Ci-dessous une information supplémentaire tirée de la Dépèche Algérienne envoyée par Jean de Crescenzo :
Le Torpillage du Calvados
La
Dépèche Algérienne a donné les informations suivantes sur ce drame :
6 novembre : dans la soirée du 4 novembre, le Calvados de la Compagnie Générale Transatlantique a été attaqué par un sous-marin allemand : les détails manquent encore sur cette attaque
13 novembre: le Ministre de la Marine fait ouvrir une enquête sur les conditions de la perte du Calvados et notamment sur le fait que la TSF n'a pas fonctionné.
21 novembre: les journaux londoniens publient une lettre d'un officier du vapeur Lady Plymouth qui avait recueilli en mer des hommes du Calvados. Voici cette lettre :
Nous avons aperçu, écrit cet officier, d'abord un canot du Dahra de La Rochelle, vide mais qui avait été occupé, puis un radeau abandonné, enfin un petit bateau dont nous avons recueilli les passagers et une partie de l'équipage appartenant au transport Calvados de Saint-Nazaire, qui avait été torpillé par un sous-marin inconnu. Non loin de là, nous avons découvert les débris d'un radeau monté par quelques hommes qui s'y accrochaient. L'équipage a fait tout son possible pour sauver le malheureux officier qui se trouvait parmi les naufragés.
Cet officier raconta qu'il avait vu trois d'entre eux tombés en mer, s'accrocher au sous-marin espérant être hissés à bord. Un officier allemand chamarré les a repoussé à la mer à coups de pied. Leurs camarades assistaient de loin impuissants à cette scène.
Les naufragés ont reçu tous les soins désirables. Cinquante-trois ont été sauvés le lendemain à l'aube. Deux coups de canon ont été tirés sur le vapeur Lady Plymouth qui éteignit ses feux.
23 novembre 1915 : Voici les renseignements recueillis lors de l'arrivée du Lady Plymouth à Alger, qui mettent en relief la belle conduite de l'équipage du vapeur anglais et tout spécialement du commandant et du maître d'équipage. Le Lady Plymouth qui venait de Norfolk est commandé par le capitaine J.K.Watson. Il se trouvait le vendredi 5 novembre, en Méditerranée, non loin de l'endroit où avait été coulé le Calvados. Vers 3 heures de l'après-midi, la vigie signalait un premier radeau portant trente-sept hommes. Un quart d'heure après, un second radeau était aperçu sur lequel se trouvait onze naufragés. Le commandant Watson fit stopper et mettre les embarcations à l'eau. En quelques instants, les rescapés étaient à bord et recevaient les soins empressés de l'équipage. La nuit était venue, le vapeur naviguait avec circonspection lorsque vers 9 heures le maître d'équipage, russe d'origine, qui se trouvait à l'avant du navire, signala de stopper car il croyait voir émerger un sous-marin par tribord avant. Le vapeur fit halte et à l'aide de fanaux, l'on aperçu un tirailleur qui était cramponné à une longue planche; le naufragé épuisé sentant du secours qui lui arrivait poussait des cris de détresse et appelait à l'aide. Au même instant, le maître d'équipage n'écoutant que son courage, sans même prendre le temps de se dévêtir, se jeta à l'eau de l'avant du navire où il se trouvait et se porta au secours du militaire qui défaillait. Pendant ce temps, un youyou avait été mis à la mer et recueillait le militaire et son sauveteur. Le tirailleur qui y était resté près de dix heures dans cette position critique était absolument à bout de force, un cordial lui fut aussitôt administré et on lui prodigua les soins que nécessitait son état.
A bord du Lady Plymouth, ce fut une véritable émulation entre les marins composant l'équipage et c'est à qui pouvait s'empresser auprès des rescapés. Le capitaine Watson, le premier, mit sa garde-robe à contribution de façon telle qu'il se démunit de tous les vêtements et pièces de linge qu'il possédait. Il ne conserva que la tenue qu'il avait sur lui : aussi lors de son arrivée à Alger, fut-il obligé de renouveler en entier sa garde-robe.
À noter que le capitaine Watson avait déjà le 28 mars 1915, dans la mer du Nord, accompli dans des circonstances analogues, un brillant sauvetage, en recueillant à son bord l'équipage du vapeur Aquila également torpillé par un sous-marin allemand.
Autre information :
Le Calvados faisait régulièrement le transport de troupes dans les deux sens entre la métropole et l’Algérie. Le 23 septembre 1914, le Calvados débarque à Alger 123 prisonniers allemands qui sont acheminés le soir même vers Tizi-Ouzou par train spécial puis vers Fort-National. où ils seront internés.
Commentaire personnel
Cet officier raconta qu'il avait vu trois d'entre eux tombés en mer, s'accrocher au sous-marin espérant être hissés à bord. Un officier allemand chamarré les a repoussé à la mer à coups de pied. Leurs camarades assistaient de loin impuissants à cette scène.
Il sera sans doute impossible de rétablir la vérité aujourd'hui mais je n'accorde guère de crédit à ce genre d'assertion.
"Un officier chamarré"... comme si un sous-marin était un salon ! A-t-on jamais vu photo d'équipage d'U-Boot en opération en tenue de cérémonie ?
"Repoussés à la mer à coups de pied"... ça m'étonne quand même, au delà du pavillon, surtout après le combat, il y a une véritable solidarité entre gens de mer.
Cdlt
Yves