Re: Des nouvelles d'Albert COULON et interprétation de dossier médical
Publié : sam. déc. 16, 2017 8:03 pm
Bonjour,
Dans les ouvrages disponibles sur Gallica, vous pouvez retrouver ceux cités :
- Recrutement de l'armée. Commissions spéciales de réforme.Volume mis à jour à la date du 20 septembre 1915.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=21459;2
et l'édition du 15 octobre 1918
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=64378;0
- Dupard. Quatrième région. Direction du service de santé. N° 306 N/1. Instruction sur la constitution du dossier médicoadministratif des militaires susceptibles d'être proposés pour une pension, une réforme n° 1 ou une gratification (20 janvier 1917).
apparemment en erreur 500 ...
- Bulletin officiel du ministère de la guerre. Edition méthodique. Recrutement de l'armée. Aptitude physique au service militaire. Volume arrêté à la date du 20 décembre 1916.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=21459;2
Il est possible que ce document reprenne l'Instruction ministérielle du 24 juillet 1916 que vous recherchez.
A propos des condamnations :
Il est d'usage qu'elles ne soient pas effectuées mais reportées à la fin de la guerre : il serait trop tentant de commettre un délit juste pour s'extraire de la tuerie...
A propose de la mobilisation du 2 août 1914:
Les réformés et exemptés ne sont pas retenus. Ils sont considérés comme un poids inutile dans une guerre qui doit être courte et intense.
En septembre, devant l'ampleur des pertes et la révélation que l'affaire est loin d'être finie, on récupère tous les hommes possibles. Voir sur l'excellent site d'Arnaud Carobbi :
http://combattant.14-18.pagesperso-oran ... 3mob3.html
Ce que je comprends du parcours médical :
Une pathologie, aliénation mentale , est reconnue lors du service actif en 1895, mais le service n'en est pas rendu responsable. D'où une réforme n°2 = renvoi au foyer, sans indemnité.
En février 1915, le conseil de révision n'estime pas le motif de réforme suffisant pour éviter le service armé = bon pour le service, passage dans une unité d'active, avec les jeunes. Pourquoi Albert Coulon, âgé de 41 ans, ne rejoint pas une unité de territoriale ? Il s'écoule 2 mois avant son arrivée au corps, ce qui parait long.
2 mois plus tard, condamnation pour ivresse. Peut-être un lien avec l'affection, le vin pris comme anxiolytique ? Dans tous les cas, la prise de boisson alcoolisées est fortement déconseillée aux dépressifs car elle aggrave l'état et favorise d'autre troubles comme la paranoïa (délire de persécution, que l'on va retrouver plus tard).
Il rejoint le front après 2 mois au dépôt, délai normal.
Fin 1916, après un an de vie aux armées, la pathologie ne peut échapper à l'entourage, Albert Coulon va finir la guerre d'institution en institution. Que s'est-il passé pour qu'il entre au centre psychiatrique militaire d’Amiens ? L’état de santé reconnait la confusion mentale, mais n'en attribue pas la cause au service. Les psychiatres d'Amiens n'ont peut-être pas le dossier médical sous les yeux et ne peuvent relier des effets aux causes.
[Confusion mentale = perte de repères dans l'espace, le temps, trouble de la mémoire ?]
Après 4 mois à Amiens, transfert au Val de Grâce, qui ne va être qu'une courte étape de 2 jours : peut-être le temps d'un diagnostic, puis Maison Blanche. Après 9 mois, les médecins reconnaissent la pathologie, débilité mentale avec dépression, et un état impropre au service armé, d'où le classement au service auxiliaire (ce qui aurait pu être fait dès 1915).
[Débilité mentale = raisonnement altéré, incapacité à se prendre en charge ?]
[Dépression = neurasthénie, repli sur soi, tristesse, apathie, idées suicidaires ?]
Début 1918 : sortie de Maison Blanche - pour où ? Il rejoint ensuite l'hôpital 101 de Moulins où l'on établit pour la première fois un lien avec le service : dépression nerveuse contractée au cours des opérations militaires, puis un l'asile Ste Catherine d’Yzeure.
En 1919 la responsabilité de l'Etat est reconnue dans l'aggravation de la pathologie : affaiblissement intellectuel avec délire de persécution, maladie aggravée par plus de 7 mois au front, et aboutit à une prise en charge financière établie par la réforme n°1. Il est vrai qu'en 1919, l'Etat devient plus généreux et pense être indemnisé par l'Allemagne.
["Affaiblissement intellectuel", après "confusion mentale" et "débilité mentale" indiquerait une incapacité à interagir avec l'environnement, à se prendre en charge]
[Délire de persécution : une paranoïa peut-être à la violence de la guerre, aux injonctions]
Ces considérations n'engagent que moi et la (faible) connaissance que je peux avoir des pathologies grâce à un ami psy.
Cordialement,
Régis
Dans les ouvrages disponibles sur Gallica, vous pouvez retrouver ceux cités :
- Recrutement de l'armée. Commissions spéciales de réforme.Volume mis à jour à la date du 20 septembre 1915.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=21459;2
et l'édition du 15 octobre 1918
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=64378;0
- Dupard. Quatrième région. Direction du service de santé. N° 306 N/1. Instruction sur la constitution du dossier médicoadministratif des militaires susceptibles d'être proposés pour une pension, une réforme n° 1 ou une gratification (20 janvier 1917).
apparemment en erreur 500 ...
- Bulletin officiel du ministère de la guerre. Edition méthodique. Recrutement de l'armée. Aptitude physique au service militaire. Volume arrêté à la date du 20 décembre 1916.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=21459;2
Il est possible que ce document reprenne l'Instruction ministérielle du 24 juillet 1916 que vous recherchez.
A propos des condamnations :
Il est d'usage qu'elles ne soient pas effectuées mais reportées à la fin de la guerre : il serait trop tentant de commettre un délit juste pour s'extraire de la tuerie...
A propose de la mobilisation du 2 août 1914:
Les réformés et exemptés ne sont pas retenus. Ils sont considérés comme un poids inutile dans une guerre qui doit être courte et intense.
En septembre, devant l'ampleur des pertes et la révélation que l'affaire est loin d'être finie, on récupère tous les hommes possibles. Voir sur l'excellent site d'Arnaud Carobbi :
http://combattant.14-18.pagesperso-oran ... 3mob3.html
Ce que je comprends du parcours médical :
Une pathologie, aliénation mentale , est reconnue lors du service actif en 1895, mais le service n'en est pas rendu responsable. D'où une réforme n°2 = renvoi au foyer, sans indemnité.
En février 1915, le conseil de révision n'estime pas le motif de réforme suffisant pour éviter le service armé = bon pour le service, passage dans une unité d'active, avec les jeunes. Pourquoi Albert Coulon, âgé de 41 ans, ne rejoint pas une unité de territoriale ? Il s'écoule 2 mois avant son arrivée au corps, ce qui parait long.
2 mois plus tard, condamnation pour ivresse. Peut-être un lien avec l'affection, le vin pris comme anxiolytique ? Dans tous les cas, la prise de boisson alcoolisées est fortement déconseillée aux dépressifs car elle aggrave l'état et favorise d'autre troubles comme la paranoïa (délire de persécution, que l'on va retrouver plus tard).
Il rejoint le front après 2 mois au dépôt, délai normal.
Fin 1916, après un an de vie aux armées, la pathologie ne peut échapper à l'entourage, Albert Coulon va finir la guerre d'institution en institution. Que s'est-il passé pour qu'il entre au centre psychiatrique militaire d’Amiens ? L’état de santé reconnait la confusion mentale, mais n'en attribue pas la cause au service. Les psychiatres d'Amiens n'ont peut-être pas le dossier médical sous les yeux et ne peuvent relier des effets aux causes.
[Confusion mentale = perte de repères dans l'espace, le temps, trouble de la mémoire ?]
Après 4 mois à Amiens, transfert au Val de Grâce, qui ne va être qu'une courte étape de 2 jours : peut-être le temps d'un diagnostic, puis Maison Blanche. Après 9 mois, les médecins reconnaissent la pathologie, débilité mentale avec dépression, et un état impropre au service armé, d'où le classement au service auxiliaire (ce qui aurait pu être fait dès 1915).
[Débilité mentale = raisonnement altéré, incapacité à se prendre en charge ?]
[Dépression = neurasthénie, repli sur soi, tristesse, apathie, idées suicidaires ?]
Début 1918 : sortie de Maison Blanche - pour où ? Il rejoint ensuite l'hôpital 101 de Moulins où l'on établit pour la première fois un lien avec le service : dépression nerveuse contractée au cours des opérations militaires, puis un l'asile Ste Catherine d’Yzeure.
En 1919 la responsabilité de l'Etat est reconnue dans l'aggravation de la pathologie : affaiblissement intellectuel avec délire de persécution, maladie aggravée par plus de 7 mois au front, et aboutit à une prise en charge financière établie par la réforme n°1. Il est vrai qu'en 1919, l'Etat devient plus généreux et pense être indemnisé par l'Allemagne.
["Affaiblissement intellectuel", après "confusion mentale" et "débilité mentale" indiquerait une incapacité à interagir avec l'environnement, à se prendre en charge]
[Délire de persécution : une paranoïa peut-être à la violence de la guerre, aux injonctions]
Ces considérations n'engagent que moi et la (faible) connaissance que je peux avoir des pathologies grâce à un ami psy.
Cordialement,
Régis