Bonjour à tous,
Pour compléter mon post de Juin 2009, voici deux notes concernant le rapatriement des prisonniers de Turquie.
Rapatriement prisonniers
Rapport du Capitaine de Corvette FOILLARD. 14 Décembre 1918. Smyrne
(Nota : le Capitaine de Corvette Foillard, commandant l'escadrille de dragage de Smyrne, trouvera la mort dans le naufrage du CAUDAN 4 jours plus tard)
J’ai laissé la direction du dragage à l’EV 1 Commandant le CAUDAN pour recevoir nos prisonniers arrivant par le chemin de fer de Kura Hissar, lieu de leur détention, et terminus de la ligne française Smyrne – Cassaba et prolongement.
Avant leur arrivée, j’ai rendu visite à Monseigneur l’Archevêque de Smyrne au cours de laquelle je lui ai exposé la nécessité de rendre à nos religieux et religieuses français le prestige et l’influence légitime dont ils jouissaient avant la guerre.
Nos prisonniers sont arrivés le 12 à 11h30 en gare et je les ai reçu entouré du LV Rollin, du Commissaire de 1ère classe Lemaresquier, de l’abbé Jean Noël Mussolu, sujet ottoman aumônier de nos prisonniers et ayant partagé leur captivité, condition qui lui fut demandée par les Turcs et qu’il avait acceptée pour remplir sa mission.
Nos officiers et hommes sont unanimes à reconnaître son dévouement et sa charité. Plusieurs membres de la colonie française se trouvaient là également. L’émotion de ce retour après la victoire de nos armes était poignante. Nos hommes se sont rendus, pavillon français en tête, dans un ordre parfait et avec une allure martiale qui a frappé tout le monde à l’hôpital français de Smyrne que j’avais fait évacuer par les Turcs.
Nos sœurs françaises de charité les y attendaient et ont installé pour chaque homme lit et matelas propre. Ils font leur cuisine avec les vivres que j’ai obtenus de l’intendance turque. Le vin fait défaut et j’en prends à Port Iero tant que vous m’autoriserez à faire cette dépense.
Les officiers prisonniers ont pris place dans des voitures qui les ont conduits chez Monsieur Guiffray qui en héberge 4. Les 5 autres sont reçus par les amis de Monsieur Guiffray.
Après avoir rendu visite aux sœurs de notre hôpital, je suis allé voir le nouveau Vali auquel j’ai demandé la destitution d’un gendarme qui avait arraché un drapeau français de la main d’un enfant dans un village voisin de Smyrne l’avait jeté brutalement à terre et l’avait foulé aux pieds. J’ai aussi demandé de faire cesser la publication dans le journal grec KOSMOS des articles très violents de Mr Laskaris contre les catholiques du Levant.
Rendu visite au colonel Fethi Bey, très francophile et chargé des prisonniers. Il s’est mis entièrement à ma disposition pour assurer le bien-être de nos hommes en attendant leur rapatriement.
Je vous confirme le télégramme envoyé aujourd’hui touchant le nombre de prisonniers actuellement à Smyrne :
- 9 officiers de marine
- 3 officiers de l’armée
- 60 soldats de marine
D’après les renseignements fournis par l’abbé Mussolu, il y aurait encore 7 ou 8 soldats à Konia et 60 soldats à Bilenedik, région d’Adana. 5 prisonniers italiens internés à Kura Hissar avec les nôtres et se sont montrés bons camarades. Je leur ai dit un mot de sympathie et leur ai promis qu’ils seraient rapatriés avec les nôtres. Ils sont logés à l’hôpital français.
J’ai reçu une délégation de Français qui sont venus m’exposer la situation des Français rapatriables concentrés à Smyrne. Ils sont 791 et les plus malheureux, venus de l’intérieur de la Turquie sans ressources, sont 295.
Nos prisonniers et les rapatriables pourraient être conduits par les dragueurs à Fougès où ils seraient embarqués sur un grand bâtiment.
Voici la liste des prisonniers arrivés à Smyrne :
- Capitaine de Corvette FABRE, Commandant du MARIOTTE
- Lieutenant de Vaisseau MASSON (MARIOTTE)
- Enseigne de Vaisseau BOSSY (MARIOTTE)
- Enseigne de Vaisseau GUERIN (TURQUOISE)
- Lieutenant de Vaisseau ROLLIN Commandant PARIS II
- Lieutenant de Vaisseau DE SAIZIEUX Aviateur
- Capitaine RICKEL (Infanterie coloniale)
- Sous-lieutenant OTTERY (Infanterie coloniale
- Lieutenant LEFORT (Génie)
MARIOTTE : 12 gradés et marins
TURQUOISE : 7 gradés et marins
SAPHIR : 1 gradé
DUPLEIX : 5 gradés et marins
PARIS II : 10 gradés et marins
ALEXANDRA : 11 gradés et marins
14 soldats français et 5 soldats italiens
Note du Capitaine de Frégate BRION, commandant DU CHAYLA. 15 Décembre 1918
Les autorités françaises ont demandé aux autorités turques la concentration des prisonniers de guerre français à Smyrne. Ceux-ci sont arrivés nombreux et vont séjourner de nombreux mois ici aux frais de l’Etat qui, versant des allocations insuffisantes, oblige les Français à vivre en grande partie de leurs économies ou de la vente de leurs meubles ou effets personnels. Inscrit pour le rapatriement, ils ont vendu tout ce qu’ils possédaient et n’ont plus de foyer. La mesure prise aujourd’hui, suite à l’armistice, de les renvoyer dans leurs foyers est inapplicable.
Le comité demande le départ d’urgence des Algériens qui reçoivent ici des subsides importants. Ces subsides cesseront à leur arrivée en Algérie.
Des places ont été mises à disposition par le commandant anglais du paquebot EMPIRE pour embarquer des Français à destination d’Alexandrie où les départs pour Marseille sont plus fréquents.
Voici le paquebot britannique EMPIRE
Il reste encore environ 200 Algériens. Quelques Français seront embarqués sur DU CHAYLA, tous agents du chemin de fer Beyrouth- Damas.
Cdlt