Forum PAGES 14-18

...photo,pas très nette.. Jo

Jobdx vous m'avez pris de vitesse pour la publication de ces docs que je gardaient pour la fin, après le dernier courrier, mais ce qui est fait n'est plus à faire, merci à vous

Désolé...après avoir lu le premier message de sa présentation, je trouvais que ça manquait pour faire sa connaissance....avant de lire ses écrits.
Merci
Jo

10 novembre 1914 - A ses frères et soeurs
Je suis ému, non pas que le coeur faiblisse, non ! mais je suis ému en pensant aux cinq êtres tendrement chéris que je laisse à votre douce affection. Comme pour toutes les femmes de France, l'épreuve sera longue et dure pour mon Alice; soutenez-la, non pas que je doute de son courage et de sa force de caractère, je la connais et l'estime trop pour la soupçonner d'une défaillance; mais nous sommes l'un pour l'autre comme vous l'êtes entre vous, cela vous dit tout!
Je sais pouvoir compter pleinement sur vous que j'aime et qui m'aimez tant.
J'ai conscience du grand sacrifice que j'ai fait à mon pays, je ne regrette rien, car on n'a rien à regretter du devoir accompli. Je ne peux dire quelle sera l'étendue de mon sacrifice; ma destinée seule le sait et je ne me pose pas la question

10 novembre 1914 - Aux siens
A 11 heures et demie, déjeuner à la table des officiers : lieutenants, sous-lieutenants, presque tous de réserve , mariés, les trois quarts pères de famille, âges oscillants de 28 a 40 ans. La plupart ayant vu le feu, blessés ou évacués et devant rejoindre prochainement. Quelle autre mentalité qu'aux Etapes ! Ce sont des combattants, et avec quel allant, quel enthousiasme et quelle sérénité vraie ils parlent de ce qu'ils ont vu, fait etc..etc... C'est réellement une autre âme, Troyes débilitait; ici c'est la flamme, le feu du Pays auprès duquel on vient se chauffer et vibrer à l'unisson.

17 novembre 1914 - aux siens
Quelle vie active , ma chérie, et comme on vibre avec tous nos braves soldats qui sont décidés à aller tous jusqu'au bout bravement, fermement, pour le salut du Pays. Je leur ai fait une petite conférence ce matin sur leurs devoirs, sur leur conduite au feu; je les ai renseignés sur la situation générale et leur ai dit ce que j'attendais d'eux comme chef et camarade de combat. Je leur ai fait sentir que je n'admettais aucune défaillance et que je serai impitoyable au lâche. J'ai senti que nous communiions ensemble et que nos âmes marchaient ensemble. Tous pères de famille ou à peu près, je leur ai dit ce que j'avais fait dans le désir de donner le maximum au Pays; je crois que je peux compter sur eux.

22 novembre 1914 - Aux siens
Quelle vie palpitante, et combien par ces nuits étoilées on a conscience de l'union intense de tous pour la grande cause sacrée! Je sens que j'ai la confiance de mon monde, c'est à qui sera aux petits soins pour moi; c'est touchant je t'assure; je comprends ici le besoin de chefs à cette réunion d'enfants, car sous l'habit militaire ils redeviennent gosses, gouailleurs, mais avec le fond grave quand, comme hier soir, on prévient d'un coup de chien possible. Quand je passais la nuit dans les sections, chacun avait un mot pour moi et je leur causai de ce que j'attendais d'eux et de ce que nous défendions ensemble.

24 décembre 1914 - Aux siens

Il fait depuis ce matin un temps superbe, et il va geler ferme cette nuit. Noel, on en cause et on en entend causer autour de soi ; on entend parler de mères, d'épouses, d'enfants, tout cela gravement par des gens émus à ce doux et cruel souvenir, mais résolus et décidés. Pas de défaillance et en ce moment, par le beau soleil, on sent tous les hommes communier dans la même chère pensée, le même doux souvenir et je communie avec eux tout en pensant à toi que j'aime tant, aux enfants que je chéris et à tous ceux de notre famille qui me sont chers. J'ai le coeur gros de l'affection qui veut déborder, gros aussi d'espérance de la victoire de notre pays et de mon retour calme et serein rue Saint-Dominique pour reprendre, le devoir sacré accompli, ma place si douce au doux foyer. Ce sera si bon de nous revoir après la dure réalité, dans le beau rêve réalisé du retour, avec une feuille de lauriers de notre belle France.

Bonjour à tous,

Merci Daniel !! Je vais bientôt publier quelques photos personnelles du bonhomme dans ses occupations de guerre .