Re: Secteur Quennières...
Publié : ven. mars 18, 2011 5:41 pm
... vous communiquer... (erreur de ma part)... Désolé.
Cordialement,
Jean-Michel
Cordialement,
Jean-Michel
Les combattants & l'histoire de la Grande Guerre
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Merci Jean-Michel pour les informations relatives a cette attaque pour le moins meurtière.Pas étonnant dans ces conditions que le zouave Vonner ait été tué dans cette furieuse attaque. Le 2e zouaves était un des régiments d'élite de l'armée française. Dans le secteur de Quennevières et de Puisaleine, dans ces jours d'automne et d'hiver 1914, la "furia francese" a trouvé quelques-unes de ses expressions les plus symboliques.
J'ai pris une série de clichés hier à la NN de Tracy-le-Mont. Il me faut encore voir si la tombe du zouave Vonner se trouve dans cette série de clichés (j'ai dû opérer un tri sélectif, compte tenu de la capacité de ma carte mémoire et de l'autonomie de mon appareil). Je pourrais vous communiquerai volontiers une copie, s'il se trouve que la sépulture de ce combattant figure dans la série de clichés pris hier.
Bonjour à tous,
Le 21 décembre 1914, les Français, qui poursuivent la lente reconquête de Tracy-le-Val, du Bois Saint-Mard et du secteur de Puisaleine, secteurs submergés par l'offensive allemande du 9. AK (Armee Korps), le 20 septembre 1914, attaquent en effet au nord-est de Puisaleine, avec pour objectif de dégager cette position vers le plateau des Loges, et de repousser les Allemands au nord du Bois Saint-Mard.
Le 31 octobre 1914, le 2e Zouaves avait déjà reconquis les ruines de la ferme de Quennevières.
La préparation d'artillerie, préliminaire à l'attaque, est déclenchée le 20 décembre 1914, en milieu d'après-midi.
Le secteur étant tenu par la 37e DI, c'est à la 73e BI qu'incombe la mission de prendre l'offensive au nord de Puisaleine (la 74e BI attaquant depuis ses positions dans le Bois Saint-Mard). Les compagnies du 2e Zouaves et du 2e Tirailleurs, soutenues par le 3e bataillon du 42e RI sont chargées de s'emparer de l'"Ouvrage du Barbu" ainsi que de la position du "champignon" (qui se trouve à quelques dizaines de mètres de l'actuelle butte des Zouaves).
Néanmoins, cette attaque française a été éventée par deux tirailleurs algériens qui se sont rendus aux Allemands, à priori pour n'avoir pas à y prendre part. Aussi, les Allemands sont-ils prévenus de cette offensive. Le 21 décembre 1914, ils déclenchent un violent feu de contre-batterie, avant même que les Français ne soient sortis de leurs tranchées.
L'attaque française débute au matin du 21 décembre 1914. Elle a été précédée par l'explosion de charges explosives que les sapeurs de la compagnies 19/1 ont mises en oeuvre durant la nuit, pour faire sauter les barbelés allemands.
Aussitôt que les zouaves et les tirailleurs, épaulés par les fantassins du 42e RI, sortent des tranchées, le feu d'artillerie français redouble. Les assaillants progressent sous le feu croisé des deux artilleries (française et allemande), ainsi que des tirs de mitrailleuses et de mousqueterie. Les balles et les éclats d'obus fauchent à tout instant des combattants. Les Français, qui subissent leurs premières pertes dans la traversée du no man's land, dans une situation défavorable (ils doivent gravir les pentes de Puisaleine !), parviennent néanmoins à s'emparer de leurs objectifs.
La réaction allemande est cependant très vigoureuse. Les unités du 9. AK contre-attaquent aussitôt. L'offensive dégénère très rapidement en un corps à corps, dans les positions prises d'assaut par les Français.
Les zouaves parviennent tant bien que mal à se maintenir au "champignon", qui reste inexpugnable. En revanche, à l'"ouvrage du barbu", la situation devient vite intenable pour les Français. Les Allemands chargent les zouaves, dont les rangs s'éclaircissent à vue d'oeil. Malgré cela, les zouaves font "sidi brahim" et s'élancent à leur tour contre les troupes allemandes. Il ne reste plus qu'un poignée de combattants français à l'"ouvrage du barbu". Aucun renfort n'arrive. Submergés par des forces supérieures, ne recevant aucun renfort, les derniers survivants du 2e Zouaves, accompagnés de quelques sapeurs, luttent avec l'énergie du désespoir. Tout à coup, une violente explosion se produit, à hauteur de la position tenue par cette dernière poignée de combattants français. Que s'est-il produit exactement ? S'agit-il d'une explosion de mine ou d'une sape que les Allemands avaient préalablement préparée (le secteur étant dès cette époque déjà parsemé de souterrains creusés de part et d'autre par les troupes en ligne). Il reste difficile de répondre avec certitude à ce jour. Les sources militaires restent muettes sur ce point. Cette explosion met en tout cas un terme à la résistance à l'"ouvrage du barbu", qui est définitivement perdu pour les Français. Les derniers survivants sont faits prisonniers.
Un des témoins de cette offensive, le sapeur Charrier donnera le récit de cette attaque 23 ans plus tard (Notre Evasion d'Allemagne).
Les pertes françaises, au cours de cette offensive, ont été tout à fait considérables. Rien que dans le secteur du 89 GR (Grenadier Regiment), un témoin parle de 100 morts laissés sur le terrain. Les sources françaises, et notamment le JMO du 2e Zouaves ayant disparu, il reste difficile d'établir une statistique précise et détaillée des pertes réelles.
Pas étonnant dans ces conditions que le zouave Vonner ait été tué dans cette furieuse attaque. Le 2e zouaves était un des régiments d'élite de l'armée française. Dans le secteur de Quennevières et de Puisaleine, dans ces jours d'automne et d'hiver 1914, la "furia francese" a trouvé quelques-unes de ses expressions les plus symboliques.
J'ai pris une série de clichés hier à la NN de Tracy-le-Mont. Il me faut encore voir si la tombe du zouave Vonner se trouve dans cette série de clichés (j'ai dû opérer un tri sélectif, compte tenu de la capacité de ma carte mémoire et de l'autonomie de mon appareil). Je pourrais vous communiquerai volontiers une copie, s'il se trouve que la sépulture de ce combattant figure dans la série de clichés pris hier.
Pour information, le registre de la NN est consultable en mairie de Tracy-le-Mont (et ce afin d'éviter toute dégradation ou tout vol, ce document ayant déjà disparu...).
Concernant les sites et vestiges, ils restent nombreux, principalement dans le Bois Saint-Mard. Les ruines visibles aujourd'hui à Puisaleine sont celles des maisons issues de la reconstruction après la Grande Guerre. Il reste également de nombreux souterrains, dont la plupart sont difficilement accessibles et de toute façon dangereux (il n'est donc pas recommandé de s'y aventurer). Il subsiste également des carrières (privées et donc interdites d'accès), comme la carrière Mingasson, la carrière de Maison Rouge ou la "Martial", ainsi que des monuments, principalement la Butte des Zouaves et à la ferme de Quennevières. La nécropole nationale de Tracy-le-Mont renferme une grande partie des corps des combattants tués sur le secteur entre 1914 et 1918. Il existe également, comme l'a très bien expliqué Louis, un circuit à Tracy-le-Mont, qui débouche sur la NN et la carrière de la Maison du Garde (près d'Offémont), mais qui peut également se prolonger par Bernanval jusqu'à Puisaleine (et le site où il est projeté de construire une nouvelle décharge). Par ailleurs, un comité de pilotage existe depuis maintenant un an, qui travaille à l'élaboration et à la mise en place d'un musée-territoire 14-18, qui prendra en compte les sites incontournables de la Grande Guerre sur le ressort de la communauté de communes du canton d'Attichy (dont dépendent les secteurs spécifiques de Puisaleine et de Quennevières qui nous intéressent précisément ici).
Le champ de bataille de Puisaleine (avec le fameux "bois des Zouaves") a été conservé intact jusqu'en 1973. Son nouveau propriétaire, soucieux de récupérer ces terres agricoles, l'a alors fait niveler (ainsi qu'il était alors monnaie courante dans toute l'Oise et dans l'Aisne, en particulier sur le Chemin des Dames).
Très cordialement,
Jean-Michel