Bonjour à tous,
CHATEAU LAFFITE
Un complément sur le naufrage de ce navire
Rapport du capitaine
CHATEAU LAFFITE appareille du Verdon le 11 Janvier à 07h15 du matin avec MARGAUX, transportant 1400 tonnes de macadam (cailloux et silex).
A 03h05 le 12 Janvier, relevé le feu de Penmarch à 45°. Gouverné au nord, dans le sillage du MARGAUX, à 700 ou 800 m, guidé par son feu de poupe.
Nuit très noire, fraîche brise de SE, mer agitée.
A 03h55 du matin, violent choc sur bâbord avant à hauteur du panneau 2, qui ébranle tout le milieu du navire frappé par une torpille.
Le sous-marin est aperçu par l’officier de quart, le 2e capitaine Le Ber et par le canonnier arrière Fiandrinon. Donné l’alerte et ouvert le feu en direction du sous-marin avec une hausse à 800 m, avec la pièce AR tout d’abord, puis au hasard avec la pièce avant.
Stoppé la machine. Le navire prend de la gite sur bâbord. Trouvé 1 m d’eau dans la cale 2. Mis en marche le cheval principal (nota : la pompe principale d’assèchement) . Mais cette pompe n’étale pas l’entrée d’eau qui monte à 4 m dans la cale 2. Le navire apique de l’avant. Remis machine en route et suivi un cap au NNW pendant une heure trente.
Le navire s’enfonçant et gouvernant difficilement, le baromètre baissant, appelé aux postes d’abandon. Les canots bâbord (sous le vent) sont rapidement mis à l’eau. Mais le canot tribord, dont un garant est maladroitement largué, se brise contre la coque et se remplit d’eau.
L’équipage évacue dans trois embarcations dont le youyou : 10 hommes dont le capitaine dans une baleinière, 7 hommes dans le youyou et 12 hommes dans la grande baleinière.
Immergé les documents secrets et quitté le navire en dernier à 05h15, à 4 milles dans le sud de Penmarch. Pas vu le navire couler. Perdu de vue les autres canots à cause de la brumaille. Etabli la misaine et fait route sur le raz de Sein.
A 09h30, aperçu un convoi de navires allant de Brest à Quiberon. Lofer vers l’escorteur, le yacht américain WANDERER, qui nous recueille à 09h40 et nous dépose à Quiberon le 13 Janvier à 09h00.
Les autres canots atterrissent à l’anse de Poulhan. Les hommes reçoivent tous les soins voulus et sont acheminés sur Brest.
Excellente tenue des officiers et de l’équipage.
Rapport de l’officier enquêteur
Celui-ci est assez dur avec le capitaine Maestri.
Il note tout d’abord qu’une fois dans les canots, les hommes (en particulier le 2e capitaine) ont aperçu de la lumière au hublot de la chambre du capitaine.
Interrogé, celui-ci assure qu’il n’a pas mis les pieds dans sa chambre de toute la nuit, n’ayant rien à y faire.
L’officier enquêteur écrit qu’il a beaucoup de mal à croire à cette version du capitaine, et que c’est probablement cette lumière qui a fait repérer le CHATEAU LAFFITE dans la nuit noire. Si seul le feu de poupe du MARGAUX avait été visible, c’est ce navire qui aurait été torpillé.
Il note surtout que le CHATEAU LAFFITE était à 5 milles de l’anse de la Torche quand il a été torpillé et qu’il aurait fort bien pu tenter d’aller s’y mettre au plein.
Questionné, le capitaine répond que les roches de Penmarch lui faisait peur et que, de toutes façons, il n’a pas songé à aller s’échouer.
Bien au contraire, il a continuer au NNW à 4 nœuds pendant une heure trente, alors qu’il aurait pu sauver son navire.
L’officier enquêteur considère qu’il s’agit la d’une faute très grave.
Enfin, il signale que dix minutes après l’abandon, un feu rouge est apparu à proximité des canots. Il s’agissait probablement du sous-marin. Mais il n’a pas arraisonné les embarcations et a disparu au bout de trois minutes.
Conclusion de la commission d’enquête
Le capitaine Maestri recevra un blâme pour n’avoir pas tenté d’échouer son navire afin de le sauver.
Cdlt