Bonjour à tous,
L’engagement avec le sous-marin allemand UC-71,
survenu le 3 août 1917 au large de Noirmoutier.
• Arraisonneur-dragueur Le Crozon ― alors commandé par l’enseigne de vaisseau de réserve Marcel Courtecuisse ― Journal de bord n° - / 1917 ― 7 avr. ~ 27 juill. 1917 ― : Service historique de la Défense, Cote SS Y 321, p. num. 122.
« Service du Samedi 4 août 1917.
0 h. 20. ― Appareillé ; fait route pour la Baie des Bœufs.
3 h. 20 ― Patrouilleur Bouvreuil rentre au port ayant des naufragés à son bord.
6 h. 00 ― Parlé au vapeur (corsaire), ou bateau-piège, U.O.Y.J. mouillé à ¼ de mille Nord bouée des Bœufs à côté du vapeur coulé.
6 h. 05 ― Parlé au vapeur français Afrique torpillé à la bouée des Bœufs ayant sa cale avant pleine d’eau et mouillé sur les Bœufs ; la moitié de son équipage a abandonné le bateau.
6 h. 10 ― Aperçu un homme à la mer sur une épave ; débarqué la baleinière aussitôt pour aller le sauver. Le canot du remorqueur La Victoire arrive sur le naufragé avant nous et l’embarque.
6 h. 20 ― Le remorqueur La Victoire vient nous parler et nous dit que, d’après le naufragé sauvé, il y a encore des naufragés dans le vent des épaves.
6 h. 20 à 10 h. 00 ― Manœuvré en conséquence dans toutes les épaves ; nous ne trouvons aucun naufragé. Sauvé un canot et quatre bouées de sauvetage.
10 h. 10 ― Le Torpilleur 303 vient nous parler. Nous faisons route sur le bateau torpillé Afrique ; resté toute la journée à le convoyer.
11 h. 15 ― Le remorqueur La Victoire et le patrouilleur Kerdonis prennent la remorque de l’Afrique et font route sur Saint-Nazaire.
14 h. 00 ― Le bateau corsaire Sénégambie vient nous parler et nous prie de lui prendre sa remorque pour l’envoyer à l’Afrique ; manœuvré trois fois pour le faire, mais les remorqueurs Commerce et Nord ar-rivent et le prennent à la remorque.
15 h. 30 ― Arrivé en rade des Charpentiers ; l’Afrique mouille.
15 h. 35 ― Envoyé le canot sauvé avec deux hommes dedans chercher une corvée à bord du Sénégambie pour l’envoyer à bord de l’Afrique.
15 h. 50 ― Le canot est de retour ; le Sénégambie n’ayant plus besoin de nous fait route pour l’Aiguillon.
16 h. 15 ― Le Fort de l’Ève nous attaque à bras et nous signale de retourner convoyer Afrique jusqu’à son entrée au port.
17 h. 00 ― Arrivé à côté de l’Afrique, convoyé ce dernier jusqu’à son entrée au port.
18 h. 00 ― Fait route pour la vielle entrée.
18 h. 20 ― Rentré par la vielle entrée ; accosté et amarré à l’Estacade à l’escalier. »
• Torpilleur 303, Journal de bord ― 2 mai ~ 7 août 1917 ― : Service historique de la Défense, Cote SS Y 533, p. num. 453.
« Le 4 août 1917 ― De Noirmoutier à la mer.
JOURNAL DE NAVIGATION
Temps couvert et grains ; bonne brise de S.-O. ; mer grosse. Appareillé à 6 h. 30 ; fait le chenal de la Grise ; rencontré le vapeur Afrique mouillé en avarie à ½ mille au N.-E. de la bouée des Bœufs. Le remor-queur Victoire le prend en remorque. Fait le convoyeur jusqu’à 10 h. 30. Fait route au S.10 O. par le travers de l’Île d’Yeu, route à l’Ouest.
13 h. 45 ― La mer grossissant, fait route sur la bouée des Bœufs ; passé à l’Est du grand chenal de Saint-Nazaire ; passé le grand sas et amarré au bassin de Penhouët à 16 h. 50. [...]
P.M. ― Bâtiments se trouvant en surveillance sur l’Afrique : Audacieuse ; Crozon ; Kerdonis ; Bouvreuil ; 303 ; Victoire, remorqueur. [...] »
• Rapport de mer du capitaine Le Rolland, commandant la Sénégambie (6 août 1917).
« L’an mil neuf cent dix-sept, le six août, devant Nous, Président du Tribunal de commerce de Nantes, assisté de M. E. Ouvrard, commis greffier, a comparu le sieur Le Rolland, capitaine du vapeur Sénégambie, qui nous a déclaré :
Le navire en parfait état de navigabilité, je suis parti de Bordeaux le 3 août 1917 à 5 h. 00 avec des marchandises à destination de Nantes et le Maroc, le chargement soigneusement arrimé et conformément aux règlements. En descendant la Gironde, la chaîne bâbord de la drosse de gouvernail casse ; mouillé et réparé l’avarie sans autre accident. Arrivé au Verdon à 10 h. 30, mouillé, débarqué le pilote, reçu les ins-tructions de départ du navire arraisonneur, appareillé du Verdon à 14 h. 30 ; effectué un tir d’exercice à la sortie et fait route. La brise fraîchit du N.-O., la mer houleuse, temps à grains occasionnant au navire d’assez fort coups de roulis et tangage. Le 4, à 14 h. 00, rencontré à l’entrée de la Loire le vapeur Afrique de Dunkerque en avaries après torpillage. Ce vapeur entrait en Loire à l’aide d’un patrouilleur qui le remorquait. L’Afrique était abandonné d’une partie de son équipage ; envoyé à bord un quart chauffeur avec un mécanicien et quelques marins pour l’aider à rentrer à Saint-Nazaire. Continué ma route après l’arrivée du remorqueur de Saint-Nazaire. Arrivé sur rade de Saint-Nazaire à 17 h. 00 sans incident, été arraisonné et reçu la libre pratique. Continué sur Nantes où je suis arrivé le même jour à 20 h. 00 En raison du roulis et du tangage éprouvés pendant la traversée, bien que les pompes aient été tenue franches, je fais toutes réserves en cas d’avaries dans le chargement provenant de fortune de mer.
Ont aussi comparu les sieurs Lemercier et Richard faisant partie de l’équipage, lesquels ont juré et affirmé que le présent est sincère et véritable et le capitaine a signé avec les comparants. [Suivent les signatures]
En conséquence, nous avons reçu le présent sous notre seing et celui du greffier après lecture. »
Signé : E. Ouvrard et E. Bégarie.
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• Archives départementales de Loire-Atlantique ― Rapports de navigation des capitaines au long-cours et au cabotage enregistrés par le Tribunal de commerce de Nantes ― 16 janv. 1916 ~ 16 déc. 1919, Cote 21 U 77, p. num. 149.