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Re: pharmacien en chef
Publié : sam. juin 21, 2008 4:47 pm
par laurent provost
Bonjour,
Merci sophie,
mais
Un je ne suis pas grand
deux, pas spécialiste
Trois peut être un peu trop présent
Je pense que Jean , mireille, gghop, et tant d'autres font aussi un gros travail.
Ne n'ai que la chance d'avoir du temps (Ach, madame la retraite..), et surtout l'accès à des sources fabuleuses, les archives et la bibliothèque du Val de Grâce et les archives des hôpitaux de paris qui sont extrêmement riches...
a bientôt.
Re: pharmacien en chef
Publié : sam. juin 21, 2008 7:23 pm
par jean-rene
Merci beaucoup Sophie pour la référence
et merci aussi à Laurent
et merci beaucoup au pharmacien décrivant le travail d'ambulance.
C'est mieux d'avoir le témongange en entier : voici la retranscription d'une interview par mon oncle C de ma grand-mère Yvonne née à Landerneau en 1900, datant je crois de 1973.
Très cordialement
Jean-René
"C: Il y a eu beaucoup de morts.
Yvonne: La guerre 14-18 m'aura beaucoup marquée.
C : Énormément de tués.
Yvonne: Beaucoup de morts.
Quand Papa a vu le bataillon de Landerneau, après la bataille, il reste un embryon de treize hommes. Un bataillon qui a quand même quatre compagnies : quatre lieutenants, quatre sous-lieutenants, quatre capitaines, quatre adjudants. Je ne sais pas combien d'hommes par compagnies. Je ne sais pas.
C: 300, 1200 hommes par bataillon environ.
Y : Papa trouve, aux environs des lisières de Belgique, des soldats 118. 19ème. Non : 118.
118 ? D'où venez-vous, Landerneau ou Quimper ?
Landerneau.
Où sont les hommes ? Où sont les officiers ?
Nous sommes 13. Il reste 13.
Les autres ?
Tués, blessés, prisonniers
C : Sur la Marne ?
Y : Non, à Paliseul en Belgique, aux premières attaques, tout de suite, le 22 août 14.
Papa demande :
Et Leduc ?
Probablement tué.
Et Caron son capitaine ?
Tombé près de lui, probablement tué.
A ce moment-là, il a eu une débâcle épouvantable parce que les Allemands arrivaient.
Papa disait que c'était affreux de voir les réfugiés sur les routes. Ils étaient massacrés par les troupes. Il fallait que les troupes passent. C'étaient des gens qui partaient avec leurs petites voitures, leurs enfants. Horrible. Papa a dit que la débâcle de Belgique a été quelque chose d'épouvantable parce que les civils ont été complètement écrasés par l'armée.
C : Charleroi ? C'était autour de Charleroi, Paliseul ?
Y : Il restait treize du bataillon de Landerneau Il a un qui était l'adjudant de la compagnie de Leduc : capitaine Caron, sous-lieutenant Leduc, lieutenant Serrand, adjudant Ruppe. Papa avait à son ambulance un abbé Ruppe qui était le frère de cet adjudant-là.
Le lieutenant Ruppe a été aussi porté disparu. Mme Ruppe allait d'une ville à l'autre demandant : avez-vous des nouvelles ?
Mme Caron a des nouvelles ? Moi je suis sans nouvelles de mon mari.
Cette Mme Ruppe est partie chez elle du côté de Scaër. Elle a dit à Maman :
Je vous confie mon courrier. Si on annonce la mort de mon mari vous me le direz.
J'espère que je n'aurais jamais ça à vous dire et que les nouvelles que j'aurais seront bonnes.
A peine cette personne est-elle partie, Maman reçoit une lettre d'Allemagne. C'est un aumônier allemand qui lui écrivait en mauvais français. Assez lisible pour comprendre cependant
Madame n'ayez pas de souci pour votre mari. Il se porte bien maintenant. Il est soigné à mon hôpital depuis six mois et il pourra bientôt vous écrire.
C'était un aumônier qui écrivait pour donner des nouvelles de l'adjudant Ruppe.
Le capitaine Caron est bien mort le 22 août et est enterré à Paliseul. Près de lui repose son sous-lieutenant Charles Leduc, décédé le même jour. Leurs blessures étaient mortelles. Ou peut-être pas mortelle mais il y avait eu une débâcle telle que je ne sais pas si les médecins pouvaient les approcher pour les soigner.
La troupe avançait. L'ennemi envahissait, envahissait, envahissait à une telle allure que les blessés restaient là et ils étaient probablement massacrés par les troupes qui passaient."
note de JR Dans la douzième compagnie, Charles Leduc était lieutenant d'active, Dupire lieutenant de réserve,t Ruppe l'adjudant, Caron le capitaine. Le lieutenant Serrand n'appartenait pas à une des quatre compagnies mais dirigeant la section de mitrailleuses du troisième bataillon.
La 12ème compagnie est réduite à l'état de « débris qui rallient Paliseul pendant la nuit du 22 au 23 août » (Historique du 118e RI, Fournier Paris, 1923, 140 p, numérisation Prigent).
C'est sans doute cette nuit-là que TM a rencontrés les 13 hommes revenant de Maissin pour rejoindre le 118 à Paliseul ou alors lorsqu'ils rejoignaient Bouillon le lendemain.
Ils ne représentaient probablement pas les restes du 3e bataillon tout entier, les 13 hommes rencontrés étaient les 13 survivants des 280 de la 12ème compagnie.
Re: pharmacien en chef
Publié : dim. juin 22, 2008 2:10 am
par los
Bonjour
Merci Jean René pour ce beau témoignage de votre grand mère.
Bonjour Laurent
Ne soyez pas modeste. Pour la grande ignare que je suis concernant le service de santé, je lis toujours vos interventions avec grand intéret. Et j'apprècie énormement le partage de vos recherches dans les archives.
Mais je n'oublie pas non plus Jean, Mireille, gghop et tous les autres grace ausquels ces pages "Service Santé" fourmillent de plein de choses très interessantes.
Merci à vous tous

les spécialistes des services de santé.
Amicalement
Sophie
