(...)depuis bien longtemps les corps des défunts sont enterrés dès que possible(..)
Et les gens sont souvent particulièrement étonnés du peu de traitement des morts et leur grand argument est justement que nous sommes "civilisés", ce qui pour eux s'oppose à si peu de traitement des corps.
Bonjour,
Je ne fréquente plus "le terrain" depuis longtemps (quand j'ai commencé à rencontrer des gens qui tapaient au marteau-burin sur les obus pour récupérer le cuivre) mais il y a une 40aine d'années, l'archéologie était limitée à une période révolue depuis longtemps,(paléo, archéo, il manque un terme pour le récent) et sauf à être à coté d'un ossuaire connu, les restes humains qui étaient mis à jour par simple labours ne recevaient aucun traitement ... Je me suis demandé ensuite si l'attention portée à ces restes ne relevaient pas d'une curiosité morbide, vite submergée par un réflexe de rejet du style "ce ne sont que de vieux os". Le "civilisé" ( même militaire

) est juste en adéquation avec son temps, si nous considérions les gaulois comme non-civilisés, pauvres de nous quand nous serons examinés dans 2000 ans, je ne pense donc pas que ce soit un argument, d'autant que certaines religions, très respectueuses, inhument dans les 24 heures, alors que certaines "sirènes commerciales" repoussent parfois ..."à une
petite semaine".
On peut considérer comme irrespectueux de déplacer un squelette d'une époque révolue pour l'exhiber dans un musée, (au nom de l'archéologie), on ne peut nier qu'une "mode 14-18" est à l'origine du respect, non pour les restes, mais pour la mémoire des vivants qu'ils représentent, respect que nous ressentons, et j'en suis, alors que -pour ma part- pour un mort "normal", le sentiment n'est pas le même (il suffit pour cela de
tomber sur un vieux cimetière à l'abandon, caveaux cassés ouverts pour réaliser). Mais ce respect n'est-il pas le début de l'Archéologie et son aboutissement ? Il faut un certain temps pour que les deux apparaissent.
Un petit exemple : une place dans une ville, un endroit non bâti parce que c’était le cimetière d'une des églises détruites. Place devenue - bien avant "notre guerre" lieu de marché puis parking, j'oserai dire " sur le ventre des morts". Il y a une petite 20aine d'années, fouilles archéologiques, (des vraies, au pinceau, bénévoles formés & encadrés) et études, puis on a recouvert l'endroit (composé de nombreuses couches superposées préservées) pour en faire un jardinet
ordinaire ; aujourd'hui, ce jardin va devenir un "jardin de curé", minimisant le piétinement, supprimant le bouloir, ajoutant une touche de respect.
Cordialement
Alain