissin et avait demandé à deux hommes de l'accompagner pour lui prêter leurs oreilles , avait-il dit ; c'était Joseph Gérouville et Zéphirin Ponsart ; arrivés sur la hauteur et continuant vers le bas , ils durent bien vite rebrousser chemin tant les balles sifflaient à leurs oreilles , venant de toutes les directions ; l'engagement avait commencé à Maissin qui devait brûler quelques heures plus tard.
Et nous en arrivons maintenant à cette terrible et inoubliable après-midi du samedi 22 août . Après le repas de midi , mon frère se rend dans les jardins de la Vaux d'où l'on perçoit les lueurs de l'incendie qui ravage Maissin ; il passe en même temps chez Emile Gérard pour lui remettre une médaille de Saint Benoit ; il rentre ensuite et monte dans sa chambre .
Quelque chose de grave se prépare , on le sent très bien ; vers 13h30, des troupes arrivent en masse de la Vaux et du Burnaumont; elles affluent aussi de la ruelle voisine de notre maison avec canons , mitrailleuses , camions et chevaux; tout cela passe devant chez nous dans un fracas qui fait trembler les murs; et en même temps , une bande de chevaux montés ou désarçonnés venant de la Voie-du-Sart reflue devant la maison. Les troupes défilent et beaucoup nous regardent derrière les fenêtres, en particulier mon frère debout à la fenêtre du haut: nous voyons bien tous les regards des soldats tournés vers lui.
A un moment donné deux soldats entrent , revolver au poing et somment mon gendre Camille d'aller en haut chercher "le Pastor" ; mon frère descend et sort avec eux quelques instants; il leur demande de le prévenir s'il y a des blessés et des mourants mais il ne parvient pas à se faire comprendre, nous dit-il ; nous lui demandons de fermer sa fenêtre et de ne plus se montrer . "Mais , pourquoi ? nous demande-t-il . "Mais pour me faire plaisir" lui dis-je , "vous voyez bien que nous mourons d'inquiétude". "Bah , je puis bien regarder le ciel et le Bon Dieu aussi" est sa réponse puis il remonte dans sa chambre en nous disant comme toutes dernières paroles :"Dieu protège nos maisons".
Louise, sa petite Anne-Marie et moi-même, nous nous réfugions dans la chambre derrière , nous cachant dans l'encoignure des fenêtres car c'est maintenant le fracas des coups de feu venant de toutes les directions ; mon frère descend pour nous rejoindre mais il n'a pas le temps de s'unir à notre récitation du chapelet que l'on entre à nouveau . "Mon oncle , on vient encore vous chercher" dit Louise . Il se présente à deux soldats qui le précèdent puis l'encadrent , traverse la route et dit à une voisine , Florence: "On vient me chercher pour soigner des blessés et des mourants"; il paraît calme et heureux . Ce sont des détails que j'ai appris par après de la bouche de cette voisine ; elle l'a suivi des yeux depuis sa fenêtre , marchant entre les deux soldats qui se tenaient à une certaine distance de lui ; puis elle l'a vu s'écrouler vis à vis de la porte d'entrée des Maillard , touché par une balle tirée par un soldat qui le guettait à quelques dizaines de mètres devant lui .
Pendant ce temps , nous avions continué la récitation du chapelet et bien que la pensée ne me soit pas venue un instant qu'on était venu le chercher pour le tuer , entendant tout à coup ces coups de feu qui se répètent devant notre maison , je dis à Louise machinalement: "Ah mon Dieu , voilà déjà qu'on le tue". Ce n'était hélas que trop vrai !
Au même moment , des soldats viennent ordonner à mon gendre d'aller ouvrir les portes de la maison de campagne de mon frère Camille ; il s'y rend et revient très vite à travers les balles qui sifflent à ses oreilles ; en passant , il voit qu'on est en train de placer des mitrailleuses et un canon devant la grange de la maison d'en face .
Louise et moi sommes plus mortes que vives. Un soldat entre; je sors de la chambre; "Madame , vite dans le souterrain, je viendrai vous avertir s'il y a du danger". Nous descendons dans la cave avec la petite sans rien prendre, ni provisions ni vêtements . A peine y sommes nous de quelques minutes que le soldat nous amène Odile, Julie et Joseph Barras qui viennent de voir leur père tomber mortellement blessé , sur la place, à quelques pas d'ici. Ils disent à Louise que le Révérend Père est aussi tué : ils sont passés à côté de lui étendu au milieu du chemin . Louise ne me dit rien de cette tragique nouvelle . "Notre dernière heure est arrivée" s'écrient-ils ! Nous prions de tout notre coeur , nous préparant à la mort quand nous arrivent encore Joseph Dauby , sa femme et leur nièce avec ses cinq enfants ; ils ont été poussés par un soldat devant la porte de la cave après avoir dû quitter en hâte leur maison qui commençait à brûler . Plus tard sont encore arrivés Ernestine Poncelet et son mari ; celui-ci a été retenu prisonnier près de chez Joseph Barras ; il a ensuite retrouvé sa femme et tous deux ont été conduits chez nous par un soldat ; c'est encore un soldat qui nous amène enfin la veuve d'Auguste Ponsart avec les deux enfants de Nestor Maillard ; ce dernier , nous dit-elle , vient d'être tué entre ses deux enfants au moment où il quittait sa maison en feu ; un soldat allemand lui a jeté dans les bras les deux orphelins tout éperdus et les a poussés jusque chez nous ; elle ajoute que viennent aussi d'être tués en se sauvant par les jardins , Jules Barras et Omer Poncelet .
Tout cela dans le fracas des balles qui sifflent sans interruption , du bruit des canons et de la fusillade qu'on entend au loin ! Quel tapage et quelle horreur durant tout cet après-midi du 22 août !
Ensemble dans la cave , nous prions tous les Saints du Paradis de venir à notre secours . Mon gendre Camille , lui , est à la cuisine faisant du feu , mettant de l'eau à chauffer , ouvrant fenêtres et portes suivant les ordres qui lui sont brutalement donnés ; mais dans quel état d'esprit car il voit l'incendie se propager de maison en maison dans toute la rue et s'approcher jusque chez Tolet et Godenir ! A un moment donné , la maison tout entière tremble , les fenêtres de devant volent en éclats : une bombe venant de la direction de Jéhonville est entrée par le grenier et a traversé et brisé tout sur son passage ; la chambre au dessus de la cuisine et le grenier sont fracassés , les poutrelles coupées ; la bombe est ensuite descendue à la cuisine pour y éclater : quel bruit , quel fracas ! Nous pensons à tout moment entendre la maison s'écrouler !
Vers le soir , la fusillade semble se calmer ; on entend soudain le retour des troupes qui viennent briser portes et fenêtres au presbytère , vider la cave , transporter partout des bouteilles , rentrer chez nous en masse , piller le magasin, vider les armoires de toutes les places , monter à l'étage , redescendre et fouiller partout . Nous sommes toujours à la cave avec de la lumière et Camille se trouve seul en haut avec des soldats partout ! Plus tard , vers une heure du matin ,il doit quitter la maison et partir à Glaireuse pour indiquer le chemin à un groupe de soldats .Quatre fois pendant cette nuit , des groupes de deux soldats descendent dans la cave , revolver au poing : chaque fois je vais au devant d'eux, lumière en main , en leur disant que nous ne sommes que des femmes , des vieillards et des enfants ; ils inspectent les lieux puis remontent en plaignant les enfants !
Je l'ai déjà dit , nous étions descendus à la cave sans aucune provision, sans un bout de pain ni un morceau de sucre et tous à moitié habillés ; nous découvrons heureusement des oeufs mis en conserve dans un bain de chaux et chacun peut de la sorte se restaurer quelque peu .
NB : dans le récit de Léonie, elle cite : Odile, Julie et Joseph Barras....... Odile Barras est ma grand-mère.
la suite au prochain n° ....
Bonne lecture à tous
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : jeu. oct. 09, 2008 11:23 pm
par tad-kozh
Bonsoir à toutes & tous
Bonsoir à Marie Thérèse et à nos amis Belges
Décidément nous sommes vraiment gâtés, puisque c’est l’auteur même du livre "Anloy un siècle d'histoire 1900- 2000" cité par Danièle qui continue le récit de Mme Léonie Gillet .
Un seul mot pour nos amis Belges : vous êtes formidables !
Cordialement
Jean-Louis
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : ven. oct. 10, 2008 12:15 am
par dhg
Bonsoir Marie Thérèse,
Grand ,grand merci de m'épargner toute une soirée d'écriture devant mon PC.....
A très bientôt à tous .
Danièle
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : sam. oct. 11, 2008 12:58 pm
par los
Bonjour à tous
Merci Marie Thérèse pour la suite de ce témoignage et encore merci à Danièle.
Amicalement
Sophie
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : jeu. oct. 16, 2008 1:05 am
par anloy
en prime la photo de Léonie Gillet et de son frère Joseph, médecin à Saint-Hubert.
Photo prise dans le jardin situé à l'arrière de sa maison, rue Lavaux à Anloy.
Bonne soirée
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : jeu. oct. 16, 2008 1:06 am
par anloy
voici la photo manquante au message précédent
Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy
Publié : jeu. oct. 16, 2008 1:12 am
par anloy
Bonsoir à toutes et à tous,
La suite du journal de Léonie Gillet : la journée du 23 août 1914 à Anloy
23 Août 1914.
Quel dimanche ! On en tremble encore , on hésite à sortir de la cave ; "Je crains fort que mon frère nous ait quitté pour toujours" dis-je à Louise qui me laisse encore l'espoir de le revoir . Profitant de l'accalmie , je me rends dès le matin chez Jules Barras pour me renseigner sur son sort car j'espérais encore qu'il se soit réfugié chez eux ; on me laisse croire qu'on l'a vu la veille au soir .
La rue est remplie de soldats qui vont et viennent ; le corps d'un soldat allemand mort est là , étendu sur les genêts. Je demande à un soldat de m'accompagner pour conduire auprès de leur père grièvement blessé hier après-midi les trois enfants de Joseph Barras ; celui-ci a été recueilli chez Jules Gillet et a passé la nuit dans de grandes souffrances : il mourra dans l'après-midi assisté à ses derniers moments par l'Abbé de Glaireuse qui , avec deux civils , a passé la nuit prisonnier sur la Hoigne puis s'en est retourné chez lui .
A ce moment , on me laisse entrevoir la vérité et je rentre effondrée à la maison toujours assiégée par des soldats qui continuent à piller le magasin , qui cherchent dans toute la maison et emportent tout ce qui leur convient : pain , oeufs , beurre , linge . Nous ne pouvons rien faire que de préparer du café pour tous ces gens qui ont passé la nuit avec nous dans la cave . On va traire les vaches dans l'écurie et l'on vit de ce lait jusqu'au soir ; impossible de quitter la maison et de circuler dans la rue pour aller aux nouvelles des miens sur le sort desquels je suis mortellement inquiète . Quand , dans l'après-midi , Louise Golinvaux vient me demander de passer à nouveau la nuit dans notre cave, ce à quoi j'acquiesce bien volontiers, je lui demande de prier sa mère d'aller se renseigner chez mes enfants Maurice et Anna, juste en face de sa maison,en vue de savoir ce qu'ils sont devenus ; elle revient peu après et me rassure mais , je l'ai su plus tard, c'était par simple pitié car de chez elle , sa mère avait entendu la veille le saccage de leur maison , des portes ,du mobilier , de la vaisselle et en fait , elle ne savait rien de ce qui leur était advenu .
Heureusement , peu après , ma fille Anna vient nous embrasser et nous annoncer que toute la famille est saine et sauve ; ils se sont réfugiés depuis le matin chez les Soeurs où elle a été occupée à faire des gaufres avec de la farine qu'Antoine et Charles sont allés chercher chez eux par les jardins de derrière ; sa famille tout entière, de nombreuses personnes et les Soeurs sont ainsi rassemblées et ont pu se restaurer quelque peu.
La veille , Maurice et sa famille , voyant l'incendie et la violence se rapprocher de leur maison sont tous descendus se cacher dans la cave ; ils y étaient à peine que des forcenés sont entrés dans la maison et ont tout brisé dans un fracas épouvantable , portes , meubles , vaisselle ; ils sont montés à l'étage , hurlant et cherchant "der Mann" comme ils disaient mais ils ne sont heureusement pas descendus dans la cave où toute la famille se trouvait complètement terrorisée, n'osant faire aucun mouvement et ayant grand peine à empêcher la petite Cécile , seize mois à peine , de faire du bruit , sans compter Jean , trois ans et demi et René , six ans .
Aussitôt après leur départ , craignant l'incendie , ils se sont sauvés par les jardins et ont rejoint les Soeurs cachées , elles , derrière une haie qu'elles n'ont pas quittée de la nuit. Ne se sentant plus en sécurité à cause des balles qui sifflaient à leurs oreilles ,il s'en sont alors allés tous les dix vers la Croux pour s'écarter du village en feu , se cachant et rampant sur le sol ; vers le soir , tout à coup , une sentinelle les arrête ; Maurice se lève et se présente en pensant bien recevoir le premier coup ; il n'a pas d'arme , dit-il ; il est avec sa femme et ses huit enfants ; il supplie qu'on leur laisse la vie ; on lui fait vider ses poches , on le fouille , puis on renvoie toute la famille vers le village ; ils ont achevé cette nuit d'horreur dans des tas de gerbes de blé et dès l'aube sont rentrés par le jardin des Soeurs que celles-ci n'avaient pas quitté et où d'autres personnes étaient venues les rejoindre ; quand enfin , le matin , on est venu appeler les Soeurs pour la Croix-Rouge .
Camille, lui aussi était sans nouvelles de sa famille; le soir de ce dimanche 23 août, il demande à un gradé de désigner un soldat pour l'accompagner jusque chez lui; il ramène sa mère, désespérée, qui s'est retrouvée seule derrière sa maison après que son mari et ses fils se soient enfuis, terrorisés par les coups de feu tirés jusque dans leur corridor; elle s'est alors cachée dans un fossé, couchée dans les orties pendant toute l'après-midi et la nuit suivante; profitant de la nuit, elle s'est ensuite glissée dans le jardin du voisin et a pu pénétrer dans sa maison par une fenêtre donnant vers l'arrière. Elle était restée sans nouvelles de sa famille jusqu'à ce dimanche matin où elle a su que son mari avait été tué .
Elle nous apporte d'autres épouvantables nouvelles : dès cinq heures du matin , tout un groupe a été fusillé après avoir passé la nuit ligotés cinq par cinq , constamment gardés par des soldats . On a appris tout cela de la bouche du malheureux Emile Gérard qui faisait partie du groupe : tous ensemble , ils avaient prié et fait leur Acte Suprême de Contrition ; il était le seul à avoir survécu et avait longtemps fait le mort ; puis il s'était enfui de ce lieu appelé le Petit Wez , rampant jusqu'aux jardins ; il s'était alors caché dans un aqueduc rempli d'eau et avait pu atteindre par l'arrière la maison de son beau-frère ; il avait crié pour appeler et on l'avait hissé bien difficilement par une fenêtre , grièvement blessé à la poitrine; c'est là-bas qu'il retrouvait sa femme et ses enfants mais qu'il mourait dans la nuit .
Elle nous apprend encore que le Bourgmestre Louis Gillet a également été tué à quelques pas de sa maison : tout au début de l'arrivée des troupes au village , des soldats sont arrivés chez lui et l'ont accusé de cacher des français ; ils l'ont alors ligoté , fait partir devant eux puis assassiné !
Voici, tels qu'on les a sus par après, les noms des fusillés au Petit Wez : leur âge va de 17 à 60 ans ; parmi eux 3 frères Martin 17 à 29 ans , 3 frères Javaux 18 à 20 ans , le père Godfrain et son fils 60 et 19 ans (un autre fils a été assassiné ailleurs) !
Gérouville Joseph Labbé Eugène Martin Léon
Ponsart Zéphirin Javaux Auguste Martin Adelin
Martin Joseph Javaux Jules Martin Joseph
Robert Louis Javaux Victor Nicolay Zéphirin
Labbé Joseph Godfrain Victor Fourny Zéphirin
Gérard Emile Godfrain Albert Lenoir Jules
Et voici les noms des autres victimes tuées en divers endroits d'Anloy : outre mon cher frère, Dom Bernard Gillet:
Benoît Edmond Barras Joseph Mahin Maria
Gillet Louis Ponsart Jules Poncelet Octave
Falmagne Alexandre Godenir Léon Yernaux J.Baptiste
Brolet Albert Philippe Eugène Yernaux Mélanie
Godfrain Albert Philippe Maria Denis Jean
Noiret Joseph Mazay Marie Brand Cyprien
Maillard Nestor Mazay Pauline Rob Ferdinand
Poncelet Joseph Mazay Léontine Rob Joseph
Barras Jules Godfrain Eveline Maillien Hubert
Poncelet Omer Guissart Philomène Jacquet Gustave
Parmi eux , 3 soeurs Mazay, 22 à 32 ans, le couple Denis-Hiernaux, 30 et 36 ans, le père et le fils Rob, 69 et 25 ans, le père et la fille Philippe, 53 et 12 ans, la petite Eveline Godfrain, 15 mois lardée de coups de baïonnettes dans les bras de son père qui a été ensuite abattu.
Au récit de tous ces malheurs , nous avons pleuré toutes les larmes de notre corps ! Quelle désolation ! La mère de Camille , outre la perte de son mari se désole aussi du sort de son fils qui a été fait prisonnier le dimanche soir et rendu à la liberté le lundi matin pour aider aux enterrements de toutes ces victimes; c'est lui en particulier qui, dès le dimanche soir et jusqu'au lundi matin est allé rechercher le corps de mon frère, celui du bourgmestre Louis Gillet et de Joseph Barras pour les transporter auprès des fusillés du Petit Wez ; ils ont ensuite été réquisitionnés à cinq pour procéder aux inhumations au cimetière .
Plus tard , nous apprenons encore l'un des épisodes dramatiques de cet après-midi du samedi 22 août ; tous les habitants du Burnaumont ont été soudain rassemblés, obligés par la soldatesque de quitter leurs demeures , hommes , femmes et enfants , ces derniers même dans leur berceau ou leur voiture ; tous furent ensuite traqués vers le haut de la rue près de chez Zéphirin Nicolay ; ils furent eux aussi ligotés cinq par cinq , le dos tourné à la rue , s'attendant à être mitraillés d'un moment à l'autre ; un officier allemand les surveillait en vociférant et en les injuriant quand soudain un obus français vint éclater tout près de là ; cela provoqua la fuite éperdue des allemands et la libération des malheureux prisonniers qui se sauvèrent sans demander leur reste.
Dans le courant de cette journée du 23 août, j'avais sollicité l'autorisation d'aller chercher le corps de mon frère et de le ramener chez moi ; j'avais pour cela fait une démarche auprès du docteur qui m'avait donné sa promesse d'intervenir à cette fin ; mais finalement cela ne fut pas accordé .
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N.B. la victime nommée BENOIT Edmond s'appelle en réalité KOBS Edmond.
C'est un cousin de la famille BENOIT qui résidait, lors des événements, à La Rochette, d'où la confusion des patronymes.
Cette même erreur est reproduite sur le monument aux morts devant l'église d'Anloy.
Je tiens cette information par la petite fille d'Eugène BENOIT (j'ai également consulté les actes de + à la commune d'Anloy).
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Amicalement