Forum PAGES 14-18

Bonjour,

"Joseph Dillinger était né à Redon le 22 novembre 1884. Il était le fils de Nicolas et de Anna Gauchais. Il entra assez tôt dans la Marine, car, en 1912, lors de l'établissement de sa fiche d'officier, il totalisait 12 mois au service de l'Etat, 72 mois et 11 jours comme marin de commerce et 11 mois et 29 jours comme matelot à la petite pêche. Il obtint son brevet de capitaine au long cours le 20 juin 1911 et prit son premier commandement le 7 mai 1912 sur le trois-mâts Belem. Il enchaîna ensuite les fonctions de second et surtout de capitaine sur les vapeurs nantais, Charles Lecour, Trignac, Saint-Chamond, Saint-Christophe…Il prit le commandement de Jean le 21 février 1914. Après la prise et la destruction de Jean, la carrière, somme toute assez brillante de ce jeune officier, devint moins banale. Un rapport de la gendarmerie de Saint Servan du 28 juin 1923 détaille les grandes lignes de cette suite de vie :

Le capitaine au long cours Dillinger commandait en 1914, à l'ouverture des hostilités, le trois-mâts Jean. Ce navire fut capturé dans la Pacifique le 11 décembre 1914 par le croiseur allemand Prinz Eitel Friedrich et coulé le 31 décembre 1914 ; l'équipage, composé de 23 hommes fut délaissé sur l'île de Pâques. Le 28 février 1915, le vapeur suédois Nordic, passant en vue de l'île, une partie de l'équipage du Jean, dont le second, prit passage à bord ; le capitaine Dillinger et 5 hommes restèrent sur l'île. Dans la suite, le capitaine Dillinger et les 5 hommes furent ramenés à Valparaiso par un vapeur chilien (N.B. La frégate chilienne General Badequano, le 17 juin 1915). Un ordre d'appel sous les drapeaux fut notifié à Dillinger à Valparaiso le 11 décembre 1915 pour rejoindre le port de Lorient où il était affecté mais il ne rallia pas et fut déclaré insoumis le 11 mars 1916. Le second de Jean, Monsieur Yvetot, officier de la Marine marchande, inscrit à Granville, a déclaré avoir revu en février 1919, à Buenos Ayres, le capitaine Dillinger qui commandait alors un trois-mâts chilien. il n'eut ps de rapports avec lui, mais entendit dire que Dillinger s'était fait naturaliser chilien.
Joseph Dillinger, devenu citoyen chilien, a été déclaré officiellement décédé à San Pedro (Chili) le 15 février 1937."

Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, Volume 2, Association bretagne 14-18, 2012.

Claude et Jacqueline Briot, Louis Lacroix (1877-1958), I - Le navigateur au long cours, chasse-marée n° 177 , avril 2005, page 50, coll. part.

Cordialement.

Bonsoir Mengam, bonsoir à tous
Les choix des hommes sont parfois bien impénétrables !
Cdlt
Yves

Bonjour,

Olivier12 a ouvert le sujet de Jean en présentant un tableau du trois-mâts avec presque toutes les voiles en lambeaux.

Ce tableau a été commandé au peintre par Louis Lacroix et celui-ci en a fait paraître une reproduction dans son premier ouvrage : Les derniers grands voiliers, en noir et blanc, en 1937.
Comme on le voit ci-dessous, la légende est : "JEAN engagé au Cap Horn". C'est une description d'une scène vécue par le capitaine Lacroix et dont la représentation a été commandée au peintre Henry Morhmann. C'était un portraitiste de navires, établi à Anvers (1857-1916) et auquel Lacroix a fait appel pour d'autres tableaux, d'évènements de mer ou de portraits plus classiques.

Ce tableau de Jean en difficulté a été repris dans un ouvrage à grande diffusion des éditions Time Life :" La grande aventure de la mer" en 22 volumes.
Il figure en couleurs et en double pages du volume Les grands voiliers, par Oliver E. Allen et l'équipe de rédaction de l'éditeur.
La légende est :
Le Cap Horn et ses terribles tempêtes, La voilure en lambeaux sauf le foc et le grand hunier, le grand voilier français Jean affronte l'océan pour doubler le cap Horn en 1908.

Sources : Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937.
Oliver E. Allen, Les grands voiliers, Editions Time-Life, 1979.
Claude et Jacqueline Briot, Louis Lacroix (1877-1958)n I - Le navigateur au long cours, chasse-marée n° 177, avril 2005.

Cordialement.

Bonjour,

L'extrait du tableau d'Henry Mohrmann présenté ci-dessous représente le trois-mâts barque Jean, en panne, pour recevoir le pilote, qui se présente à bord de son lougre, visible au premier plan.

Pour être "en panne", le trois-mâts a brassé son grand-mât (celui du milieu) à contre, orienté de telle façon que le vent plaque les voiles sur les vergues et le mât. La force exercée par le vent annule ainsi la composante propulsive fournit par le mât de misaine (à l'avant), normalement brassé. C'est une procédure normale pour prendre le pilote à l'arrivée devant un port. Il faut bien sûr que le vent soit modéré ce qui permet à Jean de garder toute sa toile.

La représentation artistique d'une telle manoeuvre est assez rare pour être signalée.

Une reproduction du tableau, en double page grand format existe dans la réédition 1999 de "L'âge d'or de la voile" de Louis Lacroix par l'éditeur Jean-Pierre Gyss (édition originale en 1949 par Horizons de France, avec une iconographie différente).

Source : chasse-marée, opus cité plus haut.

Cordialement.

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Bonsoir à tous,

■ Composition de l’équipage du trois-mâts barque Jean lors de la perte de ce bâtiment.

• L’Ouest-Éclair – éd. de Rennes – n° 5.682, Mercredi 3 mars 1915, p. 3.