Forum PAGES 14-18

du 3 octobre 1914 au 11 janvier 1915 , Isidore prépare l'attaque future avec ses camarades :
il creuse des tranchées d' approche au sommet d' une colline champenoise : MASSIGES.
Le 3 février , il découvre à ses dépens la puissance d' une arme de guerre vieille comme la poudre: la mine.

...plus exactement des contre-mines allemandes , qui sautent en fin de matinée ,
ensevelissant les soldats coloniaux présents dans la tranchée bouleversée.
Monsieur Marchal, si vous retrouvez la pipe et le canif d' Isidore, prévenez Mireille sa petite-fille.

"contusions multiples" est il inscrit sur le rapport médical. ce qui signifie en clair qu'avec 163 jours d' hosto et de convalo reconnus , la commotion a dû être presque fatale et qu'il s'en est fallu de peu...:
Isidore fait connaissance pendant plus de cinq mois avec des rescapés
du 15è, du 97è, du 110è , du 127è, du 342è et l'équipe sanitaire du 18è.


Isidore convalescent

le 20 septembre 1915, Isidore découvre la jeunesse sénégalaise.
"

"passé au 20è bataillon sénégalais le 20 septembre 1915
nommé caporal fourrier le 26 janvier 1916
passé au 30è bataillon sénégalais le 1/2/1916"

Par la voix de Mireille, héritière des souvenirs de son grand père, Isidore raconte cette anecdote saisissante qu' il porte précisément au compte de ses enfants chéris, les tirailleurs sénégalais de sa section dont il est considéré comme le père protecteur.
Un jour d'offensive, le medecin major appelle Isidore: un de ses hommes fraîchement blessés n'en démord pas: il n'obéira qu' à son chef direct:" Appele' capo'al Col" .Le médecin major fait mander le caporal Col, il explique à Isidore que le tirailleur refuse absolument de se séparer de son havre-sac qu'il défend avec autant d'énergie que son poste dans la tranchée. Le hic est que de ce sac émane une odeur insupportable. Tout le poste sanitaire en est infecté.
Isidore tranquillise le médecin, rassure son tirailleur enfin calmé et lui emporte son sac en lui promettant de le rendre à sa sortie de soins. Isidore savait avant d' entrer dans le poste de secours que le sac contenait une tête de boche en décomposition...Le médecin avait aussi deviné, mais il craignait la terrible colère d'un soldat à qui on vole son trophée...

j'ai courtoisement demandé à Mireille si son grand père avait l' habitude de la galéjade marseillaise.
réponse : " L' Isidore, pas vantard pour un sou ...et pas question de douter de çà ! "
Isidore ajoutait que ses jeunes sénégalais étaient adorables et dévoués . Lui-même leur aurait confié sa bourse et sa vie.
voyez ci-dessous les jeunes protégés sénégalais d'Isidore.

Depuis novembre 1916 Isidore voyage aux frais de l' armée d' Orient:
Il s' en va en Grèce, en Serbie, s' en revient malade, prend du galon,
s' en retourne vers ses chers tirailleurs qu' il ne quitte plus!


L'armistice ne démobilise pas les poilus. Un armistice n' est pas la paix...
Isidore reste soldat. Son ancien métier de prime jeunesse, agriculteur,
a dû lui apprendre à compter, son état actuel de sergent fourrier , à provisionner .
Isidore calcule: ...la solde, l' ancienneté, les perspectives d'avenir et les joies humaines d' un métier qui, finalement n'a pas dû lui déplaire
et dont il vient de parcourir en homme prévenu sinon appris le catalogue complet des risques et dangers.
Le 24 février 1919, Il se réengage pour une durée de cinq ans, réclame promptement sa prime de rengagement,
reçoit le grade de sergent-major le 16 avril, obtient en sus , début mai 1919, une longue permission qu' il met à profit pour retourner au pays voir ses vieux parents.
Sa première perme depuis 5 ans ?

ce n'est pas sur ses terres natales mais à Constantine, Algérie, qu' Isidore rencontre Lucienne sa future compagne.
le 12 novembre 1919, l' ancien zouave, l'ami des sénégalais, épouse Lucienne Bleinck, pied-noir de Constantine.

Lucienne et Isidore recevront de la Paix revenue le plus fabuleux des cadeaux.
Non! Deux cadeaux! Gilberte et Yvette , nées le 28 février 1921 à Biskra et le 30 décembre 1924 à Mont de Marsan.

deux jeunes filles qui ne manqueront pas de princes charmants en herbe. Mais attention, le beau-père veille!
.


...Les enfants, les petits enfants : une assurance pour se souvenir des ancêtres que nous deviendrons tous un jour ou l'autre.
Merci Mireille, fille de Gilberte, petite -fille de Lucienne et d'Isidore

Bonsoir Etienne,

Magnifique reportage et histoire.
Comme tout les contes de fées, après l'enfer, je suppose que tu à une suite, qui somme toute se termine bien pour se valeureux soldat.

Tout mes voeux pour l'année nouvelle.
Cordialement.
Phil.

Excuse Etienne nos message se sont croisés.

Phil.

merci Piou Piou, je suis heureux et flatté que ce court récit t' ait plu.
je terminerai prochainement l' histoire d' Isidore par quelques unes de ses photos restées inexpliquées
et quelques questions plus militaires soulevées par tous ces documents .
Pour une petite flammèche de mémoire retrouvée , il y a des milliards de brasiers à tout jamais éteints.
etienne