Forum PAGES 14-18

Bonoir à toutes, tous, Françoise,


C'est vrai que j'ai répondu un peu rapidement sur ce coup là : en 1916 le paysage de La Boisselle devait déjà être bien défiguré par les mines et les tranchées.
Et il est vrai aussi, que remonter la pente depuis Bécourt-Bécordel, nécessite pas mal d'énergie...
Mais on peut être quasiment certain qu'il ne s'agit pas d'une explosion accidentelle car il aurait fallu que le photographe déclenche son appareil au moment précis de l'explosion.
Donc, à mon avis, cet épisode a été prévu et photographié à l'instant "T".

Maintenant, M. Guy François ne nous aide pas beaucoup... J'ai aussi essayé de chercher du côté de Joan Betty Lee, et à priori, rien ne correspond véritablement. Elle cherchait plutôt des données techniques sur les mitrailleuses.

Bonjour à toutes et à tous,

L'emploi de la Mélinite est fréquent dans les explosions de mine souterraine. Parfois seul, parfois melangé avec de la Cheddite. Le chargement des fourneaux se fait directement par caisse entière.
Moi ce qui me surprend c'est plutot la taille de la base de l'explosion, si je compare à la taille des arbres, par rapport à la faible charge: avec 250 kgs je pensais plus à un entonnoir de 6 à 12 m de diamètre, mais ici j'ai l'impression que c'est beaucoup plus ... c'est juste un avis car il est vrai cela dépend de bien d'autres paramètres: profondeur, nature du sol,...

Cordialement
Laurent

Bonjour,

Je donnerai la solution demain.Je peux vous dire que cette photographie n'est pas prise en première ligne mais dans un lieu où pas mal d'habitants ont pu "profiter" du bruit de l'explosion.Les arrières-neveux des habitants de ces lieux ont, de nos jours, été parfois réveillés par des bruits moins sonores mais aussi plus inquiétants...
Cordialement,
Guy François.

Bonjour à tous
Bonjour Guy François

Je tenterais bien le Polygone de Tir de Bourges où fut expérimenté la mélinite et de nos jours les munitions à l'uranium

Bien amicalement
Marpie

Bonjour,

L'identification n'était pas évidente!En effet, la photographie est prise à Sevran, commune plus communément appelée aujourd'hui Sevran-Livry, petite ville de l'ancien département de Seine et Oise, aujourd'hui ville importante du département de Seine-Saint-Denis ayant défrayé la chronique récente des "incivilités" menées avec l'emploi "d'armes automatiques venues de l'Est de l'Europe" (doux euphémismes bien dans l'air du temps)...
En 1914, une poudrerie très importante existe à Sevran et un organisme tout aussi important y possède un champ de tir, il s'agit du Laboratoire Central de la Marine qui y expérimente les poudres utilisées par la Marine et les explosifs.La poudrerie de Sevran fournit de nombreuses poudres en usage dans l'Armée de Terre et la Marine.
En 1916, ont lieu à Sevran des expériences d'explosions de différents explosifs et de poudres destinées à:
-mener des études sur l'onde de choc et de ses effets mécaniques au voisinage du centre d'ébranlement.
-étudier les zones de dégâts.
-étudier la transmission de la détonation à distance et ses conséquences notamment en ce qui concerne le stockage des explosifs.
-étudier l'efficacité des protections.
-étudier la forme et les dimensions des entonnoirs.
-accessoirement, ces études permirent aussi d'approfondir la connaissance de l'acoustique des détonations et de l'existence des zones de silence.
Ce cliché, parmi toute une série, montre l'effet de la détonation de 250 kg de mélinite en caisses, simplement posées sur le sol composé de "marne argileuse sans cailloux ni rochers, dite marne de Saint-Ouen".
Pour résumer, l'entonnoir produit est faible (6 mètres de diamètre sur 3 m de profondeur), la vitesse de projection des débris est de 2500 m/s et l'onde de choc est de 7000 m/s et encore de 5000 m/s à 10 mètres de distance pour diminuer ensuite.
On imagine l'effet dans une cavité souterraine (mine) ou en mer (car l'étude prend en compte ces paramètres).
Cet essai de 1916 est encore un essai en "faible" dimension, les études continueront en 1919 à Tahure (!) avec une explosion de 49.000 kg de mélinite et encore à La Courtine en 1924 avec des charges de l'ordre de 10.000 kg de mélinite.Ces derniers essais bénéficient des progrès réalisés pendant la guerre dans la qualité des appareils de mesure (car la guerre fait progresser la science à pas de géant!).Les photographies montrent alors des boules de feu et des colonnes de poussières dont les dimensions sont véritablement annonciatrices de guerres encore plus dures à venir...
Cordialement,
Guy François.

Bonjour à tous
Bonjour Guy François

Je comprends mieux effectivement la largeur importante de la base de l'explosion si la charge n'est pas enterrée et effectivement par voie de conséquence l'entonnoir est "petit".
La serie de clichés est-elle disponible en ligne et y a t-il des explications plus ou moins précises sur le but de ces expérimentations? Car a ma connaissance la puissance explosive de la melinite était déjà connue en 1916 ... L'explosion de Tahure était-elle aussi non enterrée? car là il doit falloir un objectif panoramique pour photographier l'explosion

Cordialement
Laurent

Bonsoir,

Le but des expériences de Sevran n'était pas de connaître la puissance explosive de la mélinite mais d'étudier les facteurs que j'ai énumérés, ce qui est fort différent.
Il existe dans les archives (du SHD et de Châtellerault) des compte-rendus de ces expériences et une synthèse figure dans le "Mémorial de l'Artillerie française" de l'année 1925.
Les photographies (dont celle ci-dessus) proviennent des albums privés d'un officier d'artillerie ayant servi notamment à la Section Technique de l'Artillerie et au sous-secrétariat d'état aux Inventions, ce sont des clichés pour la plupart inédits à ce jour et ils sont très riches car ils touchent à l'artillerie, aux poudres et explosifs, mines marines, bombes et armement de l'aviation, champs de tir de l'aviation, industries de guerre, ateliers de chargement des obus explosifs et à gaz, engins divers d'artillerie et artillerie de tranchée, chars, bombardement de Paris par les "Paris Kanonen", etc...J'ai déjà publié un certain nombre de ces photographies sur ce Forum et dans des revues comme "GBM" (photos du char lourd FCM 1A) ou "Tank Zone" (photos inédites de l'obusier de 520, photos des impacts des "Paris Kanonen"), d'autres suivront, notamment dans la nouvelle revue "Images de l'Armée Française" (I.A.F) qui traite de sujets inédits de la Grande Guerre (et aussi de l'armée française des années 1920 à 1940).En 40 années de recherches, je n'ai jamais trouvé d'albums de photographies techniques de la Grande Guerre aussi riches que ceux de cet officier qui assistait à de multiples expériences en compagnie du sous-secrétaire d'état aux inventions, le député Jules-Louis Breton, le colonel (et futur général) Challéat, directeur de la Section Technique de l'Artillerie et du Chef d'Escadron (et futur général) Nogues, personnages que l'on retrouve fréquemment sur les photographies.
Cordialement,
Guy François.

Bonjour Guy François,

Merci pour toutes ces informations, toujours très "pointues".

Bonjour à tous
Bonjour Guy François

Effectivement des réponses toujours très instructives, pour les néophytes comme moi.
Merci
Cordialement
Laurent

BOnjour à tous,

Merci Guy pour ces informations précises et passionnantes. Cela montre la puissance des explosifs chimiques.

Je rebondis sur le message de Laurent, la taille de l'entonnoir dépend en effet de plusieurs paramètres, la charge, le nature du sol, la profondeur... Mais je rappelle que les premières mines qui furent utilisées durant la Grande Guerre avaient des charges de quelques centaines de kilos. Puis avec les années, les entonnoirs se superposant il fallait creuser de plus en plus profond donc cela demander des charges de plus en plus importantes. Un exemple, la plus grosse mine déclenchée à Vauquois en mai 1916, faisait 60 tonnes et elle était allemande.

L'une des plus grosses explosion de mine si ce n'est la plus grosse a été déclenchée par les alliées en 1917 et demanda 454 tonnes d'explosif répartit en 19 fourneaux. D'où un énorme feu d'artifice.

Cordialement,
Mikaël.