A la date de la mort de la mort du Capitaine Bourlet, c’est la retraite. Les corps des soldats français vont rester sur place dans les cimetières temporaires .
Dans le cimetière de Skopje ont été regroupés les cimetières de :
Skopje, Ferijovic, Guevgueli, Kacanik, Kicevo, Mitrovitza, Pristina, Strumitza station, Veles, Vrania et de Pojarevats.
Dans le cimetière de Skopje ont été regroupés les cimetières de :
Bitola, Cer, Karaman, Leskovec, Novak, Ohrid, Prilep, Resen
Au cours de mes périgrinations, j’ai découvert quelques tombes ou espaces funéraires isolés (jamais regroupés) mais identifiables par au moins un monument (e.g. Jabolciste). Ils datent tous de 1918 et non de 1915.
Le travail de regroupement à bel et bien laissé de coté un certain nombre de tombes et de lieux de sépultures, ce qui semble finalement être le cas pour beaucoup de tombes de soldats morts en 1915. En effet la retraite de novembre et décembre 1915 n’a pas permis de construire sépultures durables pour certains soldats surtout au moment de la retraite durant laquelle la priorité était de sauver les hommes et le matériel. Ainsi, dans certains villages comme à Belichte ou Kamendol, les anciens du village ont pu m’ identifier des espaces où il y aurait eu des tombes de soldats français, tous tombés en 1915. Aucun élément matériel ne peut pourtant confirmer ces dires qui sont pourtant à prendre trés au sérieux, étant recoupés par différents témoignages locaux.
Au regard de la date de la mort du Capitaine et du contexte de repli précipité de décembre 1915, sachant que son nom n’est pas sur la liste du cimetière de Skopje (en effet, il aurait pu être seulement enterré au cimetière de Guevgueli qui fut regroupé dans le cimetière de Skopje et non de Bitola), j’ai rapidement penché sur l’hypothèse que la dépouille du capitaine avait du être enterrée proche du lieu de son décès, à savoir dans les environs de Smokvica.
Il ne fallait donc vérifier de plus près cette hypothèse. J’ai donc décidé de me rendre hier sur place. Après avoir pris contact avec les habitants, ils m’ont indiqué un habitant agriculteur, chasseur à ses heures perdues (Cet habitant connait donc trés bien le terrain).
Malheureusement pour moi, il était à la chasse avec ses enfants. Je me suis donc mis à la recherche d’autres témoignages.
Un autre habitant m’a alors accompagné dans le cimetière bulgare qui se trouve en arrière du cimetière paroissial. Le père de cet autre habitant m’a indiqué, lui, que des tombes de la Première Guerre se trouvaient à quelques kms du village dans la forêt. N’ayant pas de véhicule tout terrain pour y aller, je n’ai pas pu m’y rendre avec lui.
L’histoire pourrait s’arrêter là mais cela aurait été un peu dommage. Après être parti de Smokvica pour écumer d’autres villages autour de Guevgueli, je me suis rendu à nouveau à Smokvica à la nuit tombante et j’ai retenté ma chance chez l’habitant chasseur. Il était finalement rentré de sa chasse et m’a confirmé qu’il se rappelait de tombes françaises de la Première Guerre mondiale à quelques kilomètres du village aux abords de l’ancienne route de Guevgueli. Il n’a bien pécisé qu’il ne restait rien des 4 à 5 pierres tombales qui avait disparu lors de la création de l’autoroute en 1961. Pourtant, elles se trouveraient non sous l’autoroute, mais juste sur le bas coté sous le remblai.
Les coordonnées GPS du lieu qu’il n’a montré sont les suivantes :
41.242209,22.488603
Il faudrait maintenant recouper ces dires. Pour cela, il serait intéressant de localiser l’ambulance qui a du recevoir sûrement le corps du Capitaine Bourlet et voir si elle se trouvait proche de ce lieu. L’habitude était, en effet, et cela va de soi, d’enterrer les morts dans des tombes temporaires à proximité des ambulances qui se trouvaient elles-mêmes proche des voix de communication pour des raisons pratiques.
L’autre hypothèse à suivre est aussi celle des tombes dans la forêt à quelques kilomètres du village...
PS : l’autoroute va être continuée et la direction nationale d’archéologie macédonienne commence son travail lundi. Une action de sensibilisation des autorités macédoniennes à la question des possibles dépouilles de soldats de la première guerre mondiale dans ce secteur qui pourrait être menée par l’Ambassade de France avec le soutien d’autres Ambassades, est surement une chance unique de retrouver, cent ans après les dépouilles de quelques soldats de la Grande Guerre.
Vue du village de Smokvica
