Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Michaël,
je ne suis pas un spécialiste de la première guerre mondiale mais je travaille sur les cimetières en général et parallèlement à mon travail sur les cimetières civils, j'essaie d'écrire l'histoire des cimetières militaires de la province de Luxembourg.
Ce qu'il faut savoir:
l'armée française, ayant perdu la bataille des frontières, a du se replier en laissant ses blessés graves et ses morts sur le champs de bataille. Ce sont les allemands qui ont pris en charge les enterrements, enfin quand je dis ce sont allemands, ce sont surtout eux qui ont obligé les civils à faire le travail. Vu la grande quantité de morts et de cadavres d'animaux (principalement des chevaux) le travail a été fait rapidement. Les corps des soldats ont été rassemblés dans des tombes collectives ou individuelles à même les champs de batailles, ce que les allemands appelaient des " Helden gräber" littéralement "tombes de héros".
Les tombes recevaient le même traitement et les allemands pendant l'occupation demandaient à la population d'entretenir ces tombes. Assez curieusement si les allemands n'avaient pas beaucoup de respect pour les vivants, les honneurs étaient rendus aux braves.
Vers 1916, l'administration allemande organisa la construction de nécropoles militaires aux frais des communes. Nous devons les plans et la gestion de la construction de ces cimetières à Ludwig Paffendorf de Cologne. Cet architecte, bien que largement décrié dans notre région, avait un sens assez prononcé pour le bien être des humains (on lui doit un livre avant 1940 sur le bien être au travail) et travaillait pour l'honneur des braves et le soulagement des peines des familles (on lui doit plusieurs monuments aux morts qui n'ont rien de militaires, qui sont remarquables et qui ne ressemblent en rien aux monuments que l'on peut voir en France).
la province de Luxembourg comptait 68 cimetières (petits ou grands) vers 1920, actuellement il n'en reste que 11. L'armée française a réorganisé les nécropoles, du moins pour ses soldats, certains cimetières se sont vidés car les familles avaient demandé le rapatriement des leurs. Ces "places" vides ont été comblées par des corps qu'on a déménagés. J'ai relevé des migrations de plus de 50 km.
En 1923, les services d'identifications ont bâclé leur travail et pressés de quitter le sol belge, ils ont rassemblé des corps identifiés dans de grands ossuaires. Cette pratique n'était pas condamnable et correspondait à son époque, il ne faut pas perdre de vue que la France a construit ses grandes nécropoles nationales dans ces années là, et, que par rapport aux désastres humains de Verdun et ailleurs quelques anonymes de plus ça ne changeait rien. Pratique misérable pour les historiens et les descendants que nous sommes.
J'ai vite résumé un travail de plusieurs pages.
J'ai joint quelques photos du monuments du cimetière de Houdrigny. Dans ce cimetière il y a un grand nombre de tombe "INCONNU", les palques d'identification des soldats ont été enlevées par les fossoyeurs civils qui croyaient bien faire, mais en 1917 quand il a fallu les transférer, il était impossible de les indentifier. MAIS , la liste des soldats enterrés est inscrite sur le monument (organisée par régiment). J'ai joint des photos de ce monument, elles sont de mauvaise qualité car je les ai extraite d'une vidéo. (Prochainement je retournerai à Houdrigny pour refaire des photos valables et faire un relevé fiable des noms).
Votre ar grand père est sans doute mort de ses blessures dans un lazaret, mais où ????
J'ai joint une carte postale du cimetière de Virton, dont la la légende est explicite "ossuaire renfermant les restes de 2146 soldats français, 450 allemands, 39 alliés"

Helden Gräber sur le dessus de Virton à la ferme de Bellevue (c'est non loin de cette ferme que se trouve le cimetière actuel)

Monument du cimetière de Houdrigny.

Mauvaise photo (illisible)
J'espère vous satisfaire provisoirement.
Merci pour votre attention à tous.
Jean-François