Bonjour à tous, (coucou Olivier
)
Comme promis, je reviens dire mes impressions et ce que je pense de ce livre.
J'aimerais préciser à nouveau que je n'avais jamais lu Céline jusqu'à présent.
Au collège et lycée, aucune étude de texte de cet auteur.
Par la suite, ce dont j'avais pu entendre de lui de temps à autre dans les médias, ne m'avait jamais donné envie de le lire. Blacklisté et puis basta.
L'article du Monde ci-dessus m'a interpelée, ensuite il y a eu l'émission "c'est à vous" sur la 5 avec un spécialiste de Céline ...et le message de Stephan
Donc je me suis mis à lecture, ignare et candide finalement.
Et j'ai été percutée bien comme il faut, je n'ai rien vu venir...paf.
Souvent j'ai été sans voix (si je puis dire), parfois en mode "Oh my God "
Mais toujours je suis restée scotchée, happée.
J''ai lu d'une traite ce petit roman puissant et abrasif qui coupe le souffle, avec des passages parfois ciselés comme du cristal.
Les personnages sont tellement vivants dans cet univers mortifère de la Guerre qu'on a l'impression de les voir et de les entendre devant soi.
Le "décor" en arrière-plan est un personnage à part entière, entre vie et mort, que ce soit sur le champ de bataille, dans le train, dans la chambrée des blessés (la 'carrée') ou dans cette ville qui palpite au rythme des nombreuses troupes de toutes nationalités qui y transitent.
Tout est sensoriel dans ce texte, les 5 sens sont sollicités à tour de rôle, pour le meilleur et pour le pire.
Même la langue argotique a de ces couleurs, ça pique fort parfois !
L''ambiance générale est ainsi tellement bien rendue qu'elle murmure encore longtemps après la fin du livre, sans aucun doute grâce à cette écriture authentique et sans concession.
Quant aux femmes...oh my God, l'infirmière et la prostituée !!
Ces 2 femmes - ayant en quelque sorte accès aux corps des soldats -, se révèlent redoutables et puissantes, entre perversité et humanité ...à l'aune de la société qui les entoure.
Pour terminer, un passage où l'auteur (en proie à d'importants séquelles suite à sa blessure à l'oreille) donne un aperçu de ce qu'il endure.
Il se trouve avec son ami Cascade (blessé lui au pied) dans un chemin de halage, dans un bref et dernier moment de répit:
" Les troupes passaient pas le long du halage. Tout le trafic était interrompu. L'eau reposait noire avec des nénuphars dessus. Le soleil passe et se carre facilement dans le noir, pour un rien. C'est un sensible.
Je commençais à mettre un peu d'ordre dans mes bourdonnements, les trombones d'un côté, les orgues seulement quand je fermais les yeux, le tambour à chaque coup du coeur. Si j'avais pas eu tant de vertiges et de nausées j'aurais pris l'habitude, mais cependant la nuit c'est pour s'endormir que c'est dur. Faut de la joie, du relâchement, de l'abandon. C'était une prétention que j'avais plus. C'est rien ce qu'il avait, Cascade, à côté de moi. J'aurais bien donné mes deux pieds moi pour qu'ils pourrissent, pour qu'on laisse ma tête tranquille. Il comprenait pas ça, on comprend pas l'idée fixe des autres. C'est con la paix des champs pour qui qu'a du bruit plein les oreilles. Faut mieux encore être musicien pour de bon. (...)
Faudrait moi aussi que je me trouve un truc bien délirant pour compenser tout le chagrin d'être enfermé pour toujours dans ma tête. Je pourrai plus jamais rester devant à rien faire avec un truc pareil. Je pourrais pas dire si j'étais fou ou pas, mais il suffisait que j'aye un peu de fièvre pour qu'il commence à m'arriver de drôles de choses. Je dormais plus assez pour avoir des pensées nettes auxquelles on tient. Je tenais à aucune."
Il y a beaucoup à dire sur ce passionnant roman très autobiographique mais maintenant je passe la main !
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amicalement,
Mireille