Bonjour,
En partant dans le sens de Fabrice,
Voici une définition proposée par "le dictionnaire de la grande guerre"-Ed° BOUQUINS :
"[...Il s'agit sans doute du terme le plus célèbre de la grande guerre,en France en tout cas,mais il lui est bien antérieur. Tout au long du XIXe siècle déjà,il désigne un soldat courageux. L'arrière s'approprie le terme en ignorant la signification première et pense qu'il est dû au système pileux des soldats...]
Une autre définition du Collectif de Recherche International et de débat sur la Guerre 14-18 (CRID) :
[...Désignation des soldats français dès le début de la guerre de 1914-1918. L’origine du terme est plus claire qu’on ne le croit souvent, puisqu’il est attesté dès le xix e siècle, pour désigner un soldat endurant et courageux, dans l’argot militaire, ainsi chez Balzac (Le Médecin de Campagne, 1833) les pontonniers de la Bérézina en 1812. Il arrive souvent que le poil soit signe de virilité, de courage ou d’expérience. L’usage massif du terme en 1914-1918 tient en outre à plusieurs éléments liés : la difficulté effective, à l’hiver 1914, de se raser, le caractère rudimentaire de la toilette au front ; l’obligation pour tout militaire jusqu’en 1917 de porter la moustache, la simplicité de la désignation qui permet aux journaux et à l’arrière de mettre en scène la familiarité et la proximité avec les combattants. Le terme peut être employé dans des sens très différents, d'un combattant à un autre, certains le rejetant tandis que d’autres se l’approprient. Il est fréquent que les officiers l’emploient dénotant ainsi la distance qui les en séparent. Plus généralement, le terme semble employé indifféremment, comme synonyme de soldat.
Renvois : Biffe/Biffin, P.C.D.F.
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, presses universitaires du Mirail, 2003, p. 89.
Citations :
« Le capitaine vint vers moi et me félicita, disant à mes hommes qu'ils pouvaient me suivre avec confiance et ajoutant que j'étais un vrai poilu. » ( (Marc Bloch, « Souvenirs de guerre », L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. « Quarto, 2006, p.147)
« Animal intermédiaire entre l’homme et le chimpanzé que le XXe siècle a révélé à lui-même – le Poilu, ce monstre d’une civilisation à rebours, loque qui n’a d’humain que la faculté de souffrir. » ( Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, 9 avril 1915 p.366-367)
« (…) nous attendîmes patiemment qu’on eut trouvé de quoi nous loger. Il fallut attendre une grande heure. Certes ce n’était pas le temps qu’il fallait pour loger les vulgaires poilus que nous étions, mais pour Messieurs les Officiers c’était une autre affaire. » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p.109)...]
Bien à vous,Stef
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Merci à tous pour ces précieux documents communiqués.
Vous citez : " l’obligation pour tout militaire jusqu’en 1917 de porter la moustache".
Cette obligation était en vigueur depuis quand ? Éventuellement quelle année ? Et pourquoi ? Quelle en était la signification ?
Merci encore.
Cordialement.