Re: L'avenir de la guerre
Publié : dim. déc. 07, 2008 11:02 am
Bonjour à tous,
Nénou, rassurez-moi, "Au risque de paraître abrupte, que signifie pour la jeunesse d'aujourd'hui les termes suivants : honneur, devoir, patrie, sacrifice de soi...? ", vous ne voulez pas dire que c'est un phénomène récent qui est tombé d'un seul coup sur "la jeunesse". Et pourquoi ne pas le dater ? Depuis 1973 par exemple
...
L'évolution d'une société se fait pas à pas, rarement de manière brusque. Les jeunes sont le fruit de l'éducation qu'on leur donne et de la société de leurs parents.
Il est important de rappeler le traumatisme qu'a été la Première Guerre mondiale dans l'esprit de la majorité de la population; "œuvre" complétée par la Seconde. Comparer les personnes qui vivent aujourd'hui et celles qui vivaient il y a 100 ans est un non-sens.
Le monde a changé, la culture a évolué, et n'en faire qu'un copier-coller n'est qu'un moyen de s'auto-flageller un peu plus sur la perte de pleins de choses. Les temps changent, c'est tout.
"la bombe à hydrogène aura tôt fait de répondre à leurs questions le moment venu, car si nouvelle guerre il doit y avoir, le fantassin n'aura pas un grand rôle à jouer." Au sens de conflit généralisé entre nations, les risques sont moins grands. On voit bien depuis 2001 que la menace est différente et que le fantassin, au contraire, est de nouveau au cœur de la bataille. Par exemple, déjà plus d'1,64 millions de soldats américains ont été déployés en Afghanistan et en Irak (dont 18,6% sont revenus avec un Syndrôme de Stress Post-Traumatique) - sources : Invisible Wounds Of War, 2008. Les Etats-Unis qui peine à trouver assez de volontaires pour s'engager à l'armée alors que la population a une fierté affichée dans son drapeau, son hymne. Je n'ai pas encore entendu que notre armée ait du mal à recruter. Preuve que les choses sont toujours plus complexes que quelques affirmations écrites sur un forum.
Revenons maintenant au sujet tel que Sylvain a voulu l'exprimer : "Attention, mon sujet évoque particulièrement, ce savoir de la guerre au fil des générations et l'intérêt que les jeunes éprouve quand on leur en parle..."
Il s'agit aussi de poser les bonnes questions. J'en ai eu l'expérience dans ma famille. J'ai beaucoup parlé des années 20-30 avec une de mes grands-mères, l'absence de son père mort à la guerre (voir mon avatar). Elevée par ses grands-parents car aussi orpheline de mère, ce n'est que parce qu'un jour j'ai eu l'idée de lui demander ce que racontaient ses grands-parents, qu'on en est venu à discuter de souvenirs transmis sur la guerre de 1870 dans le nord de l'Eure-et-Loir et la présence prussienne (sa grand-mère avait en mémoire l'emplacement d'une batterie de canons et d'avoir été pris par un soldat qui lui avait fait faire du cheval sur son genou, étant petite fille et qui disait que finalement, ils étaient des paysans comme nous) qui permettait de remonter au souvenir diffus de la même présence en 1815 ! Mais rien de bien précis.
Pour la diffusion de la mémoire familiale je me suis mainte fois exprimé dessus, pas plus tard que le 11 novembre dernier, et ne vais pas rendre mon intervention interminable. Si tu veux quelques passages Sylvain, fais-moi signe en MP. Pour résumer : une partie des jeunes ont la curiosité de savoir, encore faut-il leur raconter plutôt que d'attendre qu'ils posent des questions car ce n'est pas forcement quelque chose de naturel. C'est ce que j'ai constaté cette année en demandant à mes 52 élèves de 3e : ils devaient faire leur arbre généalogique sur trois générations seulement (ce qui pose déjà des difficultés importantes pour certains), et poser des questions aux personnes ayant pu vivre la Seconde Guerre mondiale (car je ne suis pas monomaniaque
). 1/3 a obtenu des informations de leur famille (captivité des hommes, difficultés de la vie, rationnement, bombardements locaux, mais presque rien sur les combats de 1940 ou 1944 car ce qui reste c'est le souvenir de la Libération et son soulagement). Une m'a apporté l'interview vidéo réalisée par son frère de leur arrière-grand-père récemment décédé. Le souvenir a été sauvegardé mais in extremis, et en passant sous silence tout le reste : la vie avant et la vie après. Plusieurs parents m'ont dit le plaisir que ce travail a été pour... les grands-parents qui se voyaient interroger sur leur passé, avoir une discussion privilégiée avec l'enfant. Pour Nénou : je demande de faire l'arbre généalogique pour montrer à l'aide leur cas personnel que la société a évolué de manière accélérée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (phénomène déjà bien entamé avant, je suis bien d'accord) et qui dit changement de société, dit changement d'état d'esprit.
Pour finir Sylvain, je comprends ta frustration, as-tu fait une demande au S.A.H.M.A. pour voir s'il existe un dossier médical au nom de cette personne, car si c'était le cas tu ferais un pas de géant.
Bien cordialement à tous,
Arnaud
Nénou, rassurez-moi, "Au risque de paraître abrupte, que signifie pour la jeunesse d'aujourd'hui les termes suivants : honneur, devoir, patrie, sacrifice de soi...? ", vous ne voulez pas dire que c'est un phénomène récent qui est tombé d'un seul coup sur "la jeunesse". Et pourquoi ne pas le dater ? Depuis 1973 par exemple

L'évolution d'une société se fait pas à pas, rarement de manière brusque. Les jeunes sont le fruit de l'éducation qu'on leur donne et de la société de leurs parents.
Il est important de rappeler le traumatisme qu'a été la Première Guerre mondiale dans l'esprit de la majorité de la population; "œuvre" complétée par la Seconde. Comparer les personnes qui vivent aujourd'hui et celles qui vivaient il y a 100 ans est un non-sens.
Le monde a changé, la culture a évolué, et n'en faire qu'un copier-coller n'est qu'un moyen de s'auto-flageller un peu plus sur la perte de pleins de choses. Les temps changent, c'est tout.
"la bombe à hydrogène aura tôt fait de répondre à leurs questions le moment venu, car si nouvelle guerre il doit y avoir, le fantassin n'aura pas un grand rôle à jouer." Au sens de conflit généralisé entre nations, les risques sont moins grands. On voit bien depuis 2001 que la menace est différente et que le fantassin, au contraire, est de nouveau au cœur de la bataille. Par exemple, déjà plus d'1,64 millions de soldats américains ont été déployés en Afghanistan et en Irak (dont 18,6% sont revenus avec un Syndrôme de Stress Post-Traumatique) - sources : Invisible Wounds Of War, 2008. Les Etats-Unis qui peine à trouver assez de volontaires pour s'engager à l'armée alors que la population a une fierté affichée dans son drapeau, son hymne. Je n'ai pas encore entendu que notre armée ait du mal à recruter. Preuve que les choses sont toujours plus complexes que quelques affirmations écrites sur un forum.
Revenons maintenant au sujet tel que Sylvain a voulu l'exprimer : "Attention, mon sujet évoque particulièrement, ce savoir de la guerre au fil des générations et l'intérêt que les jeunes éprouve quand on leur en parle..."
Il s'agit aussi de poser les bonnes questions. J'en ai eu l'expérience dans ma famille. J'ai beaucoup parlé des années 20-30 avec une de mes grands-mères, l'absence de son père mort à la guerre (voir mon avatar). Elevée par ses grands-parents car aussi orpheline de mère, ce n'est que parce qu'un jour j'ai eu l'idée de lui demander ce que racontaient ses grands-parents, qu'on en est venu à discuter de souvenirs transmis sur la guerre de 1870 dans le nord de l'Eure-et-Loir et la présence prussienne (sa grand-mère avait en mémoire l'emplacement d'une batterie de canons et d'avoir été pris par un soldat qui lui avait fait faire du cheval sur son genou, étant petite fille et qui disait que finalement, ils étaient des paysans comme nous) qui permettait de remonter au souvenir diffus de la même présence en 1815 ! Mais rien de bien précis.
Pour la diffusion de la mémoire familiale je me suis mainte fois exprimé dessus, pas plus tard que le 11 novembre dernier, et ne vais pas rendre mon intervention interminable. Si tu veux quelques passages Sylvain, fais-moi signe en MP. Pour résumer : une partie des jeunes ont la curiosité de savoir, encore faut-il leur raconter plutôt que d'attendre qu'ils posent des questions car ce n'est pas forcement quelque chose de naturel. C'est ce que j'ai constaté cette année en demandant à mes 52 élèves de 3e : ils devaient faire leur arbre généalogique sur trois générations seulement (ce qui pose déjà des difficultés importantes pour certains), et poser des questions aux personnes ayant pu vivre la Seconde Guerre mondiale (car je ne suis pas monomaniaque

Pour finir Sylvain, je comprends ta frustration, as-tu fait une demande au S.A.H.M.A. pour voir s'il existe un dossier médical au nom de cette personne, car si c'était le cas tu ferais un pas de géant.
Bien cordialement à tous,
Arnaud