Forum PAGES 14-18

Bonjour,

Oui, Frédéric, les copains, lorsqu'ils en avaient la possibilité, se chargeaient également de cette macabre, mais, pour eux, essentielle besogne.



Ici, une très rare photo : il s'agit de soldats du 74e R.I. (encore !! ) portant en terre, dans le ravin même du Bazile, quelques-uns de leurs camarades tombés lors de la reconquête du bois de la Caillette, en avril 1916. Certains d'entre eux - dont le jeune sous-lieutenant Cerné, le commandant Chambouillat et quelques autres - auront une sépulture individuelle (évidemment très vite boulerversée par les bombardements...). Pour beaucoup, une autre photo montre qu'un large trou d'obus, dans ce même ravin, sera leur dernière demeure...

Amicalement,

Stéphan

Bonjour Stéphan,

exeptionnelle photographie !
Effectivement, dans ce secteur les trous d'obus, les entonnoirs, servirent de lieux de sépultures improvisés.
Et comme tu l'a souligné trés justement, les obus iront les rechercher...!



Une cérémonie en septembre 1916 au cimetière militaire de Revigny, quel contraste avec ta photo....!

Amicalement,
Frédéric

Bonjour Stephan,
Quelle photo ! quelle tristesse ! quelle émotion...
Bien cordialement.
Jean RIOTTE.

Bonjour à tous,
Je ne sais si le sujet fut évoqué...Mais je dispose de nombreux témoignages (et vous tous aussi, sans aucun doute...) de la façon de retourner(1) une tranchée. La première chose que faisaient les Sapeurs était de dégager le fond de la tranchée. Ils prennaient les cadavres restés au fond et à proximité de la tranchée et les plaçaient sur le parados. Puis ils prennaient la terre placée côté ENI (l'ancien parados), qui était projetée sur le parados (le nouveau, côté AMI). Les cadavres placés là lors de l'assaut précédent changaient également de côté, et les Sapeurs finissaient en creusant plus profondement le boyau. Jusqu'à la prochaine attaque...
Quand les allemands marmitaient la tranchée, parados et paravent étaient détruits...Si la contre-attaque allemande était couronnée de succés, ils retournaient à nouveau la tranchée. Les Pionniers allemands ayant les mêmes méthodes de combat que les Sapeurs français.
Ceux qui disposent aujourd'hui d'une tombe individuelle sont des bien-heureux. Beaucoup plus nombreux sont ceux qui, malheureusement, reposent en Ossuaire. Puis vient la masse des "disparus au combat". Morts, ils continuèrent le combat, protégeant de leur dépouille les vivants. D'eux, il ne reste que l'horizon et ses nimbes...

Cordialement,
Bernard.

(1) Une tranchée est constituée d'un paravent (monticule placé devant la tranchée) et d'un parados (monticule placé derrière la tranchée, et plus haut que le paravent). Le paravent est relativement bas et autorise le tir. Le parados est beaucoup plus haut et beaucoup plus large. En effet, le parados est destiné à protéger des tirs d'artillerie s'abattant derrière la tranchée.

Bonjour à tous, bonjour Stéphan,

pour illustrer les lieux que nous avons évoqués.


Un plan des inhumations effectués en mai 1916 entre les ravins de la Fausse-Côte et du Bazil.


Dans le Ravin de La Caillette, 5 tombes de soldats du 49e RI.

J'étais en repérage dans le secteur hier aprés-midi avec une équipe de tournage. Il vont réaliser un documentaire et inviter un descendant de Poilu à venir sur les lieux des combats.

Cordialement,
Frédéric

Bonjour à tous,

Merci pour ces documents assez poignants.

Stéphan, ta photo est terrible et concernant Chambouillat, il me semble que ce fut le nom que donnèrent les soldats (dont du 28e RI) au dépôt de vivres du secteur.

Merci également à Bernard pour l'explication du Parados. Très intéressant.

Bien à toi

Vincent

Bonjour Vincent,

Oui, c'est bien lui qui laissa son nom à ce dépôt et, je pense, au ravin.

Voici, à son propos et plus généralement à propos de ce ravin du Bazile en ce même jour, un extrait du récit de Jean Hugo, du 36e R.I., présent au moment où l'on ramena le corps de Chambouillat :

Au fond du ravin, sous la terrasse des colonels, l'explosion d'un dépôt de grenades avait creusé un entonnoir de dix mètres de large. C'est là qu'on entassait tous ces débris humains impossibles à identifier, des paquets de bouillie enveloppés dans un morceau de capote bleue ou de toile jaune, et aussi des corps méconnaissables quoique presque entiers ; j'y vis déposer un torse, sans tête ni membres, et tout sanglant. Une fois le trou plein à plus des trois quarts, on acheva de le remplir avec de la terre et on planta au milieu une grande croix de bois.

On apporta de l'avant le gros corps du commandant Chambouillat, tué la veille, et on le déposa un instant sur le terre-plein au pied des deux arbres secs. Le colonel du 74e, qui avait eu le nez coupé au début de la guerre, est sorti de son abri, s'est mis au garde-à-vous devant le cadavre et a fait le salut militaire.

Amicalement,

Stéphan

Bonjour tout le monde

Ouah que de choses intéressante, que je récupère bien précieusement dans un fichier

Qui m'amène une question : qu'est ce qui faisait que certains avaient la "chance" d'une tombe individuelle ?

Rebonjour à tous,

Merci Stéphan pour ce montage.

Pas tout jeune le Chambouillat ! Selon l'historique du 28e RI, il parle ainsi de l'expression "se contenter de Chambouillat", c'est-à-dire se contenter du dépôt de vivre...

Trois visages sur quatre sur ton montage. Elle est bien riche ta collection...

Bien à toi

Vincent