Re: VOLTAIRE II ― Cargo charbonnier ― Compagnie Delmas Frères.
Publié : mer. oct. 28, 2009 12:38 pm
Bonjour à tous,
VOLTAIRE II
Un complément sur le VOLTAIRE II
Ce navire charbonnier a été réquisitionné par la Marine.
5 Février 1917
Le VOLTAIRE II effectue une traversée de Cardiff à Bizerte avec une cargaison de charbon.
Le capitaine est SEVRAIN Jean CLC Lieutenant de Vaisseau auxiliaire
Il est armé d’un canon de 95 mm servi par
LE REGUER Gabriel QM canonnier 2e dépôt
POITEVIN André Matelot canonnier 5e dépôt
LEJEUNE Gaston Matelot canonnier 1er dépôt
Le 4 Février à 00h00, il reçoit un message du cap Clear lui indiquant qu’un sous-marin allemand a été signalé dans le sud des îles Scilly.
Le 5 Février à 11h30, il se trouve par 50°24 N et 11°44 W, route au SW, avec beau temps, mer belle peu houleuse, vent d’ouest, bonne visibilité lorsque le matelot Costagliona aperçoit un sous-marin à environ 5500 m dans l’est. qui se place dans le soleil, puis suit une route parallèle et ouvre le feu, tout en brouillant les émissions radio du VOLTAIRE qui envoie un SOS.
Le VOLTAIRE II présente alors la hanche bâbord et riposte.
Entre 11h30 et 12h35, le sous-marin tire entre 60 et 70 obus dont certains tombent à 8 ou 10 m du bord. Le cargo n’est touché que par des éclats.
En 45 mn il tire 35 coups de canon.
Vers 12h35 et alors qu’il se trouve à 8500 m le sous-marin abandonne la poursuite.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié. Il était de plus difficile à distinguer, étant toujours dans le soleil. Mais il possédait deux canons dont on voyait distinctement les coups partir. Le tir fut d’ailleurs réglé grâce aux lueurs de départ. Le canon avant semblait dans une sorte de tourelle.
Récompenses
Le capitaine Sevrain est proposé pour une citation :
« Attaqué par un sous-marin armé de deux canons, a ouvert aussitôt le feu avec sa pièce de défense et, malgré le tir bien encadré de l’ennemi, a poursuivi le combat pendant 45 mn. A réussi à faire abandonner la poursuite.
Par sa crâne attitude, a fait honneur à la Marine française. »
Le capitaine Sevrain sera cité à l’ordre de l’armée et le navire recevra un témoignage officiel de satisfaction.
4 Janvier 1918
Le VOLTAIRE II est torpillé par un sous-marin allemand.
Rapport du capitaine LE GAC
« Je soussigné, capitaine du VOLTAIRE du port de La Rochelle, déclare être parti de Gibraltar où j’étais en relâche sur ordre le 4 Janvier 1918 à 13h00 avec un chargement de 3602 tonnes de phosphate, 42 tonnes d’huile et sparterie à destination de Nantes.
Au départ, nous faisions partie d’un convoi de 20 navires escortés par plusieurs bâtiments de guerre anglais et américains, le commodore étant sur un cargo. Maintenu notre poste dans la formation jusqu’au 7 au soir.
Le vent fraîchissant de NW et la mer se creusant ne nous permettent plus de dépasser 5 nœuds. Au matin du 8, on ne distingue plus les signaux du commodore. Dans l’après midi, le croiseur d’escorte, le seul qui soit resté des escorteurs du début, vient nous dire que le commodore gouvernait au N16E puis au N33E. Suivi ces routes, apercevant toujours les fumées du convoi devant nous.
Le 10 Janvier à 08h00, étant par 46°05 N et 05°10 W, je fais route pour rejoindre un point donné à la conférence de départ.
Le 11 Janvier à 03h30, par nuit noire, ciel couvert et sans lune, une torpille nous frappe par bâbord arrière par le travers du panneau 4 et nous coule en moins de trois minutes.
Je coule avec le navire, entraîné par le remous. Revenu à la surface, je me retrouve avec plusieurs hommes d’équipage au milieu de débris qui nous permettent de nous soutenir jusqu’à ce que nous soyons recueillis par une baleinière. De ce moment jusqu’à quelques heures plus tard, je suis resté prostré dans le fond de la baleinière et ne peux relater exactement ce qui s’est passé.
J’ai ensuite fait route sur Belle Ile, autant que possible, après avoir mis à la voile. Au soir du 11, la brise fraîchit et la mer grossit. Notre mât casse au ras du bau.
On nage pour se maintenir bout au vent jusqu’à ce que le mât soit rétabli. Sitôt paré, route au SE.
Au matin du 12, aperçu des navires, probablement en convoi. Brûlé des costons, mais le convoi passe.
A 10h00, un navire isolé passe à 1 mille de nous, voit nos signaux, mais fait comme le convoi. On se décourage.
A midi, aperçu le phare de Groix. Le vent tombe. On souque pour atterrir ; nous sommes à 12 milles, mais les hommes sont épuisés.
Quelle satisfaction lorsque nous apercevons droit derrière nous et faisant la même route, un vapeur que nous reconnaissons bientôt comme un chalutier. Il nous recueille une demi-heure plus tard et nous pouvons nous réchauffer.
Malheureusement, nous ramenons deux morts et il manque huit hommes, ce qui porte à 10 le nombre des victimes. »
Lorient, 14 Janvier 1918
Joseph Le Gac Capitaine du VOLTAIRE
On note que le canonnier Gaston LEJEUNE était déjà à bord du VOLTAIRE lors de la rencontre de Février 17. Il disparaîtra malheureusement en Janvier 18.
Je ne sais si le canonnier François Le Gac, 20 ans, de La Rochelle, disparu lui aussi, était un parent du capitaine. Le fait que ce dernier soit resté prostré quelque temps dans le canot pourrait le faire penser...
Cdlt
VOLTAIRE II
Un complément sur le VOLTAIRE II
Ce navire charbonnier a été réquisitionné par la Marine.
5 Février 1917
Le VOLTAIRE II effectue une traversée de Cardiff à Bizerte avec une cargaison de charbon.
Le capitaine est SEVRAIN Jean CLC Lieutenant de Vaisseau auxiliaire
Il est armé d’un canon de 95 mm servi par
LE REGUER Gabriel QM canonnier 2e dépôt
POITEVIN André Matelot canonnier 5e dépôt
LEJEUNE Gaston Matelot canonnier 1er dépôt
Le 4 Février à 00h00, il reçoit un message du cap Clear lui indiquant qu’un sous-marin allemand a été signalé dans le sud des îles Scilly.
Le 5 Février à 11h30, il se trouve par 50°24 N et 11°44 W, route au SW, avec beau temps, mer belle peu houleuse, vent d’ouest, bonne visibilité lorsque le matelot Costagliona aperçoit un sous-marin à environ 5500 m dans l’est. qui se place dans le soleil, puis suit une route parallèle et ouvre le feu, tout en brouillant les émissions radio du VOLTAIRE qui envoie un SOS.
Le VOLTAIRE II présente alors la hanche bâbord et riposte.
Entre 11h30 et 12h35, le sous-marin tire entre 60 et 70 obus dont certains tombent à 8 ou 10 m du bord. Le cargo n’est touché que par des éclats.
En 45 mn il tire 35 coups de canon.
Vers 12h35 et alors qu’il se trouve à 8500 m le sous-marin abandonne la poursuite.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié. Il était de plus difficile à distinguer, étant toujours dans le soleil. Mais il possédait deux canons dont on voyait distinctement les coups partir. Le tir fut d’ailleurs réglé grâce aux lueurs de départ. Le canon avant semblait dans une sorte de tourelle.
Récompenses
Le capitaine Sevrain est proposé pour une citation :
« Attaqué par un sous-marin armé de deux canons, a ouvert aussitôt le feu avec sa pièce de défense et, malgré le tir bien encadré de l’ennemi, a poursuivi le combat pendant 45 mn. A réussi à faire abandonner la poursuite.
Par sa crâne attitude, a fait honneur à la Marine française. »
Le capitaine Sevrain sera cité à l’ordre de l’armée et le navire recevra un témoignage officiel de satisfaction.
4 Janvier 1918
Le VOLTAIRE II est torpillé par un sous-marin allemand.
Rapport du capitaine LE GAC
« Je soussigné, capitaine du VOLTAIRE du port de La Rochelle, déclare être parti de Gibraltar où j’étais en relâche sur ordre le 4 Janvier 1918 à 13h00 avec un chargement de 3602 tonnes de phosphate, 42 tonnes d’huile et sparterie à destination de Nantes.
Au départ, nous faisions partie d’un convoi de 20 navires escortés par plusieurs bâtiments de guerre anglais et américains, le commodore étant sur un cargo. Maintenu notre poste dans la formation jusqu’au 7 au soir.
Le vent fraîchissant de NW et la mer se creusant ne nous permettent plus de dépasser 5 nœuds. Au matin du 8, on ne distingue plus les signaux du commodore. Dans l’après midi, le croiseur d’escorte, le seul qui soit resté des escorteurs du début, vient nous dire que le commodore gouvernait au N16E puis au N33E. Suivi ces routes, apercevant toujours les fumées du convoi devant nous.
Le 10 Janvier à 08h00, étant par 46°05 N et 05°10 W, je fais route pour rejoindre un point donné à la conférence de départ.
Le 11 Janvier à 03h30, par nuit noire, ciel couvert et sans lune, une torpille nous frappe par bâbord arrière par le travers du panneau 4 et nous coule en moins de trois minutes.
Je coule avec le navire, entraîné par le remous. Revenu à la surface, je me retrouve avec plusieurs hommes d’équipage au milieu de débris qui nous permettent de nous soutenir jusqu’à ce que nous soyons recueillis par une baleinière. De ce moment jusqu’à quelques heures plus tard, je suis resté prostré dans le fond de la baleinière et ne peux relater exactement ce qui s’est passé.
J’ai ensuite fait route sur Belle Ile, autant que possible, après avoir mis à la voile. Au soir du 11, la brise fraîchit et la mer grossit. Notre mât casse au ras du bau.
On nage pour se maintenir bout au vent jusqu’à ce que le mât soit rétabli. Sitôt paré, route au SE.
Au matin du 12, aperçu des navires, probablement en convoi. Brûlé des costons, mais le convoi passe.
A 10h00, un navire isolé passe à 1 mille de nous, voit nos signaux, mais fait comme le convoi. On se décourage.
A midi, aperçu le phare de Groix. Le vent tombe. On souque pour atterrir ; nous sommes à 12 milles, mais les hommes sont épuisés.
Quelle satisfaction lorsque nous apercevons droit derrière nous et faisant la même route, un vapeur que nous reconnaissons bientôt comme un chalutier. Il nous recueille une demi-heure plus tard et nous pouvons nous réchauffer.
Malheureusement, nous ramenons deux morts et il manque huit hommes, ce qui porte à 10 le nombre des victimes. »
Lorient, 14 Janvier 1918
Joseph Le Gac Capitaine du VOLTAIRE
On note que le canonnier Gaston LEJEUNE était déjà à bord du VOLTAIRE lors de la rencontre de Février 17. Il disparaîtra malheureusement en Janvier 18.
Je ne sais si le canonnier François Le Gac, 20 ans, de La Rochelle, disparu lui aussi, était un parent du capitaine. Le fait que ce dernier soit resté prostré quelque temps dans le canot pourrait le faire penser...
Cdlt