Re: + fort que Guynemer
Publié : jeu. févr. 25, 2010 11:14 am
C'est rigolo, l'histoire de cette statue.
Que vient faire la statue du général Stéfanik dans le village de Paulhan ? Même l'association de jumelage local semble ne pas en connaître la raison...
Le 18 novembre 1915, l'escadrille MF 99 S suit la retraite de l'armée serbe (le pays est envahi par les allemands, autrichiens et bulgares) et stationne, sous la neige, dans la ville de Prizren dans l'actuel Kossovo. Il reste 6 Maurice Farman MF 11 et tout le personnel s'apprête à traverser à pied les montagnes albanaises enneigées pour gagner Scutari (Shköder), ville albanaise occupée par l'armée monténégrine. Le commandant Vitrat organise la colonne et fait acheter le maximum de provisions dans la ville grouillant de soldats serbes en déroute. Les avions partiront avant les hommes et emmèneront les plus éclopés...
Un des pilotes est cependant très malade : le Lt Stéfanik, qui a rejoint la MF 99 S en septembre 1915 et qui dût faire un long voyage à pied lors de la retraite de Kruševac à Mitrovica- il souffrait déjà de problèmes digestifs que sa longue marche forcée n'a rien arrangée. Trop malade pour marcher, il doit être évacué d'urgence vers un hôpital digne de ce nom. On le met dans un Farman avec aux commandes le meilleur pilote de l'escadrille, le capitaine Louis PAULHAN (originaire de Pézenas...), aviateur réputé d'avant guerre et pionnier de l'aviation (brevet civil n°10).
Je vous peins le tableau : voler sur un Farman fatigué au dessus de montagnes enneigées par temps exécrables relève de l'exploit et fait penser aux "Ailes du courage" si vous avez vu le film. Le Farman part le 18 novembre 1915 vers la ville de Valona (Vlorë) occupée par les italiens.
Emmenant une mauvaise carte de l’Albanie encore mal cartographiée en ce début du siècle, le Farman fatigué décolle péniblement dans le mauvais temps et s’enfonce dans la vallée du Drin, où il est ballotté par de puissants courants d’air qui menacent de le plaquer contre les parois rocheuses. On imagine l’angoisse des deux aviateurs perdus dans une purée de pois… Štefánik témoigne : « Pendant quinze minutes, nous ne vîmes plus rien ; or nous savions que certaines montagnes que nous devions traverser avaient une altitude de 1 500 mètres et notre altimètre, à ce moment, indiquait 1 200 mètres. Nous risquions donc de venir nous briser contre les rochers nus des montagnes albanaises. Paulhan donna de la pédale, nous montâmes lentement, lentement… Tout à coup, les nuages se déchirèrent et nous nous trouvâmes entre deux pics, les ailes de l’avion à trente mètres à peine des arbres du versant. Nous avions bien risqué de les accrocher et d’aller nous abîmer sur les rochers. Dès que nous arrivâmes près d’Alessio, le panorama fut merveilleux et d’un pittoresque grandiose. Soudain, nous aperçûmes l’Adriatique. Nous étions sauvés, car nous avions la possibilité d’atterrir sur le rivage en cas de nécessité. Enfin, trois heures dix minutes après notre départ de Prizren, nous touchions le sol à Valona, où les officiers italiens nous firent fête. L’Amirauté, avertie de l’arrivée de deux aviateurs français, dont l’un gravement malade, envoya un contre-torpilleur de grande vitesse qui, en quatre heures, nous conduisit à Brindisi. »
Voir le site d'Albin Denis pour l'histoire de l'escadrille MF 99 S :
http://albindenis.free.fr/Site_escadril ... lle525.htm
Ainsi, Milan Stéfanik est associé à Louis Paulhan... Mais pas au village de Paulhan, car l'aviateur homonyme était originaire de Pézenas. Vous me direz, c'est dans l'Héraut aussi, pas loin, à 10 bornes au Sud.
DTB
Que vient faire la statue du général Stéfanik dans le village de Paulhan ? Même l'association de jumelage local semble ne pas en connaître la raison...
Le 18 novembre 1915, l'escadrille MF 99 S suit la retraite de l'armée serbe (le pays est envahi par les allemands, autrichiens et bulgares) et stationne, sous la neige, dans la ville de Prizren dans l'actuel Kossovo. Il reste 6 Maurice Farman MF 11 et tout le personnel s'apprête à traverser à pied les montagnes albanaises enneigées pour gagner Scutari (Shköder), ville albanaise occupée par l'armée monténégrine. Le commandant Vitrat organise la colonne et fait acheter le maximum de provisions dans la ville grouillant de soldats serbes en déroute. Les avions partiront avant les hommes et emmèneront les plus éclopés...
Un des pilotes est cependant très malade : le Lt Stéfanik, qui a rejoint la MF 99 S en septembre 1915 et qui dût faire un long voyage à pied lors de la retraite de Kruševac à Mitrovica- il souffrait déjà de problèmes digestifs que sa longue marche forcée n'a rien arrangée. Trop malade pour marcher, il doit être évacué d'urgence vers un hôpital digne de ce nom. On le met dans un Farman avec aux commandes le meilleur pilote de l'escadrille, le capitaine Louis PAULHAN (originaire de Pézenas...), aviateur réputé d'avant guerre et pionnier de l'aviation (brevet civil n°10).
Je vous peins le tableau : voler sur un Farman fatigué au dessus de montagnes enneigées par temps exécrables relève de l'exploit et fait penser aux "Ailes du courage" si vous avez vu le film. Le Farman part le 18 novembre 1915 vers la ville de Valona (Vlorë) occupée par les italiens.
Emmenant une mauvaise carte de l’Albanie encore mal cartographiée en ce début du siècle, le Farman fatigué décolle péniblement dans le mauvais temps et s’enfonce dans la vallée du Drin, où il est ballotté par de puissants courants d’air qui menacent de le plaquer contre les parois rocheuses. On imagine l’angoisse des deux aviateurs perdus dans une purée de pois… Štefánik témoigne : « Pendant quinze minutes, nous ne vîmes plus rien ; or nous savions que certaines montagnes que nous devions traverser avaient une altitude de 1 500 mètres et notre altimètre, à ce moment, indiquait 1 200 mètres. Nous risquions donc de venir nous briser contre les rochers nus des montagnes albanaises. Paulhan donna de la pédale, nous montâmes lentement, lentement… Tout à coup, les nuages se déchirèrent et nous nous trouvâmes entre deux pics, les ailes de l’avion à trente mètres à peine des arbres du versant. Nous avions bien risqué de les accrocher et d’aller nous abîmer sur les rochers. Dès que nous arrivâmes près d’Alessio, le panorama fut merveilleux et d’un pittoresque grandiose. Soudain, nous aperçûmes l’Adriatique. Nous étions sauvés, car nous avions la possibilité d’atterrir sur le rivage en cas de nécessité. Enfin, trois heures dix minutes après notre départ de Prizren, nous touchions le sol à Valona, où les officiers italiens nous firent fête. L’Amirauté, avertie de l’arrivée de deux aviateurs français, dont l’un gravement malade, envoya un contre-torpilleur de grande vitesse qui, en quatre heures, nous conduisit à Brindisi. »
Voir le site d'Albin Denis pour l'histoire de l'escadrille MF 99 S :
http://albindenis.free.fr/Site_escadril ... lle525.htm
Ainsi, Milan Stéfanik est associé à Louis Paulhan... Mais pas au village de Paulhan, car l'aviateur homonyme était originaire de Pézenas. Vous me direz, c'est dans l'Héraut aussi, pas loin, à 10 bornes au Sud.
DTB