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Re: attribution d'une unité

Publié : sam. janv. 17, 2009 10:03 pm
par los
Bonjour à tous
Bonjour Dum

Loin de moi l'idée de polémiquer, malgré que l'étiquette "Bretons = analphabètes" qui me gène un peu, je ne suis pas d'accord avec votre hypothèse.
Je ne pense pas que le fait de mobiliser un finistérien dans un régiment Morbihanais ai pour but de lui apprendre le Français. Ces deux départements étant Bretons. Si vraiment c'était le but, on aurait envoyé les conscrits Bretons à Paris ou autre ville ou il n'y aurait eu aucune langue ou patois régionnal.
D'autre part, je ne crois pas (mais je peux me tromper) que l'armée, à la mobilisation, se soit souciée de "rendre l'influence du clergé moins forte" en dispersant les mobilisés d'un régiment à un autre.

Amicalement [:los:2]
Sophie :hello:

Re: attribution d'une unité

Publié : sam. janv. 17, 2009 10:21 pm
par chanteloube
Bonjour à toutes et à tous,
Il y a, je cite de mémoire, dans Histoire de l'Armée française de Corvisier quelques pages consacrées à ce sujet.
je crois qu'il s'agit du recrutement en Lozére....je me souviens que c'est assez aléatoire sauf que semble-t-il avant la guerre on répartissait dans la région militaire pour répondre à la demande...Mais rien de général sur la France. Pendant la guerre, à mon avis, on allait au plus pressé. Peut-être une exception pour les Chasseurs alpins plutôt choisi dans les régions réputées "rudes"
Pour le reste confirmation de ce qui dit par Guilhem Laurent.
Cordialement
CC

Re: attribution d'une unité

Publié : sam. janv. 17, 2009 11:01 pm
par ALVF
Bonsoir,

La réponse aux questions initiales n'est pas aisée car il faut distinguer deux aspects bien différents des affectations avant et pendant la guerre.

Avant la guerre, le "recrutement" de l'armée de conscription s'effectue sur deux critères essentiels:
-la base de recrutement est territoriale et obéit à la logique du découpage du territoire en 21 Régions Militaires en 1914 (dont une en Algérie-Tunisie, la 19° R.M.)
-les aptitudes physiques mais aussi professionnelles, je ne reviens pas sur les limites des tailles rappelées par Guilhem.Notons toutefois, qu'en dehors des cuirassiers ou "Gros frères", pour reprendre une expression du 1° Empire, les "grandes tailles" de l'époque, supérieures à 1,66 m, servent dans le Génie et l'Artillerie à pied (ces subdivisions d'arme imposent en effet des "manoeuvres de force" plus dures que dans les autres armes, y compris dans l'artillerie de campagne où la taille minimale est fixée à 1,60 m).L'aspect "aptitude professionnelle" se retrouve dans la cavalerie (où le recrutement est très rural) mais aussi dans l'artillerie où l'arme a besoin d'ouvriers et mécaniciens mais aussi de personnels issus des campagnes, l'essentiel de l'artillerie étant hippomobile.

L'hypothèse de la répartition, avant guerre, de la population bretonne dans des unités "de l'intérieur" ne résiste pas à un examen sérieux.Je pense que les spécialistes des régiments bretons verront, qu'avant guerre, il y a bien répartition de la population bretonne au sein de la XI° Région Militaire (Finistère, Morbihan, Loire-Atlantique et Vendée) et de la X° région Militaire (Côtes du Nord, Ille et Vilaine, Manche) mais aucune "politique" délibérée d'envoyer ces populations dans d'autres régions.

Beaucoup plus intéressante est l'étude de la répartition de la population parisienne au sein de 4 Régions militaires différentes (2°, 3°, 4° et 5° R.M.).Les habitants de Paris, de la Seine et de la Seine et Oise servent donc dans des unités de 4 Corps d'Armée différents.On a vu justement dans cette répartition très étalée de la population "parisienne" les conséquences des événements de 1871 et de la commune de Paris.
Tout aussi intéressant est l'examen des unités militaires stationnées à Paris, Seine et Seine et Oise, le lecteur attentif verra que les nombreux régiments de toutes armes stationnés à Paris dépendent de 4 Divisions d'Infanterie et de 2 divisions de cavalerie différentes appartenant à 4 Corps d'Armée différents et je ne compte pas les unités de l'infanterie coloniale dépendant d'une autre hiérarchie et même des unités de Zouaves dépendant de la 19° R.M..Encore plus intéressants sont les régiments parisiens d'infanterie, vous pourrez y compter un nombre considérable de bataillons isolés mais où se trouve le chef de Corps, alors que les autres bataillons sont très loin de la capitale (par exemple Alençon, Rouen, etc...).Il faut voir là la "prudence" du gouvernement Républicain, "échaudé" par le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851.Pour "copier" le futur Napoléon III, auquel il avait suffi d'un Général de Saint-Arnaud et d'un Général Randon pour cumuler toutes les responsabilités militaires, il aurait fallu "trouver" au moins 10 généraux responsables et un nombre considérable de chefs de corps, compte-tenu de l'incroyable dilution des commandements parisiens de 1880 à 1914!

A la déclaration de guerre, tout change et le "recrutement territorial" de l'Armée vole en éclat, je ne connais pas d'étude spécifique de la question mais la lecture de beaucoup d'historiques de régiments de toutes armes montre que la diversité du recrutement est totale, que ce changement est relevé par tous les chefs de corps, avec souvent les "a priori" vis à vis de telle ou telle population régionale, bref le recrutement est devenu vraiment "national".
Un dernier point, pas toujours suffisamment mis en valeur, les engagés volontaires pendant la guerre continuent de choisir leur arme.
Il est certain que beaucoup de jeunes français ont dû se poser la question suivante, surtout en 1917 et 1918, mieux vaut-il partir un an plus tôt et servir dans l'artillerie, la cavalerie ou le génie ou "attendre" son tour et partir le plus vraisemblablement dans l'infanterie?
Cordialement, Guy.

Re: attribution d'une unité

Publié : sam. janv. 17, 2009 11:46 pm
par RIO Jean-Yves
Bonsoir à toutes et à tous.

[:rio jean-yves:3] Guilhem, Arnaud et Guy (avec une mention particulière : c'est clair, net et précis)

Quant à vous, mon cher Dum :jap: , ne vous étonnez pas si je prépare le 75 de campagne :heink: .
Faut pas trop nous chercher quand même.
Rien que pour contredire votre argumentation, les 4 cas de ma famille cités savaient tous lire, écrire (bien et même sacrément bien pour mon GPp !! et heureusement pour moi et pour l'Histoire) et compter. Mais ils n'étaient pas Finistériens (pardon Sophie, je ferai plus :o ), mais Morbihannais :D
Si la Bretagne a été un jour en retard (ce qui reste à démontrer au vue de son Histoire) elle se serait, depuis lors, sacrément rattrapée puisqu'elle est depuis des années, et de loin, la région qui obtient les meilleurs résultats au Bac... dû d'ailleurs en grande partie à la pérénité de l'enseignement privé.
Ni aurait-il pas dans l'emploi des mots "joug et coupe du clergé" un brin d'anticléricalisme primaire ??

Très cordialement quand même .
Jean-Yves [:rio jean-yves] heureux analphabète
qui a bénéficié de 10 ans d'enseignement chez les Jésuites
qui sait qu'en Bretagne on ne parlait pas une langue mais 2 : le Breton (en Basse Bretagne) et le Gallo (en Haute Bretagne) que l'on considère aujourd'hui comme un dialecte (à tort ?)
et ce que bara-gwiner veut dire.
Et toc ! :lol:

Désolé de m'être quelque peu éloigné du sujet, quoique .....

Re: attribution d'une unité

Publié : dim. janv. 18, 2009 12:06 am
par dum
c'est promis, je ne vous offenserai plus...
pardon ....
et milles excuses.
Jean-Yves, ne sors pas le 75 ! !
Amitiés à tous les Bretons et aux autres, sinon ils vont aussi me faire la gu...le
Dominique

Re: attribution d'une unité

Publié : dim. janv. 18, 2009 12:13 am
par RIO Jean-Yves
Dominique :
"Qui aime bien chatie bien" et "Faute avouée est complètement pardonnée" .
Et pour se faire la gu... dans notre tranchée faut vraiment y ailler très très fort, mais généralement le bonhomme coupable finit volatilisé par l'un de nos gentils modérateurs.
Sans rancune j'espère ...

Merci Arnaud pour la carte : Très intéressante même si à l'époque le Morbihan aurait eu 80 pour 100 d'"ignorants" dans les recrues !
Bien cordialement
Jean-Yves

Re: attribution d'une unité

Publié : dim. janv. 18, 2009 7:37 am
par boro
Salut les gars de Bretagne!!(j'espère froisser personne)
purée !!j'ai l'impression d'avoir allumé la mèche!!
merci pour vos explications,je connaissais les critères d'admission pour la cavalerie (taille- poids -cuirassiers-hussards et ) mais pour l'infanterie,les Chasseurs le Génie(là on peut supposer que la profession pouvait entrer en ligne de compte) je n'ai rien trouvé.
Ceci dit,je pense qu'il n'y a pas que les Bretons qui ont "fait" 14-18"
Y aurait-il dans l'aimable assemblée un "allochtone" (!) qui aurait une idée autre?
merci et ..kenavo
boro


Re: attribution d'une unité

Publié : dim. janv. 18, 2009 11:32 am
par Arnaud Carobbi
Bonjour à tous,

Histoire que Jean-Yves n'ait pas sorti son 75 pour rien, je vous livre un document dont vous devriez apprécier les commentaires !!! De toute façon , vu la crève que je traine, je ne devrais même pas le sentir passer le 75 !!! :lol:

Petit complément donc, hélas encore loin de notre période (2e hors sujet). J'ai mis le commentaire de l'auteur (1855 rappelons-le) juste pour le plaisir (sans moquerie, je tiens à le préciser tout de suite) car il est ravageur ! Mais il est plus dur encore pour les départements du centre de la France !!!
Source : Achille Guillard, Eléments de statistique humaine ou démographie comparée, Guillaumin, Paris, 1855.
Disponible sur Gallica.
Précision : la Bretagne fait partie des régions qui ont aussi le moins de ZEP aujourd'hui.

Bonne lecture,
Amicalement,
Arnaud


Progrès intellectuels p. 223
Sur 1000 recrues, nombres d'illettrés :
1827 1844 1851
Finistère 831 692 685
Morbihan 834 594 645
Côtes du Nord 775 660 625
Loire inférieure 725 498 465
Vendée 696 506 403

P. 227,commentaires :
Image

Re: attribution d'une unité

Publié : dim. janv. 18, 2009 11:54 am
par dum
Jean-Yves...
Je te fais remarquer que c'est pas moi qui continue d'argumenter....ha ha
Dois-je remercie Arnaud ?
Bon, ça fait quand même du bien de mettre un peu d'ambiance, de rire et de "faire monter la mayonnaise", non ?
Mais quand même, de 1855 à 1914, crois-tu vraiement que le niveau d'instruction ait tant monté ? ?
Je m'interroge.... (j'ai le droit?..)
à plus et je continue : amitiés à tous
Dominique

Re: attribution d'une unité

Publié : dim. janv. 18, 2009 12:34 pm
par jef52
Bonjour tout le monde,

Je vais essayer de passer entre les obus de 75 pour glisser mon petit mot basé sur des observations personnelles.

-Concernant les affectations :
Mon Go, Haut-Marnais, est à la mobilisation affecté au 52e RIT de Neufchateau régiment pour lequel il était réserviste donc pas de problèmes. Il est par contre affecté le 21/07/1915 au 232e RI de Chatellerault avec 80 hommes du 52e RIT, sans raisons logiques, autre que la proximité sur le terrain à cette date, ou ils sont cantonnés aux mêmes endroits et ou ils travaillent en liaison. Peut-être donc des raisons logistiques??

-Concernant l' alphabétisation :
J' ai fait pas mal de recherches généalogiques en particulier sur la Haute-Marne et là aussi les actes sans signatures ou signés avec une croix, sont extrèmement nombreux dans la période antérieure à 1914. Faut-il en déduire que je suis un "breton de l' est" :heink: ?. Je pense que ce phénomène était généralisé dans toutes les provinces ou bien souvent les enfants n' allaient à l' école q' aux périodes ou il n' y avait pas autre chose à faire dans les exploitations familiales !

Bon j' espère que je n' aurais fâché personne, je vais quand même rejoindre les abris au cas ou y' aurait un artilleur énervé ce matin :lol:
amicalement,
Jef