Bonjour à tous,
ASTER
1923 tonnes. Compagnie Paquet Marseille.
Aster en transport de troupes sous les couleurs de la Cie Paquet. Source : La SGTM d’Alain Croce Editions MDV (Un ouvrage remarquable)
Armement : un canon de 75 terre sur affut marine
- GALL Charles Lieutenant Officier de tir
- RICARD Bertrand QM canonnier Martigues 1889
- ESTRAU Henri Canonnier breveté 45016-5
- REGNIER Louis Canonnier breveté 37287-1
41 hommes d’équipage
Rencontre avec un sous-marin le 9 Juin 1917. Rapport du capitaine GIULIANI
Quitté Marseille pour Dakar le 8 Juin à 03h00 avec 581 passagers militaires (tirailleurs sénégalais évacués).Traversée sans incident jusqu’au 9 Juin à 18h00.
A 3,5 milles au Nord du cap Tortosa, j’ai vu sur l’arrière du travers tribord à environ 1000 m un sous-marin qui faisait surface. Beau temps. Mer calme. Bonne visibilité. Grand nombre de pêcheurs en vue. Mis la barre à gauche toute et la machine à l’allure maximum. Appelé aux postes de combat et pris toutes les dispositions préliminaires au sauvetage. Envoyé les signaux de détresse par TSF.
Le sous-marin ouvre le feu avec ses deux pièces sans hisser ses couleurs, ni faire aucun signal. Présenté l’arrière pour avoir le champ de tir dégagé. Dès le premier coup, donné l’ordre d’ouvrir le feu ce qui a été fait promptement et de façon précise. Le 4e coup du sous-marin nous a atteints à l’arrière faisant un trou dans la coque et éclatant dans le spardeck n° 4 où se trouvaient les tirailleurs.
Après ce coup, le sous-marin n’a plus tiré qu’avec une seule pièce, ce qui confirme que sa pièce avant avait été avariée par un de nos projectiles dont nous avions remarqué l’explosion sur son avant. Il a tiré encore deux coups avec sa pièce arrière, puis a plongé subitement. Quand il s’est enfoncé, les canonniers qui étaient à la pièce se sont trouvés dans l’eau et ont tiré leur dernier coup qui fut très mal pointé et très court. Puis le sous-marin a disparu totalement.
Vu l’encadrement de notre tir dès le début et l’explosion de nos projectiles à proximité et sur le sous-marin il y a lieu de croire qu’il a été sérieusement atteint. De l’avis de certains, il a peut-être été coulé.
En 5 minutes, le sous-marin a tiré 7 coups et nous 10.
Le combat terminé, j’ai fait route pour nous rapprocher de terre le plus possible tandis que mes officiers et le docteur soignaient les blessés. Nous avons constaté la mort d’un tirailleur sénégalais, tué par un éclat d’obus. Neuf tirailleurs avaient été blessés, dont deux assez grièvement.
Il y avait un trou de 50 cm de diamètre à 5 m au dessus de la flottaison qui ne nous gênait pas pour continuer notre route.
Reste du voyage sans incident. Arrivé à Gibraltar le 12 Juin à 07h30.
Je tiens à rendre hommage à mon équipage et aux passagers qui se sont conduits d’une façon exemplaire. L’ordre et la discipline ont régné à bord et tous les ordres ont été exécutés avec la plus grande précision et le plus grand calme. Je signale tout particulièrement l’excellente attitude du mousse Louis PASCO.
Les canonniers ont fait preuve pendant ce combat des plus belles qualités d’adresse et de sang froid.
A l’arrivée à Gibraltar, je me suis mis en relation avec Monsieur le Commandant du LAVOISIER.
Description du sous-marin
80 à 90 m de longueur
Blockhaus haut de 1,80 m avec un panneau sur l’avant et un panneau sur l’arrière
Pont plat. Avant non surélevé
2 canons de 100 ou 105, un sur l’avant du kiosque et un sur l’arrière
2 gardes soutenues par un mâtereau sur l’avant du canon et fixées sur la coque à peu de distance de l’avant. Même dispositif sur l’arrière
Couleur gris foncé
Vu deux hommes à chaque pièce, qui ont gagné leurs pièces en sortant de la partie supérieure du kiosque et qui avaient de l’eau jusqu’aux genoux pour les rejoindre. Ils portaient des bottes.
Le sous-marin était stoppé et est sorti brusquement de l’eau. Il a ouvert le feu 50 secondes après avoir émergé.
Voici sa silhouette
Conclusions de l’officier enquêteur, l’EV Gabriel CHARDENOT
Les témoins pensent que les deux canonniers de la pièce arrière du sous-marin ont été abandonnés par leur bateau…
Il y a très peu de chance pour que le sous-marin ait été coulé. Le mazout trouvé le 10 Juin à 5 milles dans le SE de Tortosa n’a qu’un rapport assez lointain avec l’incident de l’ASTER. Il peut provenir d’une chasse volontaire.
De plus, le 10 Juin à 09h00 le vapeur norvégien GRATADA a été coulé dans les mêmes parages et d’après les renseignements fournis par l’Amirauté britannique, il semble qu’il n’y ait eu qu’un seul sous-marin dans cette région. Il n’en reste pas moins que l’ASTER s’est vaillamment défendu et s’est tiré avec honneur d’une lutte avec un ennemi beaucoup mieux armé que lui.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 64 du Kptlt Robert MORATH.
U 64 a bien coulé un vapeur norvégien à 6 milles du cap Tortosa. Mais c’était le même jour, 9 Juin 1917, et le nom de ce vapeur était GRATANGEN. Il allait de Newcastle à La Spezia avec du charbon.
Il a sans doute été coulé après la rencontre - très probablement à 21h00- entre U 64 et ASTER, ce qui justifie l’argument de l’officier enquêteur.
Robert Morath (décédé le 26 Août 1956 à Hambourg), recevra la Croix pour le Mérite le 12 Novembre 1917, remise par le Kaiser lui-même.
Récompenses
Citation à l’Ordre de l’Armée
GIULIANI François Capitaine au Long Cours Commandant Bastia 3051
Attaqué par un sous-marin ennemi, a manœuvré avec décision et bravoure et pris toutes les mesures propres à assurer la défense de son bâtiment. Par l’habileté de sa manœuvre et la précision de son tir a contraint l’ennemi à abandonner le combat.
Citation à l’Ordre de la Division
GALL Charles Capitaine au Long Cours Lieutenant Marseille 907
Officier de tir sur un bâtiment de commerce, a su par les dispositions prises régler le tir de sa pièce dans le minimum de temps et obliger l’ennemi à abandonner le combat.
CHALOIGNARD Gabriel Second mécanicien Marseille 1759
De quart dans la machine lors de l’attaque de son bâtiment par un sous-marin ennemi, a contribué par son sang froid à l’exacte exécution des ordres reçus de la passerelle.
RICARD Bertrand QM canonnier réserviste Martigues 1889
Chef de pièce à bord d’un bâtiment de commerce a forcé, par la précision de son tir, un sous-marin ennemi à plonger précipitamment et à abandonner le combat.
Citation à l’Ordre du Régiment
LABEU Julien Maître d’équipage Marseille 1509
PASCO Louis Mousse Marseille 27882
Belle attitude au feu pendant l’attaque de leur bâtiment par un sous-marin ennemi.
Témoignage de satisfaction
Etat Major et équipage de l’ASTER
Pour le calme et le sang froid montré par tous lors de l’attaque de leur bâtiment par un sous-marin ennemi qui a du abandonner le combat.
Cdlt