Bonjour,
Croix Violette / Purple Cross Service, hôpitaux pour chevaux.
Quelques documents sur une autre œuvre de bienfaisance britannique opérant en France pendant cette guerre. Des articles français, un américain, des extraits d'une publication de cette organisation caritative vétérinaire.
Premier article de presse :
Les secours aux chevaux de guerre blessés
La Croix-Violette est le nom de la section française d'une œuvre intéressante, fondée à Londres par Miss Lind af Hageby, pour secourir les chevaux de guerre blessés. Les sommes importantes recueillies en Angleterre par la Croix-Violette lui permettent d'offrir à la nation amie une partie de ces dons, sans faire un nouvel appel aux adhérents français.
Le comité français de la Croix-Violette, en voie de formation, compte parmi ses premiers membres Lady Eléonore French et Miss French, femme et fille du maréchal commandant l'armée britannique ; Mrs Henniker, femme du général Henniker, et la duchesse d'Uzès.
Son siège est à Paris, 8, rue Édouard VII.
Le Petit Journal, 14 novembre 1914, source BnF / Gallica.
Second article :
Si cette guerre a été le déchaînement des instincts les plus sauvages, les plus atroces, chez les Boches, elle a permis à d'autres de montrer jusqu'où peut aller la pitié. Elle s'est étendue aux bêtes, innocentes victimes, et voici comment Miss Lind-af-Hageby, secrétaire générale de la Croix-Violette, raconte ce que fit pour les chevaux de guerre "The Animal Defence and Anti-Vivisection Society", dont la Croix-Violette est une section :
« Nous avons entretenu, dit Miss Lind-af-Hageby, des hôpitaux à Bordeaux, à Foulain, près de Chaumont, et à Vesoul. C'est en février 1915 que nous avons inauguré notre hôpital à Vesoul, et après dix-sept mois, il reçoit encore toutes les semaines des chevaux blessés venant du front. Quoique les arrangements pour les soins donnés aux chevaux par l'armée elle-même se soient beaucoup améliorés depuis les premiers jours de la guerre, alors que j'effectuais mes enquêtes préliminaires en France, je suis heureuse de penser que nous avons pu faire un travail bienfaisant et utile. »
Telle est l'œuvre de la Croix-Violette, à laquelle six mille personnes ont contribué, et qui a réuni douze mille livres sterling de souscriptions, provenant surtout de la Grande-Bretagne, mais aussi du Canada, de l'Australie, d'Amérique, de la Suède, de la Norvège et du Danemark.
Cyrano (de Paris)
Le Petit Bleu de Paris, 4 août 1916, source RetroNews / Bibliothèque nationale de France.
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Troisième article :
LA CROIX VIOLETTE
Au premier rang des auxiliaires les plus précieux de l'homme pendant la guerre se place le cheval. Au début des présentes hostilités, alors que, chez nous, par suite de l'imprévoyance coutumière, l'organe des transports automobiles était tout entier à créer, les chevaux eurent à supporter des fatigues inouïes. Sans parler de la cavalerie qui, depuis Charleroi jusqu'à la Marne, fut décimée, plus peut-être par un surmenage intensif que par le feu de l'ennemi, les voitures régimentaires de munitions, d'approvisionnements et du service sanitaire roulèrent presque sans discontinuer, le jour sous un soleil implacable, la nuit sur des routes rendues impraticables par l'encombrement d'une retraite précipitée.
Dans quel état se trouvèrent les malheureuses bêtes après de semblables randonnées, ceux-là seuls qui les ont vues tomber une à une à bout de forces pourront le dire quelque jour ! Après la Marne, le premier soin du général en chef fut de vider les dépôts de remonte, qui n'avaient plus grand-chose à offrir, et, enfin, il fallut bien se décider à aller chercher outre-mer les animaux nécessaires à l'armée. Nous pourrons dire, plus tard, quel chiffre étonnant a atteint ce recrutement d'un genre spécial qui, malgré son abondance, suffit à peine à combler les vides.
Entre-temps s'organisait le service automobile. Des milliers et des milliers de voitures, légères et robustes, apparurent soudain, qui ne tardèrent pas à rendre les plus grands services aux troupes de première ligne comme aux formations de l'arrière. On sait que le général Joffre a tenu, après la première alerte de Verdun, à féliciter le corps des automobiles. Le fameux circuit que les braves conducteurs parcoururent incessamment sous une terrible mitraille, apportant hommes et matériel jusqu'aux tranchées, jusqu'à la gueule des canons, restera l'un des épisodes les plus palpitants de l'immense bataille, dont nous attendons, depuis six mois, avec anxiété, le dénouement. La Voie Sacrée continue d'être parcourue nuit et jour par les glorieux camions.
Mais, tandis que les automobiles couraient le long des routes torpillées et marmitées, les chevaux, les bons chevaux du train des équipages, ne restaient pas inactifs. Ceux-là non plus n'étaient pas des embusqués. Leurs pertes en morts et blessés atteignent à ce jour, et rien que pour la bataille de Verdun, des proportions considérables. Les amis des bêtes n'avaient pas attendu — il faut le dire à leur louange — ces carnages affreux pour songer à adoucir autant que possible les souffrances du noble animal qui partage les fatigues et les dangers du combattant humain.
La Croix Violette, Société de secours aux chevaux de guerre, était fondée, et, sous l'impulsion de hautes personnalités anglaises et françaises, telles que miss Lind-af-Hageby, lady French, la duchesse d'Uzès douairière, Countess of Plymouth, et autres grandes dames, ne tardait pas à organiser des services appropriés. Après avoir reçu l'autorisation nécessaire du commandement, la société s'est mise à l'œuvre et, à la fin de la première année de guerre, elle possédait déjà trois grands hôpitaux à Vesoul, à Foulain et à Bordeaux.
Nul besoin d'insister sur le mérite d'une telle initiative : il saute aux yeux. Beaucoup de chevaux blessés, soit dans le long transport à travers l'Océan, soit sur le champ de bataille, ont été recueillis, soignés, sauvés, rendus à la défense nationale. Nous ne pouvons que louer, en la signalant aux amis des animaux, une œuvre qui, en somme, honore l’humanité, et qui doit être encouragée par la presse et par le public.
Louis COUDURIER
La Dépêche de Brest, lundi 28 août 1916.
Article américain :
UNE FEMME, ENNEMIE DE LA VIVISECTION, DIRIGE UNE AIDE AUX CHEVAUX DE GUERRE
Par Hayden Talbot, correspondant spécial, International News Service
LONDRES, 4 janvier –
Si jamais la biographie d’un cheval de guerre devait être écrite, cette tâche reviendrait à Mlle Lind de Hageby, mieux connue aux États-Unis comme l’infatigable ennemie anglaise de la vivisection, et depuis le début de la guerre, organisatrice et dirigeante active du Service de la Croix Violette.
Bien que le gouvernement britannique dépense encore plus de 250 000 dollars par an pour la vivisection, Mlle Lind admet qu’elle et sa société ont renoncé à tenter d’empêcher cette pratique, pour des raisons de pragmatisme. « Tout le reste a dû être subordonné à la victoire dans la guerre », a-t-elle expliqué.
Mlle Lind a rapidement trouvé une façon plus appropriée d'employer son énergie dans l’organisation du Service de la Croix Violette. « Trois mois après la déclaration de guerre, » a-t-elle poursuivi, « nous comptions déjà 5 000 membres dans le monde entier. Notre principal soutien financier, depuis le début, provient des États-Unis et du Canada.
« Dès que nous avons été correctement organisés et prêts à mettre en œuvre nos plans, nous avons proposé au ministère de la Guerre d’aller sur le terrain, d’installer des hôpitaux de campagne et de base, et de fournir le personnel vétérinaire qualifié nécessaire pour soigner les chevaux blessés ou autrement inaptes. Mais le ministère britannique a refusé notre offre. Il a été expliqué que les besoins de l’armée en la matière étaient largement couverts par la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA). Comme dans bien d’autres cas, ils ont refusé ce dont ils allaient ensuite se rendre compte qu’ils avaient cruellement besoin. »
150 000 $ RÉCOLTÉS
Il est vérifié que six mois plus tard, le ministère britannique de la Guerre a officiellement reconnu la Croix Bleue, une organisation identique à celle de Mlle Lind, qui, depuis, accomplit un travail inestimable sur le front pour soigner les chevaux blessés de l’armée britannique.
« Sans doute, » a poursuivi Mlle Lind, « le fait que la Croix Violette était en quelque sorte associée à la Ligue Anti-Vivisection, bien qu’il s’agisse en réalité d’une organisation distincte, a joué un rôle dans le refus du gouvernement de nous permettre de concrétiser notre proposition. »
Ayant été rejetée par le gouvernement anglais, l’offre a été répétée à la France. Elle a été acceptée immédiatement et sans réserve. Le premier appel à souscription a permis de récolter plus de 50 000 dollars — un montant depuis presque triplé. Une grande partie de cet argent a été recueillie par Mlle Lind elle-même, qui a diffusé des documents imprimés basés sur ce qu’elle avait vu dans les zones de combat durant les premiers mois de la guerre.
« Je ne place pas les chevaux avant les hommes, » a-t-elle expliqué. « Mais là où les hommes blessés doivent attendre peut-être quelques heures pour être secourus, les chevaux blessés doivent attendre des jours. À ceux qui me disent que ce n’est pas le moment de s’occuper des animaux, je réponds que les principes d’humanité ne sont pas suspendus par la guerre, et que, si nous déplorons avec passion les souffrances humaines, il reste tout de même de la place pour la pitié et l’aide envers les fidèles compagnons dont dépend en grande partie le succès ou l’échec d’une campagne.
« Des milliers de chevaux le long du front meurent dans des conditions horribles, certains, grièvement blessés, agonisent cinq jours avant de mourir. »
LES EXPÉDITIONS AMÉRICAINES EN CAUSE
« Des chevaux moins grièvement blessés ont été retrouvés errant dans les champs. Ils sont souvent récupérés par des paysans et emmenés dans leurs fermes. Le paysan est libre de les utiliser ou de les abattre. On imagine aisément les traitements subis par ces malheureux animaux.
« Après ma première visite au front, la Croix Violette a établi des hôpitaux à Vesoul, Foulain près de Chaumont, et à Bordeaux. Dans ces hôpitaux, nous traitons en moyenne 150 cas graves par semaine, tandis qu’un certain nombre de chevaux convalescents ou atteints de blessures moins graves sont gardés dans des champs adjacents. Des chevaux avec des plaies très étendues, avec des jambes terriblement enflées et douloureuses, couverts d’abcès et d’ulcères, amaigris et affaiblis par la fatigue et l’exposition — voilà les cas que nous devons gérer.
« À Foulain et à Vesoul, les chevaux nous sont envoyés directement de la ligne de front par les autorités militaires françaises. Les cas à Bordeaux proviennent des transports de chevaux venus des États-Unis et d’Amérique du Sud — et sont souvent dans un état encore plus grave que ceux blessés au combat.
« En fait, l’état des chevaux débarqués par milliers chaque semaine à Bordeaux est au-delà de toute description. Au moins vingt chevaux sur chaque millier débarqué sur le quai meurent sur place. Ce chiffre serait bien plus élevé sans une pratique pernicieuse des fournisseurs de chevaux, dont le paiement dépend du fait que l’animal soit encore vivant vingt-quatre heures après son arrivée. Pour cela, on injecte à ces pauvres bêtes des stimulants violents, et aucun moyen n’est épargné pour maintenir leur souffle de vie jusqu’à la fin du délai d’un jour.
« Nos vétérinaires ont rencontré une forte opposition, comme on peut s’y attendre, dans leurs efforts caritatifs pour mettre fin sans douleur à la vie d’animaux qui ne peuvent plus être sauvés. Lors du débarquement à Bordeaux, nos agents les examinent, et généralement, maintenant, ils parviennent à obtenir l’autorisation d’abréger les souffrances de ceux à l’agonie, atteints de pneumonie ou d’autres maladies. Les autres chevaux, que l’on peut encore sauver par des soins médicaux rapides et un bon traitement, sont emmenés dans nos propres ambulances jusqu’à notre hôpital, où ils reçoivent les meilleurs soins possibles. »
The San Francisco Call and Post, 4 janvier 1916.
Source University of California, Riverside (UCR), California Digital Newspaper Collection.
Transcription :
WOMAN, VIVISECTION'S FOE, LEADS WAR HORSES HELP
By Hayden Talbot, Staff Correspondent, International News Service
LONDON, Jan. 4 – If ever the biography of a war horse is to be written, the task belongs to Miss Lind of Hageby, best known in the United States as England's indefatigable foe of vivisection, and since the war's beginning, organizer and active leader of the Purple Cross Service.
Although there is still being spent by the British government more than $250,000 a year on vivisection, Miss Lind admits that she and her society have abandoned attempts to prevent the practice on the grounds of expediency. "Everything else has had to be subordinated in favor of a successful issue of the war," she explained.
Miss Lind quickly found a more appropriate outlet for her energies in the organisation of the Purple Cross Service. "Within three months after war was declared," she went on, "we had obtained a membership of 5,000 men and women in all parts of the world. Our chief financial support from the beginning has come from the United States and Canada.
"As soon as we were properly organized and ready to carry our plans into effect, an offer was made to the War Office for us to go into the field, put up field and base hospitals, and furnish the necessary staffs of skilled veterinaries and assistants for the care of wounded and otherwise disabled war horses. But the War Office declined to accept the offer. An explanation was forthcoming that the army’s needs in this respect were amply provided for by the Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals. As in many other instances, they refused what later they discovered they had great need of."
$150,000 RAISED
It is a fact that six months later, the British War Office recognized officially the Blue Cross, an organization identical with Miss Lind's, which has since been doing invaluable work at the front caring for wounded horses of the British army.
"Doubtless," continued Miss Lind, "the fact that the Purple Cross was in a way identified with the Anti-Vivisection League, although in fact it is a distinctly separate organization, had something to do with the government's refusal to allow us to make good our offer."
Thwarted by the English government, the offer was repeated to the French. It was accepted immediately and without reserve. The first call for subscriptions brought in upward of $50,000—an amount which has since been almost trebled. A large part of this money was raised by Miss Lind herself, who sent broadcast printed documents based on what she had seen in the battle area during the first few months of the war.
"I do not put horses before men," she explained. "But where wounded men have to wait perhaps a few hours for help, wounded horses must wait days. To those who tell me that this is no time to bother about animals, I reply that the principles of humanity are not suspended by war, and that however passionately we deplore the sufferings of men, there is still room left for pity and assistance for the faithful friends upon which the success or failure of a campaign so largely depends.
"Thousands of horses all along the front die horrible deaths, sometimes severely wounded animals living five days before they expire."
U.S. SHIPMENTS BAD
"Less severely wounded horses have been found straying in the fields. They are often picked up by peasants and taken to their farms. The peasant is free to work the horse or slaughter it. The treatment which these unfortunate animals have to undergo may be imagined.
"Following my first visit to the front, the Purple Cross has since established hospitals at Vesoul, Foulain near Chaumont, and at Bordeaux. In these hospitals we treat on average 150 serious cases a week, while a number of convalescent horses and less serious cases are kept in adjoining fields. Horses with wounds not to be measured in inches but in feet, with terribly swollen and painful legs, horses covered with abscesses and sores, emaciated and weak through strain and exposure—such are the cases we have to handle.
"To Foulain and Vesoul, horses are sent straight from the battle line by the French military authorities. The cases at Bordeaux are received from horse transports from the United States and South America—and are frequently even more serious than battle-wounded horses.
"In fact, the condition of horses landed by the thousands every week at Bordeaux is pitiful beyond description. In no case fewer than twenty horses out of every thousand landed on the quay die there. It would be much higher in all cases if it were not for a pernicious custom of horse contractors, whose payment depends on the horse's being alive twenty-four hours after its arrival. To accomplish this, poor animals are inoculated with vicious stimulants, and no means overlooked to keep the dying beast breathing until the one-day time limit has expired.
"Our vets have encountered powerful resistance, as might be expected, to their humane endeavors to put a painless end to animals beyond all hope. As the horses are landed at Bordeaux, our agents examine them and generally, now, are able to obtain permission to dispatch those in the last throes of pneumonia and other diseases. Other horses which it is possible to save by prompt medical attention and nursing are taken in our own ambulances to our hospital and there receive the best of care."
The San Francisco Call and Post, 4 January 1916.

- Congrès international contre la vivisection, 1913.
Au premier rang, au centre, Miss Lizzy Lind af Hageby.
Document Librairie du Congrès américain / Library of Congress, Washington, USA. - International_Anti-Vivisection_Congress,_1913.jpg (312.36 Kio) Consulté 417 fois
Emilia Augusta Louise, dite "Lizzy" Lind-af-Hageby (1878–1963), aristocrate suédoise naturalisée britannique, fut une figure centrale du mouvement anti-vivisection au début du XXe siècle. Militante infatigable, elle cofonda l’Animal Defence and Anti-Vivisection Society (ADAVS) et mena toute sa vie un combat acharné contre l’expérimentation animale.
Elle se fit particulièrement remarquer lors de l’affaire du Brown Dog, en 1903, un procès très médiatisé qui cristallisa les tensions autour de la vivisection au Royaume-Uni. Ce scandale, mêlant éthique scientifique, droits des animaux et féminisme, marqua durablement l’opinion publique britannique.
À sa mort, Lind-af-Hageby légua l’essentiel de sa fortune à la cause animale. Son héritage perdure aujourd’hui à travers l’organisation caritative britannique The Animal Defence Trust, engagée dans l’amélioration du bien-être animal — notamment les conditions de transport en Europe — et dans la lutte contre les pratiques jugées cruelles.

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Évaluation des autorités militaires françaises sur le travail du Service de la Croix Violette. Extrait d'une lettre du GÉNÉRAL BARRIER, vétérinaire inspecteur de l’Armée française :
«
Les rapports qui me sont parvenus du Vétérinaire principal chef du Service à Bordeaux m'autorisent à écrire que l’Hôpital de la Croix Violette est très bien établi, qu’il se compose d’un nombre suffisant d’écuries, divisées pour la plupart en boxes individuels, et que sa gestion donne entière satisfaction aux autorités militaires.
Le vétérinaire major Groslambert m'informe que l’Hôpital de Vesoul est installé dans d’excellentes conditions, et qu’il remplit toutes les conditions d’hygiène souhaitables pour le traitement des chevaux de l’armée française blessés à la guerre.
Je suis heureux de vous exprimer à nouveau ma gratitude pour la coopération prompte et généreuse du Service de la Croix Violette, qui envisage de la poursuivre pour le traitement de nos chevaux militaires malades ou blessés.»
20 février 1915
Extrait d'une lettre du CHEF D’ESCADRON DE NEGRONI, Commandant du Dépôt militaire pour chevaux blessés à Vesoul :
«
J’ai visité aujourd’hui les locaux dans lesquels vous avez établi un hôpital pour chevaux blessés.
J’ai le grand plaisir de déclarer que cet établissement remplit toutes les conditions d’hygiène nécessaires au bien-être des animaux malades. Tous les détails ont été soigneusement pensés, et l’organisation ne laisse rien à désirer. »
18 février 1915

- Screenshot_20250525_193128_Adobe Acrobat.jpg (603.12 Kio) Consulté 417 fois
SERVICE DE LA CROIX VIOLETTE. OBJECTIFS :
1. Atténuer les souffrances des chevaux en temps de guerre par la création d’hôpitaux vétérinaires de base et de campagne.
2. Maintenir un corps de vétérinaires qualifiés pour les services de premiers secours, de transport et d’hospitalisation.
3. Fournir des ambulances pour chevaux afin d’assurer le transport des chevaux malades et blessés.
4. Fournir des instruments chirurgicaux et du matériel vétérinaire à l’usage des autorités militaires et des autres personnes s’occupant de chevaux blessés ou invalides.
5. Obtenir des autorités l’autorisation pour un corps d’hommes dûment qualifiés du Service de la Croix Violette d’abattre les chevaux grièvement blessés laissés sur les champs de bataille.
6. Maintenir un certain nombre d’inspecteurs chargés de rechercher les chevaux abandonnés ou invalides, et d’assister les fermiers et autres personnes qui en ont la charge.
7. Obtenir une extension des termes de la Convention de Genève afin d’assurer au Service de la Croix Violette une protection internationale similaire à celle actuellement accordée à la Croix-Rouge.
VESOUL : Lien vers un livret de la Croix Violette / Purple Cross de 1915, avec des photographies de l'hôpital de Vesoul :
https://dn790006.ca.archive.org/0/items ... 00purp.pdf
FOULAIN :
HÔPITAL DE LA CROIX VIOLETTE – FOULAIN
En passant à Foulain, sur la grande route de Chaumont à Langres, on remarque un bâtiment de ferme spacieux, décoré d'une grande croix violette sur fond blanc. Des chevaux blessés sont dans les écuries ou bien dans les herbages attenants.
Des "lads" anglais à la tenue correcte circulent, vont de l'un à l'autre. On se croirait à Chantilly ou à Maisons-Laffitte, chez un entraîneur, dans une écurie dont tous les chevaux, au saut des obstacles, auraient fait panache et se seraient relevés cruellement endommagés.
C'est un hôpital pour chevaux de guerre, organisé et entretenu par l'œuvre de la Croix Violette, qui s'est donné pour mission de venir en aide à la plus noble conquête de l'homme, son fidèle auxiliaire au combat.
Le Petit Champenois, 30 août 1915
Source BnF / Gallica.
BORDEAUX :
À la Croix-Violette de Bordeaux
Toutes les nécessités d'humanité que crée la guerre me pénètrent et m'émeuvent, même celles qui me sont le plus étrangères. L'une des plus modestes, mais non l'une des moins touchantes, est l'ambulance qu'abrite une écurie de Bordeaux et que dirige avec une si délicate compétence Mister J.-S. Mayterman. Je suis allé hier m'en rendre compte. Poète qui ne hante habituellement que les vivantes forêts et les palais écroulés, je ne suis pas habitué à d'aussi réelles visites.
Avec un peu de répugnance, je pénétrai dans la salle, où me saisissait une violente exhalaison d'ammoniaque. Mais je ne regrettai pas d'être venu. Au bout de quelques instants, j'avais compris, par mes regards, des misères que je ne connaissais pas et des délicatesses non imaginées.
Les blessés étaient là, chacun derrière sa grille : c'étaient des chevaux. Ils n'avaient pas été au front, mais depuis l'Amérique du Sud, qui nous les envoie, ils avaient subi des choses bien pénibles et les épreuves d'une traversée cruellement organisée. Les affreuses écorchures, les entailles profondes qui montraient une chair de boucherie, témoignaient de ce qu'avait pu être leur voyage. D'autres étaient des malades ; ceux-là, plus nombreux encore, avaient mal supporté le brusque changement de climat, qui s'était traduit pour eux par des pneumonies.
Ce qui me frappa chez ces mobilisés en traitement, c'était un aspect de résignation que semblaient trahir leurs prunelles animales. Il y a quelques jours seulement, on les avait transportés du bateau à leur hôpital, tout saignants et farouches. Mais telle avait été l'ingéniosité des méthodes, et surtout telle l'aménité des soins prodigués, que déjà ils s'étaient soumis, devinaient leurs infirmiers et les laissaient toucher même à la vive douleur de leurs plaies. Patience récompensée, humble labeur de guérison devenu commun entre l'homme et la bête, que la souffrance fait un peu fraternels.
Notre époque est bien le miroir de tous les contrastes, et la guerre une source qui laisse jaillir toutes les énergies, les plus malfaisantes comme les meilleures. Jamais lutte de peuples fût-elle plus sauvage ? Mais autant, par la force des engins nouveaux et la flamme des haines réveillées, la cruauté semble s'être élargie autour des champs de bataille, autant, là où l'on soigne, semble s'être multipliée la douceur des guérisons. Dans les palais qui se transforment et dans les foyers qui s'ouvrent, les blessés ne sont pas seulement pansés, ils sont choyés. La parenté de tous s'affirme par tant de mains délicates posées sur de rudes poitrines trouées. Et, pour la première fois, une juste pitié s'étend jusqu'à ceux des combattants que l'homme brutal de naguère ne songeait pas à associer à l'immense effort de charité qui veille l'inexprimable carnage. Par l'initiative anglaise, la Croix-Violette s'est fondée, et nos alliés l'ont installée à leurs frais jusque sur le continent. Ils soignent, par leurs propres moyens, ces blessés auxquels nous n'avions pas songé.
Je sortais de la salle aux muettes souffrances, encore poursuivi par le misérable spectacle et par une odeur difficile à supporter. L'aimable médecin des bêtes, le docteur Homes, voulut encore me montrer, dans un bâtiment contigu, son petit cabinet de chirurgie. Je regardai, en hésitant à prolonger mon écœurement, les fioles diverses et les instruments ; mais soudain, entre lui et son lad assistant, sur la table suspecte, j'aperçus un vase plein des plus suaves corolles de mai. Il me sembla que le bouquet était issu du cœur de ces hommes qui se vouaient volontairement à de répugnantes besognes et révélaient pourtant, par un geste, leur goût de beauté ; et je ne m'étonnai pas que le manteau de la charité entr'ouvert laissât transparaître une fois de plus le miracle des roses.
André Germain
Le Gaulois, 7 juin 1915
Source BnF / Gallica.
Lien vers deux photographies de l'hôpital de la Croix-Violette à Bordeaux, en une de La Petite Gironde du 21 janvier 1915 :
"
L'hôpital organisé par la Croix-Violette, réservé exclusivement aux chevaux de l’armée française, est ouvert à Bordeaux, 70 rue Prunier. Photographie d'une des voitures destinées au transport des chevaux malades ou blessés..."
Cliquer ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k43651803
Autre activité philanthropique : un sanatorium à Carqueiranne, dans le Var, pour soigner les soldats français et serbes.
Extrait du "Livre d'Or de l'Assistance aux Convalescents Militaires" (XVe région, 1916). On pourra consulter le document et trouver un plan de ce sanatorium sur le site BnF / Gallica en suivant ce lien :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage
Incessamment doit s’ouvrir, à Carqueiranne, l’Établissement modèle pour prétuberculeux avancés, spécialement édifié pour être mis à la disposition de l’A. C. M. par Miss Lind af HAGEBY, dont on ne saurait trop louer le geste généreux et les sentiments de haute philanthropie.
Cet Établissement, construit selon les principes mêmes des sanatoriums pour tuberculeux, comprend un immense corps de bâtiment de 54 mètres de façade, exclusivement réservé aux militaires en traitement. Le dortoir, immense, peut être divisé en plusieurs parties par des cloisons mobiles, ainsi que le réfectoire, et une galerie vitrée a été aménagée en plein midi pour faciliter les cures de soleil en toute saison.
La salle de billard, le salon des jeux, les cabinets de lecture et de correspondance sont établis de telle sorte qu’ils peuvent être réunis pour former une grande salle de fêtes. Salle de bains, douches, chauffage central, éclairage et ventilation électriques, appareils de production d’eau distillée : rien ne manque à l’établissement du confort moderne.
L’Administration et le service de lingerie sont installés dans un bâtiment séparé, mais voisin. Ces constructions ont été élevées sur la pente sud de la colline boisée de pins, qui domine la plage de Beau-Rivage, dans le golfe de Giens. La nature a ménagé, sur le flanc de cette colline, à une altitude de plus de cent mètres, une dépression formant terrasse, qui est bien abritée contre les vents du Nord et d’où la vue découvre un panorama splendide sur la rade et les îles d’Hyères.
L’emplacement du sanatorium "Beausoleil" — car tel est le nom de cet établissement modèle — paraît donc avoir été marqué par la nature, dans un site splendide, avec un cadre incomparable. Il pourra recevoir 30 pensionnaires, qui y seront l’objet des soins les plus assidus, parfaitement appropriés à leur état : les heures de repos leur paraîtront bien courtes, au spectacle toujours changeant de la grande bleue, dont le flot vient se briser, tantôt mourant, tantôt plaintif, sur les rochers de Giens.
Ce sanatorium a ensuite accueilli, à partir de 1920, des enfants rachitiques ou présumés tuberculeux, indigents ou victimes de la guerre (pupilles de la Nation, enfants des régions dévastées, désignés par le ministre des Pensions).
On a trace de courriers de Mademoiselle Lind-af-Hageby dénonçant les corridas dans les arènes de Fréjus.
Bien cordialement.
Eric