"Sans qu'il fût besoin de recommandations, de leçons ou d'ordres formels, nos matelots observaient à l'égard de la femme du Capitaine, la plus grande correction, la plus parfaite politesse dont ils étaient capables" cf CLC Armand Hayet, Us et coutumes à bord des long-courriers, Denoël, 1953, Chapitre 8, pages 69 à 77, Le diable en lest (qualification des femmes à bord).
Louis Lacroix (dont la femme n'a jamais embarqué à bord au long cours) leur a consacré le Chapitre XXIII, Les femmes de marins à bord et à terre, pages 349 à 364, de son troisième livre, Les derniers cap-horniers français, S. Pacteau, 1940, illustré de 6 photos, dont celle de Madame Capelan, à la barre de Jacobsen (fait rare dont elle était fière).
Le plus grand armement, Bordes, excluait la présence des femmes, d'autres toléraient leur embarquement entre ports européens, une vingtaine donnait une autorisation pour le long cours (cette pratique était courant dans les pays nordiques). On dispose ainsi de plusieurs témoignages. Madame Henry, assez critique (Jean-François Henry, La dame du grand mât, Yves Salmon, 1984), la très photogénique Madame Stéphan (Pierre Stéphan, Carnets du Cap Horn, arléa, 2008), mondialement connue, parce que, juchée sur le beaupré de Président Félix Faure en compagnie de son élégant mari, sa photo (inversée) a été publiée par Time-Life en 1978 dans l'ouvrage The Windjammers (traduction française en 1980, Les grands voiliers). Pierre Stéphan avait fait des recommandations à son épouse, en particulier pour l'étendage du linge, car il devait se souvenir du comportement moins policé de Madame Boju à bord d'Emile Renouf, relaté crûment par Maurice Le Scouëzec, Sur les grands voiliers, Beltan, 1992).
Un bilan quasi complet a été fait par Etienne Bernet, Les cap-hornières, femmes de capitaines à bord des grands-voiiers, MDV, 2008. Un peu plus de 40 femmes, une centaine de voyage, 25 en ont fait plusieurs, 13 ont embarquées avec des enfants, au moins deux sont nés à bord, une est morte en couche (Madame Rault sur Olivier de Clisson), une a disparu avec son navire (Madame Guerpin sur Hautot). Celina Boju a fait naufrage avec Emile Renouf. Le record de durée est de Madame Chevalier pendant neuf ans y compris pendant toute la guerre de 14-18 (Desaix et Bretagne).
Le CLC, Georges Aubin, Dans le vert sillage des cap-horniers, Flammarion, 1960, nous conte une histoire croustillante d'embarquement clandestin, débarquée de Noémi en 1911 à Newcastle en Australie. Les journaux australiens signalaient la présence des femmes de capitaines, voire des enfants (patrick Ahern, Full sail beyond the three capes,the french bounty ships en Australia 1898-1925, patrick Ahern, 2008.
