Re: Doyen des poilus ?
Publié : sam. oct. 02, 2010 10:58 pm
par Jean-Claude Poncet
Bonsoir,
Certes la Savoie n'est qu'une, mais la République l'ayant divisée le préfet Surugue est en poste dans la Haute -Savoie et donc je ne m'y intéresse pas trop. Cela n'est pas mon sujet de travail et je le déplore. Ce serait vraiment chouette de réunir les deux Savoies mais c'est un autre sujet...
On ne peut tout faire mais bien entendu tout ce qui concerne "les Savoies" m'intéresse.
Je crois avoir trouvé mon information dans le radical des Alpes, journal socialiste. A vérifier.
Bien cordialement
Jean-Claude
Re: Doyen des poilus ?
Publié : sam. oct. 02, 2010 11:51 pm
par Rutilius
Bonsoir à tous,
Petit complément :
● Le Gaulois, n° 14.598, Mardi 2 octobre 1917, p. 3, en rubrique « A travers la Presse ».
« Héros en cheveux blancs
Des Lectures pour tous
L’un des plus célèbres est cet ancien combattant de 1870, ce " sergent Surugue " aujourd’hui de la compagnie 9/2 du génie, déjà chevalier à titre civil, qui s’engagea à l’âge de soixante-seize ans et qui, " sur le front depuis juin 1915, a participé courageusement à tous les travaux pénibles et périlleux exécutés de jour et de nuit par sa compagnie ", " sollicitant constamment l’honneur d’être aux postes les plus exposés et donnant ainsi ,un magnifique exemple de vigueur physique, d’énergie et de patriotisme ". (1)
Le " sergent Surugue ", qui a soixante-dix-neuf ans, traiterait de jeune homme l’adjudant Drapier, du 8e d'infanterie, engagé à soixante-trois ans, d’enfants l’adjudant au 104e d’infanterie Munier (2) et le sergent au 52e d’infanterie Nivière, engagés à cinquante-trois ans. Et en effet on les pourrait prendre pour des jeunes gens, tant leur endurance physique est à la hauteur de leur force morale car, engagé dans le même régiment où il avait fait campagne en 1870, l’adjudant Drapier, qui a aujourd’hui soixante-six ans après, trois ans de campagne, se couvrait de gloire ― c’est d’hier ― dans les combats du 16 au 18 avril 1917, " parcourant les lignes sous les bombardements les plus violents, apportant à tous le réconfort de sa vaillance et de son énergie ", tandis que le sergent Nivière, qui a aujourd'hui cinquante-six ans, " entraînant les plus jeunes par son exemple et sa bravoure à toute épreuve ", s’offrait le 25 septembre 1915 " pour conduire une équipe de nettoyeurs de tranchées à l’assaut " où il se faisait blesser, et que son contemporain l’adjudant Munier, après avoir, dans les combats du printemps et de l’automne de 1915, par " son complet mépris du danger ", édifié les jeunes, ne se révélait un " papa" qu’en criant à son fils placé dans le même régiment que lui, au moment de l’assaut : " Vas-y, mon fils, pour la France ! " Le fils et le père tombaient l’un et l’autre blessé.
Voilà nos héros à cheveux blancs, bien dignes d’entrer dans cette Légion dont trois commandeurs civils couraient, aux premiers jours de la guerre, s’engager, la " cravate rouge " au cou, Bayet (3), Saint-René Taillandier (4) et Colignon (5) ― qui par leur geste ont couvert d’honneur l’Université, la Carrière et l’Administration ― et la Légion elle-même.
L’adjudant Salariez s’est estimé, lui, trop jeune aussi pour rester dans l’armée territoriale ; il a voulu partager, au sein du 3e régiment de zouaves, les dangers des camarades de l’active et y a été un agent de liaison précieux parce qu’il n’a gardé de son âge que " la bravoure réfléchie ". » _______________________________________________________________________________________________________________
(1) Charles SURUGE, né le 16 janvier 1839 à Coulanges-sur-Yonne (Yonne) et décédé le 24 avril 1921 à Auxerre (Yonne). Maire d’Auxerre du 20 mai 1900 au 19 mai 1912, puis du 10 décembre 1919 jusqu’à sa mort.
(2) Albert Ernest MUNIER, né le 13 juin 1862 à Paris (VIIe Arr.), mort le 23 novembre 1915 à l’hôpital n° 28 d’Angers (Maine-et-Loire) des suites de blessures de guerre, Adjudant, 104e Régiment d’infanterie, Matricule n° 8.424, classe 1882, n° 1.007 au recrutement de la Seine, 1er Bureau.
(3) Charles Marie Adolphe Louis BAYET, né le 25 mai 1849 à Liège (Belgique), décédé le 17 septembre 1918 à l’Hôpital maritime Sainte-Anne de Toulon (Var) des suites de maladie contractée en service, Lieutenant d’état-major, 95e Régiment d’infanterie territorial, État-major de la 1re armée (Acte établi à Toulon, le 17 septembre 1918). Fils de Jean Martin Adolphe BAYET, avocat, et de Clémence Léodie LEMONNIER. Engagé volontaire pendant la guerre de 1870-1871 (1er juill. 1870 – 30 janv. 1871) et, en conséquence, naturalisé français en 1871 (Base Léonore)
Carrière professionnelle (Base Léonore) :
― Élève de l’École normale supérieure (1er oct. 1868 – 1871). Agrégé d’histoire et docteur ès lettres.
― Chargé de mission à Rome (24 oct. 1872 – 1873).
― Membre des Écoles françaises d’Athènes et de Rome (1874-1876).
― Chargé de cours Histoire et antiquités du moyen-âge à la Faculté des lettres de Lyon (31 oct. 1876 – 1880).
― Professeur titulaire de la chaire d’histoire du moyen-âge à la même faculté (16 janv. 1881).
― Doyen de la même faculté (Arr. du 22 nov. 1885 – 22 nov. 1889).
― Membre du Conseil supérieur de l’enseignement public (1886 – 1889).
― Recteur de l’Académie de Lille (D. du 3 janv. 1891).
― Correspondant de l’Académie des inscriptions et belles lettres (1891).
― Directeur de l’enseignement primaire (2 juill. 1896).
― Directeur de l’enseignement supérieur (1er oct. 1902).
Titres honorifiques (Base Léonore) :
― Officier d’académie (1879).
― Officier de l’instruction publique (1889).
― Chevalier de la Légion d’honneur (D. du 12 juill. 1891).
― Officier de la Légion d’honneur (D. du 31 déc. 1895).
― Commandeur de la Légion d’honneur (D. du 5 avril 1903).
.
(4) Marie Joseph Édouard Georges SAINT-RENÉ TAILLANDIER, né le 17 septembre 1852 à Montpellier (Hérault) (Base Léonore) et décédé le 8 avril 1942 à Paris. Fils de René Gaspard Ernest TAILLANDIER, dit SAINT-RENÉ TAILLANDIER (Paris, 16 déc. 1817 – Paris, 23 févr. 1879), historien et écrivain, membre de l’Académie française, et de Camille MOURET. Consul de France à Beyrouth (1891) ; chargé d'affaires à Tanger (1901) ; ambassadeur de France au Portugal (1906-1913).
(5) Henri Paul François Marie COLLIGNON, né le 2 octobre 1856 à Cauderan (Gironde), mort le 15 mars 1915 à Vauquois (Meuse), tué à l’ennemi, Soldat de 2e classe, porte-drapeau du 46e Régiment d’infanterie, Matricule n° 6.228, engagé volontaire en 1914, n° L.M. 272 au recrutement de Bordeaux [Acte transcrit à Paris (VIIe Arr.), le 17 juin 1915, sous le n° 409/104]. Préfet ; secrétaire général de la présidence de la République auprès du président Armand FALLIÈRES ; conseiller d’État.
― « ● » ―
● Le Gaulois, n° 18.353, Mercredi 4 janvier 1928, p. 3.
« Les Volontaires de la Grande guerre
Venant après les États généraux de la France meurtrie, le congrès des combattants volontaires de la grande guerre, sous le haut patronage de M. Poincaré, ancien président de la République, a été une manifestation d’intérêt national qu’on ne saurait trop marquer, aux heures d’incertitude et de désarroi moral que nous traversons.
Animée par la foi ardente de son président M. Roger Barthie, de MM. Roger Trousselle, Paul de Chambine, Alphonse Mignac et Gaston Sylver, ses vice-présidents, et de son secrétaire général M. Jean Jay, l’assemblée générale, tenue en la mairie du neuvième arrondissement, a voté à l’unanimité le regroupement des combattants volontaires de la grande guerre en une fédération ayant son siège 7, rue de la Pépinière, à Paris. On connait l’esprit de cette association, dont les statuts ont écarté toutes fins personnelles, toutes revendications individuelles, même parmi les plus légitimes que des combattants peuvent demander à la nation qu’ils ont sauvée.
La Fédération des combattants volontaires est une association de devoir et non d’intérêt.
Des hommes qui ont tout quitté de leur seul gré, pour aller combattre, des hommes qui ont tout donné, jusqu’à leur vie, pour sauver l’honneur le leur pays, ne cherchent pas un avantage personnel.
Ils sont de toute origine, de toutes classes sociales, des vieux et de tout jeunes adolescents qui, aux heures les plus graves, ont accompli ce geste héroïque de partir au front défendre l’idéal le plus sacré, la solidarité de tous les citoyens d’une même patrie.
Il ne s’agit point des engagés spéciaux, dont les services furent méritoires et non point glorieux, mais des combattants volontaires d’hommes qu’aucune loi ne forçait à " servir au feu ", d’hommes qui n’avaient d’autre devoir que de se " rendre utiles " à l'intérieur et qui, malgré leur âge, se sont créé un devoir plus grand encore, celui d’être parmi des combattants mobilisés et de faire volontairement le sacrifice suprême de leur vie pour la collectivité nationale dont ils étaient membres.
Leur nombre fut plus grand qu’on ne le pense. Toutes les provinces de France ont eu leurs " volontaires ".
Paris a donné Henri Collignon, conseiller d’État, secrétaire général de la présidence de la République, engagé volontaire au régiment d’infanterie comme simple soldat ― à cinquante-huit ans ― tué pour la France à Vauquois le 15 mars 1915, de qui le général Malleterre écrivait dans le Petit Journal : " Ce fier soldat qui voulut combattre et mourir en soldat, sans accepter aucun grade, a sa place d’honneur au régiment d’infanterie, auprès des son glorieux aïeul La Tour d’Auvergne, celui que Déroulède définissait le « soldat-citoyen » dévoué aux seuls intérêts de la patrie française. "
La province a donné Surugue, maire d’Auxerre, soldat pionnier au 6e génie, engagé volontaire à plus de soixante ans.
La Martinique donna les Leczinski, père et fils. Le père avait plus de cinquante ans lorsqu’il s’engagea, le fils n’en comptait pas seize tous deux furent atrocement mutilés.
Il faut que le geste héroïque des combattants engagés volontaires soit glorifié et donné en exemple aux générations futures.
La nation qui a vu surgir un tel sacrifice en doit tirer le bénéfice moral.
La Fédération des combattants volontaires de la grande guerre, en perpétuant le souvenir d’un sacrifice qui fut sublime, entretient une flamme d’autant plus noble qu’elle n’est ni matérielle, ni spectaculaire : le culte du devoir. »
― « ● » ―
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Re: Doyen des poilus ?
Publié : dim. oct. 03, 2010 1:30 am
par RIO Jean-Yves
Bonsoir à tous.
Sans vouloir m'attribuer outre mesure la paternité du sujet

j'avais évoqué dès avril 2010 le personnage ici :
pages1418/qui-cherche-quoi/doyen-poilus ... 8047_1.htm
mais sans, à l'évoque, soulever l'enthousiasme des foules

.
Comme quoi, dans notre bonne tranchée, un sujet trouve la plupart du temps réponse. Il suffit parfois d'être tout simplement patient . Merci aux contributeurs et plus particulièrement à Rutilius pour sa doc !
Bien cordialement
Jean-Yves
Re: Doyen des poilus ?
Publié : mer. mars 23, 2011 7:52 pm
par Rutilius
Bonsoir à tous,
Autre engagé volontaire de la guerre de 1870 de nouveau engagé volontaire en 1914 :
― Léon Désiré RUBY, né le 4 février 1854 à Neufchateau
(Vosges).
● Le Temps, n° 20.613, Jeudi 13 décembre 1917, p. 3.

______________________
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Re: Doyen des poilus ?
Publié : sam. oct. 24, 2015 8:05 pm
par Rutilius
Bonsoir à tous,
• « Souvenirs du Colonel Maire, de la Légion étrangère », recueillis par Jean-Pierre DORIAN, éd. Albin Michel, Paris, 1939, 317 p. (*)
« Vers la fin août 1918, après un "repos", je partis pour la forêt de Champenoux, aux environs de Nancy. On envisageait dans ces parages une attaque pour le 14 novembre.
Quelques jours plus tôt, nous avions reçu des renforts. Parmi eux, un homme de 62 ans. Que venait faire ce "jeune" dans ma compagnie ? Je dois dire qu’il portait coquettement, voire martialement, l’uniforme, mais rien dans son visage n’indiquait la moindre prédisposition au sacerdoce du légionnaire. Un regard bleu très doux. Une bouche qui n’avait rien des lèvres en coup de cravache qu’on voit à un grand nombre d’hommes d’Afrique. Des joues presque blanches d’où le hâle du désert était absent.
Je l’interrogeai :
— De quelle nationalité es-tu ?
— Française.
— Où es-tu né ?
— A Saint-Malo, me répondit-il fièrement.
— Et qu’est-ce que tu viens faire à la Légion ?
Il serra les dents et je l’entendis grincer.
— Mon fils a été tué à Hangard-en-Santerre. Je n’avais plus que lui. Je sui venu le remplacer.
Les larmes aux yeux, je lui serrai la main jusqu’à la broyer. » (op. cit., p. 230).
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(*) Fernand Victor MAIRE. Cité à l’ordre de l’armée dans les termes suivants (J.O. 11 juill. 1917, p. 5.405) :
« MAIRE (Fernand-Victor), capitaine (active) au régiment de marche de la Légion étrangère : officier vigoureux et plein d’allant. A eu, à la tête de sa compagnie, une superbe attitude au feu, au cours des combats d’avril 1917. (Croix de guerre). »
Il s’agissait des combats d’Aubérive-sur-Suippe des 16 et 17 avril 1917, au cours desquels fut notamment tué le lieutenant de la Légion étrangère :
— GALLOCHIN Lucien Hilaire, né le 24 avril 1886 à Coligny – aujourd’hui Val-des-Marais – (Marne), classe 1903/1906, n° 362 au recrutement de Châlons-sur-Marne (Acte transcrit à Coligny, le 9 août 1917).
Re: Doyen des poilus ?
Publié : jeu. oct. 13, 2016 8:48 am
par Elise49
Bonjour à toutes et à tous
Un héros , un parcours remarquable , le commandant Aubus! on remonte le temps , c'est extraordinaire : cf " Le Gaulois "du 23/08/1916
son nom de famille est évocateur ,je ne voulais pas paraître irrespectueuse mais "la Presse " du 03/04 /1917 fait le rapprochement
Source Gallica
Cordialement