Page 2 sur 2

Re: Ouvrage de Cornouailles Pas de Calais

Publié : ven. déc. 31, 2010 7:06 pm
par Charraud Jerome
Bonsoir
IsaBL, je vais me permettre d'être provocateur:
Et si votre aieul n'était pas au 90e RI!!!
Autre hypothèse: Le 90e RI avait un régiment de réserve: le 290e RI, or celui-ci, le 24 mai 1915 était en Belgique à Saint Julien d'Ypres. J'ai déjà rencontré des cas de confusion entre le régiment d'active et celui de réserve.

Voici la journée du 24 mai par le chef de corps du 290e:
24 Mai. - Attaque allemande par les gaz.
A 2 h. 45 on voit deux fusées rouges partir d'un ballon captif allemand dans la direction de Saint-Julien. Peu après un nuage opaque de couleur jaune-verdâtre s'élève en avant des tranchées allemandes. Le vent qui souffle dans notre direction chasse les nuages vers nous. Le Lieutenant Poirier qui commande le 6e bataillon donne aussitôt l'alarme. Il prescrit de mettre les masques. Ce sont à ce moment de simples tampons glycérinés qu'on doit tremper dans l'eau et les appliquer sur la bouche et le nez. A défaut d'eau on devait se servir d'urine. Ceux qui n'avaient pas de masques devaient prendre leur mouchoir et l'imbiber comme les masques.
Le nuage passe sur la première ligne sans occasionner un grand malaise aux occupants. Les gaz glissent ensuite vers le canal par le terrain incliné où se trouvent les deuxième et troisième lignes. Leur effet est plus sensible dans cette région. Des officiers et des soldats sont fortement incommodés sans avoir toutefois de lésions graves sur le moment. Le sous-lieutenant Devilliers qui accompagnait le Commandant de Lacombe toussait et crachait le sang. Au-dessus de l'eau du canal les gaz se dissipent assez rapidement.
Vers 3 heures un bombardement violent se déclenche sur tout le secteur. Les projectiles tombent partout et ils sont de gros calibre. Le Commandant de Lacombe a ramassé tout près de lui un culot de 280.
La 20e compagnie se porte en avant en renfort de la première ligne.
Une violente fusillade se fait entendre sur la droite devant les Anglais. La Brigade fait connaître que ceux-ci viennent d'être attaqués et qu'ils ont perdu du terrain. Etant donné l'orientation générale des lignes, la situation chez les Anglais intéressait vivement le régiment. En effet, nos tranchées faisant face au Nord et celles des Anglais étant face à l'Est-Nord-Est, si celles-ci tombaient, le régiment était pris à revers. Le Commandant de Lacombe voyant des Officiers anglais revenir des tranchées leur fait signe d'approcher pour leur demander des renseignements, mais il est impossible de s'entendre. Les Anglais, dont un est blessé, comprennent cependant qu'on leur offre de la gnôle. Ils en prennent un coup et continuent leur chemin. Peu après, d'autres Anglais, une centaine, quittent aussi leurs tranchées et se sauvent sans armes vers Saint-Jean. Heureusement qu'à ce moment des renforts anglais arrivent. Ils s'avancent en colonnes par quatre sous les obus qui font de larges brèches dans leurs rangs. Ils se rangent en chantant au bord de la tranchée, puis ils y descendent et la situation est rétablie.
A 10 heures les Anglais nous signalent des rassemblements allemands derrière la côte 29. Comme ils n'ont plus de liaison avec leur artillerie ils nous demandent de faire tirer pour. eux. Malheureusement à ce moment notre Officier observateur (Lieutenant Bergeron du 49e R.A.C.) est tué par un obus en même temps que le sous-lieutenant Devilliers. Ils se trouvaient tous deux dans l'abri du Commandant de Lacombe; ce dernier n'a échappé à l'obus que grâce au hasard qui l'a fait appeler au téléphone.
Quand les communications avec l'artillerie furent rétablies, celle-ci tira sur les rassemblements allemands, mais modérément, le ravitaillement en munitions n'ayant pas eu lieu la veille.
A 13h.30 une trentaine d'Allemands sortent de leur tranchée. Ils sont formés en lignes de tirailleurs fortement espacés et s'avancent résolument vers nos lignes. Ils croient sans doute nos hommes asphyxiés et n'avoir plus qu'à nettoyer la tranchée. Ils vont être fixés tout de suite. La 23e devant laquelle ils se présentent ouvre le feu et les arrête net. L'un des Allemands s'enflamme et brûle comme une torche. Il devait faire partie d'une équipe de lance-flammes. En même temps que s'effectuait cette sortie des obus toxiques tombèrent un peu partout sur le secteur. Aux points où les obus éclataient la terre devenait jaune, les capotes des soldats devenaient vertes, l'urine devenait rouge.
Entre 15 et 16 heures de la cavalerie allemande est signalée en avant des Anglais à l'Ouest de Saint-Julien. D'autre part les Anglais nous signalent de nouveau des rassemblements ennemis vers les côtes 27 et 29 et nous demandent de tirer. De son côté, le Lieutenant Poirier a aperçu des cavaliers portant des uniformes bleu horizon et semblant se diriger vers nos lignes et celles des Anglais. Poirier en a conclu que ce devait être des cavaliers allemands déguisés.
Dans cette journée du 24 l'attaque principale des Allemands a porté sur les Anglais à notre droite. Les tirs et les tentatives dont nous avons été l'objet semblaient n'avoir été que des mesures de neutralisation sur les ailes du front attaqué. C'était conforme aux procédés d'attaque des Allemands.


Avez vous un nom à donner afin que je regarde dans les gars des 90 et 290e RI que j'ai dans ma base de données.
Pour confirmer une de vos phrases ci-dessus: Pas mal de gars du 49 au 90e RI, il s'agissait alors de la même région militaire.

Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Ouvrage de Cornouailles Pas de Calais

Publié : sam. janv. 01, 2011 11:58 pm
par IsaBL92100
Merci Jérôme pour votre réponse si détaillée.
Effectivement, je n'avais pas pensé que René BARRAUD, mon grand oncle, aie pu appartenir à un autre régiment.
Connaissez-vous un moyen pour en avoir le coeur net ?
Bonne année à vous et au forum,
IsaBL

Re: Ouvrage de Cornouailles Pas de Calais

Publié : dim. janv. 02, 2011 12:03 am
par Charraud Jerome
Bonsoir
Merci Jérôme pour votre réponse si détaillée.
Effectivement, je n'avais pas pensé que René BARRAUD, mon arrière-grand oncle, aie pu appartenir à un autre régiment.
Connaissez-vous un moyen pour en avoir le coeur net ?
Bonne année à vous et au forum,
IsaBL
Je vous ai fait une réponse directe via un mail d'Alain Chaupin où il m'a transmis la fiche matricule de René Barraud. L'avez vous reçu?
Si non, voici la transcription du mail en question:

Bonjour
Recevez tout d'abord mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
Merci à Alain de m'avoir transmis le message d'origine contenant les fiches matricules de René Barraud.
Il y a effectivement une erreur dans la fiche matricule, ce qui arrive parfois.
Deux hypothèses s'offrent à nous:
Il est au 90e RI et est blessé le 24 mai 1915 à Liévin.
Il est au 290e RI et est blessé le 24 mai 1915 à Ypres (secteur Saint Julien).
Contrairement au JMO du 90e RI qui n'indique pas les pertes nominatives, le JMO du 290e RI tient à jour des listes de noms des tués, disparus et blessés.
Le patronyme Barraud n'apparait pas dans la liste des pertes des 24/25 mai 1915.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html page 48
Je penche donc pour le 90e RI.
Le patronyme Barraud n'apparait pas non plus dans le témoignage de Carpentier ("Un cyrard au feu"), mais si vous voulez, je peux vous retranscrire le passage. Histoire de donner du relief au JMO.
Cette blessure a peut-être laissé des traces administratives dans les archives du SAMHA de Limoges. Envoyez leur un mail ( [email protected] ) en leur demandant communication du dossier médical en indiquant nom, prénom, date et lieu de naissance, unité.
Personnellement, j'ai eu le plaisir de recevoir par la poste une reproduction du dossier de mon arrière grand père (délai: environ 1 à 2 mois).
Cela pourrait permettre de confirmer le 90e RI.
Autre piste à exploiter: Essayez de contacter l'ONAC (office national des anciens combattants) du Maine et Loire pour connaitre son dossier de demande de carte d'ancien combattant.
Si vous obtenez des informations supplémentaires, je serais bigrement intéressé, car je me passionne pour le sort des gars du 90e RI.
Cordialement
Jérôme Charraud
http://indre1418.canalblog.com/


Tout est dit, je reste à votre disposition
Cordialement
Jérôme Charraud

Re: Ouvrage de Cornouailles Pas de Calais

Publié : dim. janv. 02, 2011 12:18 am
par IsaBL92100
Ooooops Jérôme,
Je viens de vous répondre par mailn en parallèle^^
_____________________________________________________

Bonjour Jérôme,

Merci de vos messages, sur le forum et ici.
Je vais utiliser les deux liens que vous m'avez donnés pour essayer d'en savoir plus.
Je vous tiendrai au courant.
En attendant, je possède une photo de mon GOM à la guerre, mais vêtu d'un uniforme du 96e RI.
Souhaitez-vous que je vous l'envoie ?
J'ai également scanné la photocopie de la fiche matricule de mon GOM : je peux vous envoyer les deux fichiers correspondants.
Je vous recontacterai peut-être à l'avenir pour d'autres membres de ma famille car la famille de ma grand-mère paternelle est originaire de l'Indre-et-Loire ont sans doute été sous les drapeaux pendant 14-18.

Bien cordialement
IsaBL