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Re: Chasseurs forestiers
Publié : ven. févr. 08, 2008 10:17 am
par guillaume jacquinet
Bonjour Hervé, ces compagnies de chasseurs étaient souvent mises à dispo du Génie. Fin 14/début 1915, en Argonne, elles doivent pallier un manque d'effectif du Génie dont toutes les compagnies sont dans la zone des combats où elles s’occupent de l’organisation des positions à mesure que les lignes reculent et des travaux de mine. On retrouve ainsi ces chasseurs forestiers à la Croix de Pierre où un détachement de 15 hommes est chargé de construire l’abri de commandement du Gal de la 10ème D.I., à Lachalade pour la réalisation d’emplacements pour l’artillerie lourde. Mais avec la stabilisation du front et le stationnement de la troupe à l’arrière de la zone des combats, les forestiers se transforment en cantonniers et sont affectés à la réfection des routes et chemins conduisant aux tranchées. Ils doivent aussi améliorer la salubrité des cantonnements (nettoyage des abords des villages, curage des fossés pour évacuer l’eau abondante en cette période hivernale, etc….). Gérald Colin a fait un article concernant ces chasseurs dont il a déjà été fait question sur le forum mais je n’ai pas retrouvé le message. Bonne journée, GJ
Re: Chasseurs forestiers
Publié : ven. févr. 08, 2008 10:29 am
par martinez renaud
bonjour à tous
je rebondis sur ce fil
En effet, dans le JMO du 253° RI, on cite l'arrivée de chasseurs forestiers (le 253° est dans les Vosges) affectés au régiment. L'un d'entre eux à le grade de sergent et il mourra lors d'un assaut en commandant une demi-section
Questions : Sont-ce les chasseurs forestiers qui ont demandé à servir ? Leur a-t-on imposé cette affectation ? Ont-ils été affectés pour effectuer les missions énoncées plus haut ?
merci d'avance de vos lumières
amicalement
Renaud
Re: Chasseurs forestiers
Publié : ven. févr. 08, 2008 1:05 pm
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Bonjour Renaud,
Concernant l'arrivée de forestiers dans d'autres corps de troupe, Philippe DRUHEN y fait également allusion :
"Ce dimanche [30 janvier 1916] où tout le régiment était réuni après sa reconstitution, nous permit de voir de combien de régiments, de combien d’armes différentes il était maintenant composé. Des officiers venant des troupes d’Afrique avaient encore leur uniforme kaki avec le croissant au col et au képi. Parmi eux, je vis les numéros du régiment de mon frère Michel qui était capitaine au 2e mixte ; j’allai à eux, c’étaient les capitaines Rapidel, Billy et Vollant qui purent de mon frère me donner d’excellentes nouvelles. Les ordonnances de ces officiers avaient encore conservé leur éclatante chéchia dont la teinte écarlate jetait une note gaie parmi notre bleu horizon.
On voyait encore des uniformes de forestiers voisiner avec des tenues de douaniers et même de gendarmes.
Le contingent fourni par la cavalerie était grand et spécialement les dragons. Beaucoup désignés sur leur demande pour aller au 152e montraient qu’eux au moins n’attendaient plus une heure qui ne devait plus venir pour servir la patrie." (Mes Carnets de route (1914-1918), Pontarlier, Imprimerie Faivre, 1935, 189 pages).
Jean-Yves Puyo a consacré un intéressant article aux forêts et forestiers durant la guerre, j'y jetterai un oeil ce soir.
Amicalement,
Eric
Re: Chasseurs forestiers
Publié : ven. févr. 08, 2008 3:53 pm
par Dieulet
Bonjour à toutes et à tous
Je confirme les dires de Guillaume, sauf que c'est le Génie qui administre les Compagnies Forestières à partir de janvier1916,du moins en ce qui concerne la 11é C.F.A
Apparemment les cadres de ces compagnies ou détachements ne sont pas obligatoirement des agents de l'Administration forestière, par exemple le détachement de CHAMPLITTE (stationné au hameau de Louches) , composé de 35 hommes ,il est commandé par un lieutenant détaché du 96é de Ligne.
En ce qui concerne les emplois de muletiers ,ces emplois sont réservés aux forestiers agés de plus de 40 ans à partir du début octobre 1915(source lettre datée 4/10/15 d'un forestier de la 10 C.F.stationnée à HANS dans la Marne).
Cette même 10é C.F. était affectée au 20 C.A., elle a été mise sur pied avec les agents de l'administration forestiére ceci des le 1er août 1914, elle stationne à TOUL jusqu'au 5/08/1914
Ensuite elle est affectée à la garde du Gouverneur Militaire , à la caserne du 26é de ligne à NANCY,l'effectif de cette compagnie est de 200 hommes.
A partir du 11/08/1914, la Cie suit le 20é C.A. dans ses mouvements :LORRAINE, PAS DE CALAIS, BELGIQUE (ELVERDINGHE,WESTOUTER,POPERINGHE,LA LOVIE)
Cordialement.Jean.
Re: Chasseurs forestiers
Publié : ven. févr. 08, 2008 9:23 pm
par HT62
Bonsoir à tous,
Merci à Joel, Guillaume, Eric et Jean de leur contribution ; le sujet semblait ordinaire, je m'aperçois qu'il ne l'est pas.
Jean, la suite des mouvements que vous évoquez, m'intéresse, la Belgique, c'est juste à côté.
Cordialement, Hervé.
Re: Chasseurs forestiers
Publié : ven. févr. 08, 2008 9:49 pm
par martinez renaud
bonsoir à tous et merci de vos lumières
amicalement
Renaud
Re: Chasseurs forestiers
Publié : sam. févr. 09, 2008 10:17 am
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Chose promise, chose due.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"DES PERTES HUMAINES TRÈS IMPORTANTES
Sous la Troisième République, le personnel des Eaux et Forêts, du simple préposé jusqu’au grade de conservateur, forme en théorie un corps de Chasseurs forestiers (devenu en 1924, corps de Sapeurs forestiers), doté d’un drapeau et d’un insigne particulier (14). Cette singularité remonte aux campagnes de France de 1814 et 1815, les gardes forestiers des régions de l’Est, organisés en compagnies franches autonomes, s’étant fait remarquer pour leur aptitude à la guérilla.
En réalité, afin de profiter au mieux de leur connaissance du terrain, les autorités militaires répartissent les préposés forestiers dans les régiments correspondant à leur zone d’activité (15). Les cadres, quant à eux, possèdent un statut spécial : lors de leur recrutement, ils signent un engagement militaire de trois ans, les deux années de scolarité à l’École forestière de Nancy étant considérées comme une période sous les drapeaux (loi du 15 juillet 1889) (16). Pour ce, l’Administration forestière s’engage à faire donner aux élèves une instruction militaire ; d’où la création d’une chaire « d’Art militaire » (maniements d’armes, exercices de tir, ordre serré, etc.), occupée par un officier supérieur secondé dans sa tâche par un nombre variable de sous-officiers fournis par la garnison de Nancy. A la sortie de l’École, les futurs cadres sont incorporés avec un grade de sous-lieutenant à des régiments d’infanterie, en particulier de chasseurs à pied, pour effectuer leur dernière année de service militaire, au lieu des trois réglementaires.
Cette législation particulière permet ainsi de rendre plus attractive la carrière forestière (l’École connaît une crise des vocations au début du XXe siècle), tout en résolvant en parallèle le difficile problème des capacités physiques des futurs cadres (17). Un décret du 20 mars 1876 détermine, pour chaque préposé ou cadre apte au service des armées, un grade militaire correspondant à son échelon administratif, Un brigadier reçoit un titre de sous-officier ; un garde général stagiaire (élève de l’École de Nancy), sous-lieutenant ; un garde général, lieutenant ; un inspecteur adjoint, capitaine, etc. Ainsi, en 1885, le corps des Chasseurs forestiers comprend théoriquement 6000 hommes, encadrés par 260 officiers.
Durant le conflit, l’administration forestière française, à travers ses membres mobilisés, connaît une véritable hécatombe. Si nous ne disposons hélas pas de données concernant le nombre de préposés disparus du fait du conflit, il est toutefois possible de réaliser un bilan précis quant aux cadres disparus au champ d’honneur, à savoir 100 agents issus des deux grandes écoles forestières françaises, Nancy et les Barres, soit près de 15 % de leur effectif de 1914. L’étude de cette liste permet de dégager deux principales remarques : près de 70 % des pertes totales ont eu lieu lors des 18 premiers mois du conflit, des batailles désastreuses (pour les armées françaises) d’août 1914 aux tristement célèbres offensives de « grignotage » du Maréchal Joffre durant l’année 1915 (l’Argonne, les Éparges, le collet du Linge, l’Hartmannswillerkopf, etc.). Neuf promotions de Nancy, de la 83e (élèves entrés en 1906) à la 91e (1914), rassemblent 60 % des pertes. Ce phénomène s’explique hélas aisément : durant un conflit de « type conventionnel » (hormis certaines troupes d’élite), l’espérance de vie du mobilisé reste étroitement liée à son grade. Aussi, les promotions les plus jeunes, correspondant aux grades de sous-lieutenants, lieutenants et capitaines, subissent des pertes dramatiques ; la 87e promotion (sortie en 1913) perd 10 de ses anciens élèves, tous jeunes lieutenants, sur un total de 14 ; la 91e, 13 sous-lieutenants, sur les 22 admis en 1914, etc.
Ces pertes s’avèrent d’autant plus cruelles qu’elles touchent plus particulièrement les promotions les mieux formées. Jusqu’en 1889, les postulants à l’École forestière de Nancy passent un concours propre à l’École, basé principalement sur les mathématiques et la physique. Passé cette date, les futurs cadres du corps forestier sont choisis parmi les ingénieurs agronomes fraîchement diplômés, soit au final un bagage scientifique (notamment en sciences naturelles) plus étoffé. Il découle de ces tragiques disparitions le maintien en poste de forestiers plus âgés et un renouvellement ralenti des professeurs nancéiens. En effet, par tradition, ces derniers se recrutent exclusivement parmi les forestiers déjà formés par l’École, un texte réglementaire de 1880 ne prévoyant un recrutement extérieur que pour les professeurs d’Allemand et d’Art militaire.
Pour les préposés forestiers (gardes et brigadiers) décédés durant la Grande Guerre, nous pouvons seulement supposer comme très importantes les pertes subies par cette corporation ; simples soldats ou sous-officiers, ils incorporèrent en très grande majorité le Génie et l’Infanterie, en particulier les régiments [sic] de chasseurs à pied et les chasseurs alpins, troupes lourdement décimées durant les premiers mois du conflit.
(14) Cor de chasse jonquille ou d’argent sur fond vert de l’Administration forestière ; pantalon gris bleu à double bande verte pour les officiers, capote bleu horizon.
(15) Ainsi, par exemple, le 56e bataillon de chasseurs à pied du célèbre lieutenant-colonel Driant (gendre du général Boulanger et auteur très prolifique de romans militaires « d’anticipation », écrits sous le pseudonyme de Danrit) comprenait une compagnie de chasseurs forestiers. Cette troupe perdit en 24 heures plus de 80 % de son effectif lors de l’offensive allemande du 21 février 1916 qui marqua le début de la bataille de Verdun.
(16) Notons qu’à partir de 1888, il était aussi possible, pour quelques éléments d’élite issus des préposés forestiers, d’accéder au corps des cadres, après une formation délivrée à l’École des Barres (Nogent-sur-Vernisson, département du Loiret). Par ailleurs, 10 d’entre eux périrent durant le conflit (« Officiers et élèves officiers des Eaux et forêts morts pour la France ». - Revue des Eaux et Forêts, août 1922, pp. 260-261).
(17) Dès la création de l’École, l’admission est subordonnée à une constitution physique et une santé aptes au service ; jusqu’en 1840, une simple attestation suffit, remplacée ensuite par un examen médical réalisé par le médecin de l’établissement. Ces différentes mesures demeurent néanmoins peu efficaces car les réclamations des élèves susceptibles d’être rejetés finissent par aboutir dans l’immense majorité des cas. Mais, à partir de 1909, seuls les élèves reconnus aptes à la sortie de l’École sont admis dans les Eaux et forêts, les recalés étant impitoyablement rayés de l’Administration forestière."
Jean-Yves PUYO
« Les conséquences de la Première Guerre mondiale pour les forêts et les forestiers français »
Revue Forestière Française, 6-2004.
Re: Chasseurs forestiers
Publié : sam. févr. 09, 2008 11:25 am
par HT62
Bonjour Eric,
Le dossier s'étoffe, grand merci d'y avoir contribué avec cet article très intéressant.
Amicalement, Hervé.
Re: Chasseurs forestiers
Publié : sam. févr. 09, 2008 11:48 am
par Dieulet
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Eric
Je viens apporter quelques petites précisions à cet immense pavé apporté par Eric.C'est par un décret que le 2 avril 1875, le personnel de l'Administation Forestière entre dans les forces armées du pays, ce décret prévoit la création en temps de guerre de compagnie, et de section de chasseurs forestiers.
Il est prévu des compagnies actives et des compagnies territoriales.
L'habillement est réglé par le Ministère de l'Agriculture, l'armement est fourni par le ministère de la Guerre.Cet armement (modèle en service dans l'Infanterie) est détenu à la résidence de l'agent.
Je crois que le drapeau est actuellement détenu par le centre de formation de l'O.N.F. à VELAINES EN HAYE(54).
Les cadres des compagnies (en temps de guerre) :
-1 capitaine commandant , celui ci est monté.
-1 capitaine en second.
-1 lieutenant et un s/lieutenant( ou 2 lieutenants).
-1 sergent major.
-5 sergents, dont 1 fourrier
-8 caporaux et 2 clairons.
Mais ceci c'est la théorie d'avant le 2/08/1914, je pense que beaucoup de forestiers ont rejoint des formations actives , du fait du besoin de recompléter ces mêmes régiments décimés ,dés la bataille des frontières.
Beaucoup de ces agents de l'Administration Forestière étaient eux même d'anciens engagés, qui occupaient des emplois réservés dans cette Administration Forestière.
Par ailleurs, je n'avais jamais entendu parlé que le 56é BCP comprenait une compagnie de chasseurs forestiers, est que c'est une cie comprenant en majorité du personnel de l'Admnistration Forestière, mais qui sont Chasseurs à Pied, ou alors est que c'est une compagnie de C.F. rattachée à une Grande Unité, et qui était voisine du 56é lors de l'attaque du 21/02 ?
Mes sources :fascicule GALOT et ROBERTsur le personnel de l'administration
Cordialement.
Jean.
Re: Chasseurs forestiers
Publié : sam. févr. 09, 2008 12:41 pm
par HT62
Bonjour Jean, Eric, bonjour à tous,
J'avais complétement occulté les infos concernant le 56e BCP qui m'intéresse beaucoup...
Pour revenir à l'organisation d'un bataillon de territoriaux, voici le peu que j'ai sur le 7e :
- un chef de bataillon.
- un médecin.
- un sous-lieutenant chargé des détails.
- un lieutenant, chef de compagnie.
- un sous-lieutenant par compagnie.
- un adjudant (je ne sais pas si toutes les compagnies en avaient un).
Je ne connais pas le nombre de sergents et caporaux.
Cordialement, Hervé.