Re: Butte des Zouaves-Quennevières
Publié : mar. févr. 02, 2010 11:15 pm
Bonsoir Jérôme, bonsoir à tous,
En fait, ils ont sauté du fait d'une mine souterraine déclenchée par les Allemands pour endiguer définitivement l'attaque française... Cette mine dont parle Charrieux, qui explose en plein coeur de la bataille et dans le tumulte de cette dernière, au milieu des explosions d'obus, des tirs de mitrailleuses, de fusils, des explosions de "minen", de grenades, des hurlements et des cris... n'a pourtant laissé aucune trace dans les archives militaires françaises (ni allemandes à priori)... Pour reprendre un terme à la mode dans le monde judiciaire, je n'ai toutefois pu découvrir à ce jour d'"indices objectifs et concordants" qui valident ce témoignage...
Et pourtant Charrieux n'est pas fou et ne l'a pas inventée... Son témoignage est trop précis, pour qu'il se soit laissé aller à quelques fantaisies... Il ne peut pas non plus s'être trompé : il est sapeur, c'est un professionnel des travaux du Génie, il a été des militaires qui ont construit les souterrains du saillant de Quennevières et de Puisaleine dès l'automne de 1914, à une époque où les commandements français et allemands oscillaient encore entre l'idée d'utiliser ces souterrains (ces sapes "russes", mais pourquoi "russes", je me le demande toujours...) pour lancer des attaques localisées vers les lignes ennemies, ou les exploiter en vue d'une guerre des mines... Comme chacun sait (ou saura désormais...), les Allemands trancheront définitivement la question en janvier 1915...
Fait intéressant : Charrieux confirme bien que les derniers attaquants français, sapeurs et zouaves ayant survécu à la mitraille et aux éclatements d'obus, ont été ensevelis vivants près de l'actuelle Butte des Zouaves par l'explosion de cette mine... Lui-même a été à demi-enseveli avant d'être "cueilli" par les Allemands qui ont contre-attaqué pour reprendre la position investie par les Français... On ne peut être plus clair...
Je fouille toujours pour essayer de trouver d'autres traces de cette explosion, qui, selon moi, pourrait bien être à l'origine de toutes les histoires qui se sont tissées autour "des zouaves enterrés vivants", ainsi que le rappelle le monument de la Butte lui-même... Par ailleurs, "ensevelis vivants" n'a jamais voulu dire qu'ils s'y trouveraient toujours aujourd'hui...
Et si vous avez lu attentivement le livre : vous savez aussi que tous les combattants de ce saillant de Quennevières qui s'y sont trouvés enterrés ne l'ont pas tous été du seul fait des explosions de mines... J'en profite pour dire et répéter ici qu'il faudrait arrêter de ramener ce champ de bataille uniquement à la guerre des mines et à l'offensive Nivelle... Les événéments qui se sont déroulés ici ne sont pas bornés uniquement à ces deux "épisodes" et sont d'une richesse bien plus grande que cela, comme vous n'aurez sûrement pas manqué de le constater au cours de votre lecture...
C'est aussi dans ce sens que j'affirme et que je maintiens que les recherches n'en sont qu'à leur début... Il reste encore fort à faire, et nombre d'archives militaires et civiles à dépouiller (c'est en ce sens que je parle de recherches universitaires : pour avoir été un jour étudiant à l'Université de Picardie, je sais pertinemment qu'il est bien plus facile de travailler sur un sujet, d'inventorier, de collecter et de dépouiller l'ensemble des sources lorsqu'on se consacre à ce travail à plein temps, que lorsque l'on est bénévole d'une association et que l'on travaille sur ce même sujet après les heures de boulot, après la compagne, les enfants, la famille, les courses, les sorties, etc, etc..., dans le peu de laps de temps qui reste libre). Mais peut-être au final, devrons-nous aussi nous contenter de conserver des questions sans réponse sur ce champ de bataille... Après tout, ces zones d'ombre de l'histoire que j'évoque dans le livre font aussi le "piment" et l'intérêt de ces lieux de mémoire...
Enfin, pour répondre à votre dernier point, je crois que nous devons tous nous incliner devant la population et les élus de Tracy-le-Mont, de Carlepont, de Bailly, de Saint-Léger aux Bois qui se sont investis majoritairement pour défendre ce patrimoine naturel, écologique et historique que représente tout l'ancien saillant de Quennevières (y compris les élus et les habitants des autres communes avoisinantes, qui pour ne pas s'engager aussi ouvertement, pour des raisons qui leur sont propres, soutiennent plus ou moins ce combat pour la préservation de cet espace naturel et historique exceptionnel et espérons-le désormais un peu moins méconnu. En tout cas, notre association et les élus nous efforcerons par tous nos moyens de le faire sortir de l'ombre et de lui rendre la place qu'il mérite dans l'histoire de la Grande Guerre). Leur engagement devrait être partout cité comme le plus bel exemple de citoyenneté et de civisme qui soit... Gageons que les magistrats du Tribunal Administratif sauront se montrer aussi sensibles non seulement à la richesse historique et naturelle de ce secteur de l'Oise, qu'à cette levée en masse des habitants et des élus qui ne veulent pas voir disparaître cette terre marquée par l'histoire et abreuvée du sang des soldats français et allemands (et où beaucoup sommeillent encore) sous des montagnes d'immondices...
Amicalement,
Jean-Michel
En fait, ils ont sauté du fait d'une mine souterraine déclenchée par les Allemands pour endiguer définitivement l'attaque française... Cette mine dont parle Charrieux, qui explose en plein coeur de la bataille et dans le tumulte de cette dernière, au milieu des explosions d'obus, des tirs de mitrailleuses, de fusils, des explosions de "minen", de grenades, des hurlements et des cris... n'a pourtant laissé aucune trace dans les archives militaires françaises (ni allemandes à priori)... Pour reprendre un terme à la mode dans le monde judiciaire, je n'ai toutefois pu découvrir à ce jour d'"indices objectifs et concordants" qui valident ce témoignage...
Et pourtant Charrieux n'est pas fou et ne l'a pas inventée... Son témoignage est trop précis, pour qu'il se soit laissé aller à quelques fantaisies... Il ne peut pas non plus s'être trompé : il est sapeur, c'est un professionnel des travaux du Génie, il a été des militaires qui ont construit les souterrains du saillant de Quennevières et de Puisaleine dès l'automne de 1914, à une époque où les commandements français et allemands oscillaient encore entre l'idée d'utiliser ces souterrains (ces sapes "russes", mais pourquoi "russes", je me le demande toujours...) pour lancer des attaques localisées vers les lignes ennemies, ou les exploiter en vue d'une guerre des mines... Comme chacun sait (ou saura désormais...), les Allemands trancheront définitivement la question en janvier 1915...
Fait intéressant : Charrieux confirme bien que les derniers attaquants français, sapeurs et zouaves ayant survécu à la mitraille et aux éclatements d'obus, ont été ensevelis vivants près de l'actuelle Butte des Zouaves par l'explosion de cette mine... Lui-même a été à demi-enseveli avant d'être "cueilli" par les Allemands qui ont contre-attaqué pour reprendre la position investie par les Français... On ne peut être plus clair...
Je fouille toujours pour essayer de trouver d'autres traces de cette explosion, qui, selon moi, pourrait bien être à l'origine de toutes les histoires qui se sont tissées autour "des zouaves enterrés vivants", ainsi que le rappelle le monument de la Butte lui-même... Par ailleurs, "ensevelis vivants" n'a jamais voulu dire qu'ils s'y trouveraient toujours aujourd'hui...
Et si vous avez lu attentivement le livre : vous savez aussi que tous les combattants de ce saillant de Quennevières qui s'y sont trouvés enterrés ne l'ont pas tous été du seul fait des explosions de mines... J'en profite pour dire et répéter ici qu'il faudrait arrêter de ramener ce champ de bataille uniquement à la guerre des mines et à l'offensive Nivelle... Les événéments qui se sont déroulés ici ne sont pas bornés uniquement à ces deux "épisodes" et sont d'une richesse bien plus grande que cela, comme vous n'aurez sûrement pas manqué de le constater au cours de votre lecture...
C'est aussi dans ce sens que j'affirme et que je maintiens que les recherches n'en sont qu'à leur début... Il reste encore fort à faire, et nombre d'archives militaires et civiles à dépouiller (c'est en ce sens que je parle de recherches universitaires : pour avoir été un jour étudiant à l'Université de Picardie, je sais pertinemment qu'il est bien plus facile de travailler sur un sujet, d'inventorier, de collecter et de dépouiller l'ensemble des sources lorsqu'on se consacre à ce travail à plein temps, que lorsque l'on est bénévole d'une association et que l'on travaille sur ce même sujet après les heures de boulot, après la compagne, les enfants, la famille, les courses, les sorties, etc, etc..., dans le peu de laps de temps qui reste libre). Mais peut-être au final, devrons-nous aussi nous contenter de conserver des questions sans réponse sur ce champ de bataille... Après tout, ces zones d'ombre de l'histoire que j'évoque dans le livre font aussi le "piment" et l'intérêt de ces lieux de mémoire...
Enfin, pour répondre à votre dernier point, je crois que nous devons tous nous incliner devant la population et les élus de Tracy-le-Mont, de Carlepont, de Bailly, de Saint-Léger aux Bois qui se sont investis majoritairement pour défendre ce patrimoine naturel, écologique et historique que représente tout l'ancien saillant de Quennevières (y compris les élus et les habitants des autres communes avoisinantes, qui pour ne pas s'engager aussi ouvertement, pour des raisons qui leur sont propres, soutiennent plus ou moins ce combat pour la préservation de cet espace naturel et historique exceptionnel et espérons-le désormais un peu moins méconnu. En tout cas, notre association et les élus nous efforcerons par tous nos moyens de le faire sortir de l'ombre et de lui rendre la place qu'il mérite dans l'histoire de la Grande Guerre). Leur engagement devrait être partout cité comme le plus bel exemple de citoyenneté et de civisme qui soit... Gageons que les magistrats du Tribunal Administratif sauront se montrer aussi sensibles non seulement à la richesse historique et naturelle de ce secteur de l'Oise, qu'à cette levée en masse des habitants et des élus qui ne veulent pas voir disparaître cette terre marquée par l'histoire et abreuvée du sang des soldats français et allemands (et où beaucoup sommeillent encore) sous des montagnes d'immondices...
Amicalement,
Jean-Michel