Bonjour à tous,
La localisation de l'action à laquelle a participé M.Genevoix au sein du 2/106ème RI et au cours de laquelle il a été blessé le 25 Avril 1915 m'intéresse d'autant plus que mon arrière grand-oncle est tombé, le surlendemain, à toute proximité, lors d'une contre-attaque de son régiment, le 203ème RI, en liaison avec les unités voisines (91ème RI à droite et 25ème BCP à gauche) contre les positions allemandes sur et autour de 340.
Je pense que pour mieux appréhender la problématique de ce secteur en Avril 1915, il est important de se rappeler que :
- les positions françaises y sont très fragmentaires, car situées initialement en seconde ligne avant l'offensive allemande du 24 Avril. A ce titre, voir la remarque de son Cdt. de bataillon à Genevoix ainsi que la remarque de Genevoix...sur l'absence de travail sur les retranchements, l'Hiver précédant !
- la croupe dominant, au Sud, la route de Mouilly à Saint Rémy et, au Nord, le thalweg du rû de Genousevau est largement dépourvue de végétation haute, en dehors de quelques maigres bosquets et...du bois entourant la cote 340. Ce qui fait de celle-ci un point d'appui important avec des vues tant sur les lisières de Saint Rémy que sur la crête et les plateaux plus au Sud, tout comme en direction du carrefour de France.
Les seuls plans directeurs que j'ai pu trouver sur ce secteur, dont l'un est d'origine américaine, illustrent bien cet aspect.

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Naturellement, les positions allemandes qui y sont reportées sont pour beaucoup postérieures aux évènements qui nous intéressent, mais certaines d'entre elles ont pu reprendre/réutiliser les ébauches de tranchées et boyaux présents autour de 340, sans parler de la position elle-même sur ce point, préalablement aménagée en "ouvrage" par les troupes françaises.
De mémoire, Genevoix indique qu'il a déployé une de ses sections en liaison avec le 301ème sur 340 (en utilisant le boyau montant vers 340 dont il fait mention ?) ce qui tendrait à indiquer que Genevoix n'est lui même situé trop loin des positions de ce régiment, si l'on considère que sa propre compagnie pourrait occuper un front de combat de l'ordre de 400/600m linéaires.
On pourrait faire l'hypothèse que le boyau dont Genevoix parle est devenu, après aménagement par ses occupants allemands, la
tranchée de Stuttgart visible sur les plans directeurs.
Par ailleurs, Genevoix indique que juste avant d'être blessé, ses hommes le préviennent qu'il existe une "
trouée" qui rend les positions françaises visibles des tirailleurs allemands. On pourrait en déduire que la compagnie de Genevoix a été déployée en lisière du bois des éparges, juste au Nord du rû de Genousevau, de façon à interdire la progression allemande sur ses pentes Sud, et que c'est un tir fichant à travers les frondaisons de cette lisières qui blesse Genevoix.
Une photo aérienne de 1938 permet de distinguer assez nettement le bois entourant 340 au milieu de plantations encore très récentes.

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La photo IGN récente permet de deviner encore les contours du bois renseigné sur les fonds de cartes des plans directeurs.

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En guise de conclusion, il y a lieu de noter que les positions du 301ème sur 340 sont conquise par une manoeuvre de contournement allemande qui remonte le ravin de Genousevau et prend cette unité à revers, lui occasionnant un nombre de prisonniers semble t-il très important. Faut-il voir dans l'allusion de Genevoix au 301ème ("dont on dit qu'il aurait lâché") la trace de cet épisode ?