Re: Le general Baquet et Louis Loucheur.
Publié : mar. oct. 20, 2015 6:22 pm
Bonjour à tous,
Un extrait des "Carnets Secrets" d'Abel Ferry, Conseil des Ministres du 29 juin 1915.
Abel Ferry était alors à la fois, Sous secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères et Lieutenant à l'EM de la 38ème DI .
" L'horrible journée ! J'arrive du front,où le vent de la mer et les souffrances purifient tout; Je trouve la laide et rampante politique. Avant hier la tranchée dans le sable, la tranchée dans le polder : gaîté des zouaves, sans-souci des marins, estime réciproque, vous n'êtes pas ici !
Je trouve au Conseil une situation plus hideuseque que les champs de cadavres pourissants.
Le ministre de la Guerre est en conflit avec la Chambre. Il est détesté du Sénat et mal avec les autres ministres.
Il est à une commission et son siège est vide. Chacun parle et l'accable. Il le mérite et c'est le plus pénible.
Aucune des décisions prises au Conseil n'est exécutée.
Le général B...., directeur de l'Artillerie, par son insuffisance jointe à sa suffisance, s'est acquis une juste impopularité. Il n'a pas fabriqué de munitions. Les canons éclatent. C'est un polytecnicien à système.
Les Commissions de la Chambre et du Sénat soulevées, le Président de la République irrité demandaient sa tête. Millerand le couvait de son mutisme.
Viviani, et ce sera l'un des services de sa carrière, le remplaça par le diligent Albert Thomas.
Millerand bravant l'opinion, décerna la croix au général B... Il avait été entendu au Conseil qu'elle ne lui serait pas remise; Mais hier, solennellement on l'a décoré.
Tout à l'heure Millerand reviendra.
Doucement, Viviani l'interrogera à ce sujet. Il répondra "que c'était une fournée de décorations, que celà s'est toujours fait, que ne pas récompenser B... serait d'ailleurs une injustice".
- Il n'en est pas moins vrai qu'il y a une décision du conseil refusant la croix au général B..., dira Poincaré. A la fin de la guerre, je dois ratifier toutes les croix. Fidèle exécuteur de la Constitution, celle-là, je ne la ratifierai pas."
Cordialement,
alain
Un extrait des "Carnets Secrets" d'Abel Ferry, Conseil des Ministres du 29 juin 1915.
Abel Ferry était alors à la fois, Sous secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères et Lieutenant à l'EM de la 38ème DI .
" L'horrible journée ! J'arrive du front,où le vent de la mer et les souffrances purifient tout; Je trouve la laide et rampante politique. Avant hier la tranchée dans le sable, la tranchée dans le polder : gaîté des zouaves, sans-souci des marins, estime réciproque, vous n'êtes pas ici !
Je trouve au Conseil une situation plus hideuseque que les champs de cadavres pourissants.
Le ministre de la Guerre est en conflit avec la Chambre. Il est détesté du Sénat et mal avec les autres ministres.
Il est à une commission et son siège est vide. Chacun parle et l'accable. Il le mérite et c'est le plus pénible.
Aucune des décisions prises au Conseil n'est exécutée.
Le général B...., directeur de l'Artillerie, par son insuffisance jointe à sa suffisance, s'est acquis une juste impopularité. Il n'a pas fabriqué de munitions. Les canons éclatent. C'est un polytecnicien à système.
Les Commissions de la Chambre et du Sénat soulevées, le Président de la République irrité demandaient sa tête. Millerand le couvait de son mutisme.
Viviani, et ce sera l'un des services de sa carrière, le remplaça par le diligent Albert Thomas.
Millerand bravant l'opinion, décerna la croix au général B... Il avait été entendu au Conseil qu'elle ne lui serait pas remise; Mais hier, solennellement on l'a décoré.
Tout à l'heure Millerand reviendra.
Doucement, Viviani l'interrogera à ce sujet. Il répondra "que c'était une fournée de décorations, que celà s'est toujours fait, que ne pas récompenser B... serait d'ailleurs une injustice".
- Il n'en est pas moins vrai qu'il y a une décision du conseil refusant la croix au général B..., dira Poincaré. A la fin de la guerre, je dois ratifier toutes les croix. Fidèle exécuteur de la Constitution, celle-là, je ne la ratifierai pas."
Cordialement,
alain