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LE GARD ― Cargo ― Compagnie générale transatlantique (1890∽1918).

Publié : mer. juil. 11, 2012 7:59 pm
par Rutilius
Bonsoir à tous,

Passager militaire disparu le 26 mai 1918 avec le cargo Le Gard

■ 3e Régiment de marche de tirailleurs algériens.

― AÏTALOUCHE Mohammed ben Akli ben Ali, présumé né en 1889 au douar-commune Dra-Larba (Tribu des Ouled Abd-el-Djebar, Département de Constantine, Algérie). Caporal, matricule n° 175 H.O. au corps, classe, n° et lieu de recrutement inconnus (Jug. Trib. civ. 1re inst. Marseille, 11 févr. 1920, transcrit le 13 févr. 1920 à Marseille).

LE GARD ― Cargo ― Compagnie générale transatlantique (1890∽1918).

Publié : ven. mars 08, 2013 12:24 am
par Rutilius
Bonsoir à tous,


Distinctions honorifiques consécutives à l'engagement du cargo Le Gard
avec un sous-marin, survenu le 5 mai 1917



Journal officiel, 23 mai 1917, p. 4.096.

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Publié : dim. mai 05, 2013 11:30 pm
par Rutilius
oOo

LE GARD ― Cargo ― Compagnie générale transatlantique (1890∽1918).

Publié : mar. mars 25, 2014 1:02 pm
par Rutilius
Bonjour à tous,


Distinctions honorifiques consécutives
au torpillage du cargo Le Gard, survenu le 26 mai 1918



Journal officiel du 31 août 1918, p. 7.676.

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Récompenses consécutives
au torpillage du cargo Le Gard, survenu le 26 mai 1918



Société centrale de sauvetage des naufragés ― Annales du sauvetage maritime, 1er et 2e trim. 1919 : Bâtonnier Busson-Billaut et commandant de Larosière, « Rapport sur les récompenses attribuées aux sau-veteurs de la mer », p. 38 à 40.

« TORPILLAGE DU VAPEUR GARD (26 mai 1918)

Médaille d'or au capitaine au long-cours RAYNAUD DE TRETS [Lire : Reynaud de Trets], commandant.

A montré le plus grand calme et sang-froid après le torpillage. A dirigé avec succès l'évacuation de son bâtiment et n'a quitté le bord qu'après s'être assuré que toute personne vivante était embarquée.

Prix de 1.300 francs à répartir entre :

200 francs à M. HEURTEL, capitaine au long cours, second.

A montré la plus grande énergie dans la mise à l'eau des engins de sauvetage ; a eu toujours son personnel en mains, et, grâce à lui, tout s'est opéré comme à la manœuvre.

200 francs à M. RÉGIS (Louis), matelot commercial du Pont.

A montré le plus grand dévouement et le plus grand calme dans la mise à l'eau des engins de sauvetage et dans le sauvetage des passagers.

200 francs à M. DIGUET, mousse.

Malgré son très jeune âge, a refusé de se rendre sur un radeau et a coopéré efficacement au sauvetage de 2 enfants et à la mise à l'eau des engins de sauvetage. C'est le deuxième torpillage auquel il assiste.

200 francs à M. LE GUILLOU (Alexis), télégraphiste.

N'a quitté son poste de télégraphiste qu'après s'être assuré, dans tous les détails, qu'il n'y avait plus moyen d'en tirer parti. A pris, sur l'ordre du commandant, la direction du gaillard d'avant et a montré une vive énergie et du sang-froid en rassemblant des soldats et en leur commandant la mise à l'eau d'engins. A fait appel ensuite au personnel de la Pique pour évacuer deux blessés laissés à bord du Gard.

100 francs à MM. LEMERLE (Charles), lieutenant, et LEROUX (François), matelot.

Ont fait preuve de dévouement et de courage.

100 francs à M. MÉDAF, tirailleur.

S'est jeté à la mer pour ramener, le long du bord du vapeur torpillé, un radeau sur lequel on a pu placer une femme, deux fillettes et plusieurs passagers.

100 francs à MM. MICALLEF (Charles), passager, et ANTONINI (Alfred), soldat à la 118e auto-section.

Ont plongé à diverses reprises et se sont plusieurs fois jetés à l'eau, ramenant ainsi des passagers sur les radeaux.
Ils ont réussi, par leur entrain et leurs plaisanteries, à remonter le moral des passagers.

Médaille d'or du vice-amiral Ernest de Jonquières au lieutenant de vaisseau GUIRAUD.

Le torpillage du Gard a fait peu de victimes grâce au lieutenant de vaisseau GUIRAUD, commandant le torpilleur la Pique, dont les hautes qualités de courage, de sang-froid, de décision et de sens manœuvrier, ont brillé dans la circonstance.
Malgré le danger et les difficultés que présentait l’opération, il n'a pas hésité à accoster le Gard pour sauver les passagers restant à bord, dont une partie, sans cette manœuvre audacieuse, aurait été vraisemblablement noyée, le bâtiment se fermant comme un livre, vingt minutes après l'évacuation de cinquante minutes de durée.

Médaille d'or à l'enseigne de vaisseau BORDES, second de la Pique.

Pour le dévouement et le concours très précieux apporté dans la manœuvre de sauvetage du personnel du Gard et dans l'installation à bord des rescapés.

Plaquette d'honneur au contre-torpilleur Pique et Prix de 600 francs à l'ordinaire.

Sauvetage, en présence de l'ennemi, du personnel du Gard torpillé.
»
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Re: LE GARD - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : mar. mars 25, 2014 7:31 pm
par IM Louis Jean
Bonsoir à toutes et à tous,

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source Sur le front de mer

Cordialement
Étienne

Re: LE GARD - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : mar. mars 25, 2014 7:40 pm
par IM Louis Jean
Bonsoir à toutes et à tous,

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Cordialement
Étienne

LE GARD ― Cargo ― Compagnie générale transatlantique (1890∽1918).

Publié : mer. avr. 16, 2014 12:25 pm
par Rutilius
Bonjour à tous,


Le commandant du cargo Le Gard lors de l’engagement du 5 mai 1917


— ROBERT Étienne Marie Joseph, né le 24 août 1880 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure — aujourd’hui Loire-Atlantique) (Registre des actes de naissance de la ville de Saint-Nazaire, Année 1880, f° 45, acte n° 343), décédé le 4 mars 1968 à Bordeaux (Gironde).

Capitaine au long-cours [Brevet conféré le 25 juillet 1905], inscrit au quartier de Saint-Nazaire, f° et n° 262, puis n° 2.706 ultérieurement ; enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire.

• Fils d’Étienne Guillaume ROBERT, né le 20 novembre 1847 à Montoir-de-Bretagne (Loire-Inférieure — aujourd’hui Loire-Atlantique), décédé le 20 septembre 1886 à Saint-Nazaire ; et de Marie Mathilde Anne SAUZEAU, née le 14 janvier 1855 à Chantenay-sur-Loire, section de la ville de Nantes (– d° –) ; époux ayant contracté mariage à Saint-Philibert-de-Grandlieu (– d° –), le 30 octobre 1878 (Registre des actes de mariage de la commune de Saint-Philibert-de-Grandlieu, Année 1875, suppl. f° 3 , acte n° 46).

• Époux de Marie Amélie BIGEARD, née le 12 février 1886 à Nantes, avec laquelle il avait contracté mariage dans ladite ville, le 8 novembre 1905 (Registre des actes de mariage de la ville de Nantes, An-née 1905, 5e canton, f°72 , acte n°142).


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Sur le Vif, n° 135, 9 juin 1917, p. 10.


Distinctions honorifiques

□ Par décret du 21 mai 1917 (J.O. 23 mai 1917, p. 4.096), inscrit au tableau spécial de la Légion d’hon-neur pour le grade de chevalier dans les termes suivants : « Robert (Étienne), enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire, Saint-Nazaire n° 262 : attaqué au canon, s’est défendu d’une façon particuliè-rement brillante et bien que son navire ait été endommagé, l’a ramené au port par ses propres moyen (Croix de guerre). »

Inscription emportant concession de la Croix de guerre avec palme.

□ Par décret du 7 août 1931 (J.O. 10 août 1931, p. 8.762), promu au grade d’officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur. Exerçait alors le commandement du paquebot De-Grasse, de la Compagnie générale transatlantique.

□ Par décrets des 24 et 25 mars 1933 (J.O. 4 mars 1933, p. 2.208), promu au grade d’officier dans l’Ordre du Mérite maritime.

□ Par décision du Ministre de la Marine marchande en date du 18 juillet 1935 (J.O. 26 juill. 1933, p. 8.073), lui fut décernée la Médaille d’honneur des marins du commerce.

□ Par décret du 19 octobre 1955 (J.O. … 1955, p. …), promu au grade de commandeur dans l’Ordre du Mérite maritime.

_________________________________________________________________________________________

Inscription maritime ― Quartier de Saint-Nazaire ― Matricule des gens de mer ― Capitaines et maîtres au cabotage ― Matricules de 1865 : Archives départementales de Loire-Atlantique : Cote 7 R 3/357, f° et n° 262, p. num. 15 et 23.

Re: LE GARD - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : jeu. avr. 17, 2014 12:57 am
par Yves D
Bonsoir à tous
Les deux U-Boote qui ont attaqué le Gard le 5 Mai 1917 étaient UC 72, Oblt z.S. Ernst Voigt et UC 61, Oblt z.S. Georg Gerth.
Cdlt
Yves

Re: LE GARD - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : sam. août 09, 2014 9:14 pm
par alain13

Bonsoir à tous,

Les photos disparues de Franck .

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("Le Miroir" 3 juin 1917)

Cordialement,
alain


Re: LE GARD - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : dim. juil. 12, 2015 3:26 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

LE GARD

Attaque du 5 Mai 1917

Capitaine Etienne ROBERT inscrit à Saint Nazaire n° 262
Attaque commencée le 5 Mai 17 à 05h00 par 46°14 N et 03°44 W
Attaque terminée le 5 Mai 17 à 09h00 par 46°02 N et 03°20 W

Armé de 2 canons de 90 mm modèle guerre à l’avant et à l’arrière.

Le rapport du capitaine trouvé aux archives de Vincennes est identique au rapport des archives anglaises mis sur le forum par Yves.
A la suite de ce rapport, le LV inspecteur de l’AMBC fait les remarques suivantes :

Vitesse des sous-marins ennemis

D’après les renseignements donnés par le capitaine du GARD les deux engagements ont eu lieu à des distances relativement constantes. Les 2 sous-marins lui ont paru chercher à le rattraper sans y parvenir. Ces deux bâtiments, bien que de fort échantillonnage et bien que le temps fut très beau n’auraient pas été en mesure de donner plus de 11 à 12 nœuds.

Réglage du tir des sous-marins

Le tir des sous-marins a été réglé dès les premiers coups. On peut penser que l’ennemi ouvre le feu avec une distance réglée au télémètre en faisant soigneusement les corrections initiales. Dans le 2e engagement, le sous-marin aurait tiré à shrapnells. Le capitaine dit qu’on voyait les flocons d’éclatement et que son navire a été criblé d’éclats. Cette façon de procéder implique l’emploi d’une méthode de tir permettant de se passer momentanément de l’observation du point de chute.

Engins fumigènes

Les engins fumigènes Berger ont donné un résultat appréciable. Au moment où le sous-marin le plus rapproché a été atteint, soit 5 à 10 minutes après le début de l’engagement, il était obligé de manœuvrer pour éviter la panne de fumée créée par les 7 engins Berger jetés à la mer. Le 2e sous-marin a du suspendre son tir et n’a pu reprendre qu’une demi-heure plus tard.
Les engins Verdier auraient mal fonctionné. Ils émettaient une fumée insuffisante et le point d’émission de la fumée se déplaçait avec le navire. Le capitaine n’arrivait pas à se placer sous le vent. Enfin, la fumée gênait de façon excessive les canonniers en train de remettre en batterie la pièce arrière.

On peut conclure :

- Que la visite des engins Verdier doit être l’objet d’une attention spéciale. A chaque relâche, il faut s’assurer que les tubes d’émission ne sont pas bouchés.
- Que l’emploi de ces engins est plus spécialement indiqué lorsque la route de fuite du navire attaqué est vent debout ou vent arrière, avec vitesse de la brise inférieure à celle du navire.
- Que la position des appareils Verdier sur l’avant et plus bas que la plate-forme de la pièce arrière est mauvaise. Cette position est imposée sur LE GARD par les autres dispositions. Chaque fois que l’on pourra, il faudra placer les Verdier sur l’avant, mais sur la même plate-forme que la pièce arrière, ou bien au dessus, mais sur l’arrière de la pièce.

TSF

LE GARD a eu son antenne hors service avant d’avoir pu lancer un appel. L’antenne de secours rendue réglementaire par les Messageries Maritimes sur ses bâtiments est à recommander aux armateurs et aux capitaines, bien que la TSF ne soit pas pour l’instant du ressort de l’AMBC. Le capitaine du GARD signale que de simples nœuds suffisent pour raccorder les morceaux de ses fils d’antenne rompus, sans que la portée de son poste ait paru affectée par cette réparation de fortune.

Note du Commissaire spécial TEULY au Préfet de Gironde et au Ministre

Suite à mon rapport du 8 Mai relatif à l’attaque du vapeur LE GARD par deux sous-marins, j’ai l’honneur de vous faire connaître que ce navire ne revenait pas du Maroc. Il s’y rendait et était parti du port de Nantes. C’est à 50 milles à l’Ouest de La Coubre qu’il a été attaqué par des pirates et qu’il a coulé l’un d’eux et endommagé l’autre assez sérieusement pour l’obliger à cesser le combat qui a duré 13 heures (de 03h00 du matin à 16h00).
LE GARD, touché à l’arrière a du rebrousser chemin sur La Pallice. On compte un mort et un blessé dans l’équipage dont la conduite a été héroïque.

(On note que ce commissaire spécial qui sévissait à Bordeaux, et que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises – voir les vapeurs QUEBEC et LA RANCE - est toujours aussi approximatif dans ses rapports. Dans un premier temps, il avait sans doute signalé que LE GARD revenait du Maroc et corrige donc son erreur. De plus, le combat a en fait duré de 05h25 à 09h00)

Equipage

Chauffeur Pierre MALCOSTE, Lorient 3315, tué net alors qu’il procédait aux réparations des embarcations crevées par des obus.
Chauffeur Emmanuel HERLEDAN gravement blessé à la tête par des éclats au cours du même travail.

Armement des pièces
- Avant
FRERE Auguste QM canonnier 1304 Camaret
COULEC Antoine QM canonnier 97668.2
QUINIO Eugène canonnier breveté 24184 Saint Brieuc

- Arrière
LEFEUVRE Gabriel QM canonnier 21455.3
GOURLAOUEN Ernest fusilier breveté 18159.3
DANIEL Pierre canonnier breveté 4546 Douarnenez

Les sous-marins attaquants


N° 1 Silhouette de UC avec deux canons apparents et semble-t-il sans TSF
N° 2 Très large. Vu surtout en pointe (silhouette de vedette)

Il s’agissait donc des sous-marins UC 61 et UC 72. Aucun des deux n’a en fait été coulé. Mais il serait intéressant d’avoir leur KTB pour savoir s’ils ont vraiment été touchés.
Il se trouve que plus tard, le même jour et pratiquement au même endroit, l’UC 72 de l’Oblt Ernst VOIGT a coulé le norvégien NYDAL, qui allait de New York à Bordeaux avec du divers.

L’équipage du NYDAL a dessiné une belle silhouette de l’UC 72 que voici :

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Récompenses

Sont conformes à celles signalées dans les posts ci-dessus.
On note que le capitaine Robert est inscrit au Tableau Spécial de la Légion d’Honneur.

En plus des récompenses citées plus haut on note des citations à l’Ordre du Corps d’Armée pour
LE NAOUL Isidore Lieutenant Concarneau n° 23

Pour sa belle attitude sous le feu et le concours très actif qu’il a apporté à son commandant

IZACARD Jean Second mécanicien Saint Nazaire n° 3232
LE HUEDE Pierre Mécanicien Saint Nazaire n°3551
BOISARD Charles Opérateur TSF Saint Brieuc 14354

Pour le sang froid et l’énergie dont ils ont fait preuve lors de l’attaque de leur bâtiment.

LE FEUVRE Gabriel QM canonnier pointeur 21455.3

A fait preuve de sang froid et d’habileté au cours d’un combat contre un sous-marin.

DANIEL Pierre canonnier breveté (blessé)
GOURLAOUEN Ernest fusilier breveté 18159.3

Pour le sang froid et l’habileté dont il a fait preuve lors de l’attaque de son bâtiment

Citation à l’Ordre de la Division


NICOLAS François Maître d’équipage Saint Nazaire n° 940
GUITARD Antonin Matelot Saint Nazaire n° 1262
FAURE André Charpentier inscrit provisoire (blessé)

Pour l’activité et le sang froid dont ils ont fait preuve sous le feu de l’ennemi

GRENIER Honoré Matelot Pauillac n° 229

Blessé à la barre au cours d’un combat contre un sous-marin, est resté à son poste.

KERSAUDY Marc Chauffeur Audierne n° 1579

Pour l’activité et le sang froid dont il a fait preuve sous le feu de l’ennemi.

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

CLAQUIN François 1er chauffeur Saint Nazaire n° 3903
BESCOND Joseph 1er chauffeur Saint Nazaire n° 3703
MERCIER Frédéric Restaurateur Saint Nazaire n° 150
PAGEAUD Alfred ADSG Auray n° 4536

Pour son attitude sous le feu lors de l’attaque de son bâtiment.

Enfin le vapeur LE GARD est cité à l’Ordre de l’Armée. Ces citations sont signées Lacaze et De Bon.

Naufrage du NYDAL


En ce qui concerne ce navire norvégien attaqué vers 15h30, donc après l’attaque du matin sur LE GARD, il fut canonné à distance. L’équipage l’abandonna aussitôt et les Allemands se rendirent à bord avec une embarcation pour le piller et y déposer des bombes.

Le commissaire Teuly déclare que c’est l’un des sous-marins du matin qui a attaqué le NYDAL qui transportait cuivre, laiton, automobiles et diverses marchandises estimées à 23 millions de francs. Il doit aussi faire état de rumeurs malveillantes qui avaient couru sur la conduite de l’équipage du NYDAL car la commission d’enquête estime nécessaire de déclarer :

« Quoiqu’en dise le commandant du patrouilleur (nota : il s’agit du patrouilleur DAUPHIN) qui a recueilli l’équipage, et les rumeurs colportées, ni le commandant du sous-marin, ni personne à son bord n’a serré la main du capitaine du NYDAL. Le second du NYDAL a affirmé devant la commission qu’il n’a jamais rapporté ce fait au commandant du patrouilleur et cela a été confirmé par tous les déposants.
C’est revolver au poing et menace à la bouche que l’équipage du sous-marin a reçu celui du NYDAL Quant au sabre et aux baïonnettes qui auraient été offerts par le commandant du sous-marin au capitaine norvégien, cela se borne au fait suivant :
Pendant le pillage du NYDAL, les Allemands ont pris deux vieux sabres qui étaient en panoplie dans la cabine du capitaine. Mais, dans leur empressement à transborder les vivres, ils les ont tout simplement oubliés dans l’embarcation du NYDAL. Pour le remercier de les avoir recueillis, le capitaine du NYDAL les a aimablement offerts au capitaine du patrouilleur… »

(A mon avis, il y a eu une légère incompréhension avec le commandant du patrouilleur. Le Norvégien ne parlait sans doute pas français et le patron du patrouilleur certainement pas norvégien …)

Attaque du 26 Mai 1918.

Rapport du capitaine

Quitté Marseille le Samedi 25 Mai 1918, en convoi avec ALSACE, escorté du torpilleur PIQUE et des sloops CURIEUSE et DEDAIGNEUSE.
Vent SW-NW assez fort et mer assez grosse. Navigation en zigzag et veille attentive contre les sous-marins.

Vers 15h00 le 26 Mai, la vigie signale un vapeur à tribord à grande distance. Vers 16h00 et 16h30, on me signale à nouveau ce navire. Une des vigies me dit qu’il a une allure suspecte. Je recommande de veiller attentivement, mais sans m’inquiéter outre mesure. La canonnière DEDAIGNEUSE, en éclairage devant nous doit avoir reconnu ce navire.
Un peu avant 16h00, la pompe de circulation du condenseur désamorce et il est nécessaire de réduire à 6 nœuds, puis de stopper quelques minutes pour éviter l’engorgement du condenseur. Allure normale reprise vers 18h30. Vers 19h00, inquiet malgré la présence de la canonnière d’éclairage de l’impression que m’a donnée l’homme de vigie du navire en vue, je monte moi-même dans le nid de pie avec de bonnes jumelles pour le reconnaître avant la nuit. Mais j’ai cherché en vain, il était impossible de l’apercevoir. Persuadé qu’il n’a pu échappé à la DEDAIGNEUSE, beaucoup plus rapprochée de lui que nous, je recommande une veille plus attentive que jamais.

A 20h20, une forte explosion se fait entendre. Nous venons d’être frappés par une torpille à bâbord milieu, par le travers de la chaufferie. Le navire s’incline aussitôt sur tribord, mais continue à flotter. Je donne des ordres pour la mise à l’eau des canots et des flotteurs et l’envoi du signal de secours. Les trois antennes ont été détruites. La machine stoppe et la lumière s’éteint. Les officiers et l’équipage mettent canots et radeaux à la mer. Il n’y a pas de panique parmi les passagers.

Vers 21h00, PIQUE, qui avait déjà recueilli un bon nombre de passagers accrochés aux radeaux, accoste à tribord avant malgré la forte gite qu’a pris le navire et achève le sauvetage de tous ceux qui restent à bord.
Je m’assure personnellement que personne ne reste sur le pont ni dans le faux-pont militaire, et appelant à haute voix par le panneau de descente, je fais la même constatation dans les emménagements passagers de l’arrière. J’embarque à mon tour sur PIQUE et prie le commandant de me laisser sur les lieux avec CURIEUSE pour tenter de remorquer LE GARD s’il ne coule pas. Un quart d’heure plus tard des craquements prolongés se font entendre. Le navire, que la torpille a coupé en deux, achève de se séparer en deux tronçons qui se lèvent verticalement et coulent ensemble lentement. Il est 21h30. Je fais mon possible pour m’assurer du nombre du nombre de passagers et d’hommes d’équipage sauvés par PIQUE et CURIEUSE. J’ai la satisfaction de constater que leur nombre est très grand. Une vingtaine au plus sont manquants.
PIQUE prescrit à CURIEUSE de patrouiller encore une heure sur les lieux de l’accident et fait route pour rejoindre ALSACE qui s’est éloigné à toute vitesse au moment du torpillage.
Le 27 à 04h30, nous entrons dans le port d’Alger.

J’avais embarqué à Marseille 399 passagers dont 388 militaires et 11 civils. L’équipage se composait de 49 hommes.
Les routes prescrites par la Marine ont été scrupuleusement suivies et la navigation s’est effectuée en zigzag. La veille a été des plus vigilantes et toutes les précautions prescrites avaient été prises.

Je tiens à signaler la belle conduite de Monsieur Heurtel, second capitaine, qui m’a très utilement assisté jusqu’à l’évacuation du dernier homme et qui a fait preuve d’un sang froid et d’un courage digne des plus grands éloges.
Monsieur Lemerle, lieutenant, Monsieur Le Guillou, TSF, se sont multipliés et ont fait preuve de dévouement et de courage, ainsi que les matelots Leroux et Régis, et le mousse Duguet.

Enfin, je ne puis passer sous silence la manœuvre hardie de PIQUE qui nous a accostés malgré une gite de 30° et l’imminence de l’engloutissement du navire. C’est grâce à cette manœuvre que l’on n’a pas eu plus de victimes à déplorer.

Fait à Alger le 27 Mai 1918
Signé : Reynaud de Trets Capitaine

Ce rapport est contresigné par le Capitaine de Corvette Moreau, Président de la Commission d’enquête.

Cdlt