Bonjour à tous,
I. — Toute l’artillerie divisionnaire (A.D. 30) de la 30e Division d’infanterie, alors commandée par le général Jean Baptiste Edmond Laurent Emmanuel CASTAING, fut rassemblée le 26 janvier 1917 dans la banlieue de Toulouse en vue de son départ vers le front d’Orient. Elle fut alors répartie en quatre groupes distincts. Le quatrième, dit « de 65 de montagne », était constitué de son état-major (Élément n° 239), des 1re et 45e Batteries du 2e Régiment d’artillerie de montagne (Élément n° 240), et de la 48e Batterie du 1er Régiment d’artillerie de montagne (Élément n° 241), unités qui avaient été rattachées à l’A.D. 30 à compter du 22 décembre 1916 ; du 17 janvier au 4 février 1917, ce groupe cantonna à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne).
Le 4e Groupe (Chef d’escadron Louis Alphonse GRÉPINET – commandement pris le 30 décembre 1916) fut alors lui-même subdivisé en deux éléments :
1° – L’Élément A, constitué de :
— L’état-major dudit groupe, soit 4 officiers, 32 hommes, 20 chevaux ou mulets et 2 voitures à deux roues ;
— La 48e Batterie du 1er Régiment d’artillerie de montagne, soit 5 officiers, 222 hommes, 124 chevaux ou mulets, trois voitures à deux roues et une à quatre roues.
Parti de Toulouse le 2 février 1917 à 13 h. 43, cet élément parvint à Toulon le 3 à 15 h. 30.
2° – L’Élément B, constitué de :
— La 1re Batterie du 2e Régiment d’artillerie de montagne, soit 4 officiers, 222 hommes, 124 chevaux ou mulets, trois voitures à deux roues et une à quatre roues.
— La 45e Batterie du 2e Régiment d’artillerie de montagne, soit 5 officiers, 222 hommes, 21 chevaux, 103 mulets, trois voitures à deux roues et une à quatre roues.
Parti par train spécial de la gare Matabiau de Toulouse avec son matériel et ses animaux, le 3 février 1917 à 10 h. 00, cet élément parvint à Toulon le 4 à 9 h. 00, via Béziers et Marseille.
L’Élément A, le personnel de l’Élément B, et 236 animaux embarquèrent le 5 février 1917, à Toulon, sur le paquebot Plata, de la Société générale de transports maritimes à vapeur, de Marseille, qui se trouvait amarré près du quartier de Millau de l’arsenal. Ce bâtiment transporta en outre environ 1.100 t. de matériel, de munitions et d’approvisionnements divers. Ayant appareillé de Toulon le 5, à 16 h. 00, il fit escale le 8, à 8 h. 00, à Bizerte, puis le 12, à 8 h. 00, à l’île de Milo ; il parvint au mouillage de Salonique le 13, à 15 h. 00.
L’Élément B, constitué d’un détachement de 30 hommes, commandés par le sous-lieutenant BEAUCHEF, ainsi que du matériel et du reste des animaux du 4e Groupe, embarqua le 4 février 1917, à Toulon, sur le paquebot Canada, de la Compagnie française de navigation à vapeur (Cyprien Fabre & Cie), de Marseille. Ayant appareillé le 5 à 17 h. 00, ce bâtiment fit escale le 9 à Milo, de 9 h 00 à 15 h. 00 ; il parvint à Salonique le 10, à 17 h. 00.
II. — Le seul bâtiment naufragé de l’armada qui transporta de France à Salonique les éléments constitutifs de la 30e Division d’infanterie fut le cargo mixte Saint-Laurent (Capitaine Jean Victor Marie ARQUÉ), de la Compagnie générale transatlantique, qui était affecté avant guerre au transport depuis la Bretagne des marins terre-neuvas à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Dans le cadre des opérations de transfert des éléments de la 30e Division d’infanterie sur le front d’Orient, le Saint-Laurent avait, quant à lui, été désigné pour assurer le transport de Marseille à Salonique :
— de la 106e Batterie de mortiers de 58 de tranchées du 30e Régiment d’artillerie de campagne (Élément n° 243), commandée par le lieutenant Marie Joseph Louis Henri NŒTINGER, soit 2 officiers, 119 hommes, 61 chevaux ou mulets et 24 voitures ;
— de l’Équipe mobile de réparation (E.M.R.) de l’ A.D. 30 (Élément n° 248), soit 35 hommes, 21 chevaux ou mulets et 5 voitures.
Au total, se trouvaient à bord 381 passagers, dont 246 militaires français et 135 civils grecs. Le navire transportait en outre environ 2.300 tonnes de marchandises diverses, dont 400 tonnes de pétrole et d’essence en caisses, chargées dans le fond de la cale 1, ainsi que des projectiles chargés mais non amorcés, entreposés dans le fond de la cale 5.
Le Saint-Laurent avait appareillé de Marseille le 30 janvier 1917, à 15 h. 00 ; il avait fait escale à Marsamuscetto (Île de Malte) le 3 février, à 11 h. 00. Le 5, vers 7 h. 45, deux violentes explosions, suivie d’un incendie, se produisirent à bord, alors que le navire se trouvait au mouillage en rade. Après évacuation des rescapés, et sur ordre de l’autorité portuaire britannique, il fut éloigné dans la baie de Missida, puis torpillé pour éviter que l’incendie ne gagnasse les cales où se trouvaient chargées les munitions.
Les rescapés prirent passage le 9 février, à 15 h. 00, sur le transport britannique Huntspill, qui les débarqua à Salonique le 12, à 16 h. 00.
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Sources
• Journal des marches et opérations de la 30e Division – Année 1917 : 1er janv. ~ 31 déc. 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 318/5, passim.
• Journal des marches et opérations de l’Artillerie de la 30e Division – 2 août 1914 ~ 28 août 1919 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 320/3, p. 123 (p. num. 66), 127 (p. num. 67) et 128 (p. num. 68).
• Journal des marches et opérations de la 45e Batterie du 2e Régiment d’artillerie de montagne – 1er janvier 1916 ~ 30 septembre 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 1218/2, p. num. 19 et s.
• Archives centrales de la Marine, Service historique de la Défense, Vincennes, Cote MV TTY 784 bis, MV SSE13 746, MV SSya 090 [Cargo mixte Saint-Laurent].