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Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : dim. janv. 27, 2013 12:36 am
par Memgam
Bonjour,

Pour le sauvetage des 25 hommes du Garsdale, le capitaine Beaudouard a reçu la médaille d'or du sauvetage ainsi que le premier lieutenant Laillou, Joseph-Marie qui commandait la baleinière de sauvetage. Ont reçu la médaille de bronze, les deux seconds maîtres et les dix matelots qui ont armé la baleinière, dont l'équipage a été remplacé après le premier voyage d'une partie des rescapés; Faugeras François et Poupon Jacques, second-maîtres et le mécanicien Grasson Arthur, les matelots, Penven Louis-Marie, Le Merdy François-Marie, Le Gal Michel-Marie, Courson Alexis Louis Joseph, Le Cren Désiré, Argoat Victor Philibert, Fuibey Pierre, Depays Leon Emmanuel (celui du diplôme du message précédent), Robin Francis Joseph.

Source : Annales du sauvetage maritime, quatrième trimestre 1905.

Cordialement.

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : mar. janv. 29, 2013 12:35 pm
par Rutilius

Bonjour à tous,


■ Le sauvetage de l’équipage du voilier britannique Garsdale (12 septembre 1905).


Annales du sauvetage maritime, 2e Fasc. 1906, Avr.~Mai~Juin, p. 191 à 195.


PRIX ÉMILE ROBIN DESTINÉ AUX CAPITAINES AU LONG-COURS

Médaille d’or du Baron de Joëst.

Médaille d’or de Mme la marquise d’Estampes.


Le 12 septembre dernier, le trois-mâts Bérengère, commandé par le capitaine Beaubouard, et appartenant à la Société anonyme des Voiliers dunkerquois, se trouvait à 180 milles dans l’Est du cap Horn, faisant route pour l’Europe, lorsque vers 6 heures du matin, la vigie signala un navire démâté, portant son pavillon en berne. La route fut changée immédiatement et la Bérengère mit le cap vers le bâtiment, qui demandait du secours et qui se trouvait être le Garsdale, de nationalité britannique.
Au moyen de signaux, le capitaine anglais fit savoir qu’il avait besoin de secours immédiats, déclarant qu’il était obligé d’abandonner son navire. Celui-ci, en effet, n’était plus depuis plusieurs jours qu’une épave destinée à disparaître à bref délai.
Parti le 26 juin de South Shields pour Portland (Orégon), le Garsdale arriva vers le 6 septembre, dans les parages du cap Horn et y rencontra un assez mauvais temps dans lequel il eut plusieurs voiles emportées ; le lendemain, le vent augmenta de violence, et d’énormes vagues balayaient le navire de l’avant à l’arrière. A un moment donné, une rafale d’une fureur exceptionnelle s’abattit sur le navire ; c’est alors que le grand mât se rompit au ras du pont et tomba par-dessus le bord. L’équipage allait faire le nécessaire pour déblayer les débris, lorsque, dans un coup de roulis effrayant, le mât de misaine tomba à son tour, suivi à quelques minutes d’intervalle par le mât d’artimon.
Impuissant dès lors à se conduire, ballotté par une mer en furie, le navire était à chaque instant menacé d’avoir ses parois éventrées par le choc répété des mâts et des vergues pendant le long du bord et battant la muraille comme à coups de béliers. Au dedans, le danger n’était pas moins grand, car sous l’influence des énormes roulis, les tonnes de marchandises étaient projetées dans l’entrepont de bâbord à tribord et auraient fini par passer à travers la coque.
Le 9 septembre, le cœur des matelots fut réjoui par la vue d’un navire passant à grande distance ; jugeant impossible de mettre une chaloupe à la mer, ils eurent l’espoir que les deux navires se rapprocheraient ; mais dans la nuit ils se séparèrent, et le Garsdale se retrouva seul le lendemain.
A bord le désappointement fut amer, car, de jour en jour, le navire était entraîné loin des routes fréquentées ; si l’équipage échappait à la noyade, il entrevoyait avec effroi une mort plus terrible encore, celle par la faim et la soif. Aussi l’on peut se figurer l’émotion et la joie de ces pauvres gens quand ils virent la Bèrengère et qu’ils furent certains qu’ils allaient être assistés. Le capitaine King fit savoir aux sauveteurs qu’il ne lui restait plus qu’une seule embarcation, avariée par la mer.
Laissons parler ici le capitaine Beaudouard :

« Animé du désir de secourir ces malheureux, je m’empressai de virer de bord pour me mettre le plus près possible sous le vent de l’épave, et, en même temps que j’assurais au capitaine et à son équipage qu’ils pouvaient compter sur moi, je faisais disposer la baleinière de sauvetage.
« Pendant cette opération, j’eus à lutter contre mille difficultés par suite de la grosse mer et du violent roulis du navire ; à chaque instant je m’attendais à voir cette embarcation écrasée le long du bord ; mais non, le succès couronna nos efforts, et, après une heure de pénible travail, la baleinière armée par sept hommes courageux, munis de ceintures de sauvetage, se dirigeait vers l’épave sous le commandement du lieutenant, M. Laillou.
(*)
« Il n’est que juste de donner les noms de ces braves : Faugeras, second maître, et Le Cren, Argoat, Depays, Guibey, Robin, matelots.
« Dans le but de me tenir le plus près possible de l’épave, et pour assister la baleinière dans son parcours et ranimer, de ce fait, le courage de mes hommes luttant avec énergie contre les vagues, j’ai évolué continuellement avec mon navire autour de l’embarcation afin de parer à toute éventualité. Nos regards, fixés sur les sauveteurs, suivaient avec anxiété les plus légers mouvements de la baleinière qui s’était approchée du Garsdale, sans pouvoir l’accoster. Ce dernier, livré au gré des flots, et continuellement couvert par les lames, donnait des coups de roulis tellement effrayants qu’à chaque instant notre embarcation était menacée d’être submergée dans son remous.
« Tous les moyens employés par l’officier, tant à l’avant qu'à l’arrière, pour recueillir l’équipage, restèrent sans résultat ; ce n'est qu’après deux longues heures de tentatives inutiles, que le capitaine anglais réussit enfin, dans un coup de roulis à lancer à la mer son embarcation, dans laquelle vingt hommes avaient pris place ; mais ils ne purent s’y maintenir, car elle coulait bas d’eau ; douze d’entre eux embarquèrent dans la baleinière, qui les assistait dans cette manœuvre hasardeuse et escorta les autres jusqu’au bâtiment français.
« Vers 2 heures de l’après-midi
(c’est toujours le capitaine Beaudouard qui parle), la baleinière étant de retour, le transbordement des passagers s’effectua à notre bord avec d’énormes difficultés ; j’ai dû prendre de très grandes précautions pour éviter des accidents toujours à craindre, étant données les fortes secousses imprimées à la baleinière par les roulis violents du navire : de ce fait, l’opération fut longue.
« Informé entre temps, par mon lieutenant, que le capitaine anglais était resté sur l’épave avec quatre hommes, je ne pouvais songer à les abandonner. Mon navire avait dérivé et s’était écarté considérablement ; la journée était déjà avancée, et il fallait éviter avant tout d’être surpris par la nuit dans une opération aussi périlleuse pour l'armement de la baleinière, d’autant plus que le baromètre, alors à 730 millimètres, baissait encore, tandis que le vent paraissait avoir des tendances à fraîchir. Je tirai donc une bordée pour me rapprocher de l’épave, et, après avoir pris la baleinière à la remorque et y avoir remplacé les hommes fatigués, je fis donner aux hommes, sans nourriture depuis la veille, un fortifiant bien mérité.
« Le deuxième armement de la baleinière comprenait : M. Laillou, premier lieutenant, le second maître Poupon, les matelots Grusson, Le Merdy, Le Gal, Penven, Courson.
« Vers 4 heures du soir, me trouvant en bonne position, je mis en panne ; l’embarcation se dirigea aussitôt vers le Garsdale, dont les cinq hommes restant à bord durent se jeter à l’eau et furent recueillis par nos sauveteurs.
« A 8 heures du soir, après douze heures de manœuvres pénibles, de fatigues et d’émotions de toutes sortes, l’équipage anglais en entier était réuni à bord sain et sauf, et y recevait tous les soins que nécessitait son état.
« J’ai rencontré dans l’embarquement de la baleinière les mêmes difficultés que dans la mise à l'eau ; mais, fort heureusement, cette manœuvre s'est accomplie sans accident de personnes. Nous avons repris ensuite notre, route vers le N.-E., laissant l’épave s’enfoncer dans les flots.
L'équipage naufragé a été débarqué à Greenock le 19 novembre, après avoir partagé pendant soixante-huit jours nos ressources de bord en vêtements et en vivres.
« Je suis d’autant plus heureux,
nous écrivait le capitaine Beaudouard, d’avoir réussi à mener à bien cette opération, que j’ai été guidé et soutenu par le souvenir des actes de mon grand-père maternel, dont l’exemple m’est toujours cher, et qui a accompli 27 sauvetages au péril de sa vie, dans des circonstances qui lui ont valu le renom de brave et la croix de la Légion d’honneur. »

Au risque de blesser ici la modestie de M. Beaudouard, nous pouvons dire que ce vaillant capitaine a noblement marché sur les traces de son aïeul ; aussi aurions-nous été fiers de lui décerner aujourd’hui le prix Émile Robin, ainsi que la médaille d’or de M. le baron de Joëst s’il avait pu venir à Paris.
M. Laillou, premier lieutenant, recevra également pour sa belle conduite, la médaille d’or de Mme la marquise d’Estampes.

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(*) LAILLOU Joseph Simon, né le 29 juin 1881 à Podenac (Gironde) et décédé le 28 septembre 1959 à ... (...). Capitaine au long-cours, Bordeaux, n° 705.

Commandait le cargo Sylvie , bâtiment de 2.591 tjb de la flotte de la Société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern), qui fut torpillé le 25 janvier 1917 par le sous-marin allemand U-38 (Kapitänleutnant Max Valentiner) à 190 milles dans le S.-O. du Cap Matapan. Après guerre, inspecteur de la navigation maritime en fonction à Bordeaux. En 1927, domicilié dans cette ville, au 19, rue Collignon.

Chevalier de la Légion d’honneur au titre du Ministère de la Marine (Arr. 19 juill. 1921).

(Base Léonore, Dossier 19800035/0286/38375 —> http://www.culture.gouv.fr/LH/LH148/PG/ ... 561077.htm )

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Annales du sauvetage maritime, 4e Fasc. 1905, Oct.~Nov.~Déc., p. 489.


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Bien amicalement à vous,
Daniel.

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : mar. janv. 29, 2013 9:50 pm
par Memgam
Bonjour,

<<Three days later, when the Garsdale was at the point of sinking, the french ship, Bérangère (sic), captain Bondonard (resic), came along and effected a most gallant rescue. Though the sea was running mountains high, the frenchman launched his life-boat, and manoeuvred her as close to the sinking ship as possible, he dared not lay alongside.
The Garsdale's life-boat was also lowered, but stove before she could get clear. However, by magnificent watermanship the french boat managed to save the mate and 19 men from the waterlogged english boat.
The next difficulty was the rescue of the captain and four men who still remained aboard the Garsdale.
One by one the gallant five had to jump into the sea, where they were skilfully picked up.>>

Source : Basil Lubbock, The last of the windjammers, Volume 1, Brown, Son & Ferguson, 1927.

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : mer. janv. 30, 2013 10:29 am
par Rutilius

Bonjour à tous,


L’équipage du Garsdale vers 1904

Photographie de Wilhelm Hester (1872~1947)



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University of Washington (State) ~ Libraries Special Division
Wilhelm Hester Collection ~ PH Coll. 318 / HES 177




Le capitaine W. J. KING


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Bien amicalement à vous,
Daniel.

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : dim. févr. 03, 2013 3:17 pm
par Memgam
Bonjour,

Si on peut retrouver des photos d'équipages de voiliers dans la collection Wilhelm Hester maintenant détenue par le San Francisco Maritime Museum, on ne trouve pas de renseignements sûrs de la date de prise de vue. Sachant par ailleurs que les équipages de cet époque étaient recrutés au voyage, il n'est pratiquement pas possible de faire le rapprochement entre un équipage et un voyage, sauf information précise d'un membre ou d'une corrélation précise avec les journaux de bord (cas de la photographie de l'équipage du Turgot, capitaine Cézard).
Dans le cas de Garsdale, il y a peu de chance pour que l'un des hommes représenté sur le cliché, en dehors du capitaine, ait pu être un des rescapés sauvés par Bérengère. Le cliché en question demeure néanmoins comme un beau témoignage.
Le cliché de Wilhelm Hester d'un équipage de l'Ernest Reyer n'est pas plus précis.
La période de prise de vue de ces photographies est de 1893 à 1905.

Source : Jean-Jacques Chapalain Robert W. Weinstein, Wilhelm Hester 1872-1947, le photographe du port de Tacoma, chasse-marée n° 14, décembre 1984.

Cordialement.

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : sam. févr. 09, 2013 5:10 pm
par Memgam
Bonjour,

Le capitaine W.J. King avait un brevet de capitaine canadien. Garsdale, 1755 tjb, immatriculé à Liverpool, avait déjà perdu un homme lors du voyage, matelot de 18 ans, tombé du beaupré, et que le mauvais temps n'a pas permis de sauver. Le trois-mâts italien Ascensione était resté au près de Garsdale dans la journée en promettant de rester, mais il n'a pas dû réussir à retrouver l'épave perdue de vue pendant la nuit. La visiblité n'était que de deux nautiques. Le rapport de mer a été signé par le capitaine W.J. King et le maître d'équipage S. Forrest et déposé au bureau de la Marine marchande de Greenock, le 20 novembre 1905 et il est conservé à Hayes. Le capitaine King n'a pas fait l'objet d'enquête.

Source : Alan Villiers, The war with Cape Horn, Hodder and Stoughton, 1971, pages 50-51.

Cordialement.

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : sam. nov. 23, 2013 10:27 am
par AugusteG

Je confirme que l'équipage du BERENGÈRE avait été sauvé car je détiens l'information de mon oncle, fils d'Auguste Gouret (mon grand-père maternel). Si l'équipage avait sombré, je ne serais jamais venue au monde !
Je suis émue de découvrir que mon grand-père avait foulé le sol du Japon (pays où je vis maintenant) il y a près d'un siècle. S'il y a des photos de l'équipage sauvé par les Anglais en 1917, je suis preneuse !
Merci pour ce site !

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : lun. févr. 10, 2014 6:38 pm
par Rutilius

Bonsoir à tous,


Le trois-mâts carré Bérengère fut lancé en Août 1902 par l’établissement de Rouen de la Société des chantiers et ateliers de Saint-Nazaire – ex-Chantier Laporte – pour le compte de la Compagnie de navigation du Sud-Ouest, dont le siège social était établi à Bordeaux, au 8, cours du Chapeau-Rouge.

Premier navire construit pour cette compagnie, constituée le 15 janvier 1902 à Paris, il fut pris au neuvage par le capitaine au long-cours Jean Marie BEAUDOUARD, inscrit à Dinan, n° ...


L’Ouest–Éclair – éd. de Rennes –, n° 1.099, Lundi 18 août 1902, p. 2,
en rubrique « Marine et colonies ~ Marine de commerce ».



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L’Ouest–Éclair – éd. de Rennes –, n° 1.236, Samedi 3 janvier 1903, p. 2,
en rubrique « Marine et colonies ~ Marine de commerce ».



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Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : dim. août 06, 2017 1:11 am
par Rutilius
.
Bonsoir à tous,
« En 1931, Ernst Hashagen a publié ses mémoires en allemand et en anglais. Illustré de plusieurs photos, c'est de ce livre que les photos ci-dessous sont tirées.

U-Boote Westwärts ! Meine Fahrten um England 1914-1918. U-Boats Westward ! »
L’ouvrage précité du kapitänleutnant Ernst HASHAGEN intitulé : « U. Boote Westwärts ! Meine Fahrten um England 1914~1918. » fut traduit de l’allemand en 1933 par les soins du capitaine de frégate Henri Léon André PELLÉ-DESFORGES, ancien officier d’ordonnance du contre-amiral Pierre Alexis RONARC’H, commandant en chef la Brigade des fusiliers marins. Il parut alors en langue française sous le titre :

« Route à l’Ouest. Souvenirs d’un commandant de sous-marins » (Librairie Plon, Paris, 1933, 265 p. + 14 gravures hors texte et 2 croquis dans le texte).

Ironie du sort, Henri PELLÉ-DESFORGES, alors en retraite, fut arrêté par l’occupant le 11 septembre 1943 à Vichy (Allier), ville où il s’était retiré et depuis laquelle il collaborait au magazine mensuel La science et la vie. Déporté le 17 janvier 1944 au camp à Buchenwald (Freistaat Thüringen, Allemagne) depuis Compiègne, il y décéda le 2 mars suivant – ayant été fusillé, selon certaines sources.

Par arrêté du Ministre délégué aux Anciens combattants et Victimes de guerre en date du 8 juillet 1996 (J.O. 27 août 1996, p. 12.849 et 12.851), fut apposée sur son acte de décès – établi à Angers (Maine-et-Loire) – la mention « Mort en déportation ».

Re: BERENGERE Trois-mâts carré

Publié : dim. août 06, 2017 10:03 am
par Memgam
Bonjour,

Le capitaine de frégate Henri L. A. Pellé Desforges, né le 6 avril 1885, à Angers, entré au service en 1903, EV1 au 5 octobre 1908, a été aussi le traducteur de l'ouvrage :

Lieutenant Serge Terestchenko (Dmitri Novik), La guerre navale russo-japonaise, 512 pages, 34 croquis, 39 illustrations, Payot, 1931.

Source : Liste navale 1911.
Généamar, Officiers parmi tant d'autres, page 20.

Cordialement.