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Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : jeu. déc. 05, 2013 1:11 pm
par GABOLEM
Bonjour,
J'ai commencé la lecture des carnets du sergent fourrier (20ème Corps - 11ème DI - 69ème RI). Pour moi, c'est une excellente lecture compte tenu du fait que mon grand-père et son frère étaient aussi dans le 20ème Corps (39ème DI - 39ème d'Artillerie), ainsi qu'un grand-oncle et un cousin de mon grand-père (153ème RI).
Les dates, les faits décrits, les lieux cités et les noms des combattants sont nombreux et très précis. A l'aide d'une carte, on les suit pas à pas. ("20 août :...Allons, c'est à nous d'être engagés. L'ordre d'attaque est remis au commandant Segond à l'entrée du bois de Bride (sans doute Val-de-Bride). Nous quittons la route et, par un chemin en sous-bois, nous progressons vers la lisière du Haut-de-Koeking (environ 5km à vol d'oiseau) à l'assaut de la cote 343 qui domine le pays de Morhange.") A déplorer toutefois les réflexions de l'auteur (sans doute tirées de la presse de l'époque) sur la responsabilité supposées du 15ème Corps (tout en reconnaissant son "épuisement") dans la retraite précipitée en Lorraine à partir du 20 août 1914.
Sinon tout va bien, je continue.
Cordialement
D. Augustin
Bonjour,
Votre remarque sur les réflexions de l'auteur ne me surprend pas. J'ai eu la même réaction. Je ne suis pas sûr qu'il faille mettre cela sur le compte de la presse de l'époque, mais vous avez peut-être raison. Une ou deux autres fois dans le texte vous trouverez des appréciations du même type sur telle ou telle unité ou personne. Je crois malheureusement que ce genre de réflexion sur la défaillance supposée des autres devait faire partie du vécu du soldat de l'époque. J'y vois en fait une indication du caractère humain avec ses forces et ses faiblesses.
Bonne continuation
Emmanuel
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : jeu. déc. 05, 2013 4:26 pm
par jacques didier
[fixed]La bataille a repris avec le jour, et le gros effort va avoir lieu. Il nous est prescrit de gagner Wuisse, petit village au bord du ruisseau de Bride dont les maisons bordent la route de Sarrebourg.
Allons, c’est à nous d’être engagés. L’ordre d’attaque est remis au commandant Segond à l’entrée du bois de Bride. Nous quittons la route et, par un chemin en sous-bois, nous progressons vers la lisière du Haut-de-Koeking à l’assaut de la cote 343 qui domine le pays de Morhange. [/fixed]
Bonjour à tous,
Sépulture du commandant Segond (1er bataillon du 69e) située derrière l'église de Wuisse dans le petit cimetière communal.
Le Cdt Segond sera grièvement atteint en entraînant deux de ses compagnies à l'assaut de la cote 343 (sud de Lidrezing).
Au soir de la bataille de Morhange - écrit M l'abbé Evrard dans ses "Couarrails devant Morhange" - les restes du Cdt Segond, du capitaine Aubry et du lieutenant Capronyme (26e RI) furent déposés dans la petite église de Wuisse. Les cadavres furent fouillés.
Une somme de 650 francs fut déposée à la maison commune. Trois soldats ayant eu vent de la somme se présentèrent en automobile, abominablement ivres, et réclamèrent l'argent au nom de la Kommandantur de Dieuze. Le greffier hésita, mais dut s'exécuter.
Cordialement.
J. Didier
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : ven. déc. 06, 2013 1:43 pm
par GABOLEM
[fixed]La bataille a repris avec le jour, et le gros effort va avoir lieu. Il nous est prescrit de gagner Wuisse, petit village au bord du ruisseau de Bride dont les maisons bordent la route de Sarrebourg.
Allons, c’est à nous d’être engagés. L’ordre d’attaque est remis au commandant Segond à l’entrée du bois de Bride. Nous quittons la route et, par un chemin en sous-bois, nous progressons vers la lisière du Haut-de-Koeking à l’assaut de la cote 343 qui domine le pays de Morhange. [/fixed]
Bonjour à tous,
Sépulture du commandant Segond (1er bataillon du 69e) située derrière l'église de Wuisse dans le petit cimetière communal.
Le Cdt Segond sera grièvement atteint en entraînant deux de ses compagnies à l'assaut de la cote 343 (sud de Lidrezing).
Au soir de la bataille de Morhange - écrit M l'abbé Evrard dans ses "Couarrails devant Morhange" - les restes du Cdt Segond, du capitaine Aubry et du lieutenant Capronyme (26e RI) furent déposés dans la petite église de Wuisse. Les cadavres furent fouillés.
Une somme de 650 francs fut déposée à la maison commune. Trois soldats ayant eu vent de la somme se présentèrent en automobile, abominablement ivres, et réclamèrent l'argent au nom de la Kommandantur de Dieuze. Le greffier hésita, mais dut s'exécuter.
Cordialement.
J. Didier
mesimages/1193/Wuisse.jpg
Bonjour Jacques Didier,
Voici quelques compléments sur la fin du commandant Charles Segond, d'après les carnets de mon grand-père:
20 août 1914 – jeudi
...
Allons, c’est à nous d’être engagés. L’ordre d’attaque est remis au commandant Segond à l’entrée du bois de Bride. Nous quittons la route et, par un chemin en sous-bois, nous progressons vers la lisière du Haut-de-Koeking à l’assaut de la cote 343 qui domine le pays de Morhange. À notre gauche, le 2ème bataillon a comme objectif immédiat la hauteur de Koeking, à notre droite, le 26ème attaque dans l’axe de la route de Strasbourg. Par un lent et prudent mouvement en tiroir nous avançons dans le bois dont les branches sèches craquent sous nos pas. Sans un mot, les sections tantôt debout, tantôt couchées, le fusil chargé, montent vers les lisières éclatantes de soleil. Brusquement un shrapnel éclate au-dessus de nous et blesse quelques camarades à côté de moi (Beaufrelon, Boisseau). Encore quelques mètres en sous-bois, un rapide déploiement en tirailleurs et, au trot, nous débouchons du bois dans un grand champ d’avoine qui s’étend à perte de vue et qui est éblouissant de lumière. Derrière nous, s’apprêtent à déboucher les 2ème et 3ème compagnies qui formeront la deuxième vague d’assaut.
Mais, à peine étions nous empêtrés dans les hautes avoines qui gênent notre course qu’une fusillade nourrie éclate de toute part. Des rafales de mitrailleuses couchent les avoines et nous forcent à nous jeter à plat ventre. Autour de moi des cris et des plaintes. Je vois des camarades qui se traînent vers les lisières en laissant de longues traînées de sang. Mon attention est bientôt attirée par des balles plongeantes qui viennent nous clouer au sol ; l’ennemi, qui est grimpé dans des arbres du bois, se sert de nous comme des cibles vivantes. Cinq minutes qui me paraissent cinq siècles, et l’on nous fait passer de bouche en bouche l’ordre de nous replier immédiatement dans le bois. La marche rampante commence sous les balles plongeantes ; je peux utiliser un petit caniveau qui dissimule mon corps. Notre section de mitrailleurs, rapidement installée à une corne du bois, flanque et facilite notre mouvement. Impassible, le lieutenant Hartmann qui la commande essaye à la jumelle de découvrir quelque ennemi, la rage au cœur de ne voir personne à qui pouvoir répondre du tac au tac. À peine dans le bois, je suis envoyé aux nouvelles et aux ordres. Je trouve notre commandant de compagnie blessé et le lieutenant étendu qui agonise à côté de lui. Le capitaine commandant la 4ème compagnie (Droit) est tué et est demeuré dans le champ d’avoine. C’est un cycliste du colonel qui transmet oralement un ordre de replis immédiat au capitaine Ducrot qui prend le commandement du bataillon. Il faut quitter les lieux rapidement, et, en fait de blessés, nous ne pouvons emmener que le commandant qui râle étendu sur nos fusils. Le bois est cerné, et la fusillade invisible demeure nourrie.
...
On peut supposer que le commandant qui est emporté par ses soldats est Charles Segond, commandant de la 1ère compagnie. Il décèdera effectivement le jour même.
Bien à vous
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : sam. déc. 07, 2013 9:39 am
par jacques didier
Bonjour Emmanuel et à tous,
les faits décrits pour cette journée du 20 août 1914 sont précis et mettent en évidence la densité de l'attaque dans ce secteur 343 et des difficultés rencontrées par le 1er bataillon du 69e R.I. pour endiguer la progression de la contre-attaque allemande où de nombreux officiers du régiment vont être tués.
La retraite est proche...
Bien cordialement.
J. Didier
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : dim. déc. 08, 2013 11:33 am
par lorrain54
Bonjour a tous,
Les carnets du sergent fourrier, semblent très intéressant, merci Emmanuel de nous les faire découvrir , j'ai moi même le carnet d'un poilu du 26 RI ( Jules Richard ) fait prisonnier en novembre 14 au nord d'Ypres .
Je regrette votre petit accrochage

avec ACHACHE, qui a habituellement toutes les qualités et représente pour moi une référence .
Votre site semble ne plus fonctionner !!
Belle journée , Jean-Louis
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : mar. déc. 10, 2013 1:59 pm
par Dominique Augustin
Bonjour a tous,
Les carnets du sergent fourrier, semblent très intéressant, merci Emmanuel de nous les faire découvrir , j'ai moi même le carnet d'un poilu du 26 RI ( Jules Richard ) fait prisonnier en novembre 14 au nord d'Ypres .
Je regrette votre petit accrochage

avec ACHACHE, qui a habituellement toutes les qualités et représente pour moi une référence .
Votre site semble ne plus fonctionner !!
Belle journée , Jean-Louis
Bonjour,
En effet, je confirme que ces carnets sont très intéressants. Ils fourmillent de détails quant aux lieux, évènements, personnages. Pour qui a un ancêtre ayant combattu au sein du 20ème CA, je pense qu'ils sont
in-con-tour-nables.
"15 novembre 1915 - dimanche : ... Puis, l'on se meten chemin vers Westourtre où le reste du bataillon cantonne depuis deux jours. Une pluie battante nous accompagne. La route n'est qu'un fossé plein d'eau et de boue. On marche sur le bord des champs où l'on s'enfonce jusqu'aux genoux, et les convois automobiles lancés dans ce marécage nous inondent de la tête aux pieds. Beaucoup de soldats sont vêtus de pantalons de velours en loques, de pardessus de civils trouvés dans Saint-Eloi, de casquettes à la place de képis. La barbe est vieille de plusieurs jours, la figure pleine de terre et de crasse. Les hommes se traînent. C'est un exode lamentable sous la pluie diluvienne, dans le gris de cette journée d'automne, à travers ces plaines mornes de la Flandre que domine devant nous la montagne de Kemmel qui s'estompe dans le brouillard sale et jaune."
Pour moi, ces carnets se situent parmis les très bons.
Cordialement.
D. Augustin
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : mer. déc. 11, 2013 4:10 pm
par GABOLEM
Bonjour,
En effet, je confirme que ces carnets sont très intéressants. Ils fourmillent de détails quant aux lieux, évènements, personnages. Pour qui a un ancêtre ayant combattu au sein du 20ème CA, je pense qu'ils sont in-con-tour-nables.
"15 novembre 1915 - dimanche : ... Puis, l'on se meten chemin vers Westourtre où le reste du bataillon cantonne depuis deux jours. Une pluie battante nous accompagne. La route n'est qu'un fossé plein d'eau et de boue. On marche sur le bord des champs où l'on s'enfonce jusqu'aux genoux, et les convois automobiles lancés dans ce marécage nous inondent de la tête aux pieds. Beaucoup de soldats sont vêtus de pantalons de velours en loques, de pardessus de civils trouvés dans Saint-Eloi, de casquettes à la place de képis. La barbe est vieille de plusieurs jours, la figure pleine de terre et de crasse. Les hommes se traînent. C'est un exode lamentable sous la pluie diluvienne, dans le gris de cette journée d'automne, à travers ces plaines mornes de la Flandre que domine devant nous la montagne de Kemmel qui s'estompe dans le brouillard sale et jaune."
Pour moi, ces carnets se situent parmis les très bons.
Cordialement.
D. Augustin
Bonjour D. Augustin,
Je vous remercie pour cette appréciation élogieuse. Je dois vous signaler que la citation que vous avez extraite se réfère à la date du 15 novembre
1914. En novembre 1915, mon grand-père mettait de l'ordre dans ses notes à l'hôpital de Pantin.
Bien à vous
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : jeu. déc. 12, 2013 8:21 pm
par Dominique Augustin
Bonjour D. Augustin,
Je vous remercie pour cette appréciation élogieuse. Je dois vous signaler que la citation que vous avez extraite se réfère à la date du 15 novembre 1914. En novembre 1915, mon grand-père mettait de l'ordre dans ses notes à l'hôpital de Pantin.
Bien à vous
Oups!!! 15 novembre 1914, bien sûr.
D. Augustin
Re: "Les carnets du sergent fourrier" (édition de l'Harmattan
Publié : sam. janv. 04, 2014 6:33 pm
par GABOLEM
Pour ceux qu'intéressent l'ambiance des premiers jours de la Grande Guerre, un extrait gratuit facilement accessible avec Google chrome:
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https://play.google.com/books/reader?id ... pg=GBS.PP1"