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Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : jeu. oct. 30, 2008 7:12 am
par Ar Brav
Re,

ARTHUR-CAPEL - Société Prentout-Leblond & Leroux.

Ne convient-il pas de lire : Société anonyme des transports maritimes et fluviaux, dont les actionnaires principaux étaient H. Prentout-Leblond et E. Leroux ?

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Bonjour Daniel,

En toute rigueur, vous avez raison, il s'agit là de déformation professionnelle de navigant. De la même manière, votre remarque est valable pour Fraissinet, Schiaffino, Fabre et bien d'autres...
C'était à une époque lointaine où il y avait des armateurs, des vrais, des hommes avec des bras, des membres et une tête généralement bien faite, et qui connaissaient les marins. Pas des banques ou des groupes où l'on ne sait même plus pour qui on navigue.

Amicalement,
Franck

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : jeu. oct. 30, 2008 9:51 am
par Yves D
Bonjour à tous
Il y a éventuellement le français Missisipi, 6687 t. endommagé par un tir de UB 80 le 11 janvier en Baie de Seine (pas d'autre précision). Se pourrait-il que ce soit lui ? En tout cas il n'a pas été coulé et en cela, il correspondrait à ce que dit le journal.
Cdlt
Yves

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : dim. nov. 02, 2008 11:24 am
par Ar Brav
Bonjour à tous
Il y a éventuellement le français Missisipi, 6687 t. endommagé par un tir de UB 80 le 11 janvier en Baie de Seine (pas d'autre précision). Se pourrait-il que ce soit lui ? En tout cas il n'a pas été coulé et en cela, il correspondrait à ce que dit le journal.
Cdlt
Yves
Bonjour Yves, Daniel,
Bonjour à tous,

Le Mississipi est en ligne ici, j'ai copié/collé deux de vos messages dans le sujet pour une meilleure compréhension dans la recherche :

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 1464_1.htm

Bon dimanche,
Amicalement,
Franck

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : dim. mai 17, 2009 9:19 pm
par Ar Brav
Bonjour à tous,

Un complément tiré du Vichot révisé aimablement communiqué par H. Michéa :

l'Arthur-Capel - Cargo, Socité An. Transports Maritimes &Fluviaux/Prentout, 1.331 tdw. 71,62 m x 9,8 3 m x 4, 07 m, 480 cv. 9 nds. (Rouen, ou la Seyne ?.FCM, (BV. ) 1910-1918) 1918, torpillé, le 14 janvier par l'UB 80. Q.
Le récit de ce naufrage par le Quartier-maître Deffez de l’AMBC, et illustré par Hubert Michéa, se trouve dans la Revue Maritime n°278, juillet 1970 p. 805-810.
Cf. Bureau Véritas, (Registres du )
Cf. www.navires-14-18.com

Bien cordialement,
Franck

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : ven. juin 18, 2010 6:33 pm
par alain13

Bonjour à tous,

En 1917, l'Arthur-Capel fut utilisé comme bateau-piège avec à son bord la deuxiéme équipe spéciale commandée par l'EV1 Delaye.
Le 90 constituant l'armement défensif fut débarqué au profit de 4 pièces de 75 installées sur le château.
Ne jaugeant que 820 tonneaux et n'ayant que 3 mètres de tirant d'eau en charge, "ne semble pas risquer de torpillage et son compartimentage très serré peut lui permettre de flotter malgré les voies d'eaux". !!!!!!! (Bateaux pièges, Amiral Lepotier)
Plutôt optimiste......

Bien cordialement,
Alain




Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : ven. nov. 05, 2010 12:40 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

Un complément sur le naufrage de l'ARTHUR CAPEL

ARTHUR CAPEL

Rapport du capitaine

ARTHUR CAPEL , immatriculé à Rouen, 449 tx JN, 822 tpl, armé au cabotage international par LEROUX et HEUSEY, affrété par LEVE (Paris)
(Non affrété par le gouvernement)

Armé d’un canon de 90 mm sur affût 1916

Quitte Rouen le 13 Janvier 1918 à 09h00 sur lest à destination de Barry Docks avec un équipage de 21 hommes.

Image

Mouillé à Quillebeuf à 15h00 pour attendre la marée. Appareillé à 22h00 et mouillé à 23h30 en petite rade pour attendre le convoi.
Appareillé le 14 Janvier à 15h00, n° 2 d’un convoi de 12 navires escorté par le torpilleur FLEURET.

Routes diverses, feux masqués, feu de poupe atténué, contre-hublots fermés. Nuit très noire. Forte brise de sud. Mer houleuse.
Plusieurs navires du convoi nous dépassent en passant à 200 m sur notre tribord.

A 23h00 position 49°49 N 00°57 W. Feu de Gatteville à peine visible.
Forte détonation par le travers de la cale 3. Panneaux et galiotes des cales 3 et 4 sont projetés en l’air et retombent sur la dunette blessant le 2e capitaine (officier de quart) et le timonier. Le tuyau de vapeur du servo-moteur se rompt et la vapeur envahit le carré des officiers et les chambres avoisinantes.
Personne n’a vu le sous-marin.
Appareil radio détruit. Impossible d’envoyer un SOS. Immergé les documents secrets dans un sac lesté de plomb et donné l’ordre d’évacuation.

La dernière chaloupe quitte le bord avec dix hommes. Le mousse est manquant. Je reste à bord avec le chef mécanicien et le canonnier Kermoal et nous tentons de le sauver. Mais il est impossible d’atteindre le carré à cause de la vapeur.

Finalement, nous mettons un radeau à l’eau et quittons tous trois le navire. Nous sommes recueillis par le FLEURET et le patrouilleur COULEUVRE. Nous sommes dix rescapés. Seul le mousse a disparu, peut-être asphyxié ou brûlé par la vapeur, peut-être noyé dans une des brèches du navire.

Rapport de l’officier enquêteur


ARTHUR CAPEL a été torpillé malgré son faible tirant d’eau (2,20 m). Il a été complètement coupé par l’explosion de la torpille et s’est cassé en deux.
L’évacuation s’est faite dans le désordre. Les chauffeurs, logés à l’arrière, se sont précipités dans le youyou bâbord et ont poussé avant qu’il ne soit complet. Le capitaine a fait embarquer dix hommes dans le youyou tribord qui s’est trouvé au grand complet et l’a fait pousser alors qu’ils étaient encore trois à bord, plus le mousse. Il s’est trouvé démuni de moyen de sauvetage.
Le mousse a disparu au moment de l’évacuation. Il n’a pas répondu aux derniers appels. Il a été impossible d’aller à sa recherche en raison de la nuit, de l’effondrement de la partie milieu et du manque d’embarcation à la disposition du capitaine. Soit il n’a pu gagner une issue et a été asphyxié, soit il est tombé dans une crevasse produite par l’explosion sur le passavant, et dans laquelle plusieurs hommes ont aussi failli tomber.
Ce désordre au cours de l’évacuation est du en partie à la mise hors service du 2e capitaine, sérieusement blessé, mais aussi à la mauvaise organisation de la sécurité. Le capitaine déclare qu’ayant embarqué le 2 Janvier, il n’avait pas eu le temps de mettre les rôles d’abandon à jour. Ces rôles dataient de début Décembre 1917 et n’avaient pas été tenus à jour lors des mutations survenues dans l’équipage.

La conduite de l’équipage militaire a été irréprochable. Ils n’ont quitté leurs pièces que sur ordre du capitaine. Il n’ont pas utilisé leur armement défensif (chargé avec un obus d’exercice), le sous-marin n’ayant jamais été aperçu.

Note de l’Amiral Salaun, de Février 1918

« Il n’y a pas lieu d’accorder de récompenses au personnel. J’estime qu’il convient en revanche d’adresser des observations au capitaine qui eût du se préoccuper davantage de connaître son bâtiment, ce qui demande peu d’efforts quand il s’agit d’un bâtiment de 822 t. »

Note du commandant de Marine Dunkerque à administrateur Fécamp

« Le commandant a déclaré qu’ayant pris son commandement le 2 Janvier, il n’avait pas eu le temps de réorganiser ses rôles et de connaître son bâtiment. Une pareille excuse est inadmissible, surtout lorsqu’il s’agit d’un bâtiment d’aussi faible échantillon. Sa responsabilité peut se trouver gravement engagée. Vous transmettrez mes observations au capitaine au cabotage Le Marois, de Fécamp, et donnerez les ordres pour qu’il en soit fait mention sur sa fiche matriculaire. »

Récompenses

Les récompenses suivantes seront néanmoins accordées, à juste titre, il faut le reconnaître.

Citation à l’Ordre de l’Armée


MAYEU Roger
Mousse Fécamp n° 1478

« A disparu aucours d’une action de guerre où son bâtiment a été engagé »

Citation à l’Ordre du Bâtiment

GRIEU Jules 2e capitaine Fécamp n° 240

« A été blessé grièvement à son poste d’officier de quart lors d’un acte de guerre. A fait preuve de la plus grande énergie au cours de son évacuation. »

Cdlt

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : lun. juil. 11, 2011 12:24 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

Un complément sur ATHUR CAPEL

Armé d’un canon de 90 mm sur affût 1916
CRAN Etienne QM Canonnier 2e dépôt
DUVAL Louis Matelot Boulogne
DUFRESNE Louis Matelot Granville


Rencontres avec des sous-marins

29 Avril 1917 à 02h45

Capitaine GRIEU Louis Capitaine au cabotage Fécamp n° 212
19 hommes d’équipage en tout.

ARTHUR CAPEL, qui effectue une traversée Barry Docks – Rouen, se trouve en convoi par 49°45 N et 02°42 W, (environ 30 milles NE de Barfleur) route au S35E à 7 nds, derrière le Norvégien KNATTEN.
Mer calme. Faible brise. Ciel clair avec lune. Bonne visibilité.

Aperçu périscope d’un sous-marin sur bâbord, à contre-bord à 200 m. Mis cap au sud et éteint le feu de poupe. KNATTEN continue sa route.
Envoyé message TSF « Aperçu sous-marin » Réponse de l’opérateur du Havre (Charles Gélard) « Compris ».
Vu alors le sillage d’une torpille arrivant de 4 quarts sur bâbord avant. Mis arrière toute et à droite toute. La torpille passe sous la cale 1 à 15 m de l’étrave. Vu le bouillonnement, puis le sillage réapparaître sur tribord. Ensuite, perdu de vue. Légère trépidation du navire lors du passage de la torpille et impression d’une petite détonation.

Remis avant toute et gouverné au S15E pour se rapprocher de terre. Continué jusqu’à voir le feu de Ver.
Tirant d’eau avant 3 m, arrière 3,10 m.

4 Mai 1917 à 18h00

Capitaine BOUIN Félix Officier de la Marine Marchande Nantes n° 399
Mêmes canonniers.
19 hommes d’équipage en tout.

ARTHUR CAPEL, qui va de Rouen à Barry Docks, quitte la rade du Havre en convoi, dernier du convoi à 800m derrière DENISE (de Caen). Il se trouve à 5 milles au S60W de la bouée à sifflet du Havre, route au S65W à 6,5 nds.
Petite brise de NE. Beau temps.

Aperçu le kiosque d’un sous-marin à 800 m sur trois quarts arrière, et aussitôt le sillage d’une torpille. Venu à droite toute et gardé la machine en avant toute. La torpille passe sous le navire à hauteur de la cale 4 puis disparaît sur bâbord.

Les canonniers, qui étaient sur le pont avec tout l’équipage et munis de leurs brassières, se précipitent à leur pièce et ouvrent le feu.
1er coup court et un peu à, gauche. Le sous-marin commence aussitôt à plonger.
2e coup porte sur l’eau entre les deux périscopes. Gerbe de fumée bleuâtre.
3e coup est tiré sur le bouillonnement à l’emplacement de la plongée.

ARTHUR CAPEL, qui avait un homme blessé au pied lors de l’appareillage, rentre alors au Havre pour le débarquer. Il repartira le lendemain pour l’Angleterre.

Le navire restera ensuite immobilisé en arrêt technique pendant trois semaines en Angleterre, suite à la rupture de son arbre manivelle. On ne sait si cette avarie est la conséquence des trépidations ressenties lors du passage des torpilles. Il ne reviendra au Havre que le 26 Mai.

Ces deux torpillages manqués sont sans doute à la source de ce qu’a écrit par la suite l’Amiral Lepotier sur le peu de chances de voir ce navire être coulé, en raison de son faible tirant d’eau.

Conclusions de la Commission d’enquête


La commission retient qu’ARTHUR CAPEL a déjà échappé à un torpillage le 29 Avril. Dans les deux cas, l’attitude de l’équipage a été excellente. Le sang froid et l’entrain des canonniers ont forcé le sous-marin à plonger, même si le combat a été bref. Pas de propositions de récompenses, mais la Commission estime que des félicitations peuvent être adressées à l’équipage de l’ARTHUR CAPEL.

Les sous-marins attaquants

Ne sont pas identifiés.

Toutefois, en ce qui concerne l’attaque du 29 Avril, on peut se demander s'il ne s'agit pas de l’UB 32 du KL Max VIEBEG, ce même commandant qui finira par couler ARTHUR CAPEL avec l’UB 80, en 1918, et pas très loin du lieu de leur première rencontre… !
Ce jour-là en effet, Viebeg se trouvait dans les proches parages.

Pour l’attaque du 4 Mai, ce serait plutôt l’ UB 38 du KL Wilhelm AMBERGER, qui coulera plusieurs navires entre Barfleur et Le Havre. Il est possible qu’au petit matin, il soit venu rôder sur la rade du Havre.

Cdlt

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : jeu. juil. 21, 2011 12:35 pm
par Rutilius

Bonjour à tous,


Manuscrit ― non daté ― du rapport de mer du lieutenant de vaisseau Ch. Robert, commandant du torpilleur d’escadre Fleuret, sur le torpillage de l’Arthur-Capel, survenu le 14 janvier 1918.

(Torpilleur d’escadre Fleuret, Ébauches manuscrites de notes ou rapports de mer, Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 219, p. num. 959, 958 et 956 – feuillets dans le désordre –).

« Le 14 à 9 h, appareillé avec la Javeline pour patrouiller la route du convoi du Havre à Portsmouth et escorter ce convoi. A 12 h 15, reçu un allo de Cherbourg et mis le cap sur ce point. Apercevant dans le S.-E. un dirigeable, fait route vers lui, pensant que l’allo pouvait en émaner.
A 12 h 55, reçu le télégramme 166 du commandant des Patrouilles de Normandie. Étant à proximité du dirigeable AT-5, nous continuons pour en passer à portée et, comme il ne signale rien, nous allons rechercher les embarcations dont il est question dans le télégramme, entre le point indiqué et la côte.
Pensant qu’elles pouvaient avoir rallié la côte et été recueillies par des embarcations de pêche ou des patrouilleurs, nous interrogeons l’Amure qui chalute sur rade de Saint-Vaast, le sémaphore de Saint-Vaast, puis le Dalga qui est à l’Est de Saint-Marcouf avec un groupe important de pêcheurs. Personne n’ayant rien vu, fait route pour rallier le convoi de Portsmouth que nous atteignons à 18 h 30 dans le N. N.-W. de Ouistreham.
Croyant avoir reconnu la Javeline à droite, nous nous plaçons à gauche par le travers du quatrième bâtiment à partir de la queue, qui nous semble être le neuvième.
Il fait nuit noire, sans lune, ciel aux trois-quarts couvert. Vers 22 h, la brise commence à forcer du S.-O. ; le convoi marche de 7 nœuds à 7 nœuds 5 et est assez bien formé ; quelques feux de poupe sont très brillants. A 22 h 55, on entend à bord, faible sur la passerelle et le pont, un peu plus forte dans l’intérieur du bâtiment, une explosion assez sèche.
Cette explosion ne nous paraît pas d’abord sous-marine et nous cherchâmes à bord la cause possible, particulièrement sur l’arrière. Toutefois les chauffeurs affirmaient avoir ressenti un déplacement d’air, de l’air chaud ayant été refoulé au dessus des chaudières.
Comptant le nombre des feux de poupe et les vapeurs en vue, il nous semble qu’il n’a pas changé.
Vers 23 h 05, j’aperçois par le travers et défilant vers l’arrière deux petits feux clignotants comme ceux d’embarcations. Mettant le cap dessus, nous passons près d’un vapeur couché sur bâbord et en train de couler ; il disparaît vers 23 h 10.
A 200 mètres environ dans l’Est, nous trouvons la Couleuvre qui vient de recueillir un canot ; le commandant me prévient qu’il y a encore une embarcation et me demande des ordres. Apercevant enfin le feu de l’autre canot, je lui dis de rejoindre le convoi.
En faisant route vers le feu aperçu, nous sentons une forte odeur de pétrole. A notre approche, l’embarcation cache toute lumière et ne fait aucun bruit, nous prenant pour le sous-marin. Ce n’est qu’une fois près de nous que, voyant notre mât, ils poussent des cris m’indiquant leur position.
Nous recueillons sept hommes dans un youyou et trois – dont le capitaine – sur un radeau. L’autre embarcation ayant à bord dix hommes, l’équipage était recueilli au complet, sauf le mousse qui, au dire du capitaine, n’avait pu être retiré de sa couchette par suite de l’explosion d’un tuyau de vapeur.
J’ai fait route pour rejoindre le convoi ; mais celui-ci s’était dispersé et, alors, je n’ai plus retrouvé que les deux derniers, cap sur ... Point. Je les ai accompagnés jusqu’à trois heures, à une quinzaine de milles de la côte anglaise.
Le temps forçant du S.-W., j’ai fait route alors pour rallier Cherbourg où je me suis amarré à 9 h 30 dans l’avant-port.

Le vapeur coulé par explosion par L = 49° 52’ Nord / G. = 00° 47’ Ouest était l’Arthur-Capel, allant sur lest du Havre à Barry. Il calait 2 m 40 environ à l’arrière et a été touché par le travers de la cale 3. Personne à bord n’a rien vu et l’on ne peut affirmer que le bâtiment ait été coulé par mine ou torpille ; le capitaine a cependant l’impression d’avoir été touché par bâbord, le bâtiment s’étant incliné presque aussitôt sur le côté et les tôles de pont de bâbord ayant été rebroussées. Le vapeur a mis un quart d’heure environ à couler.
Il était le deuxième du convoi en partant du Havre ; gagné de vitesse, il avait déboîté sur la gauche et c’est probablement ce qui l’a perdu, le sous-marin l’ayant sans doute torpillé par projection de sa silhouette sur le feu de poupe d’un bateau voisin.
Tout l’équipage devant se trouver quelques heures plus tard dans un port de guerre, je n’ai pas cru nécessaire de faire procéder de suite à un interrogatoire complet. Nous avons réconfortés les hommes recueillis qui étaient calmes.
Quelques minutes après l’explosion, j’ai aperçu à deux reprises dans l’Est quelques faibles lueurs blafardes et de courte durée, comme des éclairs lointains ou des éclats de phosphure de calcium ; je les avais attribués à une bouée de sauvetage, mais le capitaine les ayant lui-même remarquées dans l’Est, le phénomène était par suite plus éloigné et je ne m’en explique pas la cause.

Le 15, après avoir dirigé les 20 naufragés (la Couleuvre était venue s’amarrer le long de notre bord) sur l’Inscription maritime et ayant rendu compte au commandant des Patrouilles de Normandie, nous avons appareillé à 12 h. Le vent soufflait en tempête du S.-W. et les remorqueurs de la Direction du port ont eu beaucoup de difficultés à nous présenter dans la passe.
[...] »

_______________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : ven. juil. 22, 2011 1:32 am
par Rutilius

Bonsoir à tous,


Le sauvetage par le patrouilleur auxiliaire la Couleuvre d’une partie de l’équipage du cargo Arthur-Capel, torpillé le 14 janvier 1918 au large de Barfleur.


● Patrouilleur auxiliaire la Couleuvre – alors commandé par le maître de timonerie Le Boëtté Journal de Bord n° 3 / 1917 – 14 oct. 1917 / 15 mars 1918 – : Service historique de la défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 128, p. num. 52 et 53.


« Journée du 14 janvier 1918.

.............................................................................................................................................

15 h 00 – Appareillé du quai Brostom
[Quai Auguste Brostom, dans le port du Havre] avec Dragon.

16 h 10 – Passé la bouée à sifflet, puis escorté le convoi, Dragon en tête ; 11 bâtiments. (Jolie brise de S.-O, mer belle).

17 h 00 – Reconnu un chalutier anglais remorquant un hydravion à 3 milles de la bouée à sifflet.

17 h 10 – Venu sur la gauche, R.C. = S. 55 O.

18 h 10 – Venu R.C. = N. 30 O. (Lock = 7 milles).

21 h 00 – Continué R.C. = N. 30 O. ; continué escorte ; rien de particulier. Brise fraîchit.

22 h 30 – Est et Ouest de Barfleur. R.C. = N. 30 O.

23 h 00 – Entendu et ressenti la détonation d’une explosion.

23 h 45 – Porté secours à une embarcation ayant six hommes à bord provenant du cargo français Arthur-Capel ; celui-ci vient d’être torpillé et se trouvait sur l’avant du convoi.

23 h 50 – Le contre-torpilleur Fleuret nous passe à portée de voix ; renseigné le Fleuret au sujet du sauvetage, en lui demandant ordre de rejoindre le convoi. Réponse : oui.

0 h 10 – Fleuret se dirige à la recherche de la deuxième embarcation de l’Arthur-Capel ; continué la R.C. = N. 30 O. pour rejoindre le convoi.

5 h 00 – Quitté le dernier bâtiment du convoi à 4 milles dans le S. 45 O. de Sainte-Catherine ; ensuite, fait route sur Cherbourg.

10 h 15 – Amarré le long du contre-torpilleur Fleuret dans l’avant-port de Cherbourg. »


_______________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.

Re: ARTHUR CAPEL - Société Anonyme des transports maritimes et fluviaux

Publié : dim. juil. 24, 2011 12:05 am
par Memgam
Dans le récit du QM Deffez, canonnier à bord de l'Arthur Capel et publié par la Revue maritime comme signalé ci-dessus par Ar brav, il est indiqué que le Fleuret a d'abord tiré trois coups de canon en direction du canot de sauvetage avant de s'apercevoir de sa méprise.
"Une ombre de navire s'aperçoit parfois au sommet des lames dans un coin d'horizon. Cette ombre disparaît dans les creux, mais finit par se préciser aux remontées, avec l'aube. Il s'agit bien d'un chalutier ou plus exactement d'un patrouilleur. Les minutes passent dans l'anxiété. La visibilité s'améliore. Il devrait nous apercevoir et avoir déjà mis le cap sur nous. Pourquoi donc ne change-t-il pas de route ?...Nous ne tardons pas à en connaître la raison. A la déflagration d'une de ses pièces, qui nous étonne, succède le jaillissement d'une haute gerbe d'eau proche de notre canot, qui nous stupéfie. Puis une deuxième gerbe...Et une troisième, très rapprochée celle-là, et qui déchaîne chez nous tous une violente colère. Aucun doute !...Le patrouilleur nous a aperçus, mais prenant le canot pour le kiosque d'un sous-marin ennemi, il nous attaque au canon. Inconscients, autant que courroucés, nous lui répondons par une bordée d'insultes qui n'ont d'autre portée que cellle de nous libérer d'un peu de notre rancoeur. Pourvu qu'il s'aperçoive à temps de sa méprise, et qu'il cesse, avant qu'il soit trop tard, ses salves aussi ridicules que dangereuses vers notre pitoyable cible. Au risque de chavirement de notre canot, nous nous dressons tous debout en hurlant de toutes nos forces, avec l'espoir bien vain, que nos cris pourraient lui parvenir. Sur la passerelle du patrouilleur des yeux plus clairvoyants ont dû reconnaître une embarcation de naufragés. Le tir cesse. Le patrouilleur change de route et vient nous recueillir."

Illustration d'Hubert Michéa :




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