Bonsoir à tous .

Encore un Préfet à virer (dans 3 mois ?) pour incompétence, inculture et immoralité (car il s'agit bien de "morale") . Mais pourquoi se priver lorsque les exemples se sont multipliés en venant d'en haut ?
Pendant combien de temps devrons-nous accepter que l'on bafoue de la sorte notre Mémoire, que l'on brade notre Histoire et nos paysages pour ce qui se résume uniquement qu'à des affaires de fric ?
2012 : l'année de la grande lessive ?
Alors Jean-Michel : tenez-bon ! Tout n'est peut-être pas encore perdu comme tu le dis ... surtout s'il y a un recours. Car le temps que celui-ci soit examiné, le "cher" Préfet aura dégagé et faut-il espérer qu'en "haut-lieu" il y ait alors des oreilles beaucoup plus attentives à tous vos soucis actuels.
Jean-Yves
En souvenir des Bretons et en particulier ceux du 316e RI tombés à Puisaleine, Quennevières, Tracy ....
Bonjour Jean-Yves,
Bonjour à tous,
Au risque de ne pas me faire que des amis, je voudrais encore une fois rebondir sur votre intervention... et pousser un nouveau cri du coeur...
Oui, en effet, en souvenir de tous les braves de la 61e DI, de tous ceux notamment du 262e, du 264e, du 265e, du 316e, du 318e qui se sont battus d'abord devant Moulin sous Touvent, en 1914 et début 1915, puis qui sont venus prendre les tranchées de Quennevières au Bois Saint Mard, à la suite des zouaves, et qui ont laissé tant de leurs camarades, dormant aujourd'hui de leur dernier sommeil dans les nécropoles nationales de Tracy-le-Mont, de Vic-sur-Aisne, de Compiègne... Et qui ont laissé tant de traces de leur passage, notamment dans le Bois Saint Mard ou près de la Ferme de Bimont (commune de Tracy-le-Mont)... Pour que leur mort n'ait pas été vaine et pour que leur souvenir ne soit pas définitivement enfoui sous des tas d'immondices...
Le plus insupportable dans cette affaire est de voir ce que veulent faire de ce champ de bataille certains décideurs, au moment où on se prépare à commémorer le centenaire de la Grande Guerre et des combats particulièrement violents de 1914-1915 (dont ceux de septembre 14 qui ont pourtant déterminé toute la suite de la guerre!) sur ce front de Quennevières, et alors que le conseil général de l'Oise, qui a reconnu la qualité et la valeur exceptionnelles de ce lieu de mémoire, a décidé, au début du mois de décembre dernier, de présenter l'ensemble des fronts du Noyonnais dans la perspective du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO...
L'arrêté pris le 16 décembre dernier fait fi de tous ces paramètres, qui offrent pourtant une occasion unique de développer une activité touristique et donc économique, autour du tourisme de mémoire, extrêmement florissante dans le ressort de toute la communauté de communes du canton d'Attichy (et des communautés de communes voisines directement concernées par les projets de musée-territoire 14-18 qui couvre tout le nord-est de l'Oise. Ce que, par ailleurs, certains élus lucides et clairvoyants ont su très bien percevoir).
Que les gens perplexes aillent donc faire un petit tour du côté de Verdun, de l'Argonne, de la Champagne, des Ardennes, du Chemin des Dames, de la Somme ou de l'Artois (que j'ai moi-même pas mal sillonné, il y a une bonne dizaine d'années maintenant, avant de revenir m'intéresser au plus près des vestiges existant dans mon propre département d'origine) : allez me trouver un habitant, un commerçant ou un agriculteur qui se plaigne et récrimine sur l'existence de circuits et de lieux de mémoire et de l'afflux de touristes, qui viennent, chaque année, dépenser leur argent dans tous ces lieux, en visites de musées, en hôtellerie (hôtels, gîtes ruraux, chambres d'hôtes, campings, laquelle hôtellerie permet en outre de dégager des taxes de séjour non négligeables, perçues par les collectivités locales...), en restauration (restaurants, achats de produits locaux directement auprès des fermiers producteurs..), en achats de livres et souvenirs divers, en activités de loisirs diverses, etc, etc. Allez donc sur les plages du débarquement (sur lesquelles j'ai crapahuté pendant près d'une dizaine d'années), où chaque commune se bat pour avoir son char ou son blindé et/ou son monument (ou ses monuments), en bordure de route ou près des plages, qui possède son musée ou sa nécropole... Qui s'y plaint de l'afflux des touristes et de la manne qu'ils rapportent ?... Veuillez me pardonner de parler ici de gros sous, mais il semble qu'il faille absolument évoquer ces questions pour attirer l'attention de ceux qui ont le pouvoir de décider dans le département de l'Oise et dans le ressort de la circonscription administrative de Compiègne... Jusqu'ici donc, les décideurs politiques ont adopté un postulat tout autre, en sacrifiant délibérément cette chance exceptionnelle de développement économique pour tout un pan du nord-est de l'Oise, dont la richesse des vestiges et du patrimoine historique n'est pourtant plus à démontrer et que tous les visiteurs, anonymes, néophytes, passionnés, écrivains, universitaires, journalistes, élus, etc, qui se sont un jour donné la peine de venir visiter les lieux, reconnaissent unanimement.
Triste pays que cette France qui perd la mémoire et qui cède aux sirènes d'un capitalisme effréné et sans retenues, aujourd'hui tant décrié, qui sacrifie tout ce qui n'est pas suffisamment rentable à son goût et qui balaie tout, y compris notre patrimoine historique (qui, au-delà de tout titre de propriété, est notre bien commun à tous, que nous avons à charge de transmettre aux générations futures), au nom du seul profit d'une oligarchie toute puissante (ou prétendue telle), et qui entend aujourd'hui assimiler les combattants de la Grande Guerre avec ceux de la Seconde Guerre, avec ceux des guerres de décolonisation, qui pourtant, de par le contexte historique, l'évolution de la formation intellectuelle et des mentalités, des technologies, des armements, par leur perception même de leur expérience de guerre, ont si peu de points communs...
Puisque nos dirigeants nationaux actuels s'inspirent énormément du modèle anglo-saxon dans le domaine social et économique, on ne peut que regretter d'autant plus qu'ils ne s'inspirent pas également de ce modèle anglo-saxon pour ce qui touche à la préservation du patrimoine historique et donc aux fondements de notre culture, de notre civilisation et de notre mémoire : en effet, il est parfaitement inconcevable, aujourd'hui encore, pour un Britannique, et plus encore pour un Américain, de dénaturer et de souiller un champ de bataille où des combattants nationaux se sont sacrifiés, ainsi que les lieux de mémoire qui y sont attachés : qui s'en prend à un lieu de mémoire s'en prend à la Grande Bretagne ou aux Etats-Unis !... Sans avoir besoin de prendre l'avion ou le bateau pour aller s'en rendre compte directement auprès des populations de ces deux pays, il suffit simplement d'aller visiter les nécropoles britanniques et plus encore américains de Bony, dans l'Aisne, près du Bois Belleau, toujours dans l'Aisne, de Romagne sous Montfaucon, dans la Meuse, pour la Première Guerre mondiale, ou celles, entre autres, de Bayeux (britannique) ou de "Omaha Beach" à Colleville-sur-Mer (US), toutes deux en Normandie, pour la Seconde Guerre mondiale, pour se rendre compte de l'exceptionnelle qualité des aménagements et de l'entretien des lieux, aujourd'hui encore, et afin de rencontrer des familles et des descendants de combattants tués dans ces lieux qui font aujourd'hui encore régulièrement le voyage, afin de retrouver la tombe d'un aïeul mort en France, pour mesurer enfin la force du patriotisme et de la mémoire des évènements de guerre qui restent profondément ancrés dans la mémoire collective de ces deux pays... Nous avons bien des leçons à recevoir aussi dans ce domaine, nous qui laissons nos monuments, nos fortifications, nos nécropoles nationales tomber lentement en ruines (sous prétexte qu'il coûte trop cher d'entretenir tout cela), et qui sacrifions désormais aux convoitises et aux appétits d'une minorité nos champs de batailles.
Comme l'aurait dit Roland Dorgelès à l'adresse de tous les soldats tués de la Grande Guerre :
"Debout les morts !" Faites donc comparaître devant votre tribunal nos contemporains pour les juger sur leurs actes et qu'ils répondent, devant vous, de leur incurie.
Est-ce donc pour ceux-là que vous avez sacrifié votre jeunesse et votre vie, entre l'été de 1914 et l'automne de 1918 ?
Tout cela pour ça ?
Cordialement,
Jean-Michel