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bonjour à toutes et tous
Blanche Maupas, combat d'une veuve obstinée.
6ème épisode
Année 1927
Les débats à la Chambre des députés se poursuivent: pour que l’affaire de Souain puisse être correctement réexaminée, il faut passer par la création d’une nouvelle instance qui ouvrirait ses bancs aux anciens combattants.
* 10 mai : l’intervention de Jean Jandé est particulièrement remarquée. Le député est un témoin direct du drame de Souain. Il fait une proposition de loi en faveur de la création d’un tribunal spécial constitué d’un jury de douze anciens combattants.
Actions de Blanche et ses partenaires
Blanche est maintenant directrice d’école à Octeville, à proximité de Cherbourg.
*19 Septembre: Cherbourg-Octeville commémorent le 10ème anniversaire du débarquement des américains, pour la circonstance, la journée a été déclarée fériée. Blanche Maupas brave son autorité de tutelle, ouvre son école et invite ses élèves à venir y célébrer la paix, ses adjointes suivent son exemple. L’inspection académique adresse un blâme à toutes les institutrices de l’école. C’est une occasion pour Blanche Maupas de se faire entendre dans la presse locale, son geste est :
« une discrète et douloureuse protestation » (citation)
Année 1928
*17 mars: la Chambre des Députés vote positivement pour un projet de loi sur l’institution d’une Cour spéciale de justice militaire. Le texte est soumis au Sénat (les allers-retours entre le Sénat et la Chambre des députés vont durer quelques années)
Actions de Blanche et ses partenaires :
Blanche ne s’est pas fait que des amis. Elle a sollicité un poste de directrice d’école à Cherbourg, sa candidature a été mise en minorité.
* novembre : l’opposition du sénateur Gaudin de Villaine à la candidature de Blanche est blâmée par le ministre de l’Instruction Publique.
* 17 Novembre: le Comité National pour la Réhabilitation des Victimes des Conseils de Guerre (ex Comité Maupas) envoie une délégation au Ministère de la Guerre, au Ministère des Pensions et à la Chambre des Députés.
Année 1929
Actions de Blanche et de ses partenaires :
* Octobre: une grande manifestation en faveur des victimes des Conseils de guerre est organisée à Fougères (pays de naissance du Caporal Lucien Lechat). Elle est présidée par Blanche Maupas et Eulalie Janvier, la sœur du caporal Lechat .
Année 1930
* Septembre: Blanche Maupas est finalement nommée directrice d’école à Cherbourg
Année 1931
* 9 Mars: après 3 ans de réflexion, le Sénat rédige un texte qui apporte des modifications restrictives au projet de loi du 17 mars 1928. La Cour spéciale sera composée de 6 membres (3 conseillers à la Cour d’appel de Paris nommés par le Garde des Sceaux et 3 anciens combattants désignés par les Ministres de la Guerre ou de la Marine sur une liste établie par les grandes associations d’Anciens Combattants). Le nouveau texte repart à la Chambre des Députés.
Actions de Blanche et de ses partenaires :
*Juin : le MaM de l’Ecole Normale de St Lô a été érigé dans la Cour d’Honneur mais il n’a toujours pas été inauguré. Célébration du cinquantenaire de l’école laïque: le monument est soigneusement évité. L’inspecteur d’académie préfère célébrer l’évènement en faisant apposer, ailleurs, une plaque (sans le nom de Maupas) elle commémore les instituteurs tués pendant la guerre. Blanche adresse une lettre à son inspecteur, réponse: Maupas ne fait pas partie des noms gravés sur la plaque.
Année 1932
* 9 mars : la Chambre des Députés vote une loi instituant une Cour spéciale de justice militaire.
* juin: une liste de juges « anciens combattants », établie par la Confédération Nationale des Anciens Combattants, est transmise au Ministre de la Guerre. Plusieurs adhérents du Comité National pour la Réhabilitation des Victimes des Conseils de Guerre y figurent.
Année 1933
Le tribunal spécial tarde à se mettre en place.
* Mars: le Ministre de la Guerre promet de faire accélérer le fonctionnement du tribunal militaire.
* 4 juin. Les membres de la Cour spéciale se réunissent pour la première fois.
Année 1934
* 20 Janvier: la Cour spéciale de justice militaire déclare recevables les requêtes des familles des caporaux de Souain.
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3 mars: le jugement du Conseil de Guerre du 16 mars 1915 est cassé,
la Cour Spéciale de justice militaire acquitte à l’unanimité les quatre Caporaux de Souain. Parmi les arguments retenus: l’ordre qui a été donné le 10 mars 1915 était irréalisable, les caporaux étaient en état d’épuisement, leur désignation comme coupables a été faite de manière arbitraire. A la lecture des pièces du dossier, on réalise à quel point la présence de
témoins encore en vie a été déterminante.
En application de ce jugement, la mémoire des quatre caporaux est
réhabilitée, l’Etat est condamné à verser 1 franc !! à chacune des veuves. (source : Mémoire des Hommes, base des fusillés de la 1ère Guerre mondiale : minutes de jugement, dossiers de procédure.
Actions de Blanche et de ses partenaires:
Parution du livre « Le fusillé », en bas de la page de couverture : Veuve Maupas
cérémonies « réparatrices » avec lecture publique du jugement de réhabilitation.
*avril : au MaM du Chefresne et de Sartilly, en présence de nombreuses personnalités dont Blanche et la soeur du caporal Lechat.
* Juin : cérémonie sur la tombe du caporal Lechat en présence de la soeur du caporal et de Blanche Maupas.
source photo
* Décembre: dernier combat.
En présence de Blanche, inauguration du Mam de l’Ecole Normale de Saint Lô, il avait été édifié en 1922. Le nom de Maupas y est gravé.

photo:
Serge Philippe Lecourt
cordialement
Brigitte