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Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : mar. avr. 10, 2012 9:08 am
par Gilles ROLAND
Bonjour Eric,
Bonjour Patrice,
Bonjour à tous,

A plusieurs on y arrive.

Image

Source A la découverte des Champs de bataille d’Alsace, P Giraud – D Roess

Amicalement

Gilles ROLAND

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : mar. avr. 10, 2012 10:18 am
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,

On s'en rapproche, en attendant l'extrait de canevas au 5.000e, voire mieux...

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Les recherches continuent...

Eric Mansuy

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : ven. avr. 13, 2012 11:49 am
par Daniel Roess
Bonjour à tous,

Il sera bien difficile de localiser la fameuse tranchée circulaire dont parlent les observateurs du Hohneck qui se trouvaient tout de même à 10000 mètres, à vol d'oiseau, du Barrenkopf (10 kilomètres).
De plus, des tranchées de forme circulaire, il s'en creusait une presque tous les jours à cette période ou plutôt toutes les nuits.
Donc, même avec des vues aériennes ou des cartes très précises, il serait bien illusoire de vouloir situer la bonne tranchée.

Mais, ont peut de manière assez sûre, situer les faits sur le croquis en noir et blanc, présenté par Eric (3ème Brigade de chasseurs) dans la partie droite du croquis, face au Blockhaus allemand du Barrenkopf.

La lecture du récit du capitaine Marcel Rime-Bruneau dans : "Au Service de la France" vous éclairera le mieux possible sur le déroulement de cette journée très meurtrière du 20 juillet 1915, face au Barrenkopf. Il commandait la 4ème compagnie du 22ème BCA et il décrit avec précision les lieux de sa progression.

Cet ouvrage est toujours disponible chez l'éditeur - Jérôme Do Bentzinger. (page 5 du catalogue)

http://www.editeur-livres.com/catalogue ... logue-p-s/

Bien cordialement,
Daniel


Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : ven. avr. 13, 2012 11:54 am
par Daniel Roess
Petite rectification de mon message:

Sur le croquis, le terme utilisé pour désigner l'ouvrage de défense allemand en question est: Fortin

Daniel

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : ven. avr. 13, 2012 7:10 pm
par Gim11
Bonjour Éric, Gilles, Patrick, Daniel
Bonjour à tous
Merci pour toutes ces informations si précises qui fixent avec précision le lieu de la mort de Jean Boissin.
Je suis en déplacement, mais des mon retour je donnerai des précisions sur ce que je sais de sa courte vie
Cordialement
Gilles

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : jeu. avr. 26, 2012 10:31 pm
par GdeJ
Bonsoir,
Cette journée a été également "chaude" pour certains artilleurs dont l'unité de mon GP.
Voici un extrait de ses carnets :
"20 (juillet 1915).
Jour fixé pour l'attaque, dont le Colonel de la F., venu nous visiter nous a dit toute l'importance. 3 attaques d'infanterie sont prévues, la principale sous les ordres du Colonel Messimy auquel Salmon est adjoint avec des téléphonistes et éclaireurs qui doivent s'efforcer de suivre l'infanterie au plus prés. Quelques coups de réglage au matin, puis à 7 h 30 commence l'interminable préparation d'artillerie (elle doit durer jusqu'à midi). Tir assez lent d'abord, nous traçons des sillons dans les fils de fer. De temps en temps, repos d'1/4 d'h. Vers 10 h nous commençons à entendre passer quelques grosses marmites qui nous encadrent et arrivent bientôt en plein sur nous, mais à cadence lente d'abord. C'est une batterie des environs de Munster dont l'observateur nous a repéré du Barrenkopf ou du Kleinkopf. Réglage facile : nous sommes en lisière. Nos observateurs du Hörnleskopf nous disent plus tard que nos lueurs sont énormes et dessinent la bouche de nos canons. Le Boche ne s'y trompe pas et ses coups les plus longs sont à 25 mètres de la lisière. Bellul qui arpente avec une belle impassibilité le front de sa batterie reçoit 2 éclats, l'un sous l'oeil, l'autre à la mâchoire. Il passe appuyé au bras d'un brancardier et je vais lui serrer la main dans le chemin. Il me dit qu'il souffre beaucoup. Les coups tombent toujours sur nous. A la 24e et la 25e les cimes de sapin s'écroulent les unes après les autres. Toutes les liaisons téléphoniques sont coupées. La nôtre aussi, mais Lagneau parvient constamment à la rétablir. C'est la seule du groupe qui subsiste lorsque à
10 h 30 le Comandant a à nous transmettre une modification du programme des tirs. Je l'envoie sur un papier aux 3 batteries, mais comme je sors pour la faire porter, j'avise Foubert qui vient aux ordres. Nous nous entretenons un instant de la blessure de Bellul et il me quitte pour rentrer à sa batterie. C'est quelques instants après qu'il a dû être atteint par un coup tombé au voisinage de sa pièce de gauche. Les éclats lui ont fracassé la cuisse. Un homme vient me prévenir qu'il ne reste plus d'officiers à la 25e et me prier de m'en occuper. Je laisse la 26e à Pietri et le charge de prévenir le Colonel aussitôt rétabli le téléphone encore une fois coupé. Puis je cours à la 25e. La fumée des coups qui arrivent sans interruption, le désordre créé par tous les abattis d'arbres est tel que je croise sans le voir Foubert qu'on emporte et qui malgré ses souffrances atroces a encore la force de faire arrêter son brancard à hauteur de ma cabine téléphonique pour me faire dire de prendre le commandement de la 25e. Pour moi, préoccupé par l'idée qu'il faut continuer le tir, je suis parti aux pièces. La 26e tire toujours, très arrosée bien que moins que les 24e et 25e. 2 de mes tireurs ont dans leur trou découvert chacun 2 obus à 2 mètres d'eux ! A la 25e, la 3ème pièce tire toujours et son moral paraît bon. A la 2ème où j'arrive en enjambant les sapins, la casemate est envahie par les blessés de la 1ère. L'un, exsangue, le torse nu, est en train de se faire panser et se plaint. Il mourra dans la nuit suivante. D'autres crient. Pas de brancardiers, ils sont partis avec les 2 lieutenants. Je rappelle et j'envoie les brancardiers de la 26e, puis je pars à la 1ère pièce de la 25e, me garant comme je peux des obus qui n'arrêtent pas. Péniblement, je trouve l'emplacement dans ce désarroi de tout sur la position, j'arrive derrière la casemate... spectacle. Le chef de pièce est étendu mort sur sa flèche. Le canon a la moitié de la bouche emportée. Les servants sont disparus, je ne trouve personne dans la (..) et la tranchée de jour où j'arrive en enjambant le cadavre ! Cette pièce est hors service. La 2ème a un sapin en travers de son embrasure (!). Elle ne peut tirer immédiatement d'ailleurs faute d'évacuation immédiate des blessés. Je reviens rendre compte au Commandant. On me donne d'autres ordres téléphoniques à transmettre. Houtte à la 24e a 2 pièces hors service, 3 morts, des blessés. Seule la 26e par miracle n'a rien. Le Capitaine Béra arrive parmi les marmites pour faire marcher sa batterie. Il a vu un instant Bellul et Foubert au poste de secours. Entre temps, un infirmier est venu me demander pour Bellul du sérum antitétanique. Nous exécutons le programme de tir prévu, mais les fantassins, de leur côté, ont été entravés et ne peuvent partir à midi. Les Boches ralentissent un peu leur tir sur nous. Nous croient-ils tous morts ou renoncent-ils à nous avoir pour le moment ? Nous continuons en tir lent, pendant ce temps nous avalons comme nous pouvons ce qui reste de notre déjeuner. Rallu l'avait apporté avant les 1ères marmites et je lui avais dit de mettre le couvert lorsque nous avons été bombardés.La table est restée dressée. Un coup tombé à un mètre d'un téléphone au moment où j'y rentrai et qui m'a manqué de peut-être 2 secondes a tout rempli de terre, coupant en même temps mon liseur de cartes, resté accroché à l'arbre voisin. Nous avalons donc de la viande garnie à la terre et aux aiguilles de sapin, en offrons au Capitaine Béra très déprimé et cela se conçoit. A 13 h 50, notre tir redevient rapide, les fantassins attaquent à 14h et nous tirons encore en allongeant jusqu'à 14 h 45.
La journée a été terrible ; 6 morts pour les 3 batteries, en comptant Foubert qui a été admirable et mourra à Fraize par suite de perte de sang. Mais nous avons rempli notre mission. Nos chefs de pièce et pointeurs ont maintenu sous un bombardement intense toute la régularité de leurs éléments et j'ai à peine eu besoin de leur transmettre l'ordre du Général commandant l'armée que m'a téléphoné le Commandant au fort de l'action et des marmites et par lequel nous étions invités à maintenir coûte que coûte un feu intense sur la courtine.
Nous n'avions, hélas!, pas calomnié la position le 1er jour en la déclarant néfaste."
Il ajoute quelques jours plus tard :

"Le Commandant nous a félicité le 22 en nous envoyant l'ordre suivant :
"Le Chef d'Escadron aux Batteries 24e-25e-26e (du 31e) et 12e du 33e
A plusieurs reprises au cours de la préparation de l'attaque d'aujourd'hui, le Général commandant la Brigade de Chasseurs a exprimé toute sa satisfaction pour la précision des tirs du groupement des batteries de l'Ebenvald. Il a témoigné tous ses remerciements à ces batteries pour l'effort qu'elles ont fourni au cours de l'attaque. Le Chef d'Escadron savait, en promettant au Général l'appui de ses batteries jusqu'à la limite de leurs moyens, qu'il n'allait pas au delà du dévouement et de la bonne volonté de ses artilleurs. Il les remercie tout particulièrement de leur belle tenue au feu depuis 48 heures et adresse ses chaleureuses félicitations aux lieutenants des batteries pour leurs efforts constants dont il apprécie toute la valeur".

Amitiés.
Guillaume

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : ven. avr. 27, 2012 1:21 pm
par cjouf
Bonjour Guillaume,

Merci pour cet extrait des carnets de votre grand-père qui illustre parfaitement les difficultés rencontrées lors de ces attaques.Très émouvant!

Cordialement,

Christian

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : sam. avr. 28, 2012 1:51 pm
par Gim11
Bonjour Guillaume,

Merci pour cet extrait des carnets de votre grand-père qui illustre parfaitement les difficultés rencontrées lors de ces attaques.Très émouvant!

Cordialement,

Christian
Bonjour à tous
Comme annoncé, voici quelques précisions sur Jean Boissin, dont nous avons évoqué la mémoire dans ce fil. Le modérateur jugera si ce texte a sa place ici.
Il est né à Villefort (Lozère) le 5 janvier 1888. Bachelier es-lettres en 1906, il commence ses études médicales après avoir passé le certificat préparatoire Physique-Chimie-Sciences Naturelles à l’automne 1907. Les études durent alors quatre ans, les inscriptions à la faculté étant trimestrielles. Il prend successivement 14 inscriptions et passe ses trois premiers examens (il y en avait cinq en tout, en plusieurs parties). Il bénéficie en effet d’un sursis, renouvelé jusqu’en 1913. Il est incorporé au 10ème régiment d’infanterie en octobre 1913 comme soldat de 2ème classe, puis passe au 22ème BCA en avril 1914. Il sera nommé médecin auxiliaire en septembre 1914. Il suit donc le 22ème BCA, depuis Albertville, puis en manœuvres dans les alpes au moment de la mobilisation. Le bataillon gagne la frontière alsacienne sur le col de Bassang, puis gagne Thann et progresse vers Colmar. Il reçoit le baptême du feu lors du combat d’ Ingersheim.
Il serait présomptueux de ma part de retracer la suite de son parcours devant d’éminents connaisseurs du front des Vosges. Après avoir participé à l’attaque de la tête de Béhouille, lors de laquelle le commandant de la Boisse, chef du bataillon, est tué, le bataillon tient un secteur compris entre le Col de Sainte-Marie, la vallée de la Fave, Wissenbach, les cotes 766 et 607. Il participe à l’attaque des villages d’Altenhof et Metzeral, pendant laquelle le poste de secours, établi à Pfeiferberg, évacue dans la nuit 64 blessés. Après une dizaine de jours de repos, il remonte en ligne avec pour objectif les positions allemandes du Barrenkopf, puissamment organisées, et gagne les tranchées de départ le 19 juillet.
C’est donc lors de l’attaque du 20 juillet que Jean Boissin est tué parmi tant d’autres, à l’âge de 27 ans, et dans les conditions qui ont été précisées plus haut : dans le boyau numéro 2, d’un éclat d’obus reçu à la tête, en assurant son service « au milieu des chasseurs dont il soutenait la confiance »
Il est inhumé au cimetière du Wettstein (merci à Eric pour la photographie de sa tombe). Sa mémoire est honorée sur le monument aux morts de Rosières, les plaques commémoratives de l’église paroissiale de Rosières et de la faculté de médecine de Montpellier, et le livre d'or des médecins morts pour la patrie.
Une photographie publiée dans l’Illustration du 28 aout 1915 montre le panorama du secteur, correspondant à la photographie actuelle présentée par Gilles.

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Je remercie tous les contributeurs de ce fil pour leur aide.
Cordialement

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : sam. avr. 28, 2012 1:54 pm
par Gim11
Bonjour à nouveau
Je précise que la photographie de l'illustration a été prise le 22 juillet par un artilleur pendant le bombardement des positions allemandes (selon la légende de la photo).
Cordialement

Re: LINGE -20 juillet 1915

Publié : sam. avr. 28, 2012 4:24 pm
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Bonjour Gilles,

Quelques précisions (des précisions, j’insiste, non des critiques), en vous remerciant en outre pour votre présentation de Jean Boissin.

« Le bataillon gagne la frontière alsacienne sur le col de Bassang » : il s’agit du col de BUSSANG.

« Après avoir participé à l’attaque de la tête de Béhouille, lors de laquelle le commandant de la Boisse, chef du bataillon, est tué » : le chef de bataillon de Parisot de Durand de la Boisse a en fait été mortellement blessé sur le terrain, mais est mort à Gérardmer (au sein de l’HôE 31, que ses deux fiches MdH localisent à tort à Mandray). Il a été inhumé dans un caveau familial de Gérardmer, aux côtés de Pierre Alloix (lieutenant au 30e BCA) et Albert Pozzo di Borgo (sous-lieutenant au 54e BCA). Exhumé le 15 mai 1921 à 12 heures, il a été ré-inhumé au sein de la nécropole de Saulcy-sur-Meurthe, dans la tombe 551 (anciennement 657), où il repose encore.

« le bataillon tient un secteur compris entre le Col de Sainte-Marie, la vallée de la Fave, Wissenbach » : il s’agit de WISSEMBACH ou WISEMBACH (selon votre préférence pour l’orthographe d’époque ou l’orthographe actuelle).

« Il participe à l’attaque des villages d’Altenhof et Metzeral » : en fait, Altenhof n’est qu’un hameau.

Merci pour le partage des éléments en votre possession.

Bien sincèrement,
Eric Mansuy