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Les circonstances de la perte du Torpilleur 317
• Torpilleur 350 — alors commandé par le lieutenant de vaisseau François Marie Joseph HUS —, Journal de bord — 20 décembre 1916 ~ 16 mars 1917 — : Service historique de la Défense, Cote SS Y 575, p. num. 825.
« Le 28 décembre 1916. De Calais à Calais.
Vers 4 h. 45, entendu une détonation. Peu après, le quartier-maître de timonerie de veille me prévient qu’on vient d’entendre une forte détonation et qu’il a vu une fusée verte dans la direction du front de mer. Donné l’ordre d’être prêt à appareiller.
4 h. 50. ― Le 3.. s’amarre le long du 314 et son commandant me prévient que le Jeannot est échoué à l’Est des jetées et qu’il a essayé de lui porter secours sans succès. Donné l’ordre au 314 d’être prêt à appareiller.
M. G... [illisible] ... nous allons à la Police de navigation prévenir de l’échouage du Jeannot et demander dans quelle direction a été aperçue la fusée verte. Le front de mer qu’il a mis aux postes d’alerte et que la fusée verte a été aperçue un peu à gauche de la bouée 6.
5 h. 00 ― Envoyé par planton prévenir le 343, qui est dans le sas, d’appareiller.
5 h. 10. ― Le 343 appareille.
5 h. 15. ― Le 350 appareille. Formé la section hors des jetées ; postes de combat ; route sur la bouée 6.
En approchant de cette bouée, aperçu un peu dans l’Ouest un projecteur cherchant sur la mer. Allumé notre projecteur. Reconnu le Lorientais avec ses embarcations à la mer. Il manœuvre doucement pour venir à portée de voix. Une embarcation nous prévient que c’est le 317 qui a sauté. Mis les berthons à la mer. Le Lorientais prévient qu’il a quatre survivants à bord, dont le commandant. Capelé les bouées de sauvetage. Les berthons transportent chacun un noyé qu’ils envoient au Lorientais qui demande à rentrer pour déposer les survivants. Le 314 lui envoie également un noyé.
Le 343 nous rallie. Il est prévenu de l’accident et reçoit l’ordre de croiser doucement en suivant le courant de jusant.
Continué à croiser doucement, en nous faisant précéder des berthons et en éclairant avec le projec-teur. Nous sommes ainsi dépalés peu à peu vers le banc des Qu...
7 h. 45. ― Le 343 prévient qu’il vient de trouver un homme paraissant encore en vie. Je l’envoie immédiatement à Calais le déposer.
Prévenu le Printemps par flashing lamp, puis à la voix du danger de mines dans le Nord de la bouée 6.
Trouvé trois bouées de sauvetage, une couronne de sauvetage du Lorientais, un paquet de défense du youyou, la planchette de lancement pour les fusées avec la fusée rouge encore en place.
8 h. 55. ― Au Nord de la bouée du Qu..., trouvé le chauffeur Maille. Essayé de le ranimer sans succès.
9 h. 30. ― Ne voyant plus rien, fait rallier le 314 et rentré à Calais où nous déposons les noyés.
Le commandant du 350.
Signé : Joseph HUS. »
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• Torpilleur 343. Journal de bord ― 1er novembre 1916 ~ 13 janvier 1917 ― : Service historique de la Défense, Cote SS Y 570, p. num. 646.
« Le Jeudi 28 décembre 1916. De la mer à Calais, avant-port.
JOURNAL DE NAVIGATION.
Continué la croisière entre la bouée 6 et Gravelines. A 1 h., quitté la croisière. A 1 h. 15, amarré dans l’avant-port. Rentré dans le petit sas à 2 h. Amarré à 2 h. 15. Appareillé du sas à 5 h.50 (pour alerte). A 5 h. 58, sorti des jetées. Le 330 nous signalant la perte du Torpilleur 317 (1), nous commençons les recherches des survivants. A 7 h. 30, ramassé un cadavre au nom de DENYS Raymond Charles, matri-cule 468, Saint-Malo. A 8 h. 15, déposé le cadavre au Bureau de navigation. (2) A 9 h., appareillé de nouveau pour croiser de la bouée 5 aux Qu... A 10 h., quitté la croisière. A 10 h. 15, amarré dans l’avant-port. Vent S., temps clair, mer calme, faible brise. Heures de marche, 2 h. 30, 8 h. 15.
Le patron de quart,
Signé : Illisible.
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(1) Saute sur une mine.
(2) D’après nos recherches faites, nous avons retrouvé le pied du compas liquide, une dame-jeanne, deux ceintures de sauvetage et une bouée couronne sur laquelle se trouvait agrippé le dénommé Denys. Dès son embarquement à bord, nous nous sommes empressés de lui donner tous les soins nécessaires à seule fin de le ranimer. Après 30 mn de soins, nous fûmes obligés de cesser, l’homme ne prenant aucunes facultés de vie. Dès notre entrée au port, nous déposâmes l’homme à la Police de la navigation qui, d’après la visite du médecin, constata le décès.
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OBSERVATIONS DU COMMANDANT.
Le Jeudi 28 décembre 1916.
A 5 h. 05, reçu le signal d’alerte par un quartier-maître du 350 qui dit d’appareiller dès que possible et de rejoindre le 350 dans le Sud de la bouée 6 des Ridens de Calais.
5 h. 50 ― Sorti du petit sas.
5 h. 58. ― Sorti des jetées pour rallier le 350.
6 h. 10. ― Le 350 nous signale la perte du 317 aux environs de la bouée 6, sauté sur une mine. Nous commençons immédiatement les recherches des survivants en marchant à très petite vitesse et en suivant le lit du courant.
7 h. 30. ― Ramassé le corps du quartier-maître de timonerie DENYS Raymond Charles, Matricule 468, Saint-Malo. Cet homme se trouvait agrippé sur une bouée couronne. Dès son embarquement à bord, nous nous sommes empressés de lui donner tous les soins nécessaires pour essayer de le ranimer.
7 h. 45.― Prévenu le 350 qui nous donne l’ordre de rentrer immédiatement à Calais déposer le noyé.
8 h. 15. ― Amarré dans l’avant-port. Débarqué le corps de Denys ; à son arrivée au Service de la police de la navigation, la mort fut constatée par le médecin présent.
8 h. 50. ― Rappareillé et effectué une route suivant ordre reçu jusqu’à la bouée des Qu... Rien trouvé. Rentré à Calais à 10 h 15.
Depuis nos recherches, nous avons trouvé le pied du compas liquide, une dame-jeanne, deux ceintures de sauvetage.
Le Commandant,
Signé : Illisible. »